La grande Saline de Salins 1590-1602

Gérard Vandais. La Grande Saline de Salins 1590-1601


Travaux documentaires de Gérard Vandais.
Publication.
La Grande Saline de Salins.
Gestion de la réception des bois de chauffe à l’entrée de la Grande saline de Salins de 1590 à 1601 mise en lumière au travers l’affaire de peculat de 1606 à 1619 où les 3 officiers de la porte de la saunerie furent accusés de malversations financières sur les fonds du roi.

La grande Saline de Salins 1590-1602
La grande Saline de Salins 1590-1602.

Denis Bolard était depuis 1590 commis du trésorier au sein de la Grande Saline de Salins en charge à la porte de la saline, à la suite des trois officiers réceptionnant les bois de chauffe dans la chaine de commandement, de devoir payer les voituriers livrant des fassures le bois pour la cuite des muires. En septembre 1601, il fut résolu de convenir et d’appliquer un fermage pour l’exploitation de l’établissement de la Grande Saunerie de Salins. Un co-fermage fut donné se substituant ainsi à l’ancienne administration mise en place depuis le règne de Jean sans Peur. De fait en 1602 le poste de Denis Bolard fut supprimé et il fut congédié. Sans gages il se retrouva en 1606 endetté et fulmina envers les trois officiers de la porte ainsi qu’envers l’un des trésoriers de la saunerie une vengeance terrible, les accusant devant le procureur général au Parlement de Dole, que durant les onze années où il était à la Saunerie, Claude Poulet le clerc tauxeur, Henry Boutechoux le clerc ventier, Jean Alepy le clerc payeur et Pierre Perrey officier en charge à la trésorerie, tous en charge de la gestion des réceptions de tous les bois rentrant dans la saunerie, d’avoir en permanence falsifiés les comptes de réception en inscrivant sur leurs livres plus de bois qu’il en rentrait. Accusation terrible, en cas d’être reconnus coupables de peculat, les accusés étaient condamnés à la peine maximale, c’était la mort. L’affaire éclate au grand jour, le Comté de Bourgogne comme Salins sont en émoi, heureusement un avocat brillant et talentueux Jean Girardot de Nozeroy prend la défense des accusés. De sa plume plusieurs ouvrages sur ces procès nous sont restitués dont l’un existait en la bibliothèque municipale de Salins aujourd’hui disparu de ses fonds anciens. Un exemplaire de cet ouvrage rare est retrouvé dans un autre fonds ancien en province, il va permettre chose unique jamais décrite par tous les historiens ayant publiés sur les salines de révéler l’organisation bien complexe mise en place à l’entrée de la Grande Saline, d’expliquer en détail en ces lieux quels étaient les rôles de chacun, comment et avec quelle méthode tous les bois de chauffe entrants étaient réceptionnés et comptabilisés. Dans ce factum on découvrira aussi des données économiques fiables sur la Grande Saline en cette période, jamais rapportées ; ainsi que le montage pervers mis en place par Denis Bolard dans son délire de vengeance et dont les procédures judiciaires vont durer plus de treize ans, même au-delà du décès des co-accusés.

Pour suivre cette enquête documentaire sur cet incroyable fait historique ayant fortement marqué son temps, se rapprocher de l’auteur de cet l’ouvrage.

Les forges de Saint-Maurice à Trois-Rivières.


Profitant de notre périple au Canada de septembre à octobre 2022 autonomes avec mon épouse, à longer le Saint-Laurent depuis les chutes du Niagara jusqu’à Blanc-Sablon aux limites du Labrador, sachant l’existence d’un site industriel historique remarquable au Québec, nous nous organisons pour aller découvrir entre Montréal et Québec les vestiges de la première sidérurgie du Canada, les forges du Saint-Maurice sur la commune de Trois-Rivières.

Localisation forges de Saint-Maurice, Trois-Rivières, Québec.
Localisation forges de Saint-Maurice, Trois-Rivières, Québec.

Ce lieu historique est considéré comme l’un des sites nationaux industriels canadiens les plus marquants dans l’histoire du pays par l’importance patrimoniale de ces forges.

La richesse des héritages français, britannique puis de la Confédération canadienne a incité ; au cours des années 1960 le ministère des affaires culturelles du Québec à en devenir le propriétaire jusqu’à sa cession au gouvernement fédéral en 1973, conjointement avec la chambre de commerce de Trois-Rivières et les Parcs Canada, de pouvoir mettre en valeur le site couvrant 150 ans d’histoire de 1750 à 1883 implanté en bordure de la rivière Saint-Maurice sur une superficie de 23 hectares.

Lieu du site historique des forges Trois Rivières.
Lieu du site historique des forges de Trois-Rivières.

Elle fut la première communauté industrielle au Québec.

La transcription du cartouche d’une gravure anonyme réalisée vers 1620 montrant les troupes françaises commandées par Samuel de Champlain repoussant les iroquois le 29 juillet 1609, résume en quelques lignes le début de la colonisation française en Amérique du nord. [AN à Québec, collection initiale, P600, S5, PGN119].

Champlain 1609, AN à Québec.
Les troupes de Samuel de Champlain face aux iroquois, gravure de 1609, archines nationales à Québec.

Etablissement des Francois dans le Canada

Ce pais jut découvert en 1504 par des pecheurs basques, normands, et bretons, ensuite en 1508 par Thomas Aubert de Dieppe qui amena en France des sauvages du pais, ensuite par Jean Verrazan qui en 1523 y fut envoié par Francois I, mais en 1534 Jacques Cartier capitaine malouin prit possession de ces pais au nom du roi depuis ce tems les francais avoient éssaié plusieurs fois d’etablir une bonne colonie le long du fleuve de St Laurent mais les obstacles qu’ils y avoient rencontrés ne leur permit pas de la rendre solide avant lannée 1608 où monsieur de Champlain aiant achevé la découverte de ces pais fonda la ville de Quebec capitale du Canada ou Nouvelle France, il fit alliance avec les Algonkins et autres nations sauvages, et fut obligé d’aller a la guerre avec eux contre les iroquois quils vainquirent par le secours des français et de leurs armes a feu, ce qui les rendit responsables a toutes ces nations.

Note : Les algonkins ou algonquins. Peuples autochtones amérindiens nomades ayant occupé de vastes territoires compris entre la rivière St-Maurice et l’Atlantique ainsi qu’entre le fleuve St Laurent et la baie d’Hudson, ce furent les premiers indiens que rencontra Jacques Cartier, aujourd’hui leurs descendances vivent dans 9 communautés au Québec. Mais en Ontario, 258 ans après le traité de Swegatchy et Kahnawake et après la proclamation royale de 1763, le titre de propriété autochtone des algonquins, les anishinabés englobant une partie d’Ottawa la capitale dont la colline du parlement demeure toujours un problème à résoudre.

Algonquins au Québec en 1926.
Algonquins au Québec en 1926.

Trois-Rivières.

Le nom de cette ville, qui lui a été dévolue emprunté au nombre des iles à l’embouchure avec le Saint Laurent, date de la fin du XVIe siècle.

Fondée vers 1630 la cité est localisée à mi-chemin entre Québec et Montréal sur la rive gauche dudit fleuve.

Elle est ainsi située à la confluence du fleuve Saint-Laurent qui à cette hauteur, celui-ci possède une largeur de berges à berges de 1 750 à 2 000 mètres, et de la rivière Saint-Maurice formant un petit delta de l’ordre de 2 000 m de long sur 2 000 mètres à sa base au débouché sur le fleuve formant 3 bras entrecoupés principalement des îles St Christophe, St Quentin (où une croix fut plantée par Jacques Cartier en 1535 lors de ses découvertes le long du St Laurent lors de son deuxième voyage ) et Caron les plus importantes en superficie.

Trajet de Cartier de 1535-36.
Trajet de Cartier de 1535-36.

En face du site des forges, de rive à rive la largeur de la rivière St Maurice est estimée à 300-400 mètres.

Forges de St Maurice, Trois-Rivières, Québec.
Forges de St Maurice, Trois-Rivières, Québec.

Le St Maurice parcourt depuis sa source du nord au sud environ 560 kms. Dès la conquête française, ce fut l’une des routes essentielles utilisées pour le commerce des fourrures avec les amérindiens. Jusqu’en 1996 la rivière servait pour le transport du bois par flottaison par les entreprises forestières.

Les forges de Saint Maurice.

Le lieu historique est situé à l’extrémité nord de la ville de Trois-Rivières.

Trois-Rivières en 1685, archives nationales d'Outre mer, encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique française.
Place de Trois-Rivières (Les 3 rivières) en 1685, archives nationales d’Outre mer, encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française.

Le site fut choisi en bordure du St Maurice dès 1730 afin d’y implanter des forges en raison de la proximité des matières premières et de ses besoins en eau.

Plan du site des forges de St-Maurice, Trois-Rivières, Québec.
Plan touristique du site des forges de St-Maurice, Trois-Rivières, Québec.

La visite des lieux commence par l’accès à une grande surface herbeuse où des vestiges de fouilles archéologiques sont restitués, vestiges de l’habitat, de suite par la reconstruction de la « grande maison » rassemblant des expositions importantes retraçant l’historique des lieux, à l’extérieur de cette immense bâtisse plus à l’ouest une structure métallique imposante domine l’espace reproduisant la volumétrie du haut-fourneau surplombant ces vestiges où sont mis en valeur des fouilles du dernier haut-fourneau et de la roue hydraulique.

Forges St Maurice vestiges
Vestiges, forges de St Maurice, Trois-Rivières, Québec.

La grande maison.

Inspirée en partie de l’architecture bourguignonne, région d’origine des premiers ouvriers des forges, la grande maison était au cœur du village, Lors de sa réalisation originelle commencée en 1737 elle était la plus imposante bâtisse de la région, avec comme fonction, le domicile du maître des forges, y cohabitaient aussi les bureaux administratifs de la compagnie des forges, ainsi que les magasins généraux et des entrepôts dans les deux greniers superposés, on y stockaient protégées des intempéries les réserves de céréales, farine et quelques pièces manufacturées produites aux forges.

Tableau de la grande maison de 1738, forges de St Maurice, Trois-Rivières, Musée NBA Québec, 03Q_P551D2P31
Tableau de la grande maison de 1738, forges de St Maurice, Trois-Rivières, Musée NBA Québec, 03Q-P551D2P31.

L’ensemble est en abandon lors de la fermeture des établissements en 1883, à cette période tout le village fut vidé, les habitants quittèrent les lieux et les terres furent récupérées par les cultivateurs des environs afin de les exploiter.

Suite au grand incendie de la ville de Trois Rivières en 1908, le bâtiment de la grande maison est totalement démantelé, ses matériaux seront réutilisés pour la reconstruction des maisons incendiées.

Sa reconstruction sur son emplacement et ses fondations originelles date de 1990 en respectant les plans initiaux.

Forges St Maurice grande maison reconstituée
La grande maison reconstituée, forges de St Maurice, Trois-Rivières, Québec.

Au rez-de-chaussée, dès l’accueil du public avec sa boutique de vente de souvenirs et d’ouvrages sur l’histoire du site, un long cheminement de panneaux présentant l’évolution  historique des forges depuis leurs origines apportent aux visiteurs la connaissance des lieux et des hommes qui ont participés à son évolution.
L’un des deux greniers actuellement est aménagé comme espace d’expositions, le second pour les différents services techniques du bâtiment.

Au sous-sol sont présentés sur une période de 150 ans les objets fabriqués aux forges, témoignant d’une grande diversité de production de l’établissement.

Forges de St Maurice, produits manufacturés.
Forges de St Maurice, produits manufacturés.

A l’étage un espace cinématographique agrémenté d’une vaste maquette du site en 3 dimensions didactique avec emplacements des cours d’eau, bassins, ateliers, maisons d’habitations, forges et du haut-fourneau, permet de nous faire revivre une journée des activités des forges en 1845, lorsque le village comptait 425 habitants.

La visite se prolonge à l’extérieur de la grande maison en longeant de nouveau des vestiges du secteur habitat ainsi que la forge dite haute, vers l’aménagement symbolique représenté par une structure métallique volumétrique du haut fourneau. Une grande roue métallique à aubes fonctionnelle, alimentée par un canal d’amené est opérationnelle, assemblée sur le latéral du pavillon.

Forges St Maurice pavillon du Ht fourneau
Forges St Maurice, pavillon du Ht fourneau.

A l’intérieur un vaste ensemble exposant les différentes activités des forges, l’extraction du minerai avec les lieux géographiques des gisements exploités dès l’origine, le lavage de ladite mine, le travail des charbonniers pour la production du charbon de bois nécessaire aux forges et au haut-fourneau, l’activité des carriers pour l’obtention de la castine destinée comme fondant pour le minerai, avec un long cheminement pédagogique démontrant le processus mécanico-physico-chimique sur l’évolution technologie du haut-fourneau adoptée aux forges selon les périodes d’exploitations.

Gravure du haut-fourneau des forges de St Maurice.
Gravure du haut-fourneau des forges de St Maurice, Trois-Rivières, Québec.

Tout ceci est complété par la mise en valeur de fouilles montrant, les bases de l’ancien haut-fourneau et l’assise de la coulée de celui-ci.

Forges de Saint Maurice, Trois-Rivières, Québec, vestiges fondations du haut fourneau.
Vestiges des fondations du haut fourneau, forges de Saint Maurice, Trois-Rivières, Québec.

Dans le même hall d’exposition un espace est dédié à l’aménagement et à l’implantation d’une double turbine imposante indispensable à la production d’énergie, machine retrouvée par les archéologues en 1977 non loin du haut-fourneau, vestige industriel du dernier type d’équipement hydromécanique utilisé avant la fermeture du site industriel vers 1881.

Forges de St Maurice, turbine à eau, Trois-Rivières, Québec.
Forges de St Maurice, turbine à eau, Trois-Rivières, Québec.

Court historique des forges jusqu’à la reddition des troupes françaises en septembre 1760.

Jacques Cartier dans son troisième voyage en 1541 remarqua, ou plutôt les forgerons embarqués avec lui, près de Québec sur les terres de Trois-Rivières des gisements de minerai de fer en surface.

A sa suite Samuel de Champlain dans ses explorations en 1604, lui aussi accompagné en autres de Simon maître-mineur, signale la présence de minerai de fer dans la baie Sainte-Marie en Nouvelle-Ecosse. On redécouvrait aussi ce minerai dans la région de l’embouchure de la rivière Saint-Maurice près de Trois-Rivières.

Dès le début du 17e siècle, la couronne de France à travers les actes de concessions de la gestion des terres en Nouvelle-France imposera son droit de régir à sa guise l’exploitation du sous-sol.

Puis les autorités de la colonie procédèrent à l’inventaire des ressources minières de la région.

Mineurs, extrait carte Canada de 1550, Pierre Desceliers, Jacques Cartier, AN Québec 02C,E53,S2,P4.
Mineurs, extrait de la carte du Canada de 1550, Pierre Desceliers, Jacques Cartier, AN Québec, 02C,E53,S2,P4.

Louis XIV en 1663 désigna Louis Gaudais-Dupont comme commissaire pour aller en Nouvelle-France redevenue propriété royale, afin de décrire en détails la colonie, de prendre connaissance de toutes activités commerciales, agricoles et des ressources naturelles que ces terres pouvaient produire.

Débarqué à Québec mi septembre 1663 il se rendit quelques jours plus tard à Trois-Rivières. Son séjour en Nouvelle-France sera biencourt, Gaudais embarqua pour la France fin octobre 1663, malheureusement il n’existe plus de trace du mémoire qu’il fit au roi sur le rendu des instructions qui lui avaient été établies.

Est-ce son passage qui permit au 1er intendant sur place, Jean Talon ayant aussi des instructions fortes reçues du roi de devoir renforcer son autorité ; d’évaluer les ressources minérales locales, d’envisager pour la 1ère fois d’exploiter une mine de fer le long de la rivière St Maurice.

Toutefois dans son mémoire adressé à Colbert en novembre 1670, Gaudais évoquera qu’il envoya en France le maître de forges La Potardière avec 20 barriques de minerai de fer et du sable de Trois-Rivières et que selon ledit maître de forges le minerai était d’excellente qualité et qu’il en fera extraire par les mineurs en vue d’une exploitation prochaine.

En voici le document d’archives. [Archives nationales d’outre-mer, col. C11A 3 fol.79-80.]

10 novembre 1670

A Monseigneur Colbert

…Je devrois jcy m’estendre sur la mine de fer par ce que sy elle se veriffie bonne elle doit avoir des suittes favorables et adventageuses au Canada et devenir mesmes fort utile au royaume, mais j’en suis dispensé par l’envoy du sieur de la Potardiere maitre de forge que Monsieur de Courcelles et moy avons estimé devoir faire passer en France avec vingt bariques de cette mine, et quelques quantité de sable de fer quil a jugé suffire pour en faire une espreuve a la veue des maitres de forges ou autres connoisseurs quil plaira au roy de luy donner, // comme la despense d’une forge et de ses fourneaux doit estre de quelque consequence, on ne peut prendre trop de precautions pour ne sy embarquer pas mal a propos, s’il reussit dans la fonte quil pretend faire ainsy quil asseure quil est judiciable, il sera tres advantageux quil ait fait ce voyage, pour ce qu’estant sur les lieux, il choisira luy mesme les ouvriers et les acteurs qui luy sont necessaires pour faire agir les fourneaux, et les forges, et fera faire les outils propres a cet usage, cependant je feray travailler jncessamment les mineurs qui sont jcy a luy preparer quantité de bonnes matieres a son retour, sur l’assurance qu’eux aussy bien que luy me donnent que ce mestail est sans chiffre, sans sallarts et sans jaille jmpuretez qui corrompent ordinairement les mines, ils assurent de plus quelle est brillante et fondante aisement, qu’elle a une terre sableuse qui luy fait on lestier favorable, et qu’on peut esperer qu’estant aussy douce quelle parroist on pourra sen servir a la fonte des canons que ledit sieur Delapotardiere // promet, jen seray en tout cecy que l’auteur de la decouverte que j’en fis en 68, j’offre de faire agir de tout mon mieux a luy se fait garend de tout le reste, et promet pourveu que je l’assiste de mes soins et de tout et qui luy sera besoin.

Nous ferons au roy un revenu considerable …

Les essais de fonte furent réalisés en France, ceux-ci bien que jugés satisfaisants n’arrivèrent pas à convaincre l’autorité d’aller plus loin, le projet de démarrer des exploitations et de lancer des productions de fer resta sans suite jusqu’en 1729, quand un riche commerçant-négociant de Montréal mais aussi seigneur du fief de Trois-Rivières, François Poulin de Francheville, proposa au roi de France d’investir de ses propres deniers dans l’exploitation des mines de fer dans sa seigneurie, moyennant la concession exclusive des mines de fer durant 20 ans ainsi que de l’exclusivité de la fabrication des fers et l’autorisation d’aménager les cours d’eau nécessaires pour l’activité, avec l’engagement d’ouvrir les dites mines dans le délai de 2 ans dès la concession acquise.

Les forges seront de ce fait créées par ordonnance royale en mars 1730.

Les travaux des forges furent commencés par des journaliers du cru, puis il fallut faire venir de France des gens employés comme tacherons sans distinction de travaux, nourris et logés à 120 livres par an.

On recense parmi cette population ouvrière des francs-comtois venus de Combefontaine en Haute-Saône comme Nicolas Grandmaitre, ou Jean Chassé originaire de Scey-sur-Saône à l’ouest de Port-sur-Saône, laboureur, ou bien Nicolas Camire de Margilley toujours en Haute-Saône près de Champlitte, déportés en Nouvelle-France en juillet 1733, reconnus et accusés comme faux sauniers , avec 93 autres faux sauniers.

L’histoire des aventures de Jean Chassé est incroyable, soupçonné de faire de la contrebande, il est emprisonné, transféré à La Rochelle début 1733 pout être envoyé en Nouvelle-France, lorsqu’il arrive à Québec il est retenu par les autorités maritime afin d’aider à soigner les passagers tombés malade durant la traversée. Peu de temps après il signe un engagement envers François Poulin de Francheville, d’un an pour aller travailler aux forges de Saint-Maurice, il renie son engagement s’enfuit voulant retourner en France mais embarque sur un vaisseau en direction de Gaspé situé à la pointe orientale du Nouveau Brunswick.
Voyant que de ces lieux il ne peut partir vers la France il retourne à son point de départ.
Il s’établit en tant qu’agriculteur à L’islet-du-Portage sur la côte est du Saint Laurent en Nouveau Brunswick non loin des villages de Kamouraska et St André de Kamouraska, obtenant une concession d’environ 3 hectares de terres par le gouverneur de Trois-Rivières, Paul-Joseph Le Moyne de Longueuil le seigneur des lieux. Il se marie en juin 1735 à Kamouraska avec Marie-Joseph Migneau. En 1741 il retourne en France, revient en 1742 avec une partie de sa famille et en 1747 il est accusé avec un autre franc-comtois Jean-Claude Carlos, de contrebande pour avoir fait circulé de la fausse monnaie. Mis en prison, il y restera 2 mois et libéré faute de preuves. Il décède en juillet 1798, laissant une nombreuse famille de 17 enfants.

En effet, dès 1730 le Canada reçoit un contingent de 15 contrebandiers. Entre 1730 et 1743, 585 faux sauniers débarquent en Nouvelle-France, ils sont transportés en cale dans des conditions inhumaines. Le père Nau, Luc-François, jésuite, missionnaire, en 1732 décrit qu’après 80 jours de navigation : Toutes les fois que nous sortions, nous sortions de l’entrepont, nous nous trouvions couverts de poux : c’étaient quatre-vingt faux sauniers, qui avaient langui pendant un an dans les prisons. Ces misérables auraient fait pitié aux plus barbares des Turcs. Ils étaient demi-nus couverts d’ulcères, et quelques-uns même rongés tous vifs par les vers. Nos soins ne les empêchèrent pas de mettre dans le navire, une espèce de peste dont tout le monde a été attaqué, et qui nous a fait mourir vingt hommes à la fois…[Archives du séminaire de Nicolet, Québec, communication historique sur les faux sauniers et le peuplement de la Nouvelle-France, présentée par Renald Lessard, à l’occasion du congrès des sociétés de généalogie, F277/M154/7.]

Cela sera pour les forges de St Maurice les débuts d’établissement de l’entreprise Francheville et Compagnie, de 1733 à 1735, s’implantant sur une superficie de 1,18 acre ( un ½ hectare environ). Seront construits une maison, écurie, boutique et forge en bois de charpente où le minerai de marais était dans la chaufferie réduit à l’aide de charbon de bois selon le procédé de réduction directe ou aussi appelée forge catalane (le fer est obtenu par réduction directe du minerai au feu après 6 heures, sans devoir passer par l’étape de la fonte dans un haut-fourneau, il faille presque autant de minerai que de charbon de bois, d’une ½ tonne de minerai sont extrait 150 kg de fer.)

Ladite forge occupait 4 ouvriers.
Le sieur de Francheville décéda en novembre 1733 un accord entre l’intendant Gilles Hocquart et la veuve de Francheville, Thérèse de Couagne fut passé obligeant celle-ci à assumer les engagements tenus par son mari, le royaume avait avancé à Francheville la somme de 10 000 livres.

Mais là se révèlera l’inexpérience du contremaitre Jean-Baptiste Labrèche dit Déziel et des ouvriers eux aussi inexpérimentés qui durant l’année 1734 arrivent seulement à produire 2 000 livres de fer et de qualité inégale. Malgré les investissements conséquents à hauteur de 21 600 livres, la forge de Francheville est abandonnée, l’intendant Hocquart expédie au ministre de tutelle Jean-Frédéric Phélypeaux, le comte de Maurepas 3 barres de fer ainsi qu’un mémoire afin que les spécialistes dans ce domaine communiquent leurs avis sur le sujet. Le ministre décide à la suite d’envoyer sur place Pierre-François Olivier de Vezin, alors maître de forge à Sionne dans l’arrondissement de Neufchâteau dans les Vosges.

Note : dans les comptes des sénéchaussées de La Mothe-Bourmont de 1623, il est évoqué que les forges et fourneaux de Syonne appartenaient au sieur de Coussey, par la suite cet établissement devint la propriété de la famille des Salles.

Vezin alors âgé de 28 ans dépose son projet en octobre 1735 basé sur le procédé de réduction indirecte, comme celui utilisé dan les forges européennes au moyen du charbon de bois.

Son projet est estimé à près de 100 000 livres pour un revenu annuel d’exploitation de 116 000 livres.

Le projet est accepté et Maurepas accordera l’avance des 100 000 livres demandées.

Une nouvelle compagnie est créée en octobre 1736, comprenant 6 sociétaires, François-Etienne Cugnet, directeur du domaine d’occident, 1er conseiller au conseil supérieur de la colonie ayant au sein les forges le rôle de directeur et trésorier de la société ; Pierre-François Olivier de Vézin, maître de forges ayant la direction et l’administration des forges avec un salaire annuel de 3 000 livres ; Jacques Simonet d’Abergemont [il s’avèrerait surement que cela fusse plutôt Labergement, des forges dites de Labergement-Moloy en Côte d’Or au nord de Dijon]. Simonet était maître de forges avec la même fonction que Vézin mais avec un salaire annuel nettement moindre de la moitié ; Ignace Gamelin, négociant de fourrures à Montréal, avec le rôle de vérificateur des comptes, responsable de tous les achats et de Montréal  commercialisant les produits manufacturés des forges; Thomas-Jacques Taschereau, trésorier de la marine en colonie, membre du conseil supérieur de ladite colonie, avec comme rôle la tenue des registres puis Gilles Hocquart l’intendant de la colonie en tant que sociétaire.

Le privilège d’exploitation de 20 ans est consenti à cette nouvelle société des forges, le ministre de la marine avance même 14 000 livres à Simonet pour l’achat de matériaux ainsi que pour le recrutement d’ouvriers en France.
Une ordonnance du gouverneur de Beauharnois et de l’intendant Gilles Hocquart du 16 septembre 1737 valide, aux ouvriers engagés en France début 1737 par le sieur Jacques Simonet pour lesdites forges, des avances versées à ceux-ci. En effet le 13 mai 1737 le président du conseil de la marine donne à M. de la Croix ses instructions au sujet de l’embarquement de Simonet et des ouvriers engagés pour les mines de fer de Trois-Rivières sur le navire le Jason commandé par Jean-Baptiste Duquesnel.

Le Jason fut un vaisseau de guerre royal à voiles de 3ème rang de 900 à 1 000 tonneaux ( le tonneau de jauge valant 2,83168 m, le Jason avait une capacité de transport en cale de l’ordre de 2 800 m3), il était armé de 50 canons dont théoriquement la moitié étaient en bronze et l’autre en fonte, il fut construit entre 1723-1724, il effectua 4 campagnes en Nouvelle-France entre 1725 et 1739 dont celle de 1737 vers Québec.

Vaisseau de 50 canons, gravure de Nicolas Ozanne vers 1764.
Vaisseau de 50 canons, gravure de Nicolas Ozanne vers 1764, complétée par mes annotations marines.

Le Jason quitta bien La Rochelle en mai 1737 avec à son bord 437 personnes dont l’intendant Gilles Hocquart revenant en Nouvelle-France. La traversée fut assez périlleuse puisqu’il échappa au naufrage sur le Grand Banc de Terre-Neuve du fait des importantes masses de brumes épaisses en ces lieux.

Le Jason lors de la violente bataille navale au large des cotes espagnol au cap Ortégal en mai 1747 opposant la Marine française et la Royal Navy fut parmi les 6 navires de guerre capturés. La flotte française était composée de deux convois d’escorte militaire protégeant des navires de commerce, l’un à destination de Pondichéry, l’autre sous les ordres de Jacques-Pierre de Taffanel de la Jonquière en route vers le Canada apportant des renforts dans le but de reconquérir la forteresse de Louisbourg en Nouvelle-Ecosse.

Plan de Louisbourg vers 1751.
Plan de Louisbourg vers 1751, AN d’outre-mer, (FR ANOM 3 DFC 2288).

Ce fut un désastre, la mêlée dura 3 heures, les combats navals 8 heures, les vaisseaux français en minorité succombent les uns après les autres. Sur les 2 819 marins, soldats et officiers tous seront capturés, blessés ou tués, le jeune Marc Joseph Marion Dufresne alors premier lieutenant à bord de l’Invincible puissant navire de ligne de 1 793 tonnes de nouvelle génération récemment construit armé de 74 canons (28 canons tirant des boulets de 36 livres, 30 canons de 18 livres et 16 canons de 8 livres), Marion Dufresne sera fait prisonnier comme tout l’équipage vivant, il resta durant 3 mois captif par les anglais et libéré après avoir été échangé, il rentrera en France en août 1747.

Le 13 octobre 1737, l’intendant Hocquart informe le ministre des colonies que le 15 du mois le fourneau à Saint Maurice serait allumé et que les harnois et outillage de la forge seront bientôt prêts à produire du fer.

Le roi ayant passé commande pour l’obtention de fers de divers genres, il fut déclaré le 7 octobre 1738 par le maitre-fondeur Jean-Baptiste Delorme au greffier le notaire Pressé requis par le substitut du procureur du roi aux Trois-Rivières Louis-Jean-Baptiste Fafard de Laframboise et par le directeur préposé à la conduite des forges dudit lieu, Olivier de Vezain, que le feu avait été mis au fourneau le 20 aout précédent, mais malheureusement le 15 octobre 1738 on répondit que le martinet n’était pas encore établi. Le président du conseil de la marine et des colonies écrivit le 21 avril 1739 à MM.de Beauharnois et Hocquart qu’il était fortement fâché d’apprendre tous les contretemps survenus dans le travail des forges de St Maurice qui ne pouvaient être attribués qu’à l’ignorance ou la mauvaise foi du maître-fondeur et que l’on avait bien fait de le chasser. Celui-ci fut bien remplacé par Jean-Baptiste Delorme dit Deslauriers qui arriva aux forges de Trois-Rivières en 1738 en qualité de fondeur, il procéda en effet à l’allumage du 1er feu le 22 aout 1738 et selon le marché qui le liait à la compagnie des forges de St Maurice il devait instruire et former Pierre Martin au métier de fondeur.

Une rue porte encore son nom en la commune de Trois-Rivières au district des Vieilles-Forges. Jean-Baptiste était le fils de Hubert et d’Etiennette Suenau, natif de Til-Châtel en Côte d’Or, il épousa en janvier 1739 aux Trois-Rivières Charlotte-Monique Sauvage fille de François Sauvage sergent des troupes et de Françoise Mouet de Moras.
A Til-Châtel une forge fut fondée au XVIIe siècle et est toujours en activité au bord de la Tille.

Transcription ci-dessous de la publication du contrat de mariage du 4 août 1755 entre Jean-Baptiste Delorme, maître-forgeron aux forge de St Maurice et demoiselle Marie-Louise Frigon, passé par le notaire Duclos le 19 avril 1751 [Archives nationales de Trois-Rivières, fonds juridiction royale de Trois-Rivières, TL3, S11, P5245].

Vu le contrat de mariage entre Jean Baptiste Délorme Me fondeur aux forges et demoiselle Marie Louise Frigon passé par Me Duclos notaire le dix neuf avril mil sept cent cinquante et un presenté par Louis Pillard fils lequel nous a requis d’en ordonner l’insinuation lecture et publication faitte dudit contrat de mariage a laudience les plaids tenants et [n.t] le procureur du roy ordonnons que ledit contrat de mariage sera insinué et registré sur le registre des insinuations du siège et par le greffier en iceluy pour servir , et valloir a ce que le raison mandons.

Relevé succinct des familles françaises installées aux forges de Trois-Rivières à compter de 1737.
[Seuls les patronymes sont extraits des Mélanges historiques de Benjamin Sulte].

La plupart des familles françaises venues travailler en ces lieux furent des ouvriers ayant déjà œuvrés sur des sites sidérurgiques en Bourgogne, comme à Til-Châtel, Fresnes, Rochefort-sur-Brévon, ou en Franche-Comté comme Beaujeu.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle la sidérurgie bourguignonne demeura une industrie régionale de grande importance et très prospère développée dès le XVe siècle à la faveur d’une couverture forestière comptant parmi les plus fortes du territoire, l’une des matières premières nécessaire à cette activité industrielle.

La carte représentant l’implantation de l’industrie du fer dans le Châtillonnais en 1790 montre l’importance de l’implantation des sites de cette proto-industrie bourguignonne.[D.Moreau, CRIUC,  Histoire et sociétés rurales, n°5, 1996.]

Carte sidérurgie du Chatillonnais.
Carte sidérurgie du Chatillonnais.

-Antoine Petit originaire de Fresnes, Côte d’Or près de Montbard, homme des forges, décédé en mai 1738 à Trois-Rivières, fils d’Antoine Petit marchand bourgeois de Fresnes.

-Pierre-François Michelin et sa femme Claire Filet, en janvier 1738 ouvrier aux forges, originaire de Duesme en Côte d’Or.

-Henri Lalouette ou Lamouette, en 1744 il était chauffeur aux forges.

-François Godard et sa femme Gabrielle Viard, natif de Rochefort-sur-Brévon en Côte d’Or dans le Châtillonnais, les forges de ce lieu furent liées aux XVIIe à celui des hauts-fourneaux de Maisey-le-Duc.

Ils étaient aux forges des Trois-Rivières en 1737 avec 4 enfants, François était maître-marteleur, il fut accompagné par son frère Charles Godard et son épouse.

[A Rochefort-sur-Brévon il existe encore deux forges assez bien conservées dans leurs états du XVIIIe siècle. La 1ère dénommée la forge du Haut au centre du village après la retenue de l’étang sur le Brevon, garde sa cheminée, la seconde celle du Bas dans le parc du château construite sur le même modèle que la 1ère en restauration.]

Forge de Rochefort-sur-Brévon.
Forge de Rochefort-sur-Brévon.

-Jean Dautel, natif de St Sienne-sur-Vingeanne en 1716 dans la Côte d’Or proche de Fontaine-Française, maitre-chauffeur aux forges de St Maurice, épousa en mai 1739 la fille de François Godard.

J. Dautel et le sieur Marchand (probablement Pierre Marchand), chauffeurs aux forges, en février 1739 auraient refusé d’obéir aux ordres donnés par le sieur Cressé, en voici la sentence rendue par l’ordonnance de l’intendant de la Nouvelle-France, Gilles Hocquart. [Archives nationales à Québec, fonds intendants, E1, S1, D27, P3096.]

Juridiction des Trois Rivieres fait a St Maurice le huit fevrier 1739.

Gilles Hocquart.

Sur ce que nous avons esté informé ce jourd’huy douze fevrier que les nommés D’hotel [Dautel] et Marchand, chauffeurs aux forges de St Maurice avoient réellement et de fait refusé d’obeir aux ordres qui leur avoient esté donnés de la part du sieur Cressé chargé par les interessés dans lesdites forges de la conduite des ouvriers et travaux d’jcelles les ordres portants de passer du feu d’enhaut au feu d’enbas pour donner le temps necessaire pour exaucer la cheminée du feu d’enhaut, ce qu’ils auroient refusés d’execution et en consequence se seroient absentés ladite desobeissance accompagnée de la part desdits chauffeurs de murmurer // de parolles seditieuses même en notre presence, nous aurions fait conduire dans les prisons des Trois Rivieres lesdits D’hotel et Marchand, mais estant necessaire de remedier encore plus effieucement a de pareils abus nous avons condamné chacun desdits chauffeurs a la somme cinq livres pour chaque jour qu’ils demeureront en prison pour dommages et interets envers lesdits interessés et en outre en trois livres d’amende envers la fabrique de la chapelle de St Maurice pour estre employés a sa decoration, lesquelles sommes seront retenues sur les gages desdits ouvriers, leur faisons deffenses de recidives sous de plus grandes peines, et sera la presente lue et publiée a St Maurice issue de la messe du premier dimanche prochain. Mandons et ordonnons aux ouvriers, journaliers et autres employés auxdites forges d’entendre et obeir auxdits sieurs Olivier et Simonnet et autres charger de leurs ordtres sous les mêmes peines que dessus. Fait // a St Maurice le douze fevrier 1739. Signé, Hocquart.

En novembre 1758 le couple Jean Dautel et Anne Godard devant la nécessité absolue de sauver de la misère sa famille de 8 enfants face à la disette de vivres qui sévissait en la colonie aux forges de Saint Maurice décide à ce que son épouse et sept de leurs enfants retournent en France.

Voici le récit de la détresse et de la supplique adressée à Nicolas-René Berryer, le comte de La Ferrière, alors secrétaire d’Etat de la marine. [AN d’outre-mer, personnel colonial ancien, COL E 136].

A Monseigneur Berryer ministre et secrétaire d’Etat de la marine

Monseigneur

Anne Godard femme de Jean Dotel maitre d’ouvrages employé depuis vingt six ans aux forges de St Maurice apartenantes au roy et situées aux Trois Rivieres en Canada ou il sert actuellement, prend la liberté de représenter tres respectueusement a votre grandeur qu’au mois de novembre 1758, elle se trouva dans // la nécéssité forcée d’abandonner cette colonie pour sen revenir en France avec sept de ses enfans, par raport a l’extrême disette de vivres et a l’excessive cherté a la quelle étoit porté le peu qu’il y en avoit alors ; et que Mr Bigot intendant au même lieu a qui elle exposa de concert avec son mari sa triste situation, luy accorda a elle et a ses sept enfans son passage sur la flute du roy L’Outarde qui se trouvoit mouillée devant Québec, et d’autant plus volontiers qu’il étoit de l’avantage de la colonie , dans la circonstance critique ou elle étoit , de se défaire des bouches considérées comme inutiles.

En conséquence Monseigneur la supliante fut inscrite avec huit de ses enfans (dont un est resté avec son mari en Canada) sur la liste des passagers dont extrait est cy-joint, et s’embarqua au mois de novembre 1758 sur cette flute dans l’esperance de débarquer dans un des ports de France  et de tâcher d’y subsister avec ses enfans, avec le peu de secours que son mari luy avoit procuré : mais par un evénement des plus triste pour elle, puisqu’il la réduit a la mandicité, cette flute au contraire a été forcée de relâcher a St Ander en Espagne et y a desarmé.

Pénétrée de douleur de se trouver dans un pays etranger, la supliante y tomba malade et y consomma le peu de ressource qu’elle avoit pour sy faire soigner, et pour faire subsister ses enfans, et ensuite se rendre en ce port de Rochefort, ou elle est a present accablée de la misère la plus affreuse, sans aucune ressource et n’ayant pas seulement de pain, elle a recours a votre charité Monseigneur, pour qu’il plaise a votre grandeur // de donner ses ordres a Mr de Ruis de luy faire délivrer les rations qu’il vous plaira de régler jusqu’a ce que les circonstances des affaires de l’Etat luy permettre de retourner aupres de son mari en Canda : elle espère cette grace de vos bontés Monseigneur, pour la mettre a l’abri des suites funestes de l’etat déplorable où elle est réduite.

Cette requête rédigée dans un noble style et d’une belle écriture n’est pas signée, on est en droit de penser que ce n’est point Anne Godard qui a rédigé cette lettre.

Notes : L’Outarde était une flûte du roi employée comme navire marchand, cédée à la compagnie des Indes, elle prendra le nom de Beaumont en novembre 1760.
Le sieur Ruis cité dans ce document était Charles Claude de Ruis-Embito, alors intendant de la marine à Rochefort.

Par une lettre du 29 octobre 1768 Anne Godard se trouve toujours à Rochefort dans la plus grande misère avec seulement deux de ses filles mineures et que son mari Jean Dautel est décédé en 1760 aux forges de St Maurice.

En voici la teneur. de la transcription.

Colonie

M. Daubenton marque à Monseigneur par sa lettre du 28 juin dernier, que le nommée Anne Godard veuve de Jean-Baptiste Dothel mort en 1760 dans les forges du roy en Canada où il etoit employé depuis plusieurs années en qualité de martelleur, est dans la plus grande misére, qu’elle n’a aucune ressource pour subsister et faire subsister sa famille : il suplie Monseigneur, de vouloir bien accorder à cette veuve et à ses deux filles âgées de 10 et 12 ans, le même traitement dont jouissent les familles accadiennes retirées à Rochefort. Cet ordonnateur observe que l’extrême misére et les infirmités de cette femme, ses enfant encore en bas age et son etat de veuve d’un ouvrier mort au service du roy, la rend tout à fait digne des bontés de Monseigneur.

Au bas de la missive fut inscrit le mot approuve.

-François Marquet dit Périgord, natif de Chapelle-Bousquet, se marie à Québec en 1706, arrive aux Trois-Rivières en 1731, 5 de leurs enfants sont ouvriers aux forges de St Maurice à partir de 1737.

-Pierre Chaillot, fils de François et Claudine Graillard de Seurre-sur-Saône en Côte d’Or, canton de Brazy-en-Plaine, Il était ouvrier aux forges de St Maurice lorsqu’il épouse en avril 1739 Marie-Catherine Marquet dit Périgord.

Il s’avéra que le 3 juillet 1742 Pierre Chaillot et François-Thomas Chaillot tous les deux charbonniers aux forges décèdent, tués par des chutes violentes d’arbres. [Archives nationales à Québec, collections pièces judiciaires et notariales, TL5, D 1286].

Retranscription du procès verbal de visite du procureur du roi à ce sujet.

L’an mil sept cent quarante ce jourdhuy 3 juillet troisieme heure de relevée, sur l’avis que nous a eu, Joseph Godefroy escuier sieur de Tonnancour conseiller du roy, eu sor procureur au siége de jurice diction royalle des Trois Riviéres qu’il y aurois eu plusieurs cadavres dans les contrées de cette ville, dont peut être l’accident, seroit et surnaturel ce que parmy jceux celuy du nommé Pierre Chaillot charbonnier aux forges de St Maurice seroit décédé, par des arbres du couvert excité, cette nuis, par sa violence qui auroit absorbé nombre de personnes engagée es’ dittes qualités dans les bois a etre estropiées, sans pouvoir se soulager, d’elles memes, ce que la notorieté aurois donné es’conclure par le transport evide du sieur Charles Alemoine chirurgien entreten pour le // service de sa majesté, legue le sieur Lam transporté avec nous aux dittes forges et dans la vente du nommé Jean Aubry, Me charbonnier, auroit trouvé le cadavre du nommé Pierre Chaillot ; auusy charbonnier es’dittes forges lequel étendû presque sur le coté gauche, et l’ayant visité, auroit trouvé qune branche de grosse proche renversée par le vent dessus le corps dudit Chaillot luy auroit ecrasé trois cotes à la partie moyenne, latérale droite de la poitrine, et plusieurs autres contusions causées par les branches de l’arbre, ce qui luy auroit donné lieu de croire que ledit cadavre que le reverend Père Buttel missionnaire et recolect, requis pour le service des forges, estois susceptible de notre transport accompagné de notre greffier pour etre inhumé en la maniére ordinaire sur quoy nous aurions // donné acte pour en etre ordonné par Mr le lieutenant général à qui ledit cadavre ensemble le réquisitoire du procureur du roy, nous du consentement du procureur du roy ordonnons que le cadavre dudit François Thomas Chaillot sera inhumé en la manière ordinaire, par qui et airoy qu’il appartiendra. Fait en présence dudis revérend Père Buttel, susdit et des sieurs De Belleville, et Cressé, directeur des forges de St Maurice, qui ont signé avec nous, soussignés comme témoins lesjour l’an susdis.
Signé, Cressé. Bernard Buttel, Recollet. Martel de Belleville. Courval.

-Pierre Martin s’établit aux forges de St Maurice vers 1737 avec son épouse Marie-Catherine et ses deux enfants. Il devait être formé au métier de fondeur par Jean-Baptiste Delorme, originaire de Duesme en Côte d’Or.

-Gabriel Desmaisons, fils de Joseph et Madeleine Desroches de St Séverin bourg du Sud Charente, employé aux forges de St Maurice, se maria avec Isabelle Dehornay.

-Pierre Marchand, fils de Valentin et de Claudine Albrant, natif de Beaujeu-Saint-Vallier-Pierrejux-et-Quitteur en Haute-Saône, à 12 kms au nord-est de Gray.

[La forge de Beaujeu fut fondée en 1679 par le maître de forges François Monnois sous l’autorisation du marquis d’Hyenne, le seigneur des lieux.]

Pierre Marchand arriva aux forges de St Maurice en tant que chauffeur des hauts-fourneaux, de ce titre il était avec Jean-Baptiste Delorme, l’ouvrier le plus qualifié des forges, en novembre 1740 il épousa Marie-Charlotte Sauvage, fille de François Sauvage.

Début juillet 1752 Pierre Marchand, se présentant comme marteleur aux forges de St Maurice soumet au lieutenant général au siège de la juridiction royale de Trois-Rivières une requête en tutelle pour ses 4 enfants mineurs suite au décès de son épouse Marie Sauvage. [Archives nationales à Québec, fonds Cour supérieure, district judiciaire du Québec, tutelles et curatelles, CC301, S1, D2688.]

Transcription.

Supplie humblement Pierre Marchand marteleur aux forges de St Maurice dizant quil est issus de son premier mariage avec feue Marie Sauvage quatre enfans lesquels sont mineurs scavoir Manon agée d’environ onze ans, Antoinette âgée d’environ huit ans, Pierre âgé d’environ sept ans  et Antoine Marchand âgé denviron six ans ; et le suppliant convolé en seconde noces, il desireroit dissoudre sa communauté d’avec ladite feue Marie Sauvage et faire a cette fin proceder a l’inventaire des biens dependants de ladite communauté, ce quil ne puis faire qu’au préalable il soit fait election d’un tuteur et d’un subrogé tuteur, pourquoy il a recours a vous.

Ce consideré, Monsieur, vû l’exposé en la presente requête et attendu que vous etes subdelegué de Monsieur l’intendant esdittes forges tant pour la commodité des ouvriers que pour qu’iceux ne soient point de tourné ce qui causeroit dommages aux forges il vou plaise permettre au suppliant de faire assembler par devant vous a tel jour, lieu et heure quil vous plaira indiquer les parents et a deffault de parents des amis desdits mineurs aux fins de leurs elire un tuteur et un subroget tuteur, et ferez bien. Signé Marchand.

Souhait retenu et appliqué le 8 juillet 1752, les parents et amis desdits mineurs furent assemblés pardevant le subdélégué de l’intendant en la maison principale desdites forges, où il fut retenu que Pierre Marchand serait et resterait le tuteur de ses enfants mineurs et que Charles Feve serait subrogé tuteur avec lui. Un inventaire de tous les biens de l’ex communauté fut établi devant le notaire Pillard s’élevant pour le mobilier à 542 livres 5 sols et 6 deniers.

-François Caisse dit Dragon, fils d’Etienne et de Michèle Mougin, natif de Seveux-Motey du canton de Scey-sur-Saône dans la Hte Saône, il arrive aux forges St Maurice en 1738 comme maître-charron, il fut avec Delorme et Marchand un ouvrier important desdites forges. En novembre 1740 il épouse une fille de François Sauvage, Louise-Françoise.

La forge de Seveux fut implantée en bord de Saône en vertu de lettres patentes accordées à François René de Marmier en août 1683. Composée d’un haut fourneau, d’une forge, halle à charbon, magasin, logements et moulin, elle fut affermée en 1686 à Jean Bruelle et Henriette Cornu. Le haut fourneau cessera son activité en 1875. Aujourd’hui les amis de la forge de Seveux tentent de rénover cette friche industrielle afin d’y créer un lieu dédié aux arts et à la culture. [carte forge de Seveux, La haute Saône et ses beaux villages, Seveux.3-l’industrialisation,overblog.]

Forge de Seveux, plan extrait de overblog, la Haute-Saône et ses beaux villages, Seveux.3.
Forge de Seveux, plan extrait de overblog, la Haute-Saône et ses beaux villages, Seveux.3.

-Joseph Aubry, fils d’Etienne et de Jeanne Fleuret, natif de Saint-Broing-les-Moines dans le canton de Châtillon-sur-Seine en Côte d’Or. Il arrive aux forges de St Maurice en 1738 et épousa en 1742 Josephte Chèvrefils.

-Jean Aubry, natif de Châtillon-sur-Seine en Côte d’Or, était avec son épouse en 1738 avec ses 3 enfants aux forges de St Maurice en tant que maître-charbonnier dirigeant la formation du charbon de bois pour les hauts-fourneaux.

-Nicolas Champagne, fils de Nicolas et de Jeanne Buisson, natif de Dancevoir en août 1731, en Haute-Marne en limite de la Côte d’Or, à mi-chemin entre Chaumont et Châtillon-sur-Seine. Présent aux forges de St Maurice en 1738, en 1746 contremaître et en septembre 1749 il épouse Elisabeth Bériau.

[A Dancevoir on y trouvait du minerai de fer en grains, ainsi sur l’Aube et l’Aubette, 11 lavoirs ou patouillets à bras ou mécanisés étaient installés, occupant une vingtaine d’ouvriers. Une ordonnance du 11 avril 1839 autorisa le sieur Bouchu, à établir un haut-fourneau sur le territoire d’Aubepierre-sur-Aube et de Dancevoir et à conserver le patouillet de Longuay.]

-Louis Tourtocheaux, natif de Vaux-Saules en Côte d’Or près de Saint-Seine l’Abbaye, canton d’Is-sur-Tille, marié à Anne Raffay il arrive aux forges de St Maurice en 1737 ou 1738 avec trois enfants.

[Non loin à 8 kms à l’est de Vaux-Saules à Francheville existaient des forges où Louis Tourtocheaux était ouvrier forgeron avant d’être recruté par Jacques Simonet pour partir travailler au Québec, alléché par des revenus plus stables et avantageux.]

-Pierre Hérard, natif d’Aulnoy-sur-Aube en Haute-Marne à 33 kms à l’ouest de Langres, employé aux forges de St Maurice il épousa en novembre 1738 Suzanne Chaput.

-Pierre Labonne, fils de Serbert et de Madeleine Berrousse, de la paroisse de Duchesne du diocèse de Moulins dans l’Allier [commune non retrouvée], demeurant aux forges de St Maurice en juillet 1739 il épousa Madeleine de Nevers originaire de Sainte-Croix, municipalité du Québec dans le comté de Lotbinière, sur la rive droite du St Laurent.

-François-Pierre Beaupré, fils de Philippe et de Judith Saunier, natif de Metz en Lorraine, en la paroisse de Sainte-Croix, déjà marié en 1725 à Québec avec Thérèse Mercier, ils s’installent aux forges en 1738 avec leurs 5 enfants comme maître serrurier.

-Jean Mantenet ou Montenet, fils de Jean [charbonnier de son état] et de Blaise Baquet, natif de Nesle-et-Massoult en Côte d’Or, aux forges de St Maurice déjà en 1737, il se maria à Bécancourt en janvier 1739.

-Jean-Nicolas Robichon, fils de Nicolas [marteleur à la forge de Quemigny] et de Marie Anne Dubois, natif et baptisé à Quemigny-sur-Seine en Côte d’Or de l’arrondissement de Montbard au nord de Duesme, en août 1714, il devint marteleur aux forges de Courtinon [sûrement Cosne] en 1738.

Il fut engagé par Olivier de Vezain en janvier 1740 en tant que marteleur avec un contrat pour 3 ans à raison de 1 000 francs de revenus par an et le voyage gratuit après lesdits 3 ans pour le retour en France. En mai 1741 il épouse Denise Chaput canadienne et eurent 10 enfants. Toutefois il rentre en France en 1765 avec toute sa famille, lors de la conquête de la Nouvelle-France par l’Angleterre

Sa famille serait originaire du Jura, on retrouve des Robichon à Montrabert (Dammartin) à Thervay, Brans, Marpain et Rochefort-sur-Nenon.

Cette mention de contrat à durée déterminée donne une excellente indication sur les propositions financières assez alléchantes même en 1740 pour aller travailler en Nouvelle-France.

Au hameau de Cosne, l’ancienne forge pourrait être située au bord La Seine à l’emplacement de ce petit bâtiment agricole isolé, le cadastre de 1834 montrant une plus vaste structure hydraulique avec un barrage sur La Seine en amont d’une retenue d’eau artificielle, un canal d’amené en dérivation passant sous la partie orientale de la forge et où est dessinée une roue hydraulique.

Forge de Cosne.
Forge de Cosne.

[Les données sur Jean-Nicolas Robichon relevées dans l’ouvrage de Benjamin Sulte ont été largement corrigées par celles fournies du blog, BMS du Châtillonnais, Quemigny-sur-Seine.]

Acte de baptême de 1769 faisant apparaître le nom de Nicolas Robichon marteleur à la forge de Cosne, ADJ21 2E dépôt 514.

Nicolas Robichon, acte de baptême, 1769, ADCd'or, 2E514-1.
Nicolas Robichon, acte de baptême, 1769, ADCd’or, 2E514-1.

La forge de Quemigny serait cette ancienne forge de Grandpré implantée au sud du village au bord de la D954.

Quemigny, forge de Grandpré.
Quemigny, forge de Grandpré.

Sur le site echosdescommunes/commune_cote_dor_quemigny-sur-seine, je rapporte cette chronique du passé que dans ce pays de Quemigny, trappeurs de loups, certains se souviennent qu’une certaine Claudine Rotti âgée de 38 ans, fut possédée du démon de mars 1688 à décembre 1698.

Elle se frappait à grands gestes quand elle entendait sonner les cloches, quand on priait pour elle ou lorsqu’on l’aspergeait d’eau bénite. Tout fut essayé pour la guérir, prières, neuvaines à Sainte Reine et même sorcellerie, sans résultat.

Heureusement, deux capucins passèrent au village et proposèrent de l’exorciser. Pendant neuf jours, ils lui lisent l’Évangile de Saint Jean et l’oraison contre les maléfices. Le premier jour, il fallut trois personnes pour la tenir durant la lecture, le second jour quatre, le troisième jour six. Le diable se mit à parler par sa bouche le quatrième jour, mordant violemment le crucifix. La pauvre en succombait presque. Le cinquième jour, le démon blasphéma en hurlant pendant la grand-messe. La voix terrible qui sortait de la bouche de la malheureuse épouvanta les assistants. Heureusement, le capucin ordonna au diable de quitter le corps de la femme le neuvième jour. Il ne fit pas attendre l’assemblée, s’échappa derechef, libérant définitivement la femme épuisée !

La mise en exploitation de nouveau, des forges de St Maurice fut difficile et compliquée, si de 1738 à 1739 la production de fer était faible et se montait à 70 tonnes, ce n’est guère mieux entre 1739 à 1740 pour 178 tonnes sans trop s’accélérer entre 1740 et 1741 pour 197 tonnes, mais surtout les forges accumulèrent les déficits financiers d’année en année, ils s’élevèrent en 1741 à près de 350 000 livres. Vézin dans son projet avait annoncé un total de dépenses de l’ordre de 220 000 livres, la facture en 1741 se montait à près de 530 000 livres. La gestion du personnel était catastrophique dès 1736, les maçons et charpentiers avaient été employés comme bûcherons ou manœuvres, les ouvriers métallurgistes avaient eux aussi été engagés trop tôt créant des dépenses inutiles, alors que les installations n’étaient pas toutes opérationnelles.

Les difficultés s’accumulant, la faillite devint inévitable en octobre 1741, Vézin en grande partie mis en cause comme responsable des erreurs techniques remet sa démission, idem pour Cugnet aussi responsable des grosses erreurs de gestion accusera toutefois Vézin d’incompétence, ses dettes auprès du roi s’élevèrent à près de 200 000 livres. Elles seront malgré tout effacées en 1749, la valeur des biens des forges avait été estimée à 175 000 livres en 1744.

L’intendant Hocquart voulant pouvoir maintenir à flot l’activité des forges de St Maurice, nomme Guillaume Estèbe, ariégeois, négociant, entrepreneur et seigneur, son subdélégué pour reprendre en mains la direction des forges sous forme de régie d’état, durant une année.

De 1741 à 1744 les forges fonctionnèrent donc en régie d’état.

Estèbe participera à des opérations commerciales à Québec considérées comme frauduleuses, il détenait un magasin en 1750 que l’on surnommait La Friponne, toutes les marchandises en provenance de Bordeaux de la société David Gradis et fils étaient déclarées pour le compte du roi, échappant ainsi à payer les droits d’entrée mis en vigueur depuis 1749. Mais de retour en France après avoir amassé une fortune que certains évaluait à 1 800 000 livres, en 1761 il est incarcéré à la Bastille avec d’autres membres de l’administration coloniale de la Nouvelle-France accusés de malversations financières, d’avoir obtenu des gains illégitimes en survendant des marchandises fournies aux magasins du roi, d’avoir fait des profits abusifs dans d’affrètements fallacieux au nom du roi de vaisseaux faisant le cabotage le long du St Laurent.

Par jugement de décembre 1763 il fut condamné gentiment à une remontrance solennelle, à une aumône de 6 livres et de devoir restituer 30 000 livres.

Malgré ces condamnations d’abus et profits à l’encontre des intérêts du roi, en 1763 Guillaume Estèbe se retrouve secrétaire du roi près de la cour des aides de Bordeaux, allez comprendre !

La production de fer aux forges de St Maurice entre 1741 et 1744 se montera à 557 tonnes avec un profit de plus de 50 000 livres sans pouvoir atteindre le niveau de production prévu, reste qu’il fut considéré que ces forges étaient rentables.

La direction de l’établissement fut assurée de 1742 à 1750 à Jean-Urbain Martel de Belleville, négociant mais fonctionnaire sous la tutelle de l’intendant.

L’intendant Gilles Hocquart gardait toutefois la main sur l’activité humaine aux forges, telle son ordonnance de février 1745 pour tous les ouvriers travaillant aux forges, réglementant l’usage des boissons, des horaires de travail, des absences et même du bétail consécutivement aux scandales, débauches et abus commis au sein de la collectivité.[AN de Québec, fonds intendants, E1, S1, D33, P3639].

Transcription de ladite ordonnance.

12 fevrier Gilles Hocquart

Sur ce que nous avons esté informer pendant nôtre sejour à St Maurice de plusieurs abus qui se sont glissez également préjudiciables au service du roy au bien de l’etablissement et au bon ordre, nous // avons estimé d’y remédier par un reglement ainsy qu’il ensuit.

Deffendons à tous ouvriers et autres journaliers et même aux etrangers dans l’etendue de la seigneurie de St Maurice, et autres qui en dépendent, de vendre et debiter soit en gros où en détail aucune boisson et liqueurs enyvrantes, a peine de livres d’amende, et de confiscation desdites liqueurs, pour la premiere fois ; et de punition corporelle en cas de recidive outre la confiscation.

Permettons néanmoins en faveur des ouvriers et journaliers, au sieur Perrault marchand à St Maurice de faire distribuer par celuy d’entre lesdits ouvriers où journaliers que nous agréons, et par petites mesures du vin et eau de vie, à la charge néanmoins que cette distribution se fera, avec modération ; a quoy les sieurs de Belleville et Cressé directeurs desdites forges tiendront exactement la main.// Sera loisible auxdits ouvriers chartiers et autres domiciliez audit St Maurice d’elever et d’entretenir autant de vaches et moutons qu’ils jugeront à propos en observant néanmoins de les faire garder de manière qu’ils ne puissent vaguer au dela de l’etendue du terrain qui est derriere les ecuries, a peine contre les propriétaires desdites vaches et moutons qui les laisseront aller dans les revenus au dessus de la grande coste de dix livres d’amende ; et du double en cas de récidive ; et cependant il sera fait un reglement particulier par lesdits sieurs de Belleville et Cressé pour etablir un gardien desdits bestiaux aux frais des propriétaires.

Les differentes interruptions qui arrivent, tant aux fourneaux, qu’aux chaufferies, laissant les ouvriers et journaliers oisifs, nous ordonnons auxdits sieurs de Belleville et Cressé de les employer pendant lesdites interruptions aux autres travaux // dont ils jugeront capables pour le rétablissement et le bon entretien desdites forges, veines, chaussées. Enjoignons auxdits ouvriers et journaliers d’obeir auxdits sieurs en tout ce qui leur sera commandé a peine de perdre leurs gages tant que dureront lesdites interruptions.

Tous les ouvriers fondeurs marteleurs chauffeurs, gougats, chartiers, charbonniers et journaliers domiciliez ne pourront s’absenter de St Maurice sans la permission de l’un des directeurs, a peine contre lesdits ouvriers pour la premiere fois de perdre leurs gages pendant le temps de leur absence, et de punition corporelle en cas de recidive outre la perte desdits gages.

Enjoignons auxdits Belleville et Cressé de veiller avec soins a réprimer les scandales et débauches publiques si aucunes arrivent dans la suitte par des amendes et autres peines telles qu’il appartiendra en cas que lesdits scandales et débauches soient // d’une nature qu’il faille avoir recours à nôtre autorité il nous en donneront avis pour y être par nous pourvû efficacement.

Et sera la présente lue et publiée audit lieu de St Maurice tous les trois mois le dimanche issue de la grande messe et affichée en la manière accoutumée pour que personne n’en prétende cause d’ignorance.

Mandons auxdits sieurs Belleville et Cressé de tenir la min à l’exécution à St Maurice le douze février mil sept cent quarante cinq.

Signé : Hocquart.

Déjà en janvier 1740 cet intendant avait émis une ordonnance interdisant aux ouvriers employés aux forges de tenir cabaret et y vendre vin, eau de vie et guildive (eau de vie préparée à partir de mélasse ou de jus de canne à sucre, francisation de kill devil, tuer le diable) tant en argent qu’en echange de denrées ou marchandises et hardes aux autres ouvriers ni aux sauvages directement ou indirectement [AN à Québec, fonds intendants, E1, S1, D28, P3187].

Dès 1750 c’est Jean La Tuilière qui reprendra la direction avec comme inspecteur de l’établissement jusqu’en 1760 sous les ordres de l’intendant Bigot, René-Ovide Hertel de Rouville, lieutenant général civil et criminel, grand voyer et juge de la Cour des plaids communs, avec comme maître de forges Claude Courval-Cressé.

Les 4 années d’exploitation sous le régime français coïncidèrent avec la reprise du conflit avec l’Angleterre où les forges de Saint Maurice participèrent à l’effort de guerre par la fabrication de grandes quantités de munitions pour l’artillerie.

Louis Franquet, ingénieur militaire fut chargé par les autorités royales dont le directeur du bureau des fortifications Noel de Régemortes de procéder à l’inspection des forts et autres installations militaires de la Nouvelle France. Son 1er voyage date de 1751, à son second voyage dès juillet 1752 il visite les forges de Trois Rivières sur recommandation de l’intendant François Bigot, qui en fait fut le dernier intendant de la Nouvelle France, son nom fut mêlé aux affaires de corruptions puisqu’il fut embastillé en novembre 1761 comme Estèbe, Cadet et Péan, avec à la clef l’un des procès le plus retentissant du siècle (l’affaire du Canada) conduit par moins de 27 magistrats sous la présidence du lieutenant général de police Antoine de Sartine. Bigot sauva sa tête du billot car par jugement rendu en décembre 1763 il fut condamné au bannissement à perpète, tous ses biens confisqués et de devoir régler à la couronne au total près de 1 500 000 livres à titre de restitution.

Donc Franquet visite les forges de Saint Maurice le 28 juillet 1752, voici ce qu’il en rapporte. [Institut canadien de Québec, voyages et mémoires sur le canada par Franquet, 1889, pp 19-21].

Sorti des Trois Rivières à cinq heures du matin, avec MM. Rigaud, Tonnancour et tous mes compagnons de voyage que M. de Rouville directeur des dittes forges, arrivé de la veille en ville pour m’engager à ce petit voyage, y avait invité…

L’ on arrive à sa sortie aux dittes forges, ce bois est brûlé en partie ; d’ailleurs il est dépouillé de tous les arbres propres à la charpente,…à l’extrémité du chemin, pour descendre à St Maurice, lieu où sont les dittes forges du roy est une rampe qui conduit à un ruisseau que l’on traverse sur un pont de bois d’où l’on se rend au logement du directeur.

Après le cérémonial du premier accueil… on se porta d’abord sur le ruisseau. Il descend des hauteurs du bois, est traversé de trois digues jusqu’à son confluent qui forment autant de chutes ; la première digue soutient les eaux pour le service de la forge située en dessous, au-delà est la seconde, àù ces mêmes eaux appuyées font aller un martinet, et plus bas, est la troisième qui retient de nouveau les eaux pour l’utilité d’un semblable martinet ; de là ce ruisseau va se confondre dans la rivière de St Maurice…

La forge et les deux martinets qui font l’objet de cet établissement sont situés à la rive gauche de ce ruisseau. L’on estime…// qu’on pourrait établir deux autres semblables martinets à sa rive droite, et même un troisième entre la dernière digue et la ditte rivière.

Les logements affectés aux logis des ouvriers sont situés sur le même côté des forges, mais un peu éloignés ; ils sont plantés ça et là sans aucune symétrie, ni rapport de l’un à l’autre. Chacun a son logement isolé et particulier, de manière qu’il y a une quantité de maisons ainsi que de couverts et appentys pour magasins aux forges au charbon et au feu, et d’écuries pour les chevaux dont l’entretienement par économie doit constituer une grande dépense. Le principal batiment est celui du directeur. Quoique grand il ne suffit pas à tous les employés qui ont droit d’y loger ; il en couterait moins au roy si tous les autres étaient rassemblés de même, néanmois distribués en logements différents tant pour la commodité de chacun que pour l’aisance du service.

Entrés ensuite dans la forge affectée à la yeuse ; on me fit la galanterie de couler un lingot d’environ quinze pieds de longueur sur six et quatre pouces de grosseur… On ne fait qu’enfoncer une espèce de tampon, et pour lors elle coule (la matière en fusion) dans un canal formé entre deux petites digues de sable.

Après cette opération, l’on me montre des poeles sur du sable, prêts à être coulés dans l’instant.

L’un des ouvriers fût prendre une cuillerée de matière et la renversa bien doucement d’abord dans le creux du dessein, et ensuite jusqu’à la hauteur des bords, de manière que le dessous étant en bosse, le relief se trouve formé. Ces poeles se font par parties, il faut 6 pieds pour un seul, elles sont coulées sur des dimensions si précises qu’étant montées elles se joignent parfaitement. Les plaques pour les cheminées se font de même que les poeles ; leurs moules à l’un et à l’autre sont établis sur une table posée bien horizontalement, et élevée de deux à trois pieds d’hauteur de façon que l’ouvrier n’est point gêné à les travailler…

Dans un petit réduit où étaient plusieurs moules de pots, de marmites et d’autres ouvrages arrondis, ils sont d’une construction // différentes des autres, ce sont des figures cubiques quarrés en tous sens, construits en bois en forme de chassis, contenues aux angles par des équerres de fer, et revêtus en maçonnerie d’une brique d’épaisseur…

A la sortie de la forge entrés dans un des martinets, ensuite dans l’autre, on n’y fait que du fer battû de différente grosseur ; il m’a paru que les ouvriers le travaillaient avec la même célérité qu’en France, et dans chacun de ces endroits ils observent la cérémonie de frotter les souliers aux étrangers pour avoir de quoy boire ; cet établissement est considérable ; il y a au moins 120 personnes qui y sont attachées. On ne brûle dans les fourneaux que du charbon de bois que l’on fabrique à une distance un peu éloignée de l’endroit, la mine est belle, bonne, et assez nette ; ci-devant on la tirait sur les lieux, mais aujourd’huy il faut l’aller prendre à deux ou trois lieux de loing…

Entre autre employé, le roy y entretient un recollet à titre d’aumonier…

On estime des Trois Rivières aux dites forges trois lieux…

Lorsqu’en septembre 1760, les anglais mettent la main sur les forges de St Maurice voilà ce que pouvait en décrire de ces lieux, Pehr Kalm naturaliste suédois ayant parcouru le Canada en 1749 où il s’arrête à Trois Rivières en août de laditte année. [Mémoires de la société historique de Montréal, voyage de Kalm en Amérique analysé et traduit par L.W.Marchand, 1880].

L’usine, qui est le seul établissement de ce genre dans le pays, est à trois milles à l’ouest de Trois-Rivières. Il y a là deux grandes forges, avec deux plus petites adossées à chacune d’elles, sous un même toit. Les soufflets sont en bois, ainsi que tout le reste, comme dans les usines en Suède. Les hauts-fourneaux sont près des forges et ressemblent aux nôtres. La mine est à deux lieues et demie de la fonderie, et le minerai y est charroyé sur des traineaux. C’est une sorte de métal que l’on trouve en veines, à six pouces ou un pied de la surface du sol. Chaque veine a une profondeur de six à dix-huit pouces, repose sur un lit de sable blanc, et est entourée de chaque côté de ce même sable. Le tout est recouvert d’une légère couche d’humus. Le minerai est très riche, et se trouve dans les veines en masses détachées, de la grosseur des deux poings… Le minerai est si mou qu’on peut l’écraser entre ses doigts. Pour en activer la fusion, on se sert d’une sorte de pierre à chaux grise, que l’on se procure dans le voisinage de l’usine ; on emploie aussi dans le même but de la marne argileuse, appelée vulgairement terre-à-pipe…

Mgr Albert Tessier en 1947 résume cette description des lieux pour la période de 1760, extrait paru dans Débuts pénibles de l’industrie lourde au Canada.

Les forges ont, depuis quelques années, l’aspect d’un village organisé, auquel on accède facilement des Trois-Rivières par un chemin de trois lieux dessouché et élargi de 10 à 12 pieds ou par un bateau d’où l’on débarque au pied des rapides pour se rendre ensuite aux forges par une route de dix arpents. Ce village possède une chapelle en bois ronds (L’église était lattée en dehors et en dedans enduite à la chaux, de 40 pieds de long sur 30 de large, inventaire de 1760) mais ce qui frappe d’abord la vue, c’est la Grand’Maison extravagante, bâtie en pierre solide, au long toit pointu hérissé de cinq têtes de cheminées. Un magasin général, qui avait la réputation d’être bien fourni, servait aux ouvriers leurs rations et les provisions les plus variées. Les bâtiments réservés à l’industrie étaient nombreux : la forge haute, bâtie en pierre, avec halle à charbon et magasin ; la forge basse, construite en bois, avec aussi sa halle à charbon et son magasin ; un martinet attenant à la forge basse ; un haut fourneau avec moulerie et halle à charbon ; une boulangerie avec son four ; une écurie de 111 pieds de long ; une dépense pour l’avoine et six hangars. A l’écart de ces bâtiments, six maisons de pièces sur pièces et dix-sept baraques de pieux servants à loger les ouvriers.

En septembre 1760 le pouvoir français capitulait à Montréal, Herbert de Rouville le directeur sortant fit procéder à l’inventaire des forges, le nouvel inspecteur Claude Joseph Courval-Cressé reçut des instructions afin d’y établir un audit de l’exploitation, suite aux directives données par le gouverneur Burton.

Durant un an de 1759 à 1760 le haut-fourneau n’était pas en état de fonctionner, les ouvriers n’avaient pas travaillé, le conflit armé et l’avance des troupes britanniques sur le sol de la Nouvelle France en furent la cause.

Forges de St Maurice, Joseph Bouchette fils, 1828, Musée N B.A Québec.
Forges de St Maurice, Joseph Bouchette fils, 1828, Musée N B.A Québec.

Il fut ordonné à Courval par le général Amherst début octobre 1760 de retenir 7 ouvriers métallurgistes français.

Pour le haut fourneau : Delorme en tant que fondeur et son garde fourneau Belu.
Pour les forges : comme marteleurs, Pierre Marchand, Robichon et comme chauffeurs, Terreau, Michelin et Louis Imbleau.

Il s’avéra que de toutes ces familles tenues de rester aux forges en 1760 afin d’assurer la continuité de l’exploitation, resteront définitivement sur le sol québécois.

Ainsi Louis Imbleau né aux forges de Saint Maurice (1818-1883) fils de Claude et de Reine Terreau, avait débuté comme gougat (ces travailleurs employés comme journaliers sous les ordres des chauffeurs et marteleurs), devint ensuite chauffeur, son arrière grand-père pourrait être Luc Imbleau né en août 1714 à Moloy en Côte d’Or au nord de Dijon où étaient actifs implantés sur L’Ignon au bord de la D 901, une forge et un haut-fourneau dont les fondations dateraient du début du XVIe siècle dépendant à ses débuts de l’abbaye voisine de Ste Seine.

Luc Imbleau, mouleur, l’un des descendants des Imbleau au Canada serait déjà au Québec en 1751-1752 puisqu’il y épousa Geneviève Constant à Champlain. [Peter Bischoff, Des forges du Saint-Maurice aux fonderies de Montréal : mobilité géographique, solidarité communautaire et action syndicale des mouleurs, 1829-1881, Revue d’histoire de l’Amérique française, 43(1), 3-29, 1989.]

Au milieu du XIXe siècle en 1849 il fut installé à la forge de Moloy où œuvrait le maître de forges Paul Thoureau un marteau-pilon du Creusot pour travailler les pièces des feux de forge et des fours à puddler. [AD Cd’Or, PBH/11 et 1 Jo/863].

Le maître de forge en 1650 des forges de Labergement-Moloy fut Joachim Michelin avec comme marteleur Guillaume Boudrot. [AD21, E 2484].

On retrouve une descendance de Joachim Michelin à la forge haute de St Maurice, Louis Michelin dit Sansregrets en 1750, il a fort à penser que Jacques Simonet qui fut maître des forges à Labergement-Moloy fut celui qui recruta Michelin pour venir travailler aux forges de St Maurice.

Deux concession de terre furent obtenu par Louis Michelin en décembre 1734 et septembre 1736.[AN à Québec, collection centre d’archives de Québec, P1000, S3, D1441].

Le maitre des forges de Moloy de 1749 à 1776 fut le célèbre bourguignon Jean-Baptiste Mollerat, pionnier de la chimie, natif de Bayard-sur-Marne en Hte Marne d’une famille de maître de forges et oncle de Gustave Eiffel. [AD21, 10H 157]

Mollerat fut connu en autres pour avoir fondé une fabrique d’acide acétique dont les critiques acerbes décrivaient ainsi : les erreurs chimiques infidélités historiques et vices de raisonnement de Jean Mollerat ou examen de l’origine, de la fabrication des qualités de l’acide que ledit sieur retire du bois, et qu’il voudrait vendre sous le nom de vinaigre , le tout mis en lumière par les vinaigriers de la ville de Dijon.

Au bord de la D 901 à Moloy, les imposantes bâtisses en pierre témoignent encore de ces anciennes activités sidérurgiques.

Moloy, forge et ht fourneau, AD21.
Plan cadastral de Moloy, forge et ht fourneau, AD21, 3Pplan 420/7.

D’octobre 1760 à septembre 1764 l’activité des forges de Trois-Rivières tourne au ralenti, il fut produit que 241 tonnes de fer et 280 poêles, selon :

De 1760-1761 : 127 784 livres.
En 1762 : 150 476 livres.
En 1763 : 136 982 livres.
En 1764 : 67 659 livres, le site employait 43 ouvriers dont un fondeur, 2 marteleurs, 2 chauffeurs et 2 gardes fondeurs.

Plan des forges de St Maurice selon Murray, 1761-62.
Plan des forges de St Maurice selon Murray, 1761-62, Louise Trottier, Historiographie des Forges du Saint-Maurice, 1977.

En septembre 1764 lors du transfert de l’autorité militaire britannique à l’autorité civile, l’exploitation sera interrompue pendant un an, puis de bail en bail à compter de 1767 les forges seront exploitées aux profits de marchands jusqu’à leurs ventes publiques en août 1846 à un avocat québécois Henry Stuart qu’il gardera jusqu’en novembre 1851.

Plan des forges de St Maurice selon selon gravure Pigott en1845.
Plan des forges de St Maurice selon selon gravure Pigott en1845, Louise Trottier, Historiographie des Forges du Saint-Maurice, 1977.

De 1851 à 1861 les nouveaux propriétaires seront le frère d’Henry Stuart, Andrew associé à John Porter, les forges en 1861 furent saisies par le gouvernement pour une dette de près de 9 000 £.

Plan des forges de St Maurice, période 1861-1885.
Plan des forges de St Maurice, période 1861-1885.

Vinrent ensuite en 1862, Onésime Héroux, puis de 1862 à 1883, les Mc Dougall les seuls véritables industriels à la tête de l’entreprise dans l’histoire des forges de St Maurice.

Les Mc Dougall ne seront pas à l’abri des déboires financiers, les forges cesseront ses activités sidérurgiques définitivement en 1883.

Forges de St Maurice, ruines du haut fourneau, aquarelle H.Bunnett, 1881, AN Québec, HTZ-JFV-KWI-T.
Forges de St Maurice, ruines du haut fourneau, aquarelle H.Bunnett, 1881, AN à Québec, HTZ-JFV-KWI-T.

Le décor infernal des forges devint propice à la création de croyances et de légendes fantastiques, diantre le diable intervenait dans la vie quotidienne et grandissait selon la riche tradition bourguignonne, on l’affubla de surnoms comme l’gâbe, l’iâble ou beuglard, nous ne sommes pas loin du geulard du haut-fourneau ou le martèlement incessant du martinet sur le fer.

Evidement lorsque le soir les flammes qui s’élevaient dans le ciel au-dessus du haut-fourneau répandaient une lumière blafarde sur tout le village jusqu’à la rivière et qu’à travers ces lueurs les ombres des travailleurs de nuit passaient comme des fantômes autour des vieilles bâtisses avec leurs vêtements noircis par le charbon et la fumée, l’imagination galopait, l’oreille aux aguets tout pouvait nous surprendre.

Mais le seul capable d’affronter ces démons c’est ce héros des vieilles forges, Edouard Tassé, se battant avec le diable en personne, surhumain doué d’une force herculéenne. [ Contes et légendes des vieilles forges, Trois-Rivières, 1954.]

Le diable, contes et légendes des vieilles forges.
Le diable, contes et légendes des vieilles forges, 1954, bibliothèque et archives nationales du Québec, dessin extrait de a Souvenir with the Compliments of the Canada Iron Furnace Co. Ltd, 1893.

Edouard Tassé se révoltait à chaque fois que le beuglard courait après lui, cette voix puissante qui arrivait du fond des bois et qui pourchassait les passants sur le chemin des forges.

Mais Edouard ayant appris que la demoiselle Poulin de Courval déjà morte depuis plus de cent ans, continuant son procès en revendiquant que le domaine des forges lui appartenait, qu’au ruisseau de la Pinière elle avait enfoui un coffre renfermant ses titres et en ayant caché la clef du coffre dans la Vente-au-Diable, avait voué les forges au diable, se mit à injurier celui-ci partout où il se manifestait et se vantant de lui cogner le nez.

Un soir par un clair de lune, Tassé revenant des Trois-Rivières avec un charretier, la charrette s’immobilisa et pas moyen de faire repartir le cheval. Tassé sauta à terre et lanca autour de lui mille provocations, une voix lui répondit en ricanant, Tassé se fâcha et enclencha un dialogue effroyable avec le beuglard qui lui barrait le chemin. Le charretier veut se sauver mais il lui est impossible de bouger le petit doigt, le beuglard continuait à remplir la forêt de son souffle épouvantable, Tassé tenu bon, résista à tel point le bruit d’enfer cessa et le cheval peut repartir.

Tassé reprit ses esprits et se retournant vers le charretier lui dit, Je l’ai envoyé au diable.

Un autre soir, Tassé veillait en nombreuse compagnie, lorsqu’un coup de vent survint, puis le beuglard passa par le milieu du village des forges, chacun était figé plus mort que vif, les fenêtres, les portes résonnaient martelées par les coups qui les frappaient. Tassé ôta son habit, sortit et hurla les plus gros jurons qu’il connaissait. La bataille au milieu d’un vacarme épouvantable dura dura dans la nuit, par trois fois le beuglard accula Tassé sur la porte d’une maison en l’assenant de multitudes coups, à l’intérieur de la maison les hommes se pressaient sur la porte afin de la maintenir fermée. Tassé à l’extérieur tenait tête au beuglard jusqu’à ce que le tapage cessa, Tassé était couvert de sang, sa chemise en loques et la moitié de sa barbe arrachée.

N’importe dit-il, vous ne l’entendrez plus, je lui ai cassé les deux cornes, il ne reviendra jamais car il m’a demandé pardon.

Edouard Tassé aurait bien existé, c’était un colosse qui vécut dans les années 1800, originaire de la Mauricie près des forges de Saint Maurice peut être à Trois-Rivières, il y avait travaillé toute sa vie comme contremaître. Droit comme un chêne, fort comme un bœuf et résistant comme une barre d’acier, en plus d’avoir des muscles de fer il avait un estomac de plomb. Il pouvait boire une pleine tasse de métal en fusion sans que son estomac en souffrit.

Les légendes sont tenaces. Mais rappelez-vous, paroles de fondeur :
Ce n’est pas parce que l’on boit du métal bouillant que çà nous donne du plomb dans la cervelle.

Forges St Maurice 1888, H.Bunett, musée McCord.
Forges St Maurice 1888, H.Bunett, musée McCord, Montréal.

Un constat s’impose, sur notre terre comtoise du Jura, moult sites historiques sidérurgiques ayant développés les mêmes activités industrielles d’égales importances comme les forges  de St Maurice et dont certaines ont été fondées dès le XVIe siècle, sont loin de bénéficier du même engouement de préservation et de mise en valeur, de la part de nos décideurs.

Je pourrai en citer deux au passage, qui jusqu’à quelques décennies étaient assez bien préservées, ouvertes à des visites du public, les forges de Baudin sur la commune de Sellières, dont l’histoire remonte à 1794 et les forges de Syam sur la commune de Syam non loin de Champagnole, dont un martinet y fut attesté dès 1757, aujourd’hui assimilée à une friche industrielle depuis 2009.

Cela en est déplorable et sidérant.

Quant nos décideurs élus jurassiens ou pas de tous bords et de tous crins vont-ils se réveiller afin que l’on puisse avoir sur notre territoire jurassien un Musée-modèle historique sidérurgique enviable digne de notre histoire ?

Sources archives et documentaires.

. AD 21, archives départementales de la Côte-d’Or.
. ANOM, archives nationales d’Outre-Mer.
. AN à Québec.
. Archives nationales de Trois-Rivières.
. Institut canadien de Québec, voyages et mémoires sur le Canada par Franquet, 1889, pp 19-21.
. Mémoires de la société historique de Montréal, voyage de Kalm en Amérique analysé et traduit par L.W.Marchand, 1880.
. Louise Trottier, Historiographie des Forges du Saint-Maurice, 1977 dans, Travail inédit n° 250, Direction des lieux et des parcs, Parcs Canada, Ministère des affaires indiennes et du nord, 1977.
. Benjamin Sulte, Mélanges historiques, les forges Saint-Maurice, Montréal, 1920.
. Peter Bischoff, Des forges du Saint-Maurice aux fonderies de Montréal : mobilité géographique, solidarité communautaire et action syndicale des mouleurs, 1829-1881, Revue d’histoire de l’Amérique française, 43(1), 3-29, 1989.
. Roch Samson, Les forges du saint Maurice les débuts de l’industrie sidérurgique au Canada,1998.

Une carte d’Alexis-Hubert Jaillot au Zimbabwe.


La carte d’Alexis-Hubert Jaillot de 1694 au Zimbabwe ou la rencontre du techno-chauvinisme à l’ancienne.

Lors de notre périple d’Octobre 2018 en Afrique Australe dans un hall d’un hôtel à Victoria Falls au Zimbabwe, je me suis arrêté devant un encadrement d’une carte conséquente sous verre.
A 1ère vue c’est une carte très ancienne de l’Afrique entière, superbement aquarellée.

Carte de Jaillot de 1694 vue au Zimbabwe.
Carte de Jaillot de 1694 vue au Zimbabwe.

Mais, rien de plus normal d’afficher et d’exposer aux clients du monde entier, une carte montrant l’Afrique telle que l’imaginaient nos ancêtres.

Curieux, je cherche à repositionner sur l’espace cartographié la représentation de la Zambie, du Zimbabwe et du Botswana.

Rien, pas de mention pour ces pays, je ne suis pas étonné, dès la fin du 19ème siècle, ils faisaient partie intégrante de la Rhodésie du Nord et avant cela c’étaient le pays des Bantous, des Bushmens et d’autres habitants.

Sous la figuration d’un long fleuve occupant un grand arc de cercle allant du Sud pour se jeter dans le canal de Mozambique, on arrive à y lire Empire du Monomotapa.

On y devine au centre de cet Empire le nom de Monomotapa avec le dessin symbolique d’une cité à la mode ancienne, ainsi que d’autres lieux sur cette carte, comme au-dessus de Monomotapa, Butua.

Intrigué, mon attention se porte sur la description incluse dans le cartouche du haut, orné d’un écusson contenant 3 fleurs de lys.

Cartouche de la carte de Jaillot de 1694 vue au Zimbabwe.
Cartouche de la carte de Jaillot de 1694 vue au Zimbabwe.

En voici le texte.

L’Afrique divisée en ses Empires, Royaumes, et Estats, à l’usage de Monseigneur le Duc de Bourgogne Par son tres Humble et tres Obeissant Serviteur H.Jaillot A Paris Avec Privilege du Roy. 1694

 Enfin tout s’explique, j’en comprends déjà sur place qu’une carte d’époque reculée (car ce n’était pas une reproduction actuelle après m’être renseigné sur l’authenticité de celle-ci auprès de la direction de l’hôtel) ait pu ainsi aboutir dans ces lieux.

Que de voir porter la mention de sa date de création, de son auteur comme de son commanditaire était hallucinant, à la limite perturbant.

Etre présent au cœur de l’Afrique, sur les lieux d’une des plus extraordinaires merveilles de cette terre à plus de 11 000 kms de mon pays et d’être devant cette carte me semblait déroutant.

Les chutes Victoria.
Les chutes Victoria.

L’une des cataractes des chutes Victoria sur le Zambèze.

Pourquoi déroutant, alors que cognitivement, il n’y a rien extraordinaire de regarder une carte datant de la fin du 17ème siècle.

Mais dans un environnement étranger, que l’on ne connait pas, où l’on a du mal à s’orienter et de ne pas pouvoir se situer sur une carte ancienne, très ancienne, très très ancienne ; ce n’était pas simple de relativiser et de ne pas pouvoir confronter la lecture de cette carte avec mes faibles connaissances cartographiques de ce continent et de la région aux alentours , même en ayant sur soi dans la poche, une carte de 12,95 dollars du Zimbabwe au 1/1500 000 et aussi de pouvoir visualiser ponctuellement sur mon portable le site géographique à différentes échelles par une application embarquée de géo localisation.

Un autre monde était affiché accroché au mur, même si la lecture détaillée de celle-ci était confrontée à en voir les nombreuses erreurs, j’étais persuadé que j’avais devant moi quelque chose d’exceptionnel.

Nous n’étions point dans un Musée de la cartographie, pas aux Archives Nationales au service des cartes et estampes, pas dans une salle de lecture d’une bibliothèque spécialisée en cartographie, mais simplement dans le hall d’un hôtel au Zimbabwe, une carte montrant un continent tel que le représentait des étrangers, qui plus est un Français en 1694.

J’étais troublé par l’interprétation graphique faite de l’ensemble.

Comment les explorateurs, voyageurs et autres personnages au début du 18ème siècle pouvaient avec un tel document s’orienter sur place ?

Comment ce document rempli d’erreurs, d’anomalies cartographiques pouvait servir ?

Comment a-t-il était réalisé ?

Par qui ?

Comme approche, j’avais en partie des éléments d’histoire, je voulu en savoir d’avantage au retour en métropole.

Je ne fus pas déçu.

Concernant le Duc de Bourgogne cité, pas de problème, c’était le petit-fils de Louis XIV, en 1694 il était jeune et avait 12 ans.

Il est élevé à Versailles et eu comme précepteur Fénelon.

Cette carte étant adressée à l’usage de ce prince comme il est mentionné sur celle-ci, elle fut un outil pour servir à son éducation de notre monde.

Mais qui est ce serviteur H.Jaillot de Paris ?

Oh surprise !

Alexis-Hubert Jaillot est un Franc-Comtois.

Alexius-hubertus Jaillot.
Alexius-hubertus Jaillot.

Il est né à Avignon-lès-Saint-Claude dans le Jura, la franche-Comté n’était pas encore annexée au royaume de la France, toujours en gouvernance sous la coupe de la maison des Habsbourg.
Selon A.Rousset en 1854 dans ses ouvrages, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté, celui-ci évoque que la modeste maison où Hubert Jaillot  a vu le jour, existe encore en face de la maison commune.

Avignon-lès-Saint-Claude est une commune limitrophe de Saint-Claude, une ville que l’on connait assez bien comme pour la taille du diamant et pour ses tourneries usitées pour la fabrication de la pipe.

Carte-plan Saint-claude, Jura.
Carte-plan Saint-claude, Jura.

Selon différentes sources, Hubert Jaillot comme son frère Simon, ont obtenu une formation de sculpteurs graveurs.

Hubert quitte Saint-Claude sa terre natale pour aller travailler à Paris en 1657 pour acquérir le titre de sculpteur ordinaire du roi de France.

Il travaille chez son beau-père Nicolas 1er Berey, enlumineur, éditeur d’estampes, installé sur le quai des Augustins à Paris où trônaient de nombreux libraires-imprimeurs à l’époque.

Au décès des Berey il reprend la succession en se spécialisant dans la cartographie.

Hubert Jaillot collabore en tant qu’éditeur avec l’un des fils du cartographe célèbre Nicolas Sanson dont l’un de ses travaux publié après sa mort, fut la 1ère compilation en 1681 d’un ensemble de ses cartes en un Atlas nouveau.
Les grands travaux hyper prolifiques de Nicolas Sanson furent la réalisation de cartes dites anciennes et sacrées, de cartes dites elles aussi modernes de toutes les parties du monde et des cartes ecclésiastiques.

Il est mentionné dans les sources de la BNF (Bibliothèque Nationale de France), que la publication de l’Altas nouveau fut entreprise par H.Jaillot.

Guillaume Sanson lui aussi géographe et cartographe formé par son père avec qui il imprima et diffusa en autres, en 1667, l’année de la mort de son père une carte intitulée Africa vetus.

Carte de Nicolas et de Guillaume Sanson de 1667 Africa vetus.
Carte de Nicolas et de Guillaume Sanson de 1667 Africa vetus.

Selon le catalogage de Nicolas Sanson, dans ses cartes d’Africa vetus, la plus ancienne publiée serait celle de 1650.
Extraordinaires ressemblances avec celle de H.Jaillot de 1694 !

Carte de Nicolas Sanson, Africa vetus, 1650.
Carte de Nicolas Sanson, Africa vetus, 1650.

La collaboration entre ces deux cartographes Guillaume et Hubert, durera jusqu’en 1689 pour la publication des cartes du Royaume de France divisé dans les départements des grandes maîtrises des eaux et forets.

Il fut cartographe, graveur, illustrateur, imprimeur, imprimeur-libraire, directeur de publication, éditeur, libraire-marchand d’estampes, la liste de ses travaux et ouvrages est très longue.

Le volume complet de son travail est très bien documenté sur le site de la BNF.

Il ne sera pas en reste pour sa Franche-Comté natale, il établira et publiera en 1677 une carte pour qu’elle fusse présentée à Monseigneur Le Dauphin, document intitulé :

« La Franche Comté divisée en trois grands Balliages sçavoir d’Amont, d’Aval, et du Milieu ou de Dole subdivisés en leurs Balliages, et Juridictions subalternes, dressé sur les Mémoires les plus Nouveaux… » .

Détail de la carte de H.Jaillot sur le bailliage de Salins 1677.
Détail de la carte de H. Jaillot sur le bailliage de Salins,1677.

Le Dr Rolland en effectuera en 1913 dans l’un de ses fascicules, Les cartes anciennes de la Franche Comté, une excellente analyse descriptive avancée sur l’iconographie, avec quelques interrogations et des compléments historiques comme quoi la formule de louanges à l’adresse du Dauphin comme dédicace n’était que de la diplomatie commerciale pour en maintenir son rang.
De rajouter : « qui se souciait aussi peu des cartes qui lui étaient dédiées que des classiques latins édités ad usum Delphini. »

On remarquera cette répétition singulière dans l’iconographie simplifiée faisant figurer les villes ou les cités, entre celle-ci et sa carte d’Afrique de 1694, aux lieux de Monomotapa, Butua et autres.
Ce qui pouvait s’expliquer pour le territoire Moyenâgeux Européen ne peut point se reporter sur les terres d’Afrique à cette période, malgré que le graphisme utilisé soit basé sur des symboles schématisés.
On se rend compte qu’il n’est pas le seul à employer cette méthode.

Alexis-Hubert Jaillot mourut à Paris à l’âge de 80 ans.
Son entreprise Aux 2 globes, perdurera encore 2 générations jusqu’à la veille de la Révolution Française.

Le quai des Grands Augustins Paris, dessin de V.J. Nicolle, 18ème siècle.
Le quai des Grands Augustins Paris, dessin de V.J. Nicolle, 18ème siècle.

Reste que le techno-chauvinisme à l’ancienne a encore de beaux jours devant lui.

Soweto Orlando Ouest.


Lors de nos pérégrinations à Johannesburg et nos balades pédestres dans Soweto en Octobre 2018 dans le township d’Orlando Ouest, après avoir vu la maison où habita Desmond Tutu.

Soweto maison Desmond Tutu.

Puis descendant la Vilakazi street.

Soweto Senzart 911 Senzo Nhlap.

En arrivant au croisement avec la Kumalo Main road et la Xorile street, je fus attiré de loin, par l’aspect d’une berline stationnée au bord de la Kumalo Main.

Malgré les réticences de notre guide accompagnatrice Clementine voulant me préserver de toutes mauvaises rencontres, bravant l’interdit je traverse l’avenue avec prudence ayant sur mes talons Clementine me lâchant pas d’une semelle.

J’en fais fi, continuant mon chemin avec détermination pour aller voir au plus près cette voiture.

Mais quelle audace !!!

Une folie, une envie de briller !

Aussi je n’hésite pas, je tourne autour d’elle pour en observer l’aspect et je prends quelques clichés.

Soweto Orlando car.

Le travail obtenu de cette peinture n’était pas parfait mais le résultat en valait la peine,
Le but recherché était atteint, car elle se voyait de loin.

Soweto gold car, my God !

Ce n’est pas que je sois hyper attiré par les voitures rutilantes, mais mon instinct me disait que je ne verrai pas d’aussitôt de pareils phénomènes et que pour en distraire la vue, rien de tel que d’en évoquer le souvenir, surtout dans le contexte des lieux.

Il me prend aujourd’hui de penser à différents proverbes se rattachant à l’or.

En voilà mon propos.

Celui qui conviendrai le mieux dans ce cas est ce proverbe persan qui rapporte que : l’or posé sur l’acier ramollit ce dernier.
Proverbe ici démenti, la tôle du véhicule tenait la route.
Aussi par ce que l’on dit en Allemagne par : Chacun prend son cuivre pour de l’or.
L’espoir fait vibrer son pesant d’or, surement que le propriétaire ne devait pas rouler sur l’or, malgré la bonne mine de sa voiture.
Mais qui sait, le peintre carrossier par son métier avait dans ses mains de l’or.
Ou est-ce que le propriétaire est un prédicateur voulant démontrer par là que : tout ce qui brille n’est pas or.

Ce proverbe Flamand qui veut que : l’or faux ne veut pas que l’on le touche, en effet il ne me serait pas venu à l’idée de vouloir toucher la voiture au risque dans ce quartier bien réputé d’avoir des ennuis.

Ce proverbe Allemand a savoir que: l’or est caché profondément dans la montagne et la boue est sur le chemin, confirmé par les lieux aux alentours.

Soweto Orlando.

Gandhi disait : la règle d’or de la conduite est la tolérance mutuelle

Pour le reste je me tairai car après tout : le silence est d’or.

Baobabs de Baines au Botswana.


Une aventure hors des sentiers battus.

J’ai souhaité clôturer l’année 2018 par la rédaction d’un article sur un lieu bien précis de notre planète que j’ai eu l’immense plaisir et le grand bonheur d’approcher, de fouler et de contempler en Octobre de cette année, lors de notre séjour au Botswana, dans le district du Nord-Ouest, région de Nxai Pan, les baobabs de Baines au Kudiakam Pan.

Botswana, Baine’s Baobabs.

Baobabs nommés Baines du fait qu’un anglais, John Thomas Baines peintre aquarelliste s’attache déjà étant membre de la Royal Geographical Society à rejoindre en 1858 l’expédition de David Livingstone, la Zambezi expedition pour participer aux découvertes de cet immense pays méconnu et y réaliser des cartes et des dessins paysagés.
Mais écarté de celle-ci, accusé par le frère de Livingstone d’avoir volé une partie du stock de sucre de l’expédition, il rejoint en 1861 la deuxième expédition de James Chapman commerçant de bétail et d’ivoire cherchant des voies commerciales navigables de la Namibie aux chutes Victoria.

T.Baines, vente Christie’s 07.04.2004.

Il fut sûrement l’un des premiers Européens à fouler dans ces contrées immenses et sauvages, à traverser ce jardin d’Eden planté d’une multitude d’Adansonia Digitata dans un dédale d’îlots entourés de marais à la saison des pluies.

On retrouve cette espèce d’arbres à l’envers principalement en Afrique Australe les 7 autres sont endémiques à Madagascar pour 1 seule en Australie.

Selon l’inscription d’un panneau situé au Nord sur l’une des pistes principales d’accès, Baine les aurait peint et fait connaitre dans les années 1860.

Welcome to Baines Baobabs .

Malgré quelques recherches documentaires je n’ai pas pu extraire de dessins ou tableaux d’archives réalisés par Thomas Baines sur ces Baobabs Digitata mais seulement sur des Gregorii, localisés en Australie où en 1856 il participa à une expédition dans le Nord de ce continent, sous la coupe de l’explorateur, commissaire des terres de la couronne d’Angleterre, l’anglais Augustus Charles Gregory, qui laissa son nom à l’espèce de baobab observée aux cours de ses explorations.

T.Baines Adansonia Gregorii Stokes Range Australie 1868, Canberra Galerie nationale australienne.

Espèce que l’on nomme aussi Stanburyana et suite à la révision botanique des Adansonia actuellement Gibbosa, dont la taille en réalité ne dépasse pas 10 mètres.

Mais pourquoi donc ces lieux situés à Kudiakam Pan se nomment-ils ainsi Baine’s Baobabs ?

Il ne pouvait pas les peindre en 1860 comme le précise le panneau à l’entrée des Pans, l’expédition commença en Mars 1861 en partant de Walvis Bay sur la cote namibienne pour arriver 16 mois après vers les chutes Victoria avec un retour forcé par le même itinéraire.
Ce n’est qu’en 1865 que son carnet d’estampes The Victoria Falls, Zambezie river fut publié par Day et Son.

Les Pans au Botswana sont à la saison des pluies, des ensembles d’immenses mares argileuses salées séparées par des déserts de sable ou des îlots de verdures, mais à la saison sèche, devinez !

La zone de Nxai Pan se trouve dans une région des plus arides, au climat tropical sévère, enclavée dans l’un des parcs nationaux du Botswana.

Parcs Nxai et Makgadikgadi, Botswana.

La végétation est essentiellement des épineux ne dépassant guère 3 mètres de haut, en général.

Le Bush du parc Nxai Pan, Botswana.

Déjà en arrivant dans ce parc, le choc est brutal, cette végétation sèche nous fait plonger dans un autre environnement, l’assèchement y est partout présent, le soleil dès la première heure au levée du soleil vous brûle la peau et ce jusqu’au coucher du jour, une profonde immersion dans le Bush.

Le séjour à Kwando Camp est rythmé par la course du soleil, lever à 5 heures, petit déjeuner à 5 heures 30 départ à 6 heures en 4X4 ouvert, pour l’aventure.

Kwando Camp, Botswana, 13.10.2018 premières heures du jour.

Pas de route, que de la piste, soit souple, soit poudreuse, souvent chaotique, rarement confortable, à nous de s’adapter à cette façon de voyager.
Le trajet pour le site de Baine’s Baobabs est entrecoupé d’arrêts pause-café, de crevaisons, de rencontre avec des bushmen claquant la langue discrètement à chaque phrase, de prises de vues du paysage comme des animaux au détour de la piste.

Après près de 2 heures de piste en 4X4 l’approche sur le site est comme une vision de bonheur intense, on aperçoit au loin des grandes ramures griffer l’horizon, sûr et certain ce sont eux ces géants qui nous offrent ce spectacle.

L’approche dans le Bush, Nxai Pan, Botswana.

Enfin progressivement le mirage prend de la hauteur, les arbres se dessinent, se révèlent, se montrent à nous, les émotions nous envahissent comme des enfants, impatients de s’en approcher.

Du Bush aux îlots de Baine’s Baobabs.

Il ne reste plus qu’à franchir la petite côte qui amène à l’îlot de sable et nous sommes près d’eux.

Bientôt à les toucher, Baine’s Baobabs.

L’arrivée à leurs pieds est un émerveillement, nous sommes ébahis par autant de pureté végétale, entourée d’un environnement minéral blanchâtre sous un soleil intense, au zénith.

Aux pieds des baobabs de Baine, Botswana.

On se pose enfin, prenant appui sur leurs racines, calés dans leurs ombres et commençons à les contempler, à en faire à chacun le tour, une fois, deux fois et même trois pour y croire.

A l’ombre des géants, Nxai Pan, Botswana.

On les examine, on les touche, ces troncs ventrus marbrés, l’écorce plissée et douce, la peau meurtrie par les ans.

Mon age se lit sur ma peau, Baine’s Baobabs Botswana.

On contourne des racines démesurées, hors de terre entremêlées.

Baobabs au Kudiakam Pan, Botswana.

Des branches énormes tortueuses vrillent l’espace, quelques fruits gris-jaunâtres duvetés restent accrochés à celles-ci.

Fruit de l’Adansonia digitata, Botswana.

On se rend compte qu’il n’y a pas un seul îlot de Baobabs, qu’en traversant les mares argileuses salées craquelées, on va de nouveau découvrir d’autres congénères localisés ici par l’indication Xomae Group (mélange de Twsana et d’Anglais ?).

Il nous faudra filer vers le Xomae group 3 pour y pénétrer et y faire au pied d’un immense et splendide spécimen, le pique-nique idéal, déjeuner près d’un Adansonia, agréable plaisir partagé.

Pique-nique au xomae group 3 Kudiakam pan Botswana.

D’autres Xomae Group seront abordés sans se lasser à contempler, ces montagnes de fibres végétales dominant l’espace.

Kudiakam Pan, Botswana.

D’autres jeunes de quelques centaines d’années se montrent isolés.

Xomae group 2, Nxai Pan, Botswana.

En fin d’après-midi à regret, nous quittons cet Eden.

Foret de baobabs Nxai Pan, Botswana.

Car la route vers le Kwando Camp est longue et semée d’embûches, crevaison encore une fois et sauvetage pour désensabler une voiture de deux Allemandes bloquées dans le Bush.

Piste piègeuse !

Croyez moi, il a fallu les efforts et l’expérience de 4 chauffeurs guides durant plus d’une demie heure, pour extraire ce véhicule du mauvais pas.

Marchés de Noel Colmar 2018.


Samedi premier décembre, dès 7 heures nous décanillons de Moutaine pour retrouver à Salins un car de voyageurs pour nous faire transporter à Colmar en Alsace au 2ND European best christmas markets, s’imprégner de la magie de Noel.

Transport organisé par la Cabiotte de Salins-les-Bains, association qui permet de créer des liens sociaux et de lancer des projets associatifs en plaçant les principes de solidarité et de citoyenneté au cœur de son action.

A l’aller comme au retour, les « gilets jaunes » présents aux points stratégiques nous rappelaient leurs souffrances que nous partageons.
J’ai été fort impressionné au retour en fin de journée, à la sortie de l’autoroute A36 à la barrière de péage d’Isle-sur-le-Doubs du blocage par leurs actions, de tous les poids-lourds, cul à cul, stoppés sur près d’un kilomètre et sur 2 files.

Le vieux Colmar dans sa cité millénaire est un petit concentré de l’architecture typique Alsacienne et sa très vaste zone piétonne permet d’y implanter du 23 Novembre au 30 Décembre en son sein 6 marchés de Noel à thèmes.

Colmar, Grand'rue, 01.12.2018.
Colmar, Grand’rue, 01.12.2018.

Sur la place historiques de l’église des Dominicains, 60 cabanes pour les décorations de Noel.

Colmar, 01.12.2018.

Colmar, 01.12.2018.

En la place Jeanne d’Arc qu’entoure de superbes maisons à colombages, marché de cabanes dédié aux produits du terroir Alsacien, charcuterie, foie gras, pain d’épices, vins et eau de vie, les classiques Kougelhopfs sucrés, salés, avec les lardons, des noix et les Kouglofs d’antan aux raisins imbibés au Kirsch.

Colmar, marché gourmand,01.12.2018.

Nous avons craquer pour un munster fermier vendu en la cabane de Kempf, un fromager installé à Breitenbach-Haut-Rhin dans le Parc régional des Ballons des Vosges à 30 kms à l’Ouest de Colmar.

Colmar, place Jeanne d’Arc cabane du fromager Kempf, 01.12.2018.

Place de l’ancienne douane autour de la fontaine Schwendi où trône la statue d’Auguste Bartholdi et le long du canal des Tanneurs pour apprécier Bredalas, Manalas, Berawecka et vins chauds enivrants, dont seuls les cuisiniers avertis connaissent la recette.

Colmar, place de l'ancienne douane , 01.12.2018.
Colmar, place de l’ancienne douane , 01.12.2018.

Le marché Koifhus dans le majestueux bâtiment médiéval du 15ème siècle, ancien lieu administratif de la ville près de la place du marché aux fruits, où sont exposés des créations d’arts régionaux.

Colmar, église St Matthieu, 01.12.2018.

Le marché de Noel des enfants place des six montagnes noires autour de la fontaine Roesselmann au sein de la petite Venise.

Colmar, au bord de La Lauch, 01.12.2018.

Le dernier marché place de la cathédrale une nouveauté en 2018, 9 cabanes où des restaurateurs proposent leurs spécialités Alsaciennes à apprécier sur place ou à emporter.
Nous avons préféré l’ambiance active et cosmopolite du Dussourd, rue des serruriers place des Dominicains, brasserie restaurant, faisant office de coffee shop, salon de thé en tant habituel, mais les marchés de Noel sont des moments où durant tout le jour et nuit jusqu’à tard dans la nuit, les lieux de restauration sont bondés.
Notre choix s’est porté sur un Baeckaoffa arrosé d’un verre de Riesling.

Colmar, Le Dussourd, baeckeoffe, 01.12.2018.

Sympa ! non !

Bien sur on y était un peu serré à table, accolé au mur dans la dernière petite pièce au fond de l’établissent, à coté de nous un couple de Bourguignons, plus loin des Espagnols derrière nous un groupe d’Américaines et beaucoup de Suisses Allemands comme en ville, mais le contenu dans la terrine était sans plus sans respecter la recette , car un Baeckaoffe, plat traditionnel Alsacien est une potée, un mélange de 3 viandes, porc, bœuf, agneau tout cela normalement dans l’épaule. mijotée avec pomme de terre , carottes et poireaux.

L’ambiance vivante du marché couvert dans la Petite Venise entouré par le quai de la Poissonnerie, les rues des écoles, des vignerons et des tanneurs, dans une halle du XIXe siècle l’oeuvre de l’architecte Louis-Michel Boltz, en briques, fer et fonte.

Colmar, marché couvert de Boltz, 01.12.2018.

où l’on retrouve les inévitables commerces alimentaires comme ces fromagers présentant la multitude de leurs choix comme ces chèvres d’origine France.

Colmar, marché Boltz, commerces, 01.12.2018.

Ainsi que ces étals de saucisses, boudins enroulés suspendus à coté de ces Bretzels accrochés prêts à être grignotés sur place.

Colmar, marché Boltz, étals, 01.12.2018.

La vie dans cette halle n’est pas occupée seulement pour le commerce de bouche mais aussi pour s’y sustenter à l’intérieur comme à l’extérieur au bord de La Lauch.

Colmar, restauration au marché Boltz, 01.12.2018.

 

Colmar, marché couvert, quai de la Poissonnière, 01.12.2018.

Des caves de Noel à Colmar, nous en avons choisi une, le Domaine Martin Jund, rue de l’Ange, tout un programme, séduit et attiré par sa décoration de ses façades, pas seulement et après la dégustation de leurs Riesling nous optons pour deux Riesling grands crus, un Schlossberg et un Brand tous deux de 2013, .

Colmar, cave domaine Martin Jund, 01.12.2018.

La tombée de la nuit nous fait découvrir les multitudes facettes de la vieille ville et de ces marchés de Noel entièrement illuminés.

Colmar, illuminations,01.12.2018.

 

 

Johannesburg Soweto neighborhood Orlando Memorial Hector Pieterson.


It’s strange !

My first photo taken on October 03, 2018 on the land of South Africa in Joha so named by those here was made in front of the memorial of Hector Pieterson, this 12 year old boy who followed his schoolgirl sister is killed by bullets on June 16, 1976 during student demonstrations against apartheid in this area south of Joha.
These peaceful demonstrations were against the imposition by leaders of having to learn Afrikaans in schools.

His death occurs when the grouped children go down Moema Street and begin to sing Nkosi Sikelel ‘iAfrika, and before they can be dispersed, the police opened fire, Hector among them falls to the dead ground.

He was one of the many victims resulting from the police repression, it follows that many young people from Soweto will engage in the armed wing of the ANC. Soweto in those years had a population of nearly 4 million, four times more today.

 

Mémorial Hector Pieterson Soweto.
Mémorial Hector Pieterson Soweto.

 

As Sam Nzima’s photo of the world-published Joha’s World newspaper, reproduced on this memorial, shows, Hector is carried by another crying schoolboy Mbuyisa Makhubo and his sister Tiny, who is walking beside him in horror.

 

Hector Pieterson dans les bras de Mbuyisa Makhubo, 16 Juin 1976.
Hector Pieterson dans les bras de Mbuyisa Makhubo, 16 Juin 1976.

How strange!

And even if the current context in France is entirely different, that 80% of French respondents support the « yellow vests » in their claims, how peaceful protests can generate in the long run a radical change in the governance of a country and yet the revolt in South Africa was legitimate in the face of a determined and unyielding government.

Do we need deaths to change that?

Johannesbourg Soweto quartier Orlando mémorial d’Hector Pieterson.


Comme c’est étrange !

Ma première photo prise le 03 Octobre 2018 sur la terre d’Afrique du Sud à Joha nommée ainsi par ceux d’ici a été faite devant le mémorial d’Hector Pieterson, ce jeune garçon de 12 ans qui suivait sa sœur écolière est tué par balles le 16 Juin 1976 lors des manifestations des étudiants contre l’apartheid dans ce quartier au Sud de Joha .
Ces manifestations pacifiques étaient contre l’imposition établie par les dirigeants de devoir apprendre dans les écoles l’afrikaans.

Sa mort survient lorsque les enfants regroupés descendent la rue Moema et commencent à chanter Nkosi Sikelel ‘iAfrika, et avant qu’ils ne puissent être dispersés, la police a ouvert le feu, Hector parmi eux tombe au sol mort.

Il fut l’une des nombreuses victimes résultant de la répression policière, il s’en suivi que de nombreux jeunes de Soweto s’engageront dans la branche armée de l’ANC.

Soweto dans ces années là avait une population de près de 4 millions d’habitants, quatre fois plus d’aujourd’hui.

 

Mémorial Hector Pieterson Soweto.

Comme le montre la photo prise par Sam Nzima du journal The World de Joha, publiée dans le monde entier, reproduite sur ce mémorial, Hector est porté par un autre écolier en pleurs Mbuyisa Makhubo et sa sœur Tiny qui marche à ses côtés horrifiée.

Hector Pieterson dans les bras de Mbuyisa Makhubo, 16 Juin 1976.

Comme cela est étrange !

Et même que si le contexte actuel en France est entièrement différent, que 80% des Français sondés soutiennent les « gilets jaunes » dans leurs moultes revendications, comment des manifestations pacifiques peuvent engendrer à la longue un changement radical dans le mode de gouvernance d’un pays et pourtant la révolte en Afrique du Sud était légitime face à un gouvernement décidé et inflexible.

Faut-il des morts pour que cela change !

 

 

11 de noviembre de 1918. ¿Pero dónde estuvo el sargento Gilbert Galland ese día?


Gilbert Galland nació el 9 de diciembre de 1892 en Chavroches, cantón de Jaligny en Allier, « aux Girauds », lugar de trabajo de sus padres, aldea ubicada a 3.5 km al este de Bourg de Chavroches en la D163.
Esta aldea comprende una docena de casas de labranza sin piso, construidas paralelas a las carreteras, el tipo de casa de campo pequeña con un lado que alberga de dos a cuatro habitaciones y contiguas en el eje bajo el mismo techo todas las actividades agrícolas .
Chavroches se encuentra al este de Saint-Pourçain (famosa por sus viñedos) y al oeste de Le Donjon, más precisamente a 3 km al sur de Jaligny y 3 km al norte de Trezelles.
Es llamado al servicio militar activo el 1 de octubre de 1912.
La clase de 1912 es una de las clases más desfavorecidas. Mientras tanto, la ley Barthou del 7 de agosto de 1913 redujo la duración del servicio militar de 2 a 3 años. Se mantiene bajo las banderas de los ejércitos, el 10 de octubre de 1913 en el 17 ° RI con sede en el cuartel Haxo de Golbey cerca de Epinal. En la declaración de la guerra, no desmovilizado todavía estaba en este regimiento en la novena compañía.
Desde el comienzo de las hostilidades, participó en las primeras peleas del 11 de agosto de St Maurice-aux-forges en Meurthe y Moselle. Luego se siguen por su regimiento, las batallas del paso de Donon y la señal del Russ y los pliegues de Barembach en el Bajo Rin. Nuevamente participa en las batallas de Raon-l’Etape y el paso de Chipote en los Vosgos y donde su regimiento se retira de los combates a finales de agosto. Transportado en tren después de la reconstitución de su regimiento en Wassy en Haute-Marne, a principios de septiembre de 1914 participó en las batallas de Sompuis, Somme-Suippe y Souain, donde su regimiento se retiró hasta principios de octubre de 1914.
Su regimiento es enviado urgentemente a luchar en los suburbios de Lille a partir del 5 de octubre en Fives y Hellemes.
El 7 de octubre, su regimiento se retiró al quinto hoyo de Béthune a Lens como resultado de los combates con batallas alternas del hoyo N ° 11 de Béthune al pozo N ° 5 de Calonne hasta el 7 de febrero de 1915.
Cuando Gilbert Galland es evacuado hacia atrás gravemente enfermo. Regresó a su regimiento el 3 de marzo de 1915 luchando en el Pas-de-Calais en Aix-Noulette para ser herido en Notre Dame de Lorette el 7 de mayo de 1915.
Gilbert Galland, el 17 de septiembre de 1915, después de 4 meses de cuidado, no restableció su regimiento completamente diezmado, sino un nuevo regimiento, la línea 414 de RI que consiste en la reunión de 3 batallones de 12 depósitos diferentes de la 14ta CA cuyos restos de la 17a RI.
Permanecerá allí hasta la fecha de su desmovilización, que tendrá lugar el 20 de agosto de 1919.
Vivió y participó como luchador en la primera línea de muchas grandes batallas de esta gran guerra.
Desde septiembre hasta noviembre de 1915, combate de la 3ª batalla de Artois en Frisia, Warlus, ND Loreto y Souchez.
De febrero a marzo de 1916, los combates de Seppois-le-Bas y Pfetterhouse en Haut-Rhin.
De abril a julio de 1916 en los Hauts de Meuse, las batallas de Watronville y Chatillon-sous-les-Sides.
A principios de agosto de 1916 luchando en Verdún, sector La Vaux-Regnier, trinchera Ferrari.
De vuelta en Verdún a fines de diciembre de 1916 al 10 de enero de 1917, el sector de Vaux-Douaumont y Bois des Caurrières, donde fue evacuado, resultó herido.
Encuentra su regimiento y la lucha de junio a julio de 1917 en Craonne en el saliente del Tirol.
De agosto a octubre de 1917, combate en el molino de Aisne Laffaux.
En noviembre de 1917, luchando todavía en el Aisne en los bosques de Mortier y Quincy.
Abril de 1918, combates en Locre y Mont Rouge en Bélgica.
Mayo de 1918, lucha contra Savigny-sur-Ardres en el Marne.
A finales de mayo, principios de junio de 1918, los combates de la montaña de Reims, Courmas, madera de Houleux, el foso.
Junio ​​de 1918, lucha contra Bligny y Croix Ferlin.
Septiembre a octubre de 1918, combate en la zona de Marne en St-Souplet-sur-py, zanja de Magdeburgo.
Octubre de 1918, del 4 al 19, combate y enjuiciamiento de las tropas enemigas de St Martin l’Heureux en Juniville, en las Ardenas.
¿Y el 11 de noviembre de 1918?
Gilbert Galland con su regimiento estaba en movimiento, procedente de la estación de Oiry en Marne, llega a Montreux-le-Vieux en Haut-Rhin para llegar el 10 de noviembre de 1918 a Fulleren, donde se atrincheran en el camino hacia altkirch.
Se planificó para el 11 de noviembre una « mano amiga » en el sector, lo que significó limpiar la posición.
El 11 de noviembre a las 9 am, un mensaje oficial anuncia al PC del regimiento que se firma un armisticio y que las hostilidades se suspenden a las 11 en punto.
Pero su regimiento como el peludo Gilbert Galland tendrá que encargarse de las operaciones de ocupaciones de las zonas invadidas y la vigilancia a raíz de los acuerdos bilaterales establecidos por las 18 cláusulas de la convención del Armisticio y para él Saldrá a la venta el 20 de agosto de 1919.

Abandonó los campos de batalla a la edad de 27 años, privado de su juventud, gravemente herido dos veces en los campos de batalla, citado por actos de armas 3 veces, habiendo sido ininterrumpido bajo la bandera, al servicio de La nación 83 meses, con el rango de sargento, decorada con la cruz de la guerra con 3 estrellas de bronce, hasta el puerto del forraje verde, obtuvo la medalla militar solo en 1930 y el rango de caballero de la Legión de honor. que en 1962.
Había sobrevivido a las terribles pérdidas de sus dos regimientos, los 6.013 muertos, desaparecidos o heridos.
Para darse cuenta de esto, un regimiento de combate contaba con unos 3.000 hombres.

Después del conflicto, herido físicamente e incapacitado físicamente, tuvo que luchar nuevamente contra la administración para hacer valer sus derechos como jubilado militar.
Jubilado temporal con 65% retenido solo en 1932, se le ofrecerá una pensión por discapacidad temporal en 1934 del 65%, pensión rechazada en julio de 1935 y nuevamente aceptada en mayo de 1936.
Pero la peculiaridad de la pensión le fue otorgada en goce solo desde 1936 hasta 1958.
¿Tenía razón para quejarse?
¿Por qué fue tan tarde a las comisiones de reforma para que su condición fuera reconocida?
¿Había perdido el hábito de obedecer, someterse a, en riesgo como en el pasado, sufrir sanciones de las autoridades militares y civiles?
¿Recobró el derecho a vivir libremente?
Estoy convencido de que era como todos los luchadores supervivientes, resignado, que no dependía de nadie para dictar su futuro, que no aceptaba la fatalidad más que la posibilidad de haber sobrevivido a esta guerra. a estos atropellos.
Su estilo de vida luego se demuestra, su relación con el mundo lo explica, nada, nada más como antes de sus 20 años, viviendo en el sufrimiento en busca de la paz interior, la búsqueda de la paz. Permanente y capaz de vivir de forma sencilla.

Era uno de esos mundos olvidados, esos supervivientes peludos, que reaparecían con cada permiso de trágicas masacres, aquellas trincheras asustadas, aquellas desarraigadas de por vida, aquellas sacrificadas de las sombras, sin quejarse ante quienes las habían privado. su juventud sumiéndolos a la muerte en todo momento.

Muere en el hospital de Auxerre en Yonne el 22 de abril de 1982, fue enterrado en el cementerio de Villevaudé en Seine-et-Marne el 27 de abril de 1982.
Desde marzo de 2014, cuando el entierro de mi madre en la misma bóveda que mis abuelos maternos, sabemos a mi hermana y hermanos que, por los errores del funeral, los ataúdes están inmersos en el Desde el año 2005, hemos estado esperando durante 4 años de la justicia francesa una representación, para hacer un entierro digno a estos cuerpos.

Denuncio en este día de conmemoración del centenario del fin de las hostilidades de la gran guerra, la vergonzosa indiferencia de la autoridad judicial, las autoridades de la prefectura, los parlamentarios, instituciones como la Legión de Honor, veteranos, alertado de la situación en la que los cuerpos de mis antepasados ​​son, incluido Gilbert Galland, el luchador en la sombra al que debemos nuestra libertad.

Gerard Vandais.


			

11 Novembre 1918. Mais où était le sergent Gilbert Galland ce jour là?


Gilbert Galland est né le 9 décembre 1892  à Chavroches, canton de Jaligny dans l’Allier, « aux Girauds », lieu de labeur de ses parents, hameau situé à 3,5 kms à l’Est du Bourg de Chavroches sur la D163.

Ce hameau comprenant une dizaine de fermes-maisons sans étage, construites parallèles aux routes, du type petite longère avec d’un coté l’habitation de deux à quatre pièces et accolée dans l’axe sous la même toiture l’ensemble des activités agricoles.

Chavroches est  situé à l’Est de Saint-Pourçain (réputée pour son vignoble) et à l’Ouest de Le Donjon, plus précisément à 3kms au Sud de Jaligny et 3kms au Nord de Trezelles.

Il est appelé au service militaire actif le 1er Octobre 1912.
La classe de 1912 étant l’une des classes les plus défavorisée.
Entre temps la loi Barthou du 7 Aout 1913 fait passer la durée du service militaire de 2 à 3 ans.

Il est maintenu sous les drapeaux des armées, le 10 Octobre 1913 au 17ème RI basé en la caserne Haxo de Golbey près d’Épinal.
A la déclaration de la guerre, non démobilisé il était toujours dans ce régiment à la 9ème compagnie.

Dès le début des hostilités, il participe aux 1ers combats du 11 Août  de St Maurice-aux-forges en Meurthe et Moselle.
Puis se succèdent pour son régiment, les combats du col du Donon et du signal du Russ et les replis sur Barembach dans le Bas-Rhin.
De nouveau participe aux combats de Raon-l’Etape et au col de la Chipote dans les Vosges et où son régiment est retiré des combats fin Août.

Transporté en train après reconstitution de son régiment à Wassy dans la Haute-Marne, début Septembre 1914 il participe aux combats de Sompuis, Somme-Suippe et Souain où son régiment se retranche jusqu’au début Octobre 1914.

Son régiment est envoyé d’urgence pour combattre dans les faubourgs de Lille dès le 5 Octobre à Fives et Hellemes.
Le 7 Octobre son régiment se retranche à la fosse N°5 de Béthune à Lens à la suite de combats avec alternance de combats de la fosse N° 11 de Béthune à la fosse N°5 de Calonne et ce jusqu’au 7 Février 1915 quand Gilbert Galland est évacué vers l’arrière gravement malade.
Il réintègre son régiment le 3 Mars 1915 qui combat dans le Pas-de-Calais à Aix-Noulette pour être blessé à Notre Dame de Lorette le 7 Mai 1915.

Gilbert Galland le 17 Septembre 1915 après 4 mois de soins réintègre non pas son régiment totalement décimé mais un nouveau régiment le  414ème RI de ligne composé de la réunion de 3 bataillons provenant de 12 dépôts différents du 14ème CA dont les restes du 17ème RI.
Il y restera jusqu’à la date de sa démobilisation qui interviendra seulement que le 20 Août 1919.

Il vécu et participa en tant que combattant en 1ère ligne à de nombreuses grandes batailles de cette grande guerre.

De Septembre à Novembre 1915, les combats de la 3ème bataille d’Artois à Frise, Warlus, ND de Lorette et Souchez.
De Février à Mars 1916, les combats de Seppois-le-Bas et de Pfetterhouse dans le Haut-Rhin.
D’Avril à Juillet 1916 dans les Hauts de Meuse les combats de Watronville et de Chatillon-sous-les-Côtés.
Début Août 1916 combats à Verdun, secteur de La Vaux-Régnier, tranchée Ferrari.
De nouveau à Verdun fin Décembre 1916 au 10 Janvier 1917, secteur Vaux-Douaumont et bois des Caurrières où il est évacué, blessé.
Retrouve son régiment et les combats de Juin à Juillet 1917 à Craonne au saillant du Tyrol.
D’Août à Octobre 1917, les combats dans l’Aisne au moulin de Laffaux.
En Novembre 1917, les combats toujours dans l’Aisne au bois de Mortier et de Quincy.
Avril 1918, les combats de Locre et Mont Rouge en Belgique.
Mai 1918, les combats de Savigny-sur-Ardres dans la Marne.
Fin Mai début Juin 1918, les combats de la montagne de Reims, Courmas, bois des Houleux, de la Fosse.
Juin 1918, les combats de Bligny et de la Croix Ferlin.
Septembre à Octobre  1918, les combats dans la Marne secteur de St-Souplet-sur-py, tranchée de Magdebourg.
Octobre 1918 du 4 au 19, combats et poursuites des troupes ennemies  de St Martin l’Heureux à Juniville dans les Ardennes.

Et le 11 Novembre 1918 ?

Gilbert Galland avec son régiment était en mouvement, venant de la gare d’Oiry dans la Marne, débarque à Montreux-le-Vieux dans le Haut-Rhin pour arriver le 10 Novembre 1918 à Fulleren où ceux-ci se retranchent sur la route d’Altkirch.
Il était prévu pour le 11 Novembre un « coup de main » sur le secteur, ce qui signifiait nettoyer la position.

Le 11 Novembre à 9 heures un message officiel annonce au PC du régiment qu’une armistice est signée et que les hostilités sont suspendues à 11 heures.
Mais son régiment comme le poilu Gilbert Galland va devoir être en charge d’entreprendre les opérations d’occupations des zones envahies et de la surveillance suite aux accords bilatéraux établis par les 18 clauses de la convention d’Armistice et ce pour lui à n’être libéré que le 20 Août 1919.

Il quitta les champs de batailles à l’age de 27 ans, privé de sa jeunesse, blessé sévèrement 2 fois sur les champs de batailles, cité pour faits d’armes 3 fois, ayant été de manière ininterrompue sous les drapeaux, au service de la nation 83 mois, avec le grade de sergent, décoré de la croix de guerre avec 3 étoiles de bronze, droit au port de la fourragère verte, obtint la médaille militaire seulement qu’en 1930 et le grade de chevalier de Légion d’honneur qu’en 1962.
Il avait survécu aux pertes effroyables de ses deux régiments, aux 6 013 tués, disparus ou blessés.
Pour s’en rendre compte, un régiment de combat comptait environ 3 000 hommes.

Après le conflit, blessé et handicapé physiquement, il fallu de nouveau qu’il puisse se débattre contre l’administration pour faire valoir ses droits en tant que pensionné militaire.
Pensionné temporaire à 65% retenu seulement en 1932, il lui sera proposé une pension d’invalidité temporaire en 1934 de 65%, pension rejetée en Juillet 1935 et de nouveau acceptée en Mai 1936.
Mais particularité la pension lui fut concédé en jouissance que de 1936 à 1958.
Avait-il droit de se plaindre?
Pourquoi est-il passé si tardivement devant les commissions de réforme pour faire reconnaître son état?
Avait-il perdu l’habitude de devoir obéir, se soumettre, au risque comme dans le passé de subir des sanctions de la part des autorités militaires et civiles?
Avait-il retrouver le droit de vivre librement?

Je suis persuadé qu’il était comme tous les combattants survivants, résigné, qu’il ne s’en remettait à personne de dicter son futur, qu’il n’acceptait pas plus la fatalité que la chance d’avoir survécu à cette guerre, à ces outrages.
Son mode de vie plus tard le démontre, sa relation avec le monde l’explique, rien, rien n’était plus comme avant ses 20 ans, vivant en souffrance à la recherche d’une paix intérieure, à la quette d’une paix permanente et pouvoir vivre simplement.

Il était de ceux de ce monde d’oubliés, ces poilus survivants, resurgissant à chaque permission de tragiques massacres, ces effarés des tranchées, ces déracinés à vie, ces sacrifiés de l’ombre, sans se plaindre à ceux qui les avaient privé de leur jeunesse en les plongeant dans la mort à tous les instants.

Il décède à l’hôpital d’Auxerre dans l’Yonne le 22 Avril 1982, il fut inhumé dans le cimetière de Villevaudé en Seine-et-Marne le 27 avril 1982.
Depuis Mars 2014, date à laquelle lors de l’inhumation de ma mère dans le même caveau que celui de mes grands-parents maternels, nous savons ma sœur et mes frères que par les fautes des Pompes funèbres, les cercueils sont immergés dans l’eau depuis 2005, nous attendons depuis 4 ans de la part de la justice Française un rendu, permettant de rendre une sépulture digne à ces corps.

Je dénonce en ce jour de commémoration du centenaire de la fin des hostilités de la grande guerre, l’indifférence honteuse de l’autorité judiciaire, des autorités préfectorales, des parlementaires, les institutions tels que la Légion d’honneur, des anciens combattants, alertés sur la situation dans laquelle dont sont les corps de mes ancêtres, dont Gilbert Galland ce combattant de l’ombre à qui nous devons notre liberté.

Gérard Vandais.

 

 

 

 

 

Jim Europe and the war of 14. A Jazz-Band in the trenches.


Holy man this Jim Europe!

More known by his real name James Reese Europe he was the first black American officer to fight on the front against Germany from 1917 to 1918 in charge of commanding a machine gun company.

But previously the particularity of his career in the US is to have helped develop in 1910, with the couple of dancers Irene and Vernon Castle (Fred Astaire models) in New York with his orchestra, modern dance and launch the Fox-Trop in cabarets, like other dances, as well as the Camelwalk, better known today as Moonwalk; Is not it Michael Jackson!

Why in 1916, did he enlist?

Which class !

His career in NY, however, seemed promising!

He was considered the leader of the Afro-American music scene.

In 1912 with his orchestra the Clef Orchestra Club, yet he performs at the famous Carnegie Hall of NY!

What happened next and very incredible, he is the kid from Alabama, he participates at 35 as a soldier in the training of officers!

He is spotted as a musician by his superiors who offers him to form a military band, he rebounded and attracts the best musicians.

He discovered the old continent by landing in France with his regiment the 369th RIUS whose badge of the regiment was the rattlesnake, as Lieutenant with the American Expeditionary Force at the time of the entry into the US war in April 1917.

His regiment is assigned to the 16th Infantry Division dependent on the 4th Army commanded by the legendary General Gouraud, the integration of American troops to the French army is difficult, considered as not being fighting troops.

But thanks to the perspicacity of General Pershing he agreed Petain and the 369th RIUS dependent on the 93rd Division « provisional » was an integral part in January 1918 of the 4th Army.

He participates in early April 1918 fighting Massiges East of Somme-Suippe in the Marne and will have to his credit 191 days of fighting.

In France, Jim Europe as a conductor, composer, arranger, was for many in the fame of ragtime and it allows to discover the French Jazz well before Glen Miller.

He succeeded with his orchestra HellFighters to be appreciated by General Gouraud and to perform at the back of the front during periods of rest to the delight of the hairy.

You have to listen to how this orchestra played La Marseillaise, a real gem!

The HellFighters.
The HellFighters.

To study the military career of my grandfather having fought with his regiment in the same sectors of the Champagne front as the 369th RIUS I am convinced that he attended one of the performances of his Jazz Band in July-September 1918 during the 4th battle of Champagne with the offensive of the French troops initiating the beginning of the defeat of the German army.

To return to ragtime we know more about Scott Joplin this composer of ragtime for his imposing musical creation.

The most hackneyed being « The Entertainer« .

But Jim Europe is not left out, the list of his compositions is also long and he benefited during his hospitalization in 1918 having been gassed during an attack with his company to write a song that will be in the US in 1919, 1st Hit parade « A patrol in the neutral zone« .

He obtained for his acts of bravery the French war cross with the Silver Star and was quoted to the order of the Armies.

Upon his return to the US, a unique event at the time of a significant black segregation in 1919, the band parades with the troops of 5th Avenue and it is reported that the orchestra played until Harlem.

But what a tragic end for this prolific musician who was murdered, stabbed in Boston by jealousy by one of his drummers in April 1919.

His latest creation in 1919 is: « Goodnight Angeline » mystical!

He rests at Arlington National Cemetery.

Good listening.

This article in French was published on the 27/10/2014 on this site well before some French media use this subject since the parade of July 14, 2017 on the Champs Elysee in Paris for the centenary of the commitment of the US in the 1st world War, in memory of my maternal grandfather, who listened to these sacred « lascards » in the trenches as at rest during their dawns.

Le trésor de Saint-Maurice de Salins. Du XVIe au XXe siècle. De l’ombre à la lumière, de la lumière au silence.


Le Trésor de Saint-Maurice de Salins.

L’église de Saint-Maurice de Salins dont la mention de fondation est donnée pour 1049 érigée en collégiale depuis 1193 au sein de la cité de Salins est l’un des ancrages forts en la Franche Comté pour la reconquête spirituelle des territoires catholiques dans le courant  du XVIe siècle.
Ce lien d’ancrage s’inclut dans l’axe de cette reconquête positionné entre les Pays-Bas et l’Italie, déjà  marqué par le culte des saints martyrs dont Saint-Maurice en est l’exemple fort, permettant de pouvoir insuffler aux fidèles l’esprit du sacrifice au nom de la foi.
C’est le prolongement du Concile de Trente qui encourage l’exercice de la piété avec le support de l’image et le culte des reliques-martyres.
L’église entreprenant ainsi d’accroitre la représentation figurative du martyre Saint-Maurice sous toutes ses formes dans les lieux de cultes dédiés déjà à ce saint.
C’était ainsi renforcer cette doctrine catholique de la force de la foi face aux percussions et à ses propres souffrances, auprès de tous les chrétiens.
Des attaches et des échanges commerciaux existaient déjà au XIIIe siècle entre le Comté de Bourgogne et la « Sainte maison-mère » Saint-Maurice d’Agaune dans le Valais en Suisse.
Les voies de communication qui d’Italie via Agaune, empruntaient le passage du col de Jougne pour gagner Salins où la source d’approvisionnement de sel était accessible et disponible, ces axes d’échanges commerciaux étaient anciens.

Ainsi en :

Avril 1219 sur les chaudières de Gaucher V seigneur de Salins décédé, son frère Guillaume IV de Maçon donne à perpétuité au monastère de l’église d’Agaune pour obtenir la grâce miséricordieuse à son frère, 2 bouillons de muire. Archives de l’abbaye d’Agaune, Bolliet n° 142/2, Charles 56/1/1.

Janvier 1243, Jean de Chalon comte de Bourgogne seigneur de Salins fit donation à l’église d’Agaune 20 charges de sel, franches de tout péage à prendre annuellement au puits de Salins. Ceci par pure aumône et dans le but de participer à toutes les bonnes œuvres qui pourraient s’accomplir dans l’église des martyrs Thébéens. Archives de l’abbaye d’Agaune, Bolliet n° 1945/2, Charles 56/1/2-1.

-Janvier 1244, Jean de Chalon, donne à l’église Saint-Maurice de Chamblay (Agaune), 20 charges de sel de son puits au Bourg de Salins et la dispense du péage qu’elle devait payer pour  15 charges de sel. Cartulaire de Jean de Chalon, acte 59, Bibliothèque municipale de Besançon, Chifflet 52.

Mars 1258, Jean de Chalon le même, donne au monastère d’Agaune une rente de 10 livres estevenantes sur les revenus de son puits de Salins, excepté les 4 livres données par Enguerrand  chevalier de Salins et les 20 charges de sel de la donation de Janvier 1244. Cartulaire de Jean de Chalon, acte 216, Bibliothèque municipale de Besançon, Chifflet 52.

Les pèlerins comme les religieux retrouvent sur cette voie de passage entre Agaune et  les régions en remontant vers les Pays-Bas, des abbayes ou églises consacrées à Saint-Maurice, comme celles de Métabief, Besançon, Maîche, Gonsans pour le Doubs.

Détail tableau de J.Maublan, 1629, église St-Maurice de Besançon. Musée du temps, Besançon.

La carte des voies de communications reliant les Pays-Bas à l’Italie datée entre 1620-1630 de C.Savary et B.Gaultier, renseigne bien que la route principale venant d’Italie par la vallée d’Aoste après avoir franchie le col du Saint Bernard convergeait vers le lac de Genève en passant par Saint Maurice d’Agaune, dès Vevey filait sur le lac de Neuchâtel et pénétrer dans la Franche-Comté soit aller vers Montbéliard soit bifurquer par Pontarlier, pour prendre la direction de Chalon-sur-Saône par la route de Dole en passant par Salins.

Carte des routes d’Italie aux Pays-Bas, 1620-1630ADD 1Fi 10.

Au haut Moyen-âge Agaune était une basilique majeure de pèlerinage où le tombeau de Saint-Maurice placé dans une crypte de l’église abbatiale pouvait y être vénéré.
Au XIIIe siècle, le tombeau fut placé dans le chœur de l’église l’offrant ainsi à la vues des pèlerins,  avec d’autres reliques saintes comme celles de Saint Sigismond fondateur de l’abbaye en 515.

Si le trésor de l’Abbaye de Saint-Maurice d’Agaune qui constitue  l’un des plus importants d’Occident est fortement documenté aujourd’hui,  les origines du culte de Saint-Maurice et de la légion thébaine gardent leur mystère, son ancienneté est confirmée par les fouilles archéologiques sur place donnant pour celle-ci la fin du IVe siècle.
Ce trésor représente toutes les périodes de l’art de l’orfèvrerie du VIe au XVIIe siècle.
L’inventaire établi par l’abbé Jean Milès au milieu du XVIe siècle mentionne 37 pièces.
Celui de 1659 table à un nombre de 36 pièces.
Lors de l’invasion du canton de Genève par les Français en 1798 , une partie du trésor avait été caché dans la chapelle du hameau de Vionnaz, un incendie ravagea celui-ci en 1800, l’inventaire établi par E.Aubert en 1872 mentionne plus que 32 pièces.
Le musée du Louvre accueilli en Juin 2014 une petite partie de ce trésor  par une exposition de 19 pièces d’orfèvrerie ainsi que d’autres objets, comme des manuscrits et archives, particularité demandée par les chanoines de l’Abbaye d’Agaune, à ce que 4 d’entre elles soient exposées à Notre-Dame de Paris le temps d’un week-end avant de rejoindre le Louvre.

 

XVIe siècle.

 La collégiale royale de Saint-Maurice de Salins montrera aussi qu’elle pouvait rayonner dans la même période du milieu du XVIe siècle, par l’importance des représentations liturgiques qu’elle possédait dont celles d’orfèvrerie.
C’est ce qui va être démontré ici par l’état de l’inventaire réalisé par les ecclésiastiques eux-mêmes  commencé le 21 Octobre 1577 et finalisé le 05 Juin 1578.
Ce document « arrivé » jusqu’à nous par son extraction des archives est mis de nouveau en lumière dans cette notice. ADJ G 1354.
Un témoignage à transmettre.

Cet inventaire des reliques, sanctuaires, calices, platines, ustensiles, habits et ornements fut entrepris collégialement par :
-Hugues Blondel docteur ès droit trésorier des âmes, tenant le second rôle après le prévôt.
– Pierre Daillefoz lui aussi docteur ès droit ayant la fonction de chantre.
– François Guillemin chanoine et protonotaire apostolique officier du Saint-Siège.
– Jehan Richard, Claude Coquelin sénéchal commis par autorité du chapitre de Saint-Maurice chargé des recettes et des dépenses.
-Claude Huguenin tabellion général au Comté de Bourgogne juré audit chapitre et François de Gilley prêtre et marrelier de l’église en charge de ce trésor.
-Claude Paris fut l’orfèvre désigné pour effectuer les pesées des sanctuaires.
-Guillaume Landry de Foncine, clerc habituel à Saint Maurice de Salins en charge de faire sonner les cloches, remonter les horloges, assister le vicaire lors du saint sacrement aux malades et mourants, portant la croix aux processions, ainsi que de Maître Pierre de la Noix subalterne des enfants de cœur de l’église furent présents en tant que témoins.

Furent aussi partie prenante, Sidrach Colin, prévôt depuis son élection en 1566 prenant la suite à  Humbert de la Tour; Oudet Viron, Jehan Richard, Gille Le Maire docteur ès droit prieur de Jussey (du prieuré Saint-Marcel de Jussey en Haute-Saône, aujourd’hui disparu) Jehan Bouson et Guyod Bouvier, tous prêtres et chanoines de Saint-Maurice de Salins présents et acceptants le dit état.

L’inventaire décrit est ratifié le 05 Juin 1578.

François de Gilley était le fils d’une noble famille de Salins, descendant d’une longue lignée d’orfèvres et de Maitre des monnaies, son père Nicolas de Gilley chevalier et baron de Franquemont qui à partir de 1530 étant gentilhomme de la maison de l’empereur  fut son ambassadeur en Suisse et en Savoie  s’impliqua en 1542 dans le traité de neutralité entre les deux Bourgognes.

Sa mère Jeanne de Marnix eut 6 enfants, Jean l’ainé seigneur de Marnoz, le cadet Jean qui continua la lignée, François rentré dans les ordres, Claude seigneur d’Aiglepierre fut Pardessus des Salines de Salins et capitaine de la ville, Marguerite Etiennette épousa Dom Pedro de Sofa-de-Castro.

 

Descriptif du trésor de Saint-Maurice de Salins en 1577-1578.

La description reportée ici des objets religieux est l’ordre établi par le document de l’inventaire de 1577-1578.
Cet ordre semble correspondre plus à l’importance de la présence du  métal précieux employé qu’à un autre mode de classement.

Orfèvrerie.

 1Une grande croix d’argent dorée pesant en tout  comprenant ce qui est de bois, 20 marcs et deux onces où sont inscrits les noms de: Guillemette Corretier , Jehan de Gilley et son fils, avec une date : 1489.

Sur cette croix pend la remembrance du sainct crucifix, d’un coté et de l’autre un agnus Dei, sur ses quatre cotés sont la représentation des  quatre évangélistes  Mathieu, Marc, Luc et Jean, avec le diadème doré, portant chacun leur écriteau doré.

Au pied de cette croix la représentation dorée des quatre docteurs de la Sainte-mère l’église en position debout, dont trois tenant croix et crosses.
A la croix pendait 8 pierres de diverses couleurs tant banches, grises et bleues et autres, enchâssées à de petites chaines d’argent.

Notes:
Le donateur ne peut être que le fils de Jean de Gilley décédé en 1482, ce fils Jean de Gilley était seigneur d’Aiglepierre, mayeur de Salins, anobli en 1495. Jean-Baptiste Guillaume, Histoire généalogique des sires de Salins au comté de Bourgogne…, 1758, p.158.
Il est fort possible que ce soit Jean de Gilley le créateur de cette pièce, étant orfèvre, Salinois il demeurait au Bourg dessous dans le quartier de la porte Malpertuis, au Nord de la cité.
S.Brault-Lerch , Les orfèvres de Franche-Comté et la principauté de Montbéliard du Moyen Age au XIXe siècle, 1976, p. 608.

Cet ensemble croix comme un oratoire semble t-il être le seul modèle décrit et connu ?

Rien n’indique dans l’inventaire où était situé cette pièce d’orfèvrerie dans l’église, ni ses dimensions, que son poids, qui dans le système métrique correspondrait à un poids de 4 941,12 grammes, en utilisant les valeurs les plus bases pour les mesures anciennes au Moyen Age au XIVe siècle concernant l’orfèvrerie. Y.Darcy-Bertuletti, Tableau des mesures les plus courantes en usage dans le pays Beaunois, p. 32.
On retrouve souvent dans cet inventaire le terme diadème ou diadème doré, est-ce une petite couronne ouverte à l’arrière, un nimbe semi-circulaire sous forme d’une bande ou une auréole circulaire?

Ainsi que le mot remambrance, selon le dictionnaire de J-B. de la Curne de Saint-Palaye, écrivant remanbrance : Crucifix, image qui rappelle au souvenir de Dieu, que l’on pourrait comprendre ici par : pieuse représentation figurée.

Un autre mot revient souvent dans ces inventaires, le mot image il est fort probable que ce mot se rapporte à une représentation en relief ou à désigner des statues.
Les quatre docteurs de la Sainte-Mère l’église, Augustin d’Hippone, Ambois de Milan, Jérome de Stridon et Grégoire 1er.
Dont trois tenant croix et crosses, Jérome de Stridon n’était que moine.

2La remembrance représentation commémorative, de Sainte Anne, en argent fin, garnie d’un diadème fourni autour de 6 pierreries enchâssées et une centrale, à laquelle est jointe l’image et représentation de la Sainte vierge Marie, tenant ses heures avec un diadème au milieu duquel est enchâssé une pierre rouge, le tout sur une surhausse, le tout d’argent , pensant 10 marcs 1 once 7 tréseaulx .

Notes:
Tenant ses heures, un livre de prières ?
La monnaie le tréseau ou gros était plutôt usité en épicerie.
En marge est rapporté : l’un des bras est rompu.
Aucune autre indication, aucun dimensionnement, sauf sur son poids aux mesures anciennes rapporté au système métrique à 2 527,86 grammes.

3Le reliquaire et présentation du glorieux Saint Maurice, à cheval, garni d’une lance et bannière, le tout d’argent mis et posé sur une surhausse d’airain doré, la dite bannière aux armoiries de Saint Maurice, dorée, avec son épée rompue au bas, et au poitrail du cheval pendent deux écussons des armoiries des sires de Gilley, le tout pensant 13 marcs moins ½ once.

Notes:
Les armoiries des sires de Salins de Gilley est : sur un champ d’argent se découpe un chêne vert déraciné, en héraldique de « sinope ».

Armoiries de Jean de Gilley.

On retrouve de nouveau l’absence des dimensions de la pièce d’orfèvrerie.
Il y a fort à croire que celle-ci présentant par deux fois sur le cheval les armoiries des de Gilley soit l’œuvre d’un de Gilley orfèvres à Salins.
Son poids serait de 3 187,28 grammes ce qui représente une pièce d’orfèvrerie en argent bien conséquente, mais que signifie ce poids quand on sait qu’il pouvait y avoir à l’intérieur de la pièce une forme en bois, mais y avait-il à l’intérieur de cette pièce une forme en bois ?

Cette pièce rappelle étrangement celle de la statue équestre de Saint Maurice du trésor de l’abbaye d’Agaune.

La description de cette pièce est connue par l’inventaire réalisé sur place en 1872 par Edouard Aubert archéologue Français. La statue représente Saint Maurice couvert comme les chevaliers du XVIe siècle, casqué sans cimier, la visière mobile, laissant voir le visage du Saint, assis sur un cheval caparaçonné, le tout reposant sur un socle ovale composé de deux rangs de moulures séparant une gorge portant deux écussons ovales des armoiries de Savoie. La plate forme du socle est en forme de bassin, sur le bord intérieur est une inscription latine avec une date : 1577. Primitivement la main droite soutenait une lance et l’épée était au fourreau, la lance perdue a été remplacée provisoirement par l’épée à l’époque de cet inventaire de 1872. La hauteur totale de cette statue est de  0,585 mètre. Elle ne possède pas d’âme en bois, le cheval est composé deux parties et se désolidarise de sa base.

Statue équestre de Saint Maurice en l’Abbaye d’Agaune.

L’entrée de cette pièce en l’abbaye Saint Maurice d’Agaune est authentifiée par un document conservé aux archives de l’Abbaye.
Ce document est une lettre datée de Turin le 28 décembre 1577 écrite par Emmanuel Philibert duc de Savoie, adressée à l’abbé et religieux de Saint Maurice en Chablais, qu’en dévotion à Monseigneur Saint Maurice protecteur de sa maison, une sienne image en argent a été faite et présentée de sa part par le Chevalier dom Humbert de Lostan, son grand bailli au duché d’Aoste, porteur  présent, pour être mise en leur église à laquelle il l’a dédiée.

4- La remembrance du glorieux Saint Jean-Baptiste, tenant un agneau, portant une croix dorée à laquelle pend une bannière où est imprimée une croix dorée d’or. La statue porte un diadème doré où sont enchâssées sept pierres et une au milieu. En marge est ajouté, au reliquaire saint Jean, tant au diadème que l’entour du col de son manteau,  31 perles de médiocre grosseur.
La dite représentation est sur une base, le tout d’argent et doré d’or en plusieurs lieux.

En la base est enchâssé un reliquaire sur lequel est écrit « Relicque de sancto Johanne Baptista », sur le flan de cette base est un écusson des armoiries des Sires de Gilley.

La pièce pesant 10 marcs et 1 once.

Notes:
Soit un poids de 2 501,12 grammes.
Cette pièce d’orfèvre pourrait être attribuée à Jean de Gilley.

5-Le reliquaire et remembrance de monseigneur saint Sébastien lié à un arbre, sur le chef duquel est un diadème, le tout d’argent étant mis sur une base de bois, à laquelle remembrance sont fixées quatre flèches d’argent, pesant sans comprendre le bois, 7 marcs moins ½ once.

Notes:
Soit un poids d’argent de 1 693,72 grammes.

6- Trois images d’argent à porter sur les bâtons des choristes et bedeaux, toutes trois garnies de lances, diadèmes, écussons et épées, celles de Saint Exupère et Saint Maurice rompues.
Le tout pensant 4 marcs une once demie.

Notes :
Soit un poids d’argent 1 021,84 grammes.

7-Une image de Saint-Georges en bois coloré en laquelle est enchâssé un os des saintes reliques de monseigneur saint Georges.

8- Quatre calices avec leurs platines, le tout d’argent doré, au plus grand duquel, au pied sont les armoiries de feu vénérable personne messire Hugues de Vaulx, jadis prévôt de ladite église, pesant 2 marcs 5 onces et 2 trésaulx, les deux autres sont aux armoiries des David pesants 4 marcs 3 onces, à savoir celui en portant l’écusson des David, en croix, avec la platine où est gravé l’effigie d’un Salvator pesant 2 marcs 1 once et l’autre 2 marcs 2 onces avec la platine où est gravé une main à bénédiction  et au quart les armoiries des sires Guyerche, pesant avec la platine où est incrusté Ihesus ,  2 marcs ½ once.

Notes:
Salvator, sauveur ?
Jean Guierche fut prévôt de Saint Maurice en Avril 1492. Messire Guy David le remplaça en 1501. Hugues Devaulx y fut prévôt ensuite et décède en 1551, il fut remplacé par Messire Pierre Comtesse. Messire Jean Sachet, candidat de Madame de Granvelle fut élu prévôt au décès de Pierre Comtesse en Août 1556.
Une main à bénédiction ?
Ihesus ? Jésus.

9- Cinq autres calices avec leurs platines le tout d’argent, au bas de l’un d’eux sont les armoiries des sires de Gilley pesant avec la platine 2 marcs, un autre la coupe dorée en dedans pesant 1 marc 5 onces, celui de Breneaul  1 marc 5 onces dedans est écrit « Messire Hugues Breneaul », celui de David 2 marcs moins 1 once 6 treseaulx où est écrit « Stephanus David presbtre », le 5ème pesant 2 marcs moins 1 once aux armoiries en champ d’or avec une barre d’azur.

10- Une tasse d’argent pour servir et administrer le précieux corps de Dieu aux paroissiens de ladite église, au fond de laquelle est un écusson gravé à 3 mouchets champ rouge, pesant 1 marc.

Notes:
Il est fort probable que cette tasse d’argent puisse être le ciboire de l’église.

11- Un ancensier d’argent garni de 5 chainettes d’argent avec le garniement dessus  le tout d’argent pesant 4 marcs sauf  la pelle.

Notes :
Ancensier, encensoir.
Garniement, garniture.

12- Un ensemble, vase à la mode de nave et une cuillère le tout d’argent pesant 4 onces 2 treseaulx, pour mettre et pour porter l’encens, garni d’un étui de cuir doublé d’un drap vert.

Notes:
Nave qui pourrait dériver de l’Anglais signifiant nef, ici navette à encens, ayant l’aspect d’une nef.

13-Deux calices avec leurs platines d’airain étamé.

14-Un long vase d’airain sur trois pattes et une de bois, à mettre les reliques, icelluy un vase doré d’or.

15-Deux larges fermoillons d’airain à un de chappes, doré tant d’or que d’autres couleurs.

Notes :
Fermoillon, fermail, fermaillet, fermillet : fermoir.

16- Deux autres grands fermoillons à un de chappes, aussi d’airain, doré d’or que autres couleurs diverses.

17- Une rotonde d’argent dorée d’or, sur laquelle est une croix aussi d’argent doré, ayant les images du crucifix et de Notre-Dame, la dite rotonde garnie d’un demi-croissant en argent doré, garnie de deux verres, la retonde faite pour mettre la très sacrée hostie pour la solennelle Fête-Dieu.

Notes :
Ostensoir utilisé pour la messe lors de fête du Saint-Sacrement célébrée le jeudi qui suit l’octave de la Pentecôte.

18- Deux images en bois doré et un lion à mettre sur les bâtons des choristes et bedeaux le jour des  Innocents.

Notes :
Fête des Saints Innocents martyrs, le 28 décembre.

19- Une paix en airain en laquelle pend l’image de saint Crucifix le tout doré d’or.

20- Un autre ancensier d’airain garni d’une grande boucle.

Notes :
Ancensier, encensoir.

21- Deux grandes croix de laiton, que le prêtre célébrant la grande messe porte ordinairement aux processions quotidiennes et grandes messes.

22- Deux autres reliquaires de laiton, que les diacres et sous-diacres portent ordinairement aux processions, d’airain et dorés bien antiques, à l’un est écrit « Hic sunt reliquie de ligno Crucis de crinibus Beate Marie Virginis de sancto Joanne de sancto Stephano de sancto Laurentio de sancto Severino de collegio un-decim millium virginum de legione Thebeorum aliorumque sanctorum et sanctarum »  (que l’on pourrait traduire par «  Voici les restes des réticules en bois de Notre-Dame de Saint-Jean de Saint-Etienne de Saint-Laurent du membre de Saint Sévérino d’une légion de myriade d’autres Saints hommes et femmes. » où l’expression legione Thebeorum rappelle le massacre de la légion thébaine commandée par celui qui massacré deviendra Saint Maurice) et dedans le dit reliquaire sont plusieurs ossements et autres saintes au dessus desquelles est un petit reliquaire armorié aux armes des Palouzet et garni d’une petite croix , en l’autre sont plusieurs reliques contenant l’écrit « Hic sunt reliquie beati Dionisii martiris de propria carne de oculo costa et sanguine effuso … » (que l’on pourrait traduire par « Les reliques de chair et de sang versés de Saint Denis martyr… »).

Notes :
Ces reliquaires ne seraient-elles pas  des chasses dont l’une contenait en autres des réticules de bois provenant de la légion Thébaine ?

23-Une relique de bois en forme de bras où il y a un grand os, des reliques et dans une étoffe de soie avec un billet « de sancto Anthonio de sancto Vincentio » et un autre billet « de sancto Victore martire » et en un autre est écrit « que l’on croit ledit grand os de ossibus …Coloniensis archiepiscopi et martiris » en une petite étoffe de soie où est un petit os encore un autre billet « de sancto Catherine » le dit bras autrefois doré d’or.

24- Une coquasse d’estaing à anse de fer, le couvercle détaché étant derrière le grand autel.

Notes :
Estaing, étain.

25- Un bassin d’estaing à baptiser les enfants.

26- Huit paires de chauvettes à dire messe.

Notes :
Chauvettes ?

27- Dix grands chandeliers de lothon à savoir deux grands, deux autres moindres et six moyens pour servir aux autels.

Notes :
Lothon, laiton.

28- Un petit pot d’estain de demi-tiers marqué.

Ici l’inventaire du 21 Octobre 1577 a été arrêté, celui-ci reprendra que le 23 Mai 1578 par :

 

Mobilier liturgique.

29- Sur le tableau du grand autel sont 4 images peintes et dorées à savoir, Notre-Dame, Saint Jehan, saint Michel et Sainte Marguerite et ce oultre ledit tableau garni de la Trinité, de notre Sauveur et des saints apôtres , sur l’ensemble une croix de bois dorée rompue.

Notes :
A-t-on affaire à la description très sommaire du retable ?

Est-ce un retable modeste d’un ou de plusieurs panneaux ? De bois ou d’une autre matière ? Monumental ou pas ?

Il s’agit bien d’un ensemble homogène où sont de nombreuses représentations de figures liturgiques.

Cela  pourrait faire penser en plus modeste, à la conception figurative du retable tableau votif de Baume les Messieurs de facture Anversoise qui a été offert par la ville de Gand alors capitale du Comté de Flandre, ville natale de Charles Quint, retable offert vers 1525 au seigneur-abbé de Baume de 1524 à 1583 Guillaume de Poupet .

Ce retable n’aurait-il pas lui aussi une provenance Flamande ? Un polyptyque polychrome en bois sculpté qui à l’époque permettait de transmettre une énergie spirituelle forte, de tradition gothique ?

Aucune indication porte à croire que celui-ci est conçu selon la formule « portique ».
J-F. Ryon dans sa notice sur les retables dans l’ouvrage, Splendeurs baroques en pays du Revermont, 2014, évoque que le retable présent en l’église Saint-Maurice de Vadans proviendrait de l’église Saint-Maurice de Salins transféré lors de la démolition du « cul de lampe » en 1832, avec une datation probable de création en 1680, ce qui pourrait signifier que le retable décrit ici dans cet inventaire fait entre 1577 et 1578 a été remplacé durant cette période ?
Le retable de l’église St-Maurice de Salins fut l’objet en 1692 d’une dorure, le prévôt de l’église qui en avait la direction, le chanoine de Malpas en perçu l’argent. ADJ G 1359.
Ces dites dorures de 1692 ne seraient-t-elles pas les finitions du retable de 1680 ?

Cela pourrait confirmer les données historiques à ce sujet fournies par G.Coindre dans son ouvrage : Le vieux Salins, promenades et causeries de 1904, mentionnant qu’un retable avec tableau du grand autel, corniches, piliers et base furent commandés à Claude de la Motte en 1618, sculpteur Salinois demeurant dans le quartier de l’Echilette.

Mais G.Coindre précise qu’en 1711, les tribunes furent démolies et que le retable fut vendu avec la chaire, cette dernière fut installée en l’église de Saint-Jean-Baptiste.

Ces travaux de démolitions sont confirmés par des délibérations du chapitre du 23 Novembre 1712, mentionnant que depuis deux ans l’église avait fait de grandes dépenses pour les changements intérieurs et extérieurs, tant pour le cul de lampe construit que pour le blanchissage des grandes et petites nefs, les formes neuves dans le nouveau chœur, l’établissement d’une sacristie et d’autres embellissements. ADJ G 1324, fol. 187.

Ces travaux d’embellissements sont aussi rapportés par la requête des chanoines en 1711 au vicaire général qui « ayant résolus de faire des réparations considérables dans leur église entre autres un cul de lampe et un sanctuaire nouveau, ils seront obligés de transporter leur grands autel et quelques uns des petits qui seroient incompatibles avec lesdites réparations».  ADJ G 1359.

 30- Deux images de bronze de la hauteur d’un pied, l’une de Notre-Dame et l’autre de Saint Jehan.

Notes :
Un pied, environ 31 cm.

31- A l’entour du grand autel sont 4 perches de fer, 4 grandes custodes de serge rouge et blanche, avec l’ornement du dit autel de même serge en nombre de huit pièces.

Notes :
Custodes, toiles, tapis, pentures ?

33- Est devant le ledit grand autel un grand chandelier de lothon à dix membres à mettre cierges et cinq petits plus haut et une Notre-Dame en haut.

34-Un autre chandelier de lothon que souloit pendre devant le petit autel étant présentement aux mains de noble Jacques Fèvre, l’ayant pour le faire rabiller en considération que feu monseigneur son père l’avait donné à l’église.

35- Quatre grands chandeliers de fer à mettre les cierges à l’entour de la bière et autres actes de ladite église et un autre chandelier de fer ordinaire.

36- Une grande barre de fer à mettre sur les chandeliers pour la position des cierges aux solennités des ténèbres  en la sainte semaine.

37- Une petite clochette servant à sonner quand l’on porte le précieux corps de Dieu aux malades avec une grande lanterne neuve.

38- Deux vases servant à l’eau bénite, de matières de cloches, garnis d’anses, l’un tenant environ quatre channes, l’autre deux.

Notes :
La channe était le double de la pinte, en prenant comme exemple la valeur de la pinte de Beaune à 1,42 litre la channe équivalait à environ 2,8 litres.

39- Deux pupitres portatifs à dire les évangiles, l’un et l’autre en musique, garnis de tappes de couleur entremêlée.

Notes :
Tappes , tapis, penture ?

40- Un sachet rouge, dedans sont 9 bourses de diverses couleurs, les unes de velours, les autres de soie en broderie d’or et d’argent, dedans lesquelles sont plusieurs saintes reliques de plusieurs saints saintes et saints lieux, en pierres, terres, et autres enseignements.

 

Livres liturgiques.

41- Deux grands livres de parchemin à note, appelé gréaulx des deux temps, à répondre les messes, l’un couvert de cuir noir et l’autre rouge.

Notes :
Les deux gréaulx sont des graduels, livres de chants utilisés à la messe entre l’épitre et l’évangile.

Rien ici ne précise si ces graduels sont Grégoriens, sauf cette indication  des deux temps qui pourrait signifier que le graduel était chanté entre la 1ère lecture et la 2ème.

Les Fonds anciens de Salins (FAS) détiennent plusieurs graduels du XVIIIe siècle, selon le catalogage :
– Celui d’Antoine-Clair de Choiseul-Beaupré, chanoine et théologien à la faculté de Paris, qui devint archevêque de Besançon en Mars 1755, puis cardinal en 1761FAS XVIII G 163.
Format in.folio écu, sur le plat arrière de la garde couleur au coin haut est une étiquette collée mentionnant :  » Au cabinet de lecture. Thomas Redy, marchand papetier à Salins »  que l’on retrouve en effet libraire en 1822 habitant Salins.
Une page de faux-titre qui pourrait être rapportée lors de la dernière reliure, pleine page : «  Graduel de la paroisse de St Anatoile de Salins Aout M.DCCC.XXI  « .
La page titre nous renseigne bien que l’ouvrage est un graduel imprimé en 1768 par Jean-Felix Charmet imprimeur-éditeur à Besançon dès 1760, prenant la relève de l’imprimerie de ses parents à l’âge de 21 ans.

Graduele St Anatoile, 1768, page titre.

Puis une page hors texte avec un ex-libris manuscrit d’un refrain liturgique avec sa partition musicale, invoquant Saint-Anatoile et d’être digne des promesses du Christ.

Graduel St Anatoile, 1768, page hors texte.

Le folio 1 commence par le chant du 1er dimanche de l’année.

Graduel St Anatoile, 1768, folio 1.

– Le même graduel de 1768, avec en 2ème page de garde : « graduel de la paroisse de Saint-Anatoile». FAS XIX P 2364 Bis.

42- Deux livres en grand volume de parchemin, appelé antiphonaires, sur les deux pupitres, couverts de peau blanche.

Notes :
L’antiphonaire était le livre liturgique qui rassemblait les diverses pièces de chant de l’office des heures. L’état descriptif des deux antiphonaires est ici trop sommaire.

Dans le catalogue sommaire des livres liturgiques bisontins du XIème au XVIème dressé par R.Junot dans son ouvrage, L’ordinaire liturgique de Besançon, 1999, on retrouve des ouvrages rattachés à Salins, à savoir :

N° 48 : Missel imprimé de 1485 de Jean Des Près.
N° 58 : Antiphonaire de la confrérie Saint-Jean-Baptiste de Salins, 1396, 225 f., 36,5 x 27 cm. Archivé au FAS (Fonds anciens de Salins) Ms 46.
Catalogage : Parchemin en latin, commençant par : « Le temps est venu… » (1er dimanche de l’Avent), majuscules coloriées et ornées de grotesques à la plume, reliure bois, couvert de peau avec fermoirs en cuir blanc,.

Ouvrage des Fonds anciens de Salins actuellement inaccessible, prêt à partir avec d’autres pour la désinfection.

Les Fonds anciens de Salins possèdent un deuxième antiphonaire de 1768 édité par Jean-Felix Charmet sous l’autorité d’Antoine-Clair de Choiseul-Beaupré. FAS XVIII G 164.
La façon dont a été relié cet ouvrage est identique au graduel de la paroisse de St Anatoile (FAS XVII G 163), même reliure, même format, même page faux titre ex-libris manuscrit mentionnant « Antiphonaire de la paroisse de St Anatoile de Salins Aout M.DCCC XXI », même page titre, même page hors texte ex-libris manuscrit, antienne.

Antiphonaire St Anatoile, 1768, page hors texte.

Puis avant les premières pages de chants, deux pages d’initiation au déchiffrage de l’écriture musicale gothique,  avec au dernier chapitre de la 2ème page, surprenant par la désignation des notes à la façon anglo-saxonne.

Antiphonaire de St Anatoile, 1768, détail de la page texte solfège.

 43- Deux autres grands livres aussi en parchemin, appelé psaulmiers, esquels sont notés les hymnes étant sur lesdits pupitres, couverts aussi de peau blanche.

Notes :
Le psaulmier est le psautier contenant l’hymne chanté dès le début de l’office et les psaumes récités durant l’office des heures. Rien ici n’en précise le contenu, le fondement de l’office étant de 150 psaumes, les psautiers liturgiques médiévaux intègrent plus ou moins les éléments qui composent l’ordinaire de l’office, comme les psaumes sont la mémoire orale du clergé, le psautier était peu usité durant l’office mais employé à divers moments comme l’apprentissage de la lecture des psaumes, pour  approfondir  la théologie et avec un autre intérêt, en faire un ouvrage d’art enluminé.

Les Fonds anciens de Salins possèdent un Quincuplex Psaltaerium soit le commentaire des Psaumes, de 1509, édité à Paris par Henri Estienne, sous la responsabilité de Jacques Lefèvre d’Etaples (Pas-de-Calais), théologien Français, traducteur et commentateur de la Bible, qui peut être considéré comme un précurseur de la Réforme de l’église. FAS XVI G 169.
Reluire et doc cuir, 292 pages.
Cette édition pourrait être la 1ère , la seconde étant de 1513. La bibliothèque de l’école Estienne à Paris en possède un exemplaire de 1513.

La page de faux-titre juste après da page de garde, présente un Ex-libris manuscrit en latin.

Quincuplex Psaltaerium de 1509. FAS XVI G 169.

Que l’on pourrait transcrire avec beaucoup de réserves selon :

« Claude Fevre prêtre chanoine et chantre de l’église collégiale et paroisse St Maurice près Salins m’a fait don de ce bien personnel
Pour l’usage des frères Capucins du couvent Salins ».

Cet ouvrage est la mémoire écrite du retour aux écritures originelles de l’Ancien Testament en ce début du XVIe siècle avec un regard nouveau sur les textes sacrés.

Selon G. Bedouelle qui en a étudié les contours et qui pour lui, le QP est un livre capital pour l’histoire de l’exégèse, expliquant  qu’il marque un tournant fondamental et que Jacques Lefèvre y joue un rôle important, pouvoir faciliter aux célébrants la compréhension des textes. G.Bedouelle, Le « Quincuplex Psaltaerium » de Lefèvre d’Etaples : un guide de lecture, Droz, 1979.
La typographie employée dans cet ouvrage est un bel exemple de la typographie de la Renaissance Française.

Quincuplex Psaltaerium de 1509, folio 1. FAS XVI G 169.

A propos du chanoine Claude Fèvre, il fut en charge suite à résignation de François Guillemin en Décembre 1587, de la chapelle Saint-Joseph fondée en l’église Saint-Maurice, en tant que clerc tonsuré. ADJ G 1368.

Statuette bois clerc tonsuré au dragon, église St Maurice Salins.

En Avril 1606 suite à sa nomination comme chantre il se propose au chapitre d’employer l’argent qu’il dépenserait pour son banquet, en ornements et embellissements du grand autel. Cette proposition est acceptée par le chapitre. ADJ G 1322, fol. 226.
En Août 1606, le chanoine chantre Claude Febvre  est « mis hors de règle » durant huit jours pour avoir été irrévérencieux à l’égard du prévôt. Il lui est ordonné ainsi qu’aux autres chanoines être respectueux envers leur prévôt sous peine d’être chassé arbitrairement du chapitre. ADJ G 1322, fol. 231 v°.
C’est ce qui advint fin Octobre 1609, le chanoine Claude Febvre est « excusé  » et « d’estre en règle » du chapitre, pour avoir déchiré un feuillet du registre des délibérations du chapitre en Septembre 1609. ADJ G 1322, ff. 284-286 v°.
Ce qui pourrait expliqué ensuite sa présence au sein du couvent de Capucins de Salins.

44-Une bible couverte de peau noire, imprimée.

45-Quatre vieux missels en parchemin écrits à la main, entre lesquels l’un n’est que demi ( ?).

46- Sept livres en parchemin écrits à la main, entre lesquels il y a 2 psautiers, 4 légendaires et un petit psautier couvert de rouge.

47- Un bréviaire en parchemin, couvert de peau blanche, attaché à une chaîne au bas du coté gauche.

Notes :
Le bréviaire est le livre de prières appelé aussi liturgie des Heures, permettant aussi d’être utilisé en dehors de l’office divin, vu son format.
Le bréviaire le plus illustre, trésor national  extraordinaire est celui dit « Saint Louis de Poissy », une commande royale faite entre 1310-1315, selon les historiens pour Louis X le Hutin.
Ce bréviaire dominicain de petit format (17,6 x 11,5 cm volumineux de 561ff.) écriture gothique en latin, a été illustré en plus des initiales historiées par des scènes liturgiques accompagnant le texte en bas de page, par un enlumineur surnommé le maitre de la Bible de Papelu , Richard de Verdun disciple du Maître Honoré.
Ces enluminures sont des scénettes remarquables de détails et de finesses picturales, ainsi au folio 1 du bréviaire, ces allégories de la nativité, du péché originel à gauche  représentant Eve et Adam, au centre au trône le sacrement du baptême, à droite la foi.

Bréviaire de Saint Louis native, détails folio 1.

 Cette autre illustration au folio 479 illustrant le transfert du chef relique de Saint Louis le 13 Mai 1306 de l’abbaye de Saint Denis à la Sainte Chapelle à Paris.

Bréviaire de St Louis, folio.479, transfert de la relique du chef de Saint Louis de l’abbaye de St Denis à la Sainte Chapelle à Paris.

48- Un livre en parchemin où sont les invitatoires, leçons et réponses des vigiles.

Notes :
Qui devrait correspondre à un répertoire de chants liturgiques partagés en deux chœurs pour les messes célébrées à la veille de fêtes chrétiennes.

49- Trois petits livres processionnaires en parchemin, couvert de rouge dont deux de noir.

50- Un livre en parchemin neuf, dit le collectaire, couvert de rouge tout neuf.

Notes :
Le collectaire est le livre du célébrant à l’office, contenant les capitules, courtes lectures tirées des Saintes écritures, puis les collectes. Sa fonction dans l’office choral, correspondait à celle du sacramentaire à la messe. Avec le psautier il « joua» un rôle central dans l’évolution vers un livre unique pour l’office.

Est-ce cet ouvrage dit « Quincuplex Psaltaerium » abordé au N° 43 datant de  1509 présent aux Fonds anciens de Salins sous la cote XVI G 169 ?
Il est vrai qu’à voir la couleur actuelle de la reluire, la couleur n’est plus rouge.

51- Un autre vieux collectaire aussi en parchemin.

52- Un livre en grand volume en parchemin pour les choristes aux fêtes solennelles.

53- Deux vieux petits livres e parchemin lequel est noté et écrit l’office de la Fête-Dieu.

54- Trois cahiers de papier en l’un est noté l’office Saint-Rémy et Germain et les autres Saint Exupère et Juside .

Notes :
Juside ( ?)

55- Deux gros bréviaires au mole, bien usés, couverts de cuirs noirs.

Notes :
Mole, masse ( ?).

56- Un petit livre en parchemin écrit à la main, contenant la vie et légende Saint Maurice, Saint Blaise et Saint Siriach.

Notes :
Saint Siriach, Saint Cyriaque est l’un des 24 martyres décapités sur la voie romaine Salaria sortant au Nord de Rome.

57- Trois missels, l’un à mi-usé et les autres bien caduques.

 

 

Complément du mobilier liturgique.

58- Au chœur, deux lampes d’airain, l’une devant le grand autel, l’autre en la chapelle saint Joseph.

59- Trois tenences, l’une de camelot tanné et les autres de bleu, à porter les saintes reliques.

Notes :
Tenence, tenance, tenure.

60- Aux deux cotés de la grande porte du chœur, deux perches de fer avec deux custodes de drap jaune et vert.

61- Au siège du sieur prévôt, deux tapis, l’un derrière le siège l’autre devant carrés le tout de couleurs entremêlées.

62- Quatre fers à faire les hosties, les fers à compas pour les ronder que sont un compas, platine et deux rondeaulx, l’un pour les grandes hosties et l’autre pour les communes.

63- Quatre grandes pièces de tapisseries à mettre à l’entour du chœur commémorant la vie de Saint Maurice.

On retrouve ce type de tapisseries Flamandes du XVIe siècle en l’église Saint-Maurice de Vienne en Isère, un bel exemple de conservation où cinq pièces sont encore exposées, représentant là aussi la vie du Saint martyre.

Tapisserie église St Maurice de Vienne, baptême et de sa légion.

Eglise St Maurice Vienne, tapisserie St Maurice martyre.

64- Au jubé sont deux coffres de nouhiers fermant à clef, en l’un sont trois serrures qu’est le moindre et l’autre deux.

Notes :
Nouhiers,noyers.

65- Une garde-robe de sapin fermant à clef, à mettre les habits de l’église sur laquelle est le rouage d’une petite horloge, un tibre où sont six clochettes.

Notes :
Tibre, timbre ?

66- Un tabernacle à reposer le précieux corps de Dieu le jour de la Fête-Dieu et durant l’office.

67- Un chandelier de fer pendant devant la sainte image du Crucifix.

68- Huit bâtons peints à porter le paste.

Notes :
Paste, pain ?

69- Un grand conferon garni de baston.

 

Paramentique.

  Vient pour finir l’inventaire, l’énumération des habits liturgiques et ornements du culte.

Chapes : 21 pièces.

1 Chape de drap d’or garnie d’ouffroys et fermoillons.

3 Chapes de damas blanc garnies d’ouffroies et fermoillons.
 Chapes de velours, 2 rouges à rose d’or d’ouffroys et fermoillons, 3 rouges d’ouffroys et fermoillons, 3  jaunes figurées garnies d’ouffroys et fermoillons

Chapes de camelot, 2 bleues garnies d’ouffroys et fermoillons, 3 noires, 2 garnies d’ouffroys et fermoillons, l’autre de fils d’or, 2 de soie changeant, l’une jaune où pendent les armoiries du sieur chanoine Guillemin, l’autre où pendent les armoiries du sieur prévôt Contesse.

Notes :
Ouffroy, ouffroie, orfroi : broderie tissée d’or employée pour les parements.
Fermoillons, accroches, fermoirs.
Camelot, étoffe faite de laine et de soie infroissable ou tissu grossier fait à partir de poils  de chèvre et de laine.
Messire Pierre Comtesse fut prévôt du chapitre de St Maurice de 1551 jusqu’à son décès en Aout 1556.

Un dolcier de velours noir et blanc à mettre au paste, garni de franges auquel sont les armoiries du sieur de Chenesvres.

 

Chasubles : 25 pièces.

Une de velours noir figurée en toile d’or garnie d’étole et maniple de même manière à laquelle pend les armoiries d’argent du sieur de Saint-Loup avec les tuniques de velours noir les parements de satin, figurées  à coquilles d’or.
Une avec les deux tuniques de velours jaune figurées, ensemble  deux étoles et maniples.

Une de damas blanc figuré avec les deux tuniques de même matière garnie de deux étoles et maniples.

Une de camelot figurée bleue garnie de deux tuniques, étoles et maniples.

Une de futaine blanche, un ensemble de tuniques, étoles et manipules.
Une avec deux tuniques de trippe de velour rouge figurées, étoles et maniples.

Une de camelot noir ondoyé, avec ensemble de deux tuniques, étoles et maniples.
Une avec ensemble des deux tuniques, étoles et maniples, de demi-ostade, noire, les ouffrois rouges.

Une de damas noir figurée, ensembles des deux tuniques, étoles et maniples.

Une de velour noir sans tuniques à laquelle pendent les armoiries des Patorney, les ouffroys à personnaiges de fil d’or.

Une de velours cramoisi, les ouffroys de velour noir à laquelle pendent les armoiries des Mangeroz.
Une de drap d’or semée de fleurs et figures, l’ouffroy de velours violet, y étant un crucifix de fil d’or.

Une avec tuniques, étoles et maniples de satin cramoisi, semé à coquilles de fil d’or.

Une de velours rouge, l’ouffroy detoile d’or, ensemble étoles et maniples, à laquelle pendent les armoiries du sieur de Chenesvre.

Une avec ensemble étoles et maniples de camelot noir, l’ouffroy de gros fil d’or, à laquelle pendent les armoiries des Galey en laine.

Une de satin bleu de Bruges, l’ouffroy de toile d’or, ensemble étoles et maniples, à laquelle pendent les armoiries en trois carrés de monseigneur Morelly.

Une de camelot tanné ondoyé, l’ouffroy de satin rouge de Bruges, à laquelle pend les armoiries des Chvirey, ensemble  étoles et maniples, la chasuble au-dedans à deux endroits bleue.

Une de damas vert, l’ouffroy de fil d’or.

Une de camelot changeant de soie, l’ouffroy rouge.
Une avec les deux tuniques de serge noire à carreaux, les ouffroys de serge blanche, garnie étoles et maniples.
Une de serge en barre de tannez bleu et jaune.

Quatre vieilles chasubles, l’une en sayette violette, tannée, les autres de diverses couleurs.

Notes :
Etole, longue robe dans le même tissu que la chasuble dont elle dépendait formant ainsi un ensemble.
Maniple, manipule, devenu un ornement enrichit de broderies, bande d‘étoffe de la même couleur que la chasuble, porté par l’officiant au bras gauche.
Sayette, étoffe de laine quelque fois mêlée de soie se fabriquant à Amiens ou petite serge de soie ou de laine venant d’Italie.

 

Tapis.

Un grand tapis de damas orange et blanc garni de franges pour mettre sur le grand autel au jour et octave de la  Fête-Dieu.

Quatre tapis pour entourer le grand autel, de sayette fauve.

Un grand tapis figuré de rouge que l’on met sur la chaire à prêcher

Un vieux tapis au jubé sur le pupitre.

Deux autres de laine figurés verts.

Un de laine jaune figuré, tenant trois aulnes, garni de plusieurs fleurs de lys.

Deux grands quarreaulx  neufs de soie, rayés vert, jaune et rouge, le dessous de cuir blanc.

Quatorze quarreaulx tant grands que petits sur le grand autel.
Deux doulciers de vieille serge rouge, garnies d’une croix blanche au milieu.
Deux vieux quarreaulx de camelot, tannés.
Six vieilles pièces de satin bleu de Bruges, où sont les lions d’or, servant à mode de tandues à l’entour du grand autel.

Un vieux tapis de sayette mal blanche, doublée de toile.

Une Cène figurée sur toile.

Notes :
Tapis, tenture, antependium.

 

Draps funéraires.

Un drap de deuil, tenant six aulnes deux tiers, de drap noir auquel il y a une croix de futaine blanche.
Un grand drap noir contenant huit aulnes auquel il y a une croix blanche de futayne.

Un drap noir de trois aulnes auquel il y a une croix blanche.

Un drap de gros drap noir auquel il y a double croix blanche de futayne, contenant trois aulnes de longueur et deux de largeur.
Un gros drap noir auquel il y a double croix de toile blanche, l’une et l’autre de futaine, tenant trois aulnes et quart de long.
Un gros drap noir ayant une croix blanche de futaine contenant deux aulnes.

Un drap de frise noire, tenant trois aulnes de longueur et deux de largeur, auquel il y a une croix blanche de futaine
Une aulne deux tiers de frize noire.
Un drap de deuil, de futaine, auquel il y a une croix blanche de futaine, contenant trois aulnes et quart de longueur et trois aulnes de largeur.

Notes :
Futaine, futayne, futené, de futaine, de fardeau cordelé, ici étoffe de lin et laine.
Aulne, aune, unité de mesure de quatre pieds soit environ 124 cm.
Frize, frise.

Cette énumération de biens liturgiques au sein de ce lieu de culte montre l’existence d’un tel trésor d’objets religieux, son importance et son éclat devait marquer les esprits des pratiquants en cette fin du 16ème siècle.

La collégiale possédait là déjà un véritable trésor factuel important.

On remarque l’absence flagrante dans cet inventaire de tous autres mobiliers religieux, comme  statues sur pied ou bustes et panneaux, de marbre, pierre, plâtre et bois, comme aussi tous panneaux et toiles peints à l’huile.
Pour quelle raison, dans quel but légitime ?
Cette absence dans le détail des inventaires sera répétée aux siècles suivants.

Pourtant les délibérations du chapitre en apportent et confirment l’existence, en 1582 du droit unique pour les chanoines du chapitre de « faire dresser et poser haultez et tableaux soit de sculpture soit de peinture en telle place de lad. église St-Maurice… ». ADJ G 1354.

Toutefois les éléments contenus dans celui-ci permettent de comprendre l’importance que prenait la place du martyre Saint-Maurice dans l’agencement ornemental de l’église, rien par le fait que le chœur était entouré par quatre tapisseries tendues représentant la vie du martyre, ceci devait être un symbole fort pour les fidèles.

Comme ce reliquaire d’argent montrant Saint-Maurice en armure de chevalier monté sur un cheval caparaçonné qui devait marquer les esprits.

Un élément documentaire de 1503 mentionne que dans la délibération du chapitre du 23 Novembre 1503 le chanoine Jean Boujaille donne au chapitre une ceinture à usage de femme toute garnie de clous d’argent, offerte par la servante nommée Claude de maitre Jacques Daverne marrelier (ou marguillier, sacristain) pour en faire faire un calice, pouvant ainsi démontrer que l’origine de ce métal précieux pour la réalisation de pièces d’orfèvrerie était des dons ou des offrandes  internes. ADJ G 1318, fol. 161.

 

XVIIe siècle.

 

 Le 19 Juillet 1649 la foudre tomba sur le clocher et l’église lors des complies (après les vêpres) tuant Girard Saux employé à la solde du chapitre, la tête du clocher, ses murailles comme celles de l’église en différents endroits furent escorchées. ADJ G 1323.

N’y eu-t-il pas d’autres dégâts comme dans le mobilier ?

 

XVIIIe siècle.

 

Dans son ouvrage G.Coindre, Le vieux Salins, promenades et causeries de 1904, évoque qu’en 1711, les tribunes furent démolies, les portes latérales fermées, les autels en pierre de Sampans détruits, le retable et la chaire vendus, les peintures des voutes effacées et que 24 stalles fabriquées par Galezot menuisier prirent place dans le chœur.

Il faille attendre 135 ans pour avoir des nouvelles de ce trésor liturgique.

Deux  éléments documentaires apparaissent  dans les délibérations du chapitre de Saint-Maurice relatifs aux biens liturgiques de la collégiale de Saint-Maurice de Salins au début du XVIIIe siècle.

Premier document.

Celui du 08 Janvier 1712, où est signalé que le chanoine trésorier du chapitre fait voir lors de cette réunion du chapitre, « un dessin d’une figure en relief de Saint-Maurice que quelques particuliers s’offrent de faire à leur frais au cas on juge a propos de le placer dans le fond du cul de lampe.
Ledit dessin ayant esté examiné et reconnu qu’il serait d’un ornement pour le cœur il a esté resolu de le placer dans ledit cul de lampeADJ G 1324 fol. 174.

Lors d’un constat récent, il s’avère qu’en l’église Saint-Maurice de Salins, était présent un buste reliquaire en bois polychrome et doré, représentant une figure joufflue juvénile portant un regard candide avec une chevelure dense bouclée, buste surmonté d’un casque décoré de motifs gravés, ressemblant à un morion Espagnol sans crête ou à un casque de burgonet allemand, mais rehaussé d’un cimier et d’un panache noir.

Apposé sur les épaules de sa tunique comme sur son plastron, les croix de Saint-Maurice à extrémités tréflées.

Buste-reliquaire de St-Maurice église de Salins.

Ce buste reliquaire attribué au martyre Saint-Maurice, laissé à lui même depuis des lustres sur un rebord de la baie près du portail au narthex Sud de la collégiale n’a pas supporté les attaques du temps, vermoulu il a été récemment décontaminé, puis entreposé au sein de l’église Notre-Dame libératrice de Salins dans l’attente d’une restauration.

Un rapprochement de ce buste-reliquaire pourrait faire l’objet d’une comparaison avec la statue-reliquaire sur pied de St Maurice en bois peint polychrome de l’église St Maurice de Vadans.

Statue de Saint-Maurice église de Vadans.

Cette statue à Vadans est classée au titre des Monuments historiques, référence PM39001559.
Sa datation est donnée pour le 4e quart du 17e siècle.

Cette statue présente quelques similitudes avec le buste-reliquaire de Salins.

Le visage juvénile, son regard fixe comme étonné, rêveur, sa chevelure dans le cou intense et bouclée, son casque très similaire, sa forme et son panache, qui est loin de ressembler à celui d’un centurion Romain.

Est-ce le même sculpteur auteur de cette statue, à qui les paroissiens de St Maurice de Salins en 1712 ont fait appel pour honorer leurs dévotions auprès du chapitre ?

Deuxième document.

Celui du 20 Février 1733, relatif à l’« Inventaire des ornements de l’église collégiale Royale et paroissiale St Maurice ainsi que des calices et reliquesADJ G 1326, fol. 42.

Sceau empreinte-cire apposé sur le registre des délibérations, chapitre St-Maurice 1748. ADJ G 1326.

L’empreinte-cire ci-dessus montre le sceau du chapitre de St-Maurice en 1748, faisant figurer en deux parties séparées barrées, à la partie inférieure une grappe de raisin surmontée d’un croissant couché entourée de deux étoiles. Pouvant exprimer : La terre nourricière et les cieux. 

L’inventaire de 1733 débute par la paramentique.

Chapes : 30 pièces.

Une de drap d’or cramoisi, la coquille et les bandes de velours rouge, assortie de franges et galons d’or fin.

Deux de damas rouge, les coquilles et les bandes d’une étoffe relevée en or, assorties de franges et galons d’or fin.

Deux de damas blanc, les coquilles et les bandes de satin blanc, brodées en or et en soie, assorties de franges et galons d’or fin.

Une de damas blanc, la coquille et les bandes d’une étoffe d’or assortie de franges et galons d’or fin.

Deux d’un satin rebroché dont le fond en blanc, relevé de différentes couleurs, les coquilles et les bandes d’un autre satin, assorties seulement de galons de gaze d’or fin , faites depuis un an ainsi que la précédente.

Une de damas blanc, la coquille et les bandes d’une différente étoffe tirant sur le rouge, assorties de franges et galons en argent faux.

Deux de damas blanc, les coquilles et les bandes d’une étoffe à fleur rouge, assorties de franges et galons en or faux.

Deux de damas blanc, les coquilles et les bandes d’une étoffe rayée tirant sur le rouge, assorties de galons en or faux.

Deux de satin blanc, les coquilles et les bandes d’un sale couleur de cerises avec galons en or faux.

Deux de satin broché vert et blanc à pareterre, les coquilles et les bandes d’un satin rayé avec galons en argent faux.

Deux de damas rouge avec galons en or faux.

Deux de damas rouge à petites fleurs avec galons en argent faux.

Une de satin blanc avec des franges de soie rouge.

Deux violettes, les coquilles et les bandes de même étoffe avec franges et galons en argent faux.

Une tirant sur le violet la coquille et les bandes de satin rouge.

Une assez usée d’un mauve rouge, la coquille et les bandes vertes.

Une de damas noir à grandes fleurs, la coquille et les bandes de velours rouge, assortie de galons d’argent fin.

Trois de camelot noir, les coquilles et les bandes des deux premières étant rouges et celles de la troisième blanches.

 

Chasubles l’uniques et dalmatiques.

Une chasuble tunique dalmatique, étoles et manipules d’un drap d’un cramoisi relevé d’une broderie en or fin.

Une chasuble de satin blanc brodée en or fin, l’unique, dalmatique étole, manipules, voile de calice bourse et mitaines pour les choristes de même satin et brodées en or fin et en soie.

Une chasuble, l’unique, dalmatique, étoles et manipules de damas blanc avec des franges de soie rouge et galons en or faux.

Une chasuble, l’unique, dalmatique étoles et manipules de damas blanc, les croix d’une étoffe bleue et blanche.

Une chasuble, l’unique, dalmatique étoles et manipules d’une Moyre blanche simple et assez usée avec galons de soie.

Une chasuble, l’unique, dalmatique, étoles et manipules de satin rouge garnies d’un petit galon en argent faux.

Une chasuble, l’unique, dalmatique, étoles et manipules d’une Moyre rouge garnies de galons de soie.

Une chasuble, l’unique, dalmatique, étole manipules et voile de calice d’un satin violet avec des fleurs aurores, la chasuble doublée de taffetas violet, la tunique et la dalmatique de toile rouge le tout garni de galons en or faux à l’exception du voile de calice autour duquel il y a une campane d’or fin.

Une chasuble, l’unique, dalmatique étoles et manipules d’une Moyre violette garnies de galons de soie et d’une broderie en or faux en quelques endroits.

Une chasuble, l’unique, dalmatique étoles et manipules de camelot gaufré vert, garnies de galons de soie.

Une chasuble, l’unique dalmatique, étoles et manipules de velours noir assez usé, les croix de satin blanc avec un écusson au bas de la chasuble portant les armes de la maison de Gilley.

Une chasuble, l’unique, dalmatique, étoles et manipules de camelot noir les croix rouges.

Une chasuble, étoles manipule voile de calice et bourse de damas rouge assortis de galons d’or fin.

Une chasuble, étole manipule et bourse seulement de damas blanc à petites fleurs assorties de galons d’or fin.

Quatre chasubles blanches, étoles et manipules de camelot gaufré, dont deux sont garnies de franges de soie.

Une chasuble de satin rouge et blanc à fleurs étole et manipule la croix brodée or faux.

Trois chasubles de camelot gaufré vert avec franges de soie.

Deux chasubles violettes, étoles et manipules de velours gaufré l’une garnie de galons en or faux et l’autre en argent faux.

Une chasuble, étole et manipule de velours rouge gaufré la croix verte.

Deux chasubles rouges de camelot gaufré étoles et manipules garnies de galons d’argent faux.

Deux chasubles de satin, étole et manipules, l’une rouge avec un galon en or faux et l’autre violette.

Une chasuble violette ancienne étole et manipule la croix brodée en or faux.

Quatre chasubles noires, l’une de velours noir la croix de satin rouge, deux d’un camelot grenat étoles et manipules garnies de galons de soie et la quatrième de serge de nisme, étole et manipule avec galons de soie.

Notes :
Moyre, la moire est un tissu ayant supporté un procédé artisanal par écrasement, permettant d’obtenir des effets de brillance et des aspects mats.
Serge de nisme, sergé de Nîmes ou bleu de Gênes l’actuel denim employé pour nos jeans.
Or et argent faux, le terme faux est déjà usité en passementerie en 1664, Joseph Dufresne de Francheville dans son ouvrage, Histoire de 1664, contenant l’origine de ce tarif, vol. 1, 1746, concernant les tarifs des marchandises circulant en France, dans la seconde partie du volume 1, rapporte  ce terme pour les tarifs des rubans, galons d’or et d’argent faux, filés sur fil ou sur soie, les distinguant de ceux en or ou d’argent fin.

Dans le traité des monnaies de 1764 par M. Abot de Bazinghen, conseiller-commissaire en la cour des monnaies de Paris, une distinction est fournie entre fil d’or ou d’argent et fil d’or ou d’argent faux.
Pour les fils d’or et d’argent fin on se sert de la soie pour filer alors que pour les fils d’or et d’argent on doit employer que du fil de chanvre ou de lin.

La même explication était déjà donnée en 1748 par le Dictionnaire universel du commerce de Jacques Savary des Brulons.

 

Draps mortuaires.

Un grand drap noir d’Hollande portant une croix de satin rouge et une de taffetas blanc servant pour exposer sur toute la face du Maitre autel, le devant d’autel de nesme a la réserve de la croix blanche qui est seulement Mure serge.

Trois draps et autant de devant d’autel portants des croix blanche servants pour garnir des chapelles, les croix étant de taffetas.

Un grand drap noir portant croix rouge de satin et une blanche de taffetas servant pour couvrir la bière.
Douze aulnes de Cadit noir tout neuf servant pour le tour d’une chapelle.

Vingt aulnes de différentes étoffes assez usées en partie servant de tours.

Notes :
Cadit, cadis, tissu de laine cardée d’apparence sergée assez épaisse.

 

Pavillons et autres garnitures.

Le tour du grand dais de velours rouge cramoisi double taffetas rouge cramoisi, assorti de passements à jour d’or fin de la largeur de deux doigts et garni de franges et crépines d’or fin et de soie cramoisie.

Le tour du petit dais de damas rouge assorti de galons d’or fin.

Un pavillon composé de différentes bandes, les unes d’une étoffe de soie rouge à fleurs les autres d’un taffetas d’Angleterre violet doublé de toile rouge et garni de franges en argent faux.

Un pavillon de satin de différentes couleurs doublé de toile.

Un pavillon  de satin de plusieurs couleurs fait par bandes et doublé d’un taffetas violet, ces deux derniers pavillons garnis de franges en or faux.

Les garnitures de satin rayé garnies de franges en argent faux pour les deux reposoirs de St Maurice  et de St Candide.

Deux mitaines de damas rouges servants aux choristes.

Une demie aulne plus ou moins de damas rouge servant au reposoir de St Maurice.

Une écharpe d’un petit satin avec des franges en argent faux.

Deux robes d’un drap violet les bandes et parements de satin rouge avec galons en or faux servants aux bedeaux.

Deux robes d’un drap rouge portant au dos les armes du chapitre servant à ceux qui portent les lanternes aux processions.

Deux robes plus petites d’un drap violet avec les bandes d’une serge rouge servant aux deux acolytes.

Un grand tapis vert garni de franges de soie de même couleur couvrant la table du chapitre.

Un autre drap violet avec deux carreaux de même étoffe servant pour l’adoration de la croix le vendredi saint.

Une robe de damas blanc à fleurs d’or comprenant environ sept aulnes deux tiers d’étoffes, doublée en partie de taffetas blanc et le reste de toile.

Une écharpe de satin servant au célébrant lorsqu’il porte le Saint Sacrement en procession, elle est entre les mains du sieur sacristain.

 

Calices et reliques.

Un calice d’argent assorti de sa patène, la coupe et la patène étant doré, le calice ciselé.

Trois autres calices d’argent assortis de leurs patènes, dorés en entier.

Un cinquième calice d’argent assorti de sa patène sans dorure.

Une grande croix que l’on porte aux processions solennelles, elle est garnie partout de lames d’argent, portant son crucifix d’argent, avec plusieurs petites figures dorées.

Une autre croix d’argent dorée partout avec son crucifix servant aux bénédictions journalières, au bas de laquelle il y a un reliquaire.
Une figure d’argent représentant Notre Dame du Montcarmel avec l’enfant Jésus au bas de laquelle il y a un reliquaire.

Une figure d’argent représentant St Maurice, dont la base est seulement de cuivre doré.

Une figure représentant Ste Anne et la Ste Vierge avec la base et trois reliquaires le tout d’argent.

Une autre figure représentant St Sébastien avec quatre flèches et le poteau, le tout d’argent, la base étant seulement de cuivre argenté.

Une paire de burette d’argent avec un plat aussi d’argent servant pour les grandes messes les jours solennels.

Un encensoir d’argent assorti de ses chaines avec une menotte et cuillère d’argent.

Une grosse lampe d’argent assortie dont on se sert aux jours solennels.

Deux grands bastons d’argent pour les choristes au dessus desquels il y a un Saint Maurice et un St Candide d’argent.

Deux batons de bois que les bedeaux portent aux jours solennels au dessus desquels il y a un St Maurice et une Notre Dame d’argent.

Deux chandeliers d’argent dont se servent les acolytes aux jours solennels.

Notes :
Acolyte, clerc religieux promu à l’un des quatre ordres mineurs, porte les cierges, l’encensoir, le vin de messe, il seconde l’officiant à l’office.

Absence d’autres éléments ornementaux  comme tout le statuaire marbre, pierre et bois et comme toute toile peinte, car devait être dans les lieux le tableau ex-voto de Notre Dame Libératrice.

Comme le tableau d’une peinture à l’huile datant du 17ème siècle, où est écrit en latin : « Réparatrice craint la douleur extrême. J’ai gagné un soulagement. Conscient de moi vierge. » Œuvre classée, référence monument historique : PM 39001493.

Comme la statuette de pierre de St Pierre de Vérone décrite par C.Ponsot dans son ouvrage Statuaire du XVe siècle en Franche-Comté, 2017, pp 44-45.

 

Arrive 1790 et ses lots d’aliénations des biens ecclésiastiques suite aux applications, des décrets de l’assemblée Nationale  du 19 Octobre 1790 concernant la conservation et la disposition des effets mobiliers qui  font dorénavant des biens Nationaux  et à la directive du Directoire du Département du Jura du 28 Octobre 1790.

Ainsi le 03 Novembre 1790 où Désiré Gouhénan procureur syndic du district d’Arbois nommé commissaire nommé par délibération du 30 Octobre 1790 du Directoire du district d’Arbois accompagné du sieur Jean François Vuittet, à 08 heures du matin se présentent en la chambre capitulaire du chapitre de Saint-Maurice de Salins, « visite » annoncée préalablement et verbalement le 02 Novembre  1790.

Au chapitre étaient présents les chanoines, Jean François Bousson prévôt du chapitre, Jean Baptiste Ferréol Page, Jean Baptiste Claude Antoine Dinocourt curé, Antoine Cuenot, Jean Claude Viennot et Claude Louis Ployer.

Jean Claude Viennot ou Vienot chanoine fut nommé le 13 Mars 1789 comme député du chapitre à l’assemblée générale des trois états du bailliage d’aval du 1er avril 1789.

Après lecture de la délibération établie par le Directoire d’Arbois, le commissaire du district invite le chapitre à présenter tous les ornements, vases sacrés et autres effets tels qu’ils sont rapportés dans l’inventaire qui en a été établi le 01 Septembre 1790 par le curé Dinocourt. ADJ 1 Qp 82.

 

Inventaire de l’orfèvrerie du 03 Novembre 1790. 

Trois calices.

Deux bâtons de chœur.

Un encensoir et sa navette.

Une petite croix processionnelle.

Une croix de vermeil servant de reliquaire.

Un grand ciboire.

Une petite pixide.

Une paire de burette et son plat.

Un ostensoir entouré de bijoux et autres pierres précieuses.

Deux chandeliers d’acolytes.

Une grande croix processionnelle.

Une lampe d’argent.

Une statue de St Sébastien.

Une statue de St Jean Baptiste.

Une statue d’une Vierge.

Une statue de Ste Anne.

Une statue de St Maurice.

Une pixide d’onction.

Une boite de baptême.

Tous en argent.

 

Inventaire de l’orfèvrerie au 1er Septembre 1790.

 1° Un ostensoir, un grand ciboire et un petit pour consacrer.

2° Un vase d’onction pour les mourants et un pour le baptême.

3° Un encensoir et sa coupe.

4° Trois calices avec leurs patènes.

5° Six reliquaires : une croix de vermeil servant de reliquaire, la statue de St Sébastien, une de St Jean Baptiste, une de la Vierge, une de Ste Anne, une de St Maurice.

6° Six chandeliers en cuivre pour les jours non festés. Six en Arquemie pour les jours de fêtes, deux en argent pour les acolytes.

8°Deux bâtons de choristes.

Notes :
Pixide, pyxide, custode ou petite boite consacrée à l’Eucharistie.
Arquemie ?, possible arquemien, arquin, métal composé de cuivre, d’étain et d’antimoine.
Le relevé du chanoine Dinocourt est aussi laconique, pauvre en informations sur toutes les pièces d’orfèvrerie que celui du commissaire du district.

 

Inventaire des parements liturgiques du 03 Novembre 1790.

 L’inventaire reporté du commissaire du district fut établi selon les usages de l’office, par couleurs.

Ornements, chasubles : le nombre trouvé par le commissaire du district fut de 37, quoiqu’à l’inventaire du 1er Septembre ce nombre fut de 36, l’une fut omise du décompte.

En blanc :

Une en satin brodée or et soie, une en damas galonnée en or.

Une en satin galons faux.

Une en lustrine galons faux.

Une en damas galonnée en faux.

 

En rouge :

Une en tissu d’or sur velours galon faux.

Une en damas or fin.

Une en satin galon argent faux.

Une en damas or faux.

Une en velours ciselé or faux.

Une en velours ciselé croix verte en argent faux.

Deux en laine galons blancs faux.

Une en laine galonnée en soie.

 

En vert :

Une en damas, dentelle d’argent faux.

Une en satin broché dentelle d’or faux.

Quatre en laine galon en soie.

Une en satin uni argent faux.

 

En violet :

Une de Moire en or dentelle en or fin.

Une en satin à fleurs or faux.

Une en satin or faux.

Une en velours ciselé or faux.

Une en damas argent faux.

Un en satin uni bleu vert tresse d’argent faux.

 

En noir :

Une en damas dentelle argent fin.

Une à croix rouge en laine.

Cinq en laine galon en soie.

 

Tuniques et dalmatiques, étant jointes ensemble, le nombre de 28 est reporté par le procureur syndic, alors que le détail n’en décompte que 24.

 

En blanc :

Une en satin brodé, or et soie.

Une en damas galon or fin.

Une en satin or faux.

Une en damas or faux.

 

En rouge :

Tissu d’or sur velours or faux.

Une en damas or fin.

Une en satin argent faux.

Une en laine galon en soie.

 

En vert :

Une de Moire en or, dentelle or fin.

Une en satin à fleurs or faux.

 

En noir :

Une en damas dentelle argent fin.

Une Moire et rouge en laine galon en soie.

 

Chapes, au nombre de 35, le même nombre porté sur l’inventaire du 1er Septembre 1790.

Lors de l’inventaire du 03 Novembre, il fut remis au commissaire du district encore une chasuble en soie galons en soie et plusieurs couleurs, non « inventoriée ».

En blanc :

Deux en damas orfroy brodées en soie et or galon or fin.

Deux à cuvettes brochées en or orfroy satin rouge à fleurs galons or fin.
Deux en satin à fleurs galons or fin.

Deux en damas orfroy satin rayé galon or faux.

Deux de satin à fleurs or faux.

Deux en damas orfroy rouge or faux.

Une en damas orfroy broché en or et soie, galons or fin.

Une en lustrine galons fins crépine faux.

Une de damas orfroy en satin à fleurs argent faux.

 

En rouge :

Deux en damas galons argent faux.

Deux en damas galons or faux.

Une en velours ciselé broché en or galons or fin.

 

En vert :

Une en damas argent faux.

 

En violet :

Une en damas galons argent faux.

Une en lustrine galonnée en soie.

Deux en satin broché à fleurs en soie.

 

En noir :

Deux en damas galons argent fin.

Une en damas orfroy en velours, galons et crépine en ragent fin.

Deux en soie moirée orfroy rouge galons en laine.

Une en soie moirée orfroy blanc galons en soie.

 

Echarpes, en tout 5 plus une en blanc non inventoriée qui restera à la sacristie pour la célébration des mariages. Ce dont décrivent les représentants du peuple comme les écharpes sont les étoles.

Une en satin blanc, une en damas rosé.

Une en satin rouge avec une crépine en argent faux.

Deux en gros détours cramoisi brochée en or et soie.

Des morceaux de robe fond blanc gros détours broché or et soie.

 

Mobiliers divers.

Deux vaisseaux à cuver de la teneur d’environ 35 muids sont reportés dans l’inventaire.

Ainsi qu’une petite croix de métal garnie de petites pierres blanches retrouvée dans un tiroir de la sacristie et qui était ignorée lors de l’inventaire.

Dans la chambre capitulaire, une table de sapin couverte d’un tapis de drap vert, quatre grandes barres de noyer, trois coffres, deux buffets de sapin pour y placer les ornements, une vieille tapisserie, un petit daie en damas rouge et un Christ en bois.

 

Ceci pourrait laisser comprendre que l’inventaire fut fait par un examen complet des lieux occupés par les chanoines en examinant et ouvrant les rangements.

Mais était-ce seulement dans la chambre capitulaire que l’inventaire du 03 Novembre fut fait ?

Tous les objets religieux ainsi que tous les ornements inventoriés furent mis dans un des buffets de sapin situé dans la chambre capitulaire sur lequel a été apposé les scellés avec le sceau du district d’Arbois ainsi que sur tous les meubles existants dans la chambre capitulaire.

Le commissaire du district nomma  Michel Pacoutet Chantre en la paroisse de St Maurice gardien des lieux, d’en faire bonne garde en lui en remettant la clef de la porte.

Si un inventaire du mobilier liturgique fut demandé par le Directoire du district d’Arbois et établi par le chanoine Dinocourt le 1er Septembre 1790, ce jour là Louis Charles Hyacinthe Marmet, commissaire nommé par délibération du 15 Aout 1790 du district d’Arbois accompagné de son secrétaire Jean François Jeannin, se sont présentés au chapitre de l’église St Maurice de Salins pour inventorier tous les titres et papiers sans aucune exception, constatant les propriétés foncières appartenant au chapitre.

A la fin de cet inventaire détaillé reporté sur le procès verbal, se trouve un paragraphe sur l’argenterie et autres objets précieux, dont le détail suit avec le poids des pièces effectué par messire Thiebaud.

Le poids des pièces est donné en marc, m en once, on et en gros, gr.

Un calice pesant  3 m 2 on 4 gr.

Un calice pesant  2 m 6 on 4 gr.

Un calice pesant  3 m 6 on 4 gr.

Les bâtons de chœur estimé  6 m.

L’encensoir et sa navette  6 m.

Une petite croix  2 m.

Une croix de vermeil servant de reliquaire  5 m 1 on.

Un grand ciboire  3 m 7 on 4 gr.

Une petite pyxide  4 on 4 gr.

Une paire de burette et son plat  2 m 2 on 4 gr.

Un ostensoir  pesant  8 m 6 on entouré de bijoux et autres pierres précieuses valant environ 300 livres.

Deux chandeliers d’acolyte   43 m 1 on 4 gr.

Une grande croix pour procession estimée 10 m.

Une lampe d’argent pesant  12 m.

Statue de St Sébastien  7 m 2 on.

Statue de St Jean baptiste  11 m.

Statue d’une Vierge  6 m 2 on 4 gr.

Statue de Ste Anne  10 m 7 on.

Statue de St Maurice  6 m 4 on.

Une pyxide d’onction et boite de baptême  4 on.

 

Le poids total des pièces inventoriées est donné pour  113 marcs 2 onces et  4 gros soit une équivalence dans le système métrique à 26 662,40 grammes d’argent d’orfèvrerie.

Le décret du 19 Octobre 1790 sanctionnant l’obligation de rendre à chaque district l’inventaire de l’argenterie des églises est complété par un autre qui stipule que toute l’argenterie des lieux de culte jugée superflue sera envoyée soit à l’hôtel des monnaies soit au trésor public.

L’administration du district d’Arbois dressa un état de l’argenterie contenue dans toutes les églises de la commune de Salins et envoyée soit au trésor public soit aux hôtels des monnaies. ACS P 1589. ACS (Archives communales de Salins).

 Le poids total d’argenterie extrait en la ville de Salins et envoyée à l’administration pour les intérêts de la République est  colossal s’élevant à 1 488 marcs 6 onces 4 gros soit près de 354 Kgs, le plus gros contributeur fut la paroisse de St Anatoile avec 22% puis Les Cordeliers avec 12%, les Carmélites avec 9%, Notre-Dame, les Tiercelines et St Maurice avec 7%.

Jusqu’à dépouiller le Collège, l’Hôpital des malades, la chapelle de la maison d’arrêt ainsi que l’oratoire du faubourg Galvoz d’une valeur estimée à 1 marc 4 onces et 4 gros.

Cet oratoire pourrait-être celui positionné au Nord du Faubourg Galvoz au bord de l’ancienne desserte filant sur Clucy. ADJ 3P plan 5589.

 Mis à par ce décompte « numéraire » des biens de valeur présents dans l’église St Maurice, le comparatif de l’inventaire contraint du 1er Septembre 1790 avec celui du 21 Octobre 1577 nous  renseigne de ce qui est restitué des pièces d’orfèvrerie 213 ans après.

Sont restitué du passé :

Les statues de St Jean Baptiste, Ste Anne de la Vierge et de St Sébastien.

Celle de St Maurice d’environ 1 500 grammes n’est pas celle inventoriée en 1577.

Où est donc cette représentation équestre de St Maurice présente en 1577 de près de 3 200 grammes ?

Pourquoi une autre représentation de St Maurice argent apparaît plus de 200 ans après ?

Il y eu en Avril 1747 un incendie du clocher causé par la foudre.

Les délibérations du conseil du chapitre du 28 Avril 1747 évoque ce sinistre, que processionnellement et en chape, le chapitre irait dans l’église des révérendes Mères de la Visitation St Marie pour y reprendre le St Sacrement et le St Ciboire transportés le jour de l’incendie. ADJ G 1326.
Est-ce que ce jour là d’autres reliques et biens sacrés ont aussi été transférés ou déplacés ?

Curieusement ne sont pas évoqués et décrits les données fournies par G.Coindre dans son ouvrage, Le vieux Salins, sur les objets sacrés présents en la collégiale qu’il put apercevoir lors de son « enquête » de 1833.

Saint Maurice vue du quartier du petit St Michel G.Coindre, 1883.

-La représentation en argent massif de « Notre-Dame portant son petit Jésus » (pièce bien présente dans l’inventaire de 1733).

-La relique, le chef de Saint-Candide, compagnon et martyre de Saint-Maurice, qui fut un don de l’abbé de Balerne Jules Chifflet.

-Un fragment de la Sainte Croix offert en 1781 par Clément Barattte gardien des capucins, obtenu lors de son séjour à Rome par le cardinal de Bernis.

-La statuette de Saint-Pierre.

-Une  Piéta d’albâtre.

-La statue équestre en bois de Saint-Maurice assez imposante et naïve.

-Un vase ciselé de Nouveau, ornemaniste Salinois.

G.Coindre évoque aussi que suite aux travaux de démolitions de 1711, les tribunes furent démolies, les portes latérales murées, de beaux autels de Sampans détruits…et qu’en revanche furent installé dans le chœur 24 stalles neuves réalisées par le menuisier Galezot.

Claude Galzot habitait déjà en 1702 en la paroisse de Saint-Maurice, il y était inscrit au rôle de la ville pour sa quote-part d’ordinaire de sel. FAS MS 420.

A ce sujet, le chapitre accorde le 21 Juin 1721 au sieur Claude Gallesot sculpteur, à sa femme et à sa descendance, une place à poser un siège dans l’église au dessus de l’autel de la Conception avec une autre place pour y être inhumé à coté du premier pilier à droite en entrant, en considération des ouvrages qu’il avait fait pour l’embellissement de l’église. ADJ G 1357.

On ne peut supposer qu’en 1721 il vivait au sein de la paroisse de Saint-Maurice de Salins et qu’il fut inhumé en  cette église.

Claude Galezot originaire de Vyt-lès-Belvoir dans le Doubs, fut l’un des membres d’une grande famille de sculpteurs, à qui l’on attribut de nombreux retables, maitre-autel, tabernacles et stalles en Franche-Comté durant le XVIIIe siècle et qui perdurera par Thiébaud Galezot orfèvre Jurassien a qui l’on doit notamment une chasse de Saint-Claude et un reliquaire en l’église Notre-Dame à Besançon. C.Perron, Notes biographiques sur notre famille, Besançon, 1884 et Fonds Galezot. ADJ 2 F10-15 et BMD man.442. BMD (Bibliothèque municipale de Dole).

 

XXe siècle.

 

Il s’en suivi de nouveau un grand moment « de calme » avant que les objets liturgiques de la collégiale puissent faire de nouveau l’objet d’un inventaire contraint.

Eglise St-Maurice de Salins, début du XXe siècle.

Ceci dans des moments difficiles pour le clergé en Franche Comté comme ailleurs sûrement, sauf en ce qui concerne l’Alsace -Moselle et les territoires d’Outre-mer.

Dès 1876 déjà plusieurs députés Nationaux demandèrent la suppression du budget alloué au culte.

En Juillet 1879 de nouveau des députés dont Clémenceau proposent l’abrogation du Concordat de 1801, traité diplomatique sur les rapports entre l’Etat Français (Bonaparte) et l’Eglise (Pie VII).

Nous sommes en 1905, depuis la 8ème législature entre 1902 et 1904, des propositions de lois visant à l’abrogation du Concordat, à l’abolition du budget du culte et à la séparation des Eglises et de l’Etat ne cessent d’être déposées par des commissions à la Chambre des députés.

Le projet de lois de 1903 d’Aristide Briand est voté le 06 Décembre 1905 à l’Assemblée Nationale puis au Sénat et publié le 11 Décembre 1905, appelée loi du 09 Décembre 1905.

Que dit cette loi au Titre II à l’attribution des biens et pensions des cultes.

Dans son article 3, dès la promulgation de cette loi il sera procédé par les agents de l’Etat à l’inventaire descriptif et estimatif dans tous les établissements exerçant un culte.

Cet inventaire concerne tous les biens immobiliers et mobiliers détenus par tous les établissements de cultes, comme ceux dont l’Etat, les départements ou les communes en ont la jouissance.

Dans son article 4, dans un délai d’un an à partir de la promulgation de la loi, les biens mobiliers et immobiliers des menses, fabriques, conseils presbytéraux, consistoires et autres établissements  publics du culte seront avec toutes les charges et obligations transférés par les représentants de l’Etat de ces établissements religieux aux associations  formées pour l’exercice du culte.

L’article 8 affirme que les établissements ecclésiastes faute ne n’avoir point procédé dans le délai attribué par cette loi, aux attributions des biens visés, que ceux-ci seront placés sous séquestre.

La Collégiale de Saint-Maurice de Salins n’échappe point à la règle imposée.

Sous l’autorité du préfet du Jura en relation avec le maire de Salins C.Champon, le receveur  des Domaines à Salins Barcelot commissionné, dresse le 12 Février 1906 l’inventaire des biens dépendant de la mense curiale et des biens dépendant de la fabrique, de l’église de St Maurice de Salins en lieu et place, en présence de l’abbé Bassand curé de la paroisse, de Félix Clément industriel à Salins, président du conseil de fabrique et de Ferdinand Fiole propriétaire à Salins, membre du conseil de fabrique. ADJ 14 V 21.

En préambule de l’examen des biens de toute nature détenus par la fabrique, l’abbé Bassand demande à que ses protestations verbales puis écrites soient retranscrites intégralement par écrit dans le rapport de l’inventaire.

L’abbé proteste énergiquement contre l’acte qui doit être accompli.

Il considère que suite à la tourmente révolutionnaire, le mobilier de son église  « a été presque entièrement détruit, qu’après le rétablissement du culte, les paroissiens  rivalisèrent de zèle et de générosité pour réparer les ruines matérielles, autels, vitraux, vases sacrés, ornements, tout a été reconstitué avec les seules offrandes des fidèles et cela sans aucune participation de l’état ni de la ville ».

Il ne souhaite pas participer à cette opération mais seulement y assister en tant que témoin.

Intervient à la suite le conseil de fabrique, approuvant la protestation émise par l’abbé et s’élève contre cette main mise des biens de la collégiale conséquence de l’inventaire.

Le conseil de fabrique déclare ne pas vouloir participer aux opérations et d’y assister en tant que témoins afin de sauvegarder les intérêts des bienfaiteurs de cette église qui veulent rester propriétaires des objets affectés aux cérémonies du culte.

L’inventaire commence par le contenu présent dans la sacristie.

Il s’avère que l’inventaire fait par l’agent des domaines ne suit pas un ordre bien spécifique, très désordonné (ce qui rend l’analyse des documents complexe), du fait de l’absence de concourt de l’ecclésiastique comme des membres du conseil de fabrique, ce que celui-ci évoque en fin de son rapport.

Cet ordre aléatoire sera conservé pour l’énumération qui suit.
Le nombre d’objets inventoriés s’élève à 169 selon la numérotation du rapport.
La majorité des biens mobiliers comme immobiliers font état d’une estimation pécuniaire sur le vif.

1-Un ciboire argent doré haut 25 cm. 50 francs.
2-Un petit ciboire en argent dans le tabernacle comme le déclare l’abbé Bassand. 15 francs.
3-Deux calices et leurs patènes en argent coupe vermeillée haut 30 cm. 50 francs.
4-Un ostensoir en argent doré en creux, haut 65 cm. Mr Clément président du conseil de fabrique, au nom de la famille Vuillet revendique la propriété de cet ostensoir qui serait un don sans condition comme l’attestent au besoin les délibérations du conseil de fabrique.
5-Quatre candélabres forme rampe en cuivre fondu doré. 28 francs.
6-Quatre vases contenant des fleurs artificielles en verre en porcelaine 15 cm. 4 francs.
7- Un thabor (tabouret) bois recouvert papier, bordure doré. 1 franc.
8-Un lot de petits vases avec fleurs en papier. 2 francs.
9-Un plat à quêter. 3 francs.
10-Sept assiettes. 3 francs.
11-Douze purificatoires. 3 francs.
12-Douze manipules. 3 francs.
13-Pas d’inventaire.
14-Quatre caporaux ( ?), quatre pales ( ?) sans broderies. 2,40 francs.
15-Un bénitier cuivre haut 30 cm et son goupillon. 4 francs.
16-Un autre plus petit même métal. 2, 50 francs.
17-Deux missels hors d’usage sans valeurs. 0,20 francs.
18-Une petite croix avec boule argentée. 1 francs.
19-Deux encensoirs, l’un cuivre argenté haut 20 cm et sa navette. 15 francs. L’autre en cuivre mauvais état et sa navette. 5 francs.
20-Une sonnerie d’autel trois timbres. 3 francs.
21-Deux jeux de burettes en verre sans aiguière. 0,60 francs.
22-Une paire d’autres burettes en cristal avec aiguière. 1franc.
23-Deux sonnettes d’autel à manche bois et cuivre. 1franc.
24-Deux petits chandeliers cuivre, haut 12 cm. 0,60 franc.
25-Six chandeliers en cuivre repoussé creux, argentés avec pique cierges haut 80 cm environ. 24 francs.
26-Huit vases de toutes dimensions en porcelaine et faïence. 4 francs.
27-Deux boites contenant fleurs artificielles, paillons. 1 franc.
28-Deux portes veilleuses en cuivre haut 30 et 20 cm. 2 francs.
29-Quatre chandeliers cuivre argenté avec pique cierges haut 50 cm. 16 francs.
30-Quatre candélabres fleurs cuivre repoussé épis et raisins à trois luminaires haut 40 cm. 10 francs.
31-Trois missels dont un hors d’usage. 5 francs.
32-Canons d’autel trois cadres baguettes dorées. 3 francs.
33-Une chasuble, étole, manipule, voile de calice bourse, en lampasette blanche, broderie et franges façon or. 25 francs.
34-Une autre chasuble, étole, manipule, voile de calice bourse assortie, satin blanc, broderie fil. 30 francs.
35-Une autre chasuble, étole, manipule, voile de calice, bourse, étoffe blanche damassée, broderies façon or. 15 francs.
36-Une autre avec étole, manipule, voile de calice, satin moire blanc, broderie fil façon tapisserie. 15 francs.
37-Une autre avec étole, manipule voile de calice, damas rouge, broderie rouge et jaune et bourse. 35 francs.
38-Une autre avec étole, manipule voile de calice, bourse en velours pourpre broderies et galon or sur fin. 40 francs.
39-Une autre manipule, voile de calice, étoffe damassée rouge, hors d’usage. 1 franc.
40-Une autre satinette noire, manipule voile de calice bourse même étoffe broderie fil jaune. 25 francs.
41-Une autre, avec étole, manipule voile de calice et bourse, coton noir saturé, broderie argent façon argent. 15 francs.
42-Une autre avec étole, manipule, voile de calice bourse, façon damas noir, broderie blanche en fil très usagée. 10 francs.
43-Une chasuble avec étole manipule, voile de calice, bourse, en moire violet, broderie fil en blanc. 25 francs.
44-Une autre avec étole manipule, voile de calice bourse, en étoffe satinée en violet, broderie fil. 20 francs.
45-Une autre avec étole, manipule, voile de calice bourse, en velours vert galons or. 40 francs.
46-Une autre avec étole manipule, voile de calice bourse, en petite soie verte, hors d’usage, petits galons or. 5 francs.
47-Une autre étole, manipule, voile de calice, bourse fond blanc, étoffe coton, broderie et galon couleur jaune en fil. 10 francs.
48-Deux garnitures pour dais ou autel en flanelle blanche, l’une doublée ou triple. 12 francs.
49-Deux lanternes de procession ovales manches bois. 4 francs.
50-Deux candélabres aux lumières cuivre doré, 60 cm. 8 francs.
51-Deux autres en cuivre argenté trois lumières, 40 cm. 6 francs.
52-Deux chandeliers cuivre haut 30 cm. 1 franc.
53-Deux étoles de deuil ordinaires. 4 francs.
54-Deux autres tapisseries fond rouge et jaune. 10 francs.
55-Une tapisserie d’autel feutre imprimé 2 m sur 1 m 20. 5 francs.
56-Un autre en moquette à fleurs grenat, bordure rouge 4 m sur 4 m 10. 50 francs. M.Clément au nom de Mlle Broye propriétaires à Salins le revendique comme appartenant à ces dernières.
57-Une croix de procession montant et croix argentée haut 2 m 50. 15 francs.
58-Six surplis d’enfants de chœur. 8,50 francs.
59-Un surplis de prêtre dit rochet. 5 francs.
60-Une chape en coton satiné galon blanc, fond de la chape violet. 12 francs.
61-Une chasuble fond blanc façon tapisserie avec galon en lainage, hors d’usage. 6 francs.
62-Une dalmatique étoffe façon damas, fond blanc avec fleurs. 10 francs.
63-Manipule, étole, voile de calice et bourse assortis à la chasuble N° 62 ci-avant. 2 francs.
64-Chape fond blanc, broderie pélican or et galon or. 25 francs.
65-Une chasuble, étole, manipule, voile de calice bourse, drap tissé or, galon or, broderie roses en fil. 35 francs.
66-Une dalmatique même genre moins fin. 15 francs.
67-Une chape noire pour inhumations broderies façon tapisserie. 18 frncs.
68-Garniture autel deuil noire, mérinos, en étoffe damassée. 5 francs.
69-Une chape pour deuil en noire, étoffe lampasette, en noir. 15 francs.
70-Deux dalmatiques pour inhumations en noir l’une en étoffe coton satin, l’autre façon damas, la seconde broderie tissée argent et étoile velours et argent. 30 francs.
71-Une garniture d’autel en mérinos violet. 5 francs.
72-Une chape ottoman vert fleurs blanches. 15 francs.
73-Bandeaux portions, tentures de deuil. 50 francs.
74-Une chape damas rouge galonné or, croix ou des broderies dans l’étoffe bouquets roses. 25 francs.
75-Une autre damas en lampasette fond blanc galon, broderies tapisserie. 30 francs.
76-Quatre soutanes d’enfants de chœur, rouge noire. 4 francs.
77-Quatre autres en serge rouge. 4 francs.
78-Une lanterne de procession monture bois. 2 francs.
79-Un support de chape tout en bois. 1 franc.
80-Trois draps mortuaires en étoffe noire garnitures broderies blanches, pour les différentes classes d’inhumations. 100 francs.
81-Bandeaux et draperies pour inhumations. 25 francs.
82-Garnitures d’autel en lingerie et étoffe franges dentelées jaune et rouge. 5 francs.
83-Pas d’inventaire.
84-Pas d’inventaire.
85-Un lot de serviettes de toilette divers modèles. 10 francs.
86-Six garnitures d’autel, lingerie brodée. 12 francs.
87-Un thabor en cuivre doré tablette sur pieds. 4 francs.
88-Cinq aubes de prêtre. 8 francs.
89-Cinq surplis de prêtre. 5 francs.
90-Une couronne de l’ostensoir décrit sous le N° 4 du présent en argent doré. 10 francs.
91-Dix soutanes d’enfants de chœur serge rouge. 20 francs.
92-Dix surplis d’enfants de chœur, parmi lesquels les roches et les aules. 20 francs.
93-Une croix métal sur monture bois. 5 francs.
94-Un prie Dieu en sapin noir. 2 francs.
95-Un fourneau de salle et ses tuyaux, M l’abbé Bassand revendique ces deux derniers objets comme étant sa propriété. 6 francs.
96-Une armoire ancienne servant à enfermer partie des objets décrits ci-dessus. 60 francs.
97-Deux surplis de prêtre et quatre aubes. 15 francs.
98-Petit placard bois blanc peint. 3 francs.
99-Un thabor à colonnettes cuivre doré fin. 3 francs.
100- Un petit christ en cuivre haut 30 cm. 0,80 franc.
101- Autre christ sur bois noir, au-dessus de la porte de la sacristie haut 1m 70. 6 francs.
102- Un pupitre de lutrin, petite tables. 2 francs.
103- Un lavabo, deux escabeaux. 4 francs.
104- Dans le fond bas-côté droit, deux écussons au-dessus des fonds baptismaux l’un représentant le baptême de St Jean-Baptiste, cadre ovale bois sculpté doré, la peinture également sur bois non signé. 4 francs. L’autre cadre ovale également portant invocation à M. de la Valette. 0,50 franc.
105- Un confessionnal peint noir. 15 francs.
106- Un calorifère Phenix. Paris rue de Rivoli ce calorifère est revendiqué par M. Clément susnommé comme l’ayant payé de ses deniers comme il en justifiera au besoin.
107- Une statue équestre sur socle. 10 francs.
108- Une vierge également sur socle. 8 francs. Aux cotés de cette Vierge les statues de St Merri et de St Pierre de Vérone, objets classés.
109- Un grand christ sur croix bois, christ en plâtre ou carton pâte haut 3 m 50 posé sur petit socle. 25 francs.
110- Un cadre représentant une vierge Italienne, que Mr Clément susnommé revendique au nom de Mme Puret de Prébaron à Salins. 25 francs.
111- Une chasse de cuivre dans la chapelle du Sacré Cœur, forme bâtiment ajouré contenant les restes des compagnons de St Maurice avec support en bois doré. 15 francs.
112- Une croix de procession monture bois, le haut en cuivre argenté. 8 francs.
113- Une statue de la Vierge en plâtre sur fut en bois décoré d’une palme sur le devant. 6 francs.
114- Deux bras de lumière à trois branches aux encoignures du fut. 3 francs.
115- Sur l’autel deux chandeliers environ haut 60 cm. 4 francs.
116- Deux reliquaires plâtre doré. 2 francs.
117- Un christ sur le tabernacle haut 50 cm cuivre doré. 3 francs.
118- Une statue de St Joseph à l’enfant Jésus à la droite de l’autel sur fut décoré d’une palme. 6 francs.
119- Deux bras de lumières à trois branches aux encoignures de ce fut. 3 francs.
120- Un autel mobile à un gradin bois peint évidé sous l’entablement. 200 francs.
121- Trois lampes de sanctuaire, dont deux à six lumières, la 3ème avec veilleuse. 15 francs. M. Clément sus nommé revendique l’autel et les trois lampes du sanctuaire ci-dessus pour Mlle Bidaut propriétaire à Salins.
122- Fleurs artificielles. 1,50 franc.
123- Huit stalles de chœur du coté gauche huit du coté droit, dans le sanctuaire. 150 francs.
124- Quatre stalles curiales également en chêne et comme les précédentes non scellées. 120 francs. Les quatre dernières sont revendiquées par Mr l’abbé Bassand qui a payé de ses deniers ainsi qu’il pourra en justifier.
125- Trois petits escabeaux chêne et trois autres usagés recouverts velours rouge. 12 francs.
126- Six cierges cuivre repoussé et ajouré haut 60 cm. 48 francs.
127- Six autres idem hauteur 40 cm. 24 francs.
128- Deux appliques treize lumières même matière, même style. 20 francs.
129- Deux grands candélabres aux coins de l’autel à vingt sept lumières, même matière, même style. 100 francs.
130- Deux couronnes à douze lumières, même style et même matière à clavettes. 30 francs. Les cinq derniers articles sont revendiqués par M.Clément au nom de Mlle Racle Olympe à Salins.
131- Une lampe de sanctuaire, en cuivre repoussé doré, style gothique, sans lumières. 30 francs.
132- Deux banquettes d’enfants de chœur en chêne haut 40 cm long 1 m 50. 10 francs.
133- Dans le bas coté gauche chapelle de la Vierge, cinq chandeliers cuivre haut 80 cm avec leurs formes. 15 francs.
134- Un autel en bois peint et décoré, avec sur le support l’annonciation, table et gradin non scellé. 40 francs.
135- Une banquette en chêne à dossier long 3 m. 8 francs.
136- Un tapis moquette 3 m sur 2 m. 10 francs.
137- Sur une crédence en bois de chêne formant autel une descente de croix, sculptée sur marbre blanc, dite Piéta, objet qui serait classé. 150 francs.
138 Six portes cierges en bois à trépied. 6 francs.
139- Quatre reliquaires bois doré. 2 francs.
140- Un banc sapin long 2m 50. 2 francs.141- Une banquette chêne à dossier 1 m 40. 5 francs.
142- Deux cierges de conférence ou confrérie, centre ornementé et ajouré avec vierge. 4 francs.
Clément revendique ces deux cierges au nom de Mlle Olympe Racle présidente de la conférence ou confrérie des demoiselles.
143- Une lampe de sanctuaire cuivre verni sans lumière. 3 francs.
144- Une statue en carton pâte coloré de St François Xavier et son socle non fixé ni scellé. 12 francs.
145- Deux tableaux à l’huile non signés, cadres dorés et moulures, haut 1  m 10 sur 0 m 80, l’un représente la mort de St François Xavier, l’autre la Vierge aux lys. 10 francs.
146- Un confessionnal en chêne trois compartiments sculptures devant haut 2 m 50 larg. 2 m 50. 100 francs.
147- Un autre au fond du bas coté gauche en chêne. 60 francs.
148- Autour des bas cotés quatorze tablettes formant le chemin de croix façon terre cuite en relief. 70 francs.
149- Porte-lumières bois. 1 franc.
150- Dix huit bancs à quatre places dans le bas coté gauche et douze banquettes marche pieds. 90 francs.
151- Dans la nef de chaque coté onze bancs sapin à dossier, cinq places. 110 francs.
152- Onze petits bancs mobiles en sapin longueur 1 m 30 environ, au total vingt deux dans le centre de la grande nef. 66 francs.
153- Bas coté droit, dix huit bancs à quatre places, bois blanc. 80 francs.
154- Deux autres banquettes sapin long 3m 60 à dossier, près du parvis. 10 francs.
155- Chaire à prêcher en chêne sculpté à cinq panneaux, abat voix supporté par des anges, au sommet de l’abat voix l’ange du jugement dernier embouchant la trompette escalier tournant marches bois rampe en fonte avec main courante en bois. 800 francs.
156- En face de la chaire un tableau à l’huile cadre bois doré à moulures, le christ. 95 francs.
157- Aux piliers de la nef et des bas cotés, quatorze bras de lumières à deux branches en cuivre. 14 francs.
158- Un autre calorifère Phenix, pareil à celui décrit ci-avant N° 106, également revendiqué par M.Clément. 200 francs.
159- Un harmonium à pédales, menuiserie chêne verni, un clavier, facteur Henry à Besançon. 180 francs.

La 1ère séance de l’inventaire à été close à 5 heures ½ du soir, la suite des opérations ayant été reprises le 16 Février 1906 en début de l’après midi.

160- Dans la sacristie meuble en noyer long 3 m 80 haut 3 m, renfermant les vêtements linges sacerdotaux, ornements divers, quatre  portes au bas, quatre autres au-dessus du buffet du bas, deux doubles portes au buffet du haut aux cotés deux placards en sapin de toute la hauteur du meuble. 120 francs.
161- Un cent de chaises environ en bois, dossier siège bas. 25 francs.
162- Un orgue au-dessus de la tribune du parvis, buffet en chêne, sculpté sur le devant, dessins feuillages, soufflerie indépendante, deux claviers, non scellé, facteur inconnu. 4 000 francs.
163- Aux deux cotés de l’orgue sur socle, deux statues, l’une de la Vierge, l’autre de St Joseph, en bois doré haut 1 m 50. 30 francs.
164- A la tribune deux lustres en verroterie quatre lumières armature cuivre. 6 francs.
165- L’horloge du clocher un seul cadran, le mécanisme sur bâtis mobile, sans nom de fabricant. 300 francs.
166- Une seule cloche en bronze actionnée par un pédalier, portant au haut « j’ai été bénite » et au bas « de cette paroisse fondeur Roy françois Xavier  à Salins ».  200 francs.
167- Un carillon au clocheton à deux clochettes. 200 francs.
168- La Vierge de l’autel latéral droit porte au cou un cœur en métal doré et chaine d’argent, l’enfant Jésus qu’elle tient porte un cœur en métal aciéré et chaînette. 3 francs.
168 bis- Un placard à deux portes à la sacristie encastré dans le mur. Deux armoires à tiroirs contenant les effets sus nommés. 60 francs.

Statuette-relique en bois de la Vierge à l’enfant, église St-Maurice Salins.

Ici s’arrête l’inventaire du mobilier pour se prolonger avec :

Les immeubles par destination.

L’église dite de St Maurice rue de la Liberté à Salins section G N° 27 pour une contenance de six ares quarante un centiares, bâtie sur fond de terre urbaine valeur 3 francs le mètre soit pour le tout. 1 923 francs.

1– Bas coté droit les fonds baptismaux sur gradin de pierre dure, scellé au sol, la vasque des fonds est elle-même scellée à un fut cimenté au soubassement, le tout y compris la coiffe en pierre blanche sculptée porte métal, grille autour fer forgé.

2– Même coté de la nef, retable en bois marbré autel du Sacré cœur bâtis d’anges autour de la niche dans laquelle une statue du Sacré cœur de Jésus en carton pate colorié haut 1 m.

3– Dans le même bas coté quatre vitraux couleurs, le 1er au bas, représentent le Bon Pasteur, une baie haute 2m 50 à 2m 60, larg 0m 60, le deuxième St Joseph haut 2 m 20 larg 1 m, le troisième mêmes dimensions que le premier avec scènes de l’annonciation, de la Visitation et de la naissance du Christ, le quatrième éclairant la chapelle du Sacré cœur, haut 1m 30, deux baies représentent un évêque l’église de St Maurice et un de ses anciens curés, rosace au-dessus, trois petits jours et entailles.

4– Le chœur : trois gradins de pierre dure bleue, en avant une grille de 10 mètres de long haut 0m 80, en fer forgé, scellée aux gradins, entre le maitre autel, dallage en céramique.

5– Le maitre autel tout en pierre blanche sculptée, accès par trois gradins en pierre gris-bleu, celui du sommet encastrant un parquet en céramique, la table repose sur quatre colonnettes en marbre, les supports arrière portent une reproduction de la Cène sculptée.

Le tabernacle en même matière porte métal doré, panneaux à gradins, dorure en relief, au-dessus, l’exposition avec chapelle style gothique surmontée d’une croix haut 6 m environ, derrière l’escalier à marches bois, rampe fer.

6– Lambris ou boiseries autour du sanctuaire en chêne, unies moulures en ogives aux panneaux, avec dix stalles à l’arrière au-dessous du vitrail du chœur, incorporées à cette boiserie ; deux de ces stalles seulement à siège mobile, dites miséricordes.

7– Grand vitrail coloré, quatre baies au bas dont trois représentant la vue de Salins, cinq grandes baies au-dessus, au milieu N.D.Libératrice, à gauche St Louis, et St Claude, à droite St Anatoile et St Augustin rosaces au sommet dont une au centre avec St Maurice, jours éventaillés.

8– A l’autel de la Vierge même retable que celui décrit sous le N°2 ci-avant, la niche contenant une statue de la Vierge et de l’enfant Jésus, plâtre peint au blanc, haut 2m environ.

9– Eclairant cet autel, un vitrail en couleur deux baies, l’une représentant la Vierge immaculée, l’autre le pape Pie IX, rosace et jours éventaillés au-dessus mêmes dimensions  que celui décrit sous le N° 3 ci-avant.

9 bis– Plus bas au transept un vitrail dit grisaille colorée.

10- Toujours dans ce bas coté gauche, un vitrail haut 2 m50 une baie larg 0m 60 représentant St François de Sales.

11– Un autre environ même hauteur largeur 1 m 10, représentant St Maurice.

12– Autre vitrail mêmes dimensions que le N°10 ci-dessus représentant Ste Thérèse.

13– Dans la grande nef, huit vitraux colorés dits grisailles haut 2m et au-dessus de l’orgue, même vitrail mais à deux baies rosace au sommet.

14– Un bénitier en granit gris fût et sa vasque scellés aux dalles.

15– Dans la sacristie, grand placard encastré dans le mur, deux corps avec double porte en bas et double porte en haut.

 

Immeubles appartenant à la fabrique.

Le presbytère occupé par le curé desservant, situé à Salins au 98 rue de la Liberté avec jardin contenance totale 3 ares 60, Section G plan N° 267.268.269.

L’inventaire se termina avec les relevés des terres, vignes appartenant à la fabrique.

 

Observations sur cet inventaire.

 N° 162 : «  Un orgue au-dessus de la tribune du parvis, buffet en chêne, sculpté sur le devant, dessins feuillages, soufflerie indépendante, deux claviers, non scellé, facteur inconnu. 4 000 francs. »

Cet orgue fut construit par Martin Carouge facteur d’orgues.
Le chanoine Bonmarchant rend compte le 27 Juin 1718 des sommes qui lui ont été mises en main pour les dépenses affectées à l’établissement de cet orgue, s’élevant à  2 151 livres et 3 sols.
Ce n’est que le 19 et le 22 Avril 1717 que deux devis furent présentés pour la construction d’un buffet d’orgue et de l’orgue en l’église Saint-Maurice de Salins.
L’orgue fut livré le 11 Juin 1718, Martin Carouge en demande le solde de 1292 livres sur les 1 800 livres convenues. ADJ G 1359.

Au sujet du  presbytère, le maire de Salins C. Champon en date du 22 Décembre 1906 informe par écrit le préfet qu’à cette date, le curé de Saint Maurice occupe toujours  le presbytère mis sous séquestre et qu’une fois son déménagement terminé qu’il refusera de rendre les clefs, malgré une prolongation de délai de dix jours.

Le maire sollicite l’obtention d’une délégation de la part du préfet pour faire évacuer les lieux, à moins que le receveur de l’enregistrement puisse s’en charger.

En effet selon l’arrêté du préfet du 13 Décembre 1906, cet immeuble a été mis sous séquestre.

L’antériorité de  ce bien immobilier montre que l’ancienne propriétaire Mme veuve Gagneux, née Anne Marie Merle par acte notarié du 10 Avril 1870 avec Maitre Tournier, sans héritiers lègue à la fabrique de l’église de St Maurice de Salins, ce bien en exprimant le « désir » qu’elle serve à l’habitation du desservant de la paroisse, donc au curé qui en fait usage en tant que presbytère depuis le décès de Mme Gagneux.

Le directeur des domaines considérant que les droits de propriété de ce bien immobilier sont bien clairement établis, que la testatrice avait simplement exprimé le « désir » que son habitation à son décès puisse être celle du curé, que ce legs ne paraissait point être grevé d’une condition proprement dite dont l’inexécution pouvait servir de base à une action en justice, qu’à défaut d’association culturelle les biens ont été mis sous séquestre, il suggère le 21 Février 1907 au préfet la location des biens.

Pourtant la matrice cadastrale des propriétés bâties mentionne bien le transfert du bien imposable en 1882 de Jean François Gagneux à la fabrique de l’église de Saint-Maurice, pour un revenu imposable de 50 francs. ADJ 3P 3610.

Le choix de vouloir obtenir la location des lieux à cette date est déjà exprimé par l’intention de Mr Octave Jourdan employé de commerce à Salins de se proposer d’y être le locataire.

La direction générale des domaines en date du 29 Avril 1912 par procès verbal  entérine l’attribution de tous les biens mis sous séquestre, de l’ancienne fabrique et à l’ancienne mense de Saint-Maurice de Salins.

La remise de tous ces biens est versée à Mr Burlet représentant et receveur du bureau de bienfaisance et de l’hospice de Salins, dont l’ex-presbytère.

Celui-ci fut loué à partir du 09 Mars 1907 avec un bail administratif de 3-6 ans pour un loyer annuel de 150 francs.

Ce bail de location fut établi et passé devant le Maire de Salins, dès que le préfet en date du 25 février 1907 donna son accord au Directeur des domaines.

La direction des domaines pour argumenter cette prise locative présenta au préfet que :

  • L’immeuble se trouvait dans un état complet de délabrement.
  • Les réparations à effectuer entraineraient une dépense de 700 francs.
  • Ce montant ne pouvait être pourvu sur les fonds du séquestre insuffisants.
  • Que Mr Jourdan s’engageait à effectuer toutes les réparations nécessaires à rendre la maison habitable.

On retrouve dans la matrice cadastrale des propriétés bâties, cette maison bien identifiée au même numéro de parcelle 269 mais sur la nouvelle section cadastrale (J ) localisée au 98 rue de La Liberté, Mr Octave Jourdant négociant, marchand de bois, en est devenu propriétaire en 1920, le revenu imposable de ce bien immobilier représentait à l’époque de la confection de la matrice : 285 francs,  puis en 1926 : 715 francs.

Ce transfert de propriété de ce bien immobilier se retrouve en 1913 aux mains de l’Hôpital hospice de Salins qui le vend à son locataire en 1920ADJ 3P 3612.

Est-ce que cet exemple est le seul cas connu ?
J’en doute !

Ex-presbytère de la collégiale de Salins.

 

Analyses.

Les relations et obligations avec l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune sont ancestrales.

Déjà aux environs de 515, Salins avec l’intérêt marchand du sel extrait, dépendait du monastère de Saint-Maurice d’Agaune dans le Valais, comme le château de Bracon, suite à un don de Sigismond roi de Bourgogne. Archives de l’abbaye d’Agaune. CHA. 57/2/1-01 et 02.

Ces biens vers 943 furent cédés et remis comme fief par le prévôt de la congrégation du monastère de Saint-Maurice d’Agaune,  Mainier à Albéric comte de Mâcon,  en compensation de cens annuels puis vers 1160, Gaucher III seigneur de Salins prête hommage et fidélité à Borchard abbé de Saint-Maurice d’Agaune, reconnaît tenir en fief de lui Bracon, ses dépendances et le Val de Mièges. Archives de l’abbaye d’Agaune. CHA 57/2/2.

Ces relations continuèrent ainsi comme en 1258 quand Jean comte de Bourgogne seigneur de Salins fit donation sur son puits de Salins, une rente de 10 livres, comme déjà évoqué en préambule de cet article.

Ces relations outre-alpines ne pouvaient que favoriser le développement des biens patrimoniaux et religieux de l’église Saint-Maurice de Salins, qui dépendait du chapitre de Saint-Etienne de Besançon.

Dépendance contestée en Janvier 1473 quand le duc Charles le Téméraire fourni un mandement de garde aux noms des chanoines de Saint-Maurice de Salins contre l’archevêque de Besançon pour exemption de juridiction, exemption confirmée en 1476 par une bulle du pape Sixte IV, conflit qui durera encore au XVIIIe siècle, comme l’aborde les délibérations de 1761 lors de la venue de l’archevêque de Besançon Antoine-Clair de Choiseul -Beaupré  le 9 Mai pour remettre au chapitre l’acte de non préjudice au droit d’exemption de la juridiction de l’ordinaire (autorité épiscopale) . ADJ G 1303-1304-1305 et 1327.

La position géographique de la collégiale implantée au Nord de la cité de Salins en bordure du seul axe principal qui traversait la cité (la Grande Rue du Bourg dessus) n’est pas étrangère à la renommée de Saint-Maurice.

Ce développement spirituel et patrimonial se retrouvait aussi bien par l’afflux de pèlerins à Salins comme à la fête de Saint-Denis où le peuple était dit-on très considérable en ville, que par le développement au sein de l’église de multiples chapelles et confréries, des droits des familiers, des fondations, acquisitions foncières dont le chapitre bénéficie depuis la 1ère faite en 1326 par Alix de Toulouse,  généra un mobilier religieux abondant exposé en l’église autour de la représentation variée du Saint martyre Saint-Maurice.

Les donations conséquentes comme celle de la Maison d’Autriche en Mai 1616 d’un montant de 24 000 francs à employer en achats de rentes et héritages favorisaient leur croissante. ADJ G 1311.

Les titres et privilèges se rapportant à l’église de Saint-Maurice montre l’importance que celle-ci détenait, par l’union des cures de Marnoz, Vadans, Chissey, Souvent et Lesney à sa table capitulaire.

Lors de l’inventaire de 1790 le montant estimé provenant des titres, capitaux de rentes et autres s’élevait à près de 5 800 livres avec possession de 11 maisons canoniales.

De cette richesse intra-muros, c’est ce qui ressort de l’inventaire de 1577, on y découvre un trésor d’objets liturgiques concurrençant fortement celui de Saint-Anatoile de Salins.

Salins au XVIe siècle était un foyer d’art où s’implantèrent peintres, sculpteurs, orfèvres et d’artisans capables de répondre aux aspirations du chapitre comme des paroissiens bourgeois  riches et fortunés, valorisant indirectement ce patrimoine mobilier par des dons, fondations, chapelles et rentes.

Saint-Maurice de Salins fut l’apanage d’un important chapitre, où les canonicats se multiplièrent jusqu’ au nombre de 18.

Encore en 1750 le chapitre comptait 12 chanoines compris le prévôt, le trésorier et le chantre.

Des anciennes chapelles au XXe siècle quatre autels encombraient le chœur et dans la nef on en comptait  onze.

De cette richesse d’objets fastueux, qu’en reste-t-il après 1578 ?

Où est passé cette grande croix d’argent dorée de près de 5 Kgs de 1489, offrande de la famille de Jean de Gilley, pièce toutefois présente dans l’inventaire de 1733 ?

Etait-ce une croix quadrilobe avec aux extrémités les quatre évangélistes, ou est-ce que les représentations de ceux-ci sont indépendants de la croix ?

Le fait d’énoncer dans la suite de la description qu’au pied de cette croix la représentation dorée des quatre docteurs pourrait bien que l’on puisse opter pour la 1ère version, d’une croix gothique dont les extrémités sont terminées en quadrilobe présentant en relief Mathieu, Marc, Luc et Jean.

De cette énigmatique et troublante représentation en argent de Saint-Maurice à cheval ressemblant étrangement à celle présente en l’Abbaye d’Agaune.
Il faille croire que celle décrite en Octobre 1577 est l’œuvre d’un orfèvre Franc-Comtois, mais qu’en est-il de celle de Saint-Maurice d’Agaune, un don du duc de Savoie en décembre 1577 ?
Celle de Salins possédait un socle non pas d’argent mais en bronze, que les armoiries du donateur ou du créateur pendaient latéralement au poitrail du cheval, bien rien ne précise que l’ensemble était harnaché comme un chevalier du XVIe siècle mais de mentionner  lance et bannière ceci est bien dans l’équipement d’un chevalier.
Mais ne serait-ce pas la même ?
Ou est-ce un deuxième exemplaire du même atelier d’orfèvre ?
Ce qui signifierait toutefois que celle de Saint-Maurice du Valais est de facture Franc-Comtoise.

Une quantité incroyable de pièces paramentique, une vingtaine de chapes une trentaine de chasubles justifiée par l’importance des offices à répétition.

Puis cette masse d’objets liturgiques et de pièces ornementales n’apparaissent plus dans leur totalité dans les inventaires du XVIIIème siècle.

Rien dans les archives documentaires n’en précise la raison.
Ont-ils été détruits volontairement ou accidentellement ?

En 1711 de nombreux travaux aussi bien sur les extérieurs que pour les intérieurs furent entrepris, la démolition des tribunes, l’enlèvement du retable, le déplacement du maitre-autel ne furent-ils pas l’occasion d’un changement d’orientations  religieuses, à se démarquer de la dévotion ancestrale pour le Saint martyre Saint-Maurice ?

Le 22 Mai 1747, l’église fut ravagée par un incendie, les espèces furent transportées à l’église de la Visitation.

Mais comme l’inventaire de 1733 est le dernier non contraint ni forcé par les événements extérieurs et que l’incendie étant postérieur le manquement ou la disparition des pièces inventoriées depuis la fin du XVIème siècle suit d’autres motifs obscurs.

Ainsi l’ombre tombe sur toutes ces reliques et ornements.

Comme l’évoquent J.Gauthier et P.Brune dans leur ouvrage, Etude sur l’orfèvrerie en Franche-Comté du VIIe au XVIIIe siècle, 1900 : « la destinée de tout objet d’or et d’argent est de retourner au lingot d’où il est sorti. Quelle que soit sa valeur artistique, quelque forme qu’il ait reçue, la cupidité publique ou privée le poursuit, s’en empare pour le fondre… ».

 L’inventaire révolutionnaire ne dément point ce jugement, surtout pour ces inventaires forcés obligeant obligatoirement le clergé soit à subir, soit à devoir cacher tous les objets liturgiques  qui était à leurs yeux de grande valeur spirituelle ou marchande afin de les soustraire à la refonte inexorable imposée par les patriotes révolutionnaires.

Le Capitaine Léon-Paul Pinault rapporte dans son ouvrage,  Les églises de Salins, sans en donner la source et la date, la présence dans l’église, « d’un groupe en marbre blanc représentant une descente de croix, six grands tableaux montrant la naissance de l’enfant Jésus, l’adoration des mages et les 4 Evangélistes , des tableaux sur bois, plusieurs reliquaires dont l’un contient du bois de la vraie croix, une charmante statue de St Pierre le martyre, un vase ciselé par le célèbre graveur Nouveau originaire de Salins, et l’Antique statue miraculeuse de la Vierge, provenant du Prieuré de Château , donnée à cette église par Monsieur le Docteur Barbet. ».  FAS MS 388(1).

 

Maigre vision que de pouvoir contempler ce vestige du passé isolé, la statue équestre en bois du début du XVIe siècle de Saint-Maurice, « encagée  » en la mairie de Salins-les-Bains.

Statue équestre de St-Maurice.

Cet article est une création de gitejuralamoutena.com.

G.V

 

 

Antarctique, GNGL, Terres d’Aventures. Récit d’un désastre programmé.


Ceci n’est pas une fiction mais le récit vécu d’une croisière-voyage acheté chez GNGL et réalisé en Mars 2017 .

GNGL (Grand Nord Grand Large) dépend de Terres d’Aventures du groupe Voyageurs du Monde (Voyageurs du Monde, Comptoir des Voyages, Mer et Voyages, Original Travel, Uniktour,Terres d’Aventure, Allibert Trekking, Nomade Aventure, Chamina Voyages et La Pèlerine).
C’est un groupe  Français, leader sur différents créneaux de voyage, coté en bourse et ayant généré en 2016 un CA de près de 380 millions d’Euros.
GNGL comme d’autres agences de voyages achètent auprès de différentes Compagnies maritimes Internationales ou d’affréteurs, des places sur leurs navires effectuant des croisières vers l’Antarctique comme vers l’Arctique.
Ainsi GNGL mise depuis de nombreuses années ses programmes de vente avec la Compagnie Oceanwide Expeditions.
La compagnie Oceanwide Expeditions, Holding, armateur affréteur, est implantée au Sud des Pays-Bas sur la rive Nord de l’embouchure de l’Escaut dans le port de Vlissingen.
Cette compagnie possède plusieurs navires de différentes classes, du voilier embarquant 32 passagers au bateau de 114 passagers comme le m/v Plancius sur lequel nous naviguerons, aménagé en 53 cabines.

Ce voyage maritime le long de la cote Ouest de la péninsule Antarctique devait nous emporter aux « Confins de l’Antarctique » comme le stipule l’intitulé commercial du voyage vendu par GNGL, soit jusqu’à la base scientifique Ukrainienne Akademik  Vernadsky et sur « Les traces du commandant Charcot ».

GNGL itinéraire vendu »Aux confins de l’Antarctique« .

Le départ comme le retour s’effectue du port d’Ushuaïa à l’extrême Sud de l’Argentine.
Une navigation de 8 jours, 4 jours aller-retour pour passer le canal de Beagle, faire la traversée du passage De Drake et filer vers la cote Ouest de la terre de Graham sur la Péninsule.
4 jours seulement pour caboter normalement jusqu’à cette base scientifique Ukrainienne acceptant les visites des touristes.
Ce cabotage devant nous permettre de nous faire visiter, toujours selon le descriptif détaillé fourni par GNGL les 9 lieux suivants avec deux débarquements quotidiens.

Dans l’Archipel Palmer :
-2 visites avec débarquements à l’île de Cuverville et Foyn Harbour ( mouillage entre les îles Nansen et Enterprise dans la baie Wilhemina).
– 2 visites et débarquements à Neko Harbour dans la baie d’Andvord et à la base Amiral Brown (implantée sur la cote ouest de la péninsule dans la baie Paradis).
-2 escales et débarquements sur lîle Goudier à Port Locroy et Jungla Point ( île séparée de la grande île d’Anvers par le chenal Neumayer).
-Arrêt dans l’Archipel Melchior (Iles Melchior situées dans la baie Dallman entre les iles Anvers et Brabant).

Dans l’Archipel de Wilhelm :
-Escale à Port Circoncision ( au sud-est de l’île Peterman).
-A l’anse du Français à Port Charcot ( sur l’ile Booth).
-Tentative (selon le programme vendu par GNGL) d’une escale à la base Vernadsky (située à Marina Point sur l’île Galindez dans l’archipel Argentine, soit au delà de la latitude 65°15′ sud).

Un programme alléchant, bien rempli sur des lieux mythiques de cette cote de la péninsule de l’Antarctique, qui plus est l’une des plus intéressante de ce continent.
Au total ce sont 44 000 touristes qui sont venus visiter en 2016 ce tout petit bout de l’extrême Nord-Ouest de ce 6ème continent avec parmi eux seulement 800 Français.
Mais nous n’avons point eu droit à cet immense privilège.

En voici le récit.

Le 17 Mars 2017 embarquement dans le port d’Ushuaïa à bord du m/v Plancius en fin d’après-midi.
Le temps est doux et clément pour cette période en Terre de Feu.

Port d’Ushuaia 17 Mars 2017.

Le long de cet immense et unique quai maritime, de nombreux navires de croisières, de pêche et d’expéditions océanographiques y sont amarrés dans l’attente d’un nouveau départ, comme :
L’Hesperides, brise-glace océanographique Espagnol, effectuant des campagnes de relevés évaluant l’impact du réchauffement climatique de nos océans.

L’Hesperides à Ushuaia 17 Mars 2017.

-Le Capecante chalutier de haute mer Argentin de 360 tonnes long de 52 m dont son port d’attache est Ushuaia.

Capesante à Ushuaia 17 Mars 2017.

-LAkademik Ioffe  navire de type croisière expéditions appartenant à la flotte On Ocean Expeditions exploitant Canadien, pouvant embarquer 96 passagers avec un équipage de 65 personnes.

L’Akademik Ioffe à Ushuaia 17 Mars 2017.

L’ Antarctique M/V Ushuaia, navire de croisière sous pavillon des Comores, initialement construit pour l’agence Américaine National Oceanic and Atmospheric Administration pouvant embarquer 84 passagers avec un équipage de 38 personnes.

L’Ushuaia à Ushuaia 17 Mars 2017.

-L’Ortélius, navire de croisière, embarquant 116 passagers avec un équipage de 52 personnes, sa jauge brute étant de 4 575 tonnes.
Construit en Pologne il fut destiné comme transport de passagers dans les océans glacés et comme navire scientifique Russe baptisé Marina Tsvetaieva, désormais battant pavillon Chypriote et exploité par Oceanwide Expeditions.
Nous serons plus tard que ce navire de la même Compagnie maritime que le bateau que nous allons emprunter va être l’un des acteurs de nos déboires en nous causant de très forts désagréments indirects, irrémédiables et désastreux pour la suite de notre voyage aux « Confins de l’Antarctique« .

L’Ortelius à Ushuaia 17 Mars 2017.

-Le Plancius, navire polaire que nous connaissons pour avoir effectué à son bord, une boucle Australe en Antarctique.

Le Plancius à Ushuaia 17 Mars 2017.

Après les formalités d’usages liées à tout embarquement sur un navire, nous prenons possession de notre vaste cabine spacieuse et confortable.

Le Plancius cabine.
Le Plancius, cabine pont 5.

L’approche à bord du voyage commence par un briefing avec tous les passagers pour la présentation de l’équipage avec le staff d’Oceanwide Expeditions et pour  donner les directives sur les consignes de sécurité avec exercices à la suite.
Nous apprenons que l’équipage est composé d’un commandant Russe, d’un second Roumain, d’un 2ème  second Philippin, d’un responsable manager Hongroise secondée par un Allemand, d’un chef cuistot Allemand secondé par un Ukrainien et d’un médecin Allemande, que le personnel naviguant  de 25 personnes est uniquement Philippin.
Que la structure du staff d’Oceanwide Expeditions est composé de 8 personnes avec un chef d’expédition Canadien/Allemand dont 2 Français tributaires de ce staff mais non missionnés par les agences de voyages Françaises.
Que nous sommes 114 passagers à bord de nationalités multiples : Chinois, Japonais, Australiens, Américains, Anglais,Nouvelle-Zélande, de Malte même…et 48 Français.

Les deux jours de traversée du passage entre l’extrême Sud du continent Sud Américain et l’approche de la cote Ouest de la Péninsule Antarctique à une vitesse de croisière de l’ordre de 10 à 12 nœuds ne sont jamais rassurants si la mer est démontée pour traverser cette convergence Antarctique.
Nous avons bénéficié au départ en fin de journée dans le canal de Beagle d’un temps clément et d’une mer calme, puis d’un tangage soutenu dès le matin du 18 Mars qui n’a pas cessé de toute cette journée.
Au matin du 19 Mars la mer est devenue calme avec peu de houle, ces conditions climatiques ne nous ont pas quitté durant toute la croisière jusqu’au retour au port d’Ushuaïa.
En milieu de l’après-midi du 19 Mars dans un brouillard soutenu, le navire approche des Shetlands du Sud pour franchir la passe de Larrea entre l’île Smith et l’île Nevada.

Passage de Drake position le 19 Mars 2017 à 15 h 30.

Les 2 journées d’attente, de transition sont ponctuées d’exposés documentés par l’équipe d’encadrement sur tout ce qui touche à l’Antarctique et à l’observation de la vie marine de passage auprès du navire.
Dans la nuit du 19 au 20 Mars le Plancius atteint déjà l’Archipel de Palmer pour entrer dans le détroit de Gerlache où sa vitesse de croisière frise les 6 nœuds.

Antarctique, détroit de Gerlache,20.03.2017.

La mer en ce début de journée du 20 Mars est calme, avec des températures positives de l’ordre de + 3 à 5°C, le plafond nuageux bas empêchant malheureusement d’apprécier pleinement les paysages grandioses du détroit montagneux.
Dès 9 heures embarquement dans les « zodiacs« , direction l’île de Cuverville, pour aller voir ce qui en reste d’une colonie de manchots papous.

Antarctique, île Cuverville zone de débarquement, 20.03.2017.

Antarctique, Ile Cuverville 20.03.2017.
Antarctique, île Cuverville 20.03.2017.

L’île Cuverville est un énorme cailloux où la zone d’accessibilité autorisée n’est qu’une bande de galets de faible dimension.
Cette île hébergerait la colonie de manchots papous la plus conséquence sur la péninsule Antarctique de l’ordre de 4 000 couples, de ce fait, ce site se situe à la 3ème place des lieux touristiques de la péninsule, soit près de 5 000 visiteurs par saison. Mais déjà à la mi-mars, très peu de manchots, pas de sternes, pas de phoques, très peu d’otaries.
Nous remarquons, dans cet espace limité acculé à d’immenses falaises, qu’en cette période où la colonie de papous est très clairsemée due à la fin de la période de reproduction et que la très grande majorité est déjà partie en mer, une quantité importante de  cadavres de cette espèce ce qui alimente la survie de prédateurs charognards les Labbes Antarctiques.

Antarctique,ile Cuverville, manchot papou et Labbes, 20.03.2017.

Toujours par groupe de « zodiacs« nous faisons du cabotage dans la petite baie pour aller à la rencontre de ces géants des mers, les baleines à bosse, comptant sur leur curiosité pour pouvoir mieux les approcher.

Antarctique île Cuverville, baleine à bosse, 20.03.2017.

L’après-midi, après que le navire ait remonté légèrement vers le Nord-est, se positionnant à l’entrée de la baie Wilhelmina, toujours en « zodiacs » nous cabotons à Foyn Harbour, lieu baptisé en « l’honneur » du concepteur du canon lance-harpon, le Norvégien Foyn. Région de l’Antarctique où fut implantaté des stations pour la pêche intense à la baleine au début du XXème siècle.

Antarctique, baie Wilhlemina, 20.03.2017.

On y retrouve près de la cote les vestiges de cette industrie meurtière, comme cette épave de cet ancien cargo aménagé en baleinier, bateau usine Norvégien pour la zone de pêche à la baleine le « D/S Guvernøren« , échoué dans la baie, à la suite d’un incendie, la poupe hors de l’eau.
L’incendie aurait été enclenché à bord accidentellement lors d’une fête des marins en partance mettant fin à une campagne de pêche. Il est là depuis Janvier 1915 à pourrir. Sauf que cet endroit maintenant est un spot de plongée sous-marine.

Antarctique, Foyn Harbour, épave Guvenøren, 20.03.2017.

Le 21 Mars au matin, le navire se positionne un peu plus au Sud ( 64° 50′ 307 S) dans la baie d’Andvord, littoral occidental de la péninsule Arctowski, bordé de nombreux glaciers vêlant en mer (Deville, Arago, Moser,Rudolph, Bagshawe) avec des sommets enneigés de près de 2 000 mètres.
Le lieu de débarquement est le port de Neko.
Il est situé dans une petite baie, celui-ci étant l’un des sites accessibles aux touristes dans la baie d’Andvord.

Antarctique, Neko Harbour, 21.03.2107.

Cette baie a été baptisée, encore en mémoire d’un bateau usine baleinier Écossais opérant dans les eaux de l’Antarctique aux Shetlands du Sud et le long de la Terre de Graham de 1911 à 1915 puis de nouveau en 1917.

Antarctique, site de Neko Harbour, 21.03.2017.

Le site est grandiose, impressionnant, tout vous domine, à partir de cette langue de plage caillouteuse de 500 mètres au plus, une pente glacière mène à un éperon rocheux, de part et d’autre de monstrueux glaciers crevassés vêlent dans la baie. C’est le domaine des manchots papous qui à cette période beaucoup ont quittés la colonie, laissant sur place quelques retardataires. Pour profiter pleinement du paysage sur la baie, nous nous offrons une montée sur la crête en empruntant une voie d’accès dans les éboulis rocheux.

Antarctique, Neko Harbour vue sur la baie, 21.03.2017.

Avant de regagner le navire en fin de matinée, un détour dans la baie en « zodiac » nous offre un paysage qui vaut son pesant de plénitude.

Antarctique, Baie d’Andvord, 21.03.2017.

L’après midi du 21 Mars, le navire descend un peu plus au Sud pour rentrer dans la baie Paradis, là aussi l’une des plus belle baie de la péninsule qu’il est permis de voir. Destination prisée pour tous les visiteurs abordant ces latitudes de 64°53′ sud.

Antarctique, carte baie Paradis, 21.03.2017.

Antarctique, baie Paradis, 21.03.2017.

Le temps calme, idéal se prête au cabotage toujours en « zodiac » le long de cette cote de Danco.
Durant plus de 2 heures nous découvrons, au milieu de growlers sur une eau d’une limpidité parfaite cristalline, un rivage de grande pureté pour notre entière satisfaction.

Antarctique, Paradise bay, 21.03.2017.

Antarctique, baie Paradis, vers le glacier Petzval, 21.03.2017.

A la suite de cette longue balade dans cette baie qui porte bien son nom, nous accostons à la station Argentine Almirante Brown ( le père de la Marine Argentine).
Cette base aux coordonnées 64° 89′ S et 62° 87′ W, est installée à la base d’un promontoire depuis 1951 pour une occupation d’une vingtaine de scientifiques durant l’été Austral. Elle fut partiellement incendiée en 1984 par un membre de l’équipe scientifique qui ne souhaitait pas y rester durant l’hiver. Aujourd’hui elle est entièrement fermée soit disant pour des problèmes fiscaux, devient une escale favorite pour beaucoup de navires de touristes.

Antarctique, base Almirante Brown,21.03.2017.

Mercredi 22 Mars, à 7 heures nous approchons de l’entrée du canal Lemaire.
Il se localise entre la latitude 65° 02′ S et 65° 07′ S.
Passage, entre la terre de Graham commençant par les falaises du cap Renard, cote découpée en son centre par la baie Deloncle où est acculé en son fond l’immense glacier Hotine et en commençant par le Nord par la petite île Splitwind puis l’île Booth,  finissant le chenal sur le continent le cap Cloos.

Antarctique, carte du canal Lemaire, 22.03.2017.

On surnomme ce chenal long de 11 kms   » Kodak valley » pour son intérêt majeur touristique, la majorité des navires de croisière l’emprunte pour descendre et continuer plus au Sud. Ce qui ne sera pas le cas pour nous.
A 7h 09 à l’entrée du chenal, par bâbord on dépasse un navire en stationnement mal identifiable du fait de la brume matinale.

Antarctique, chenal Lemaire, navire fantôme, 21.03.2017, 7 h09.

Notre navire continue lentement son avancée dans l’entrée du chenal Lemaire quand à 7 heures 34, il stoppe son approche.

Antarctique, canal Lemaire, position d’attente du bateau, 22.03.2017, 7 h 34.

Ici commence la supercherie, la position du navire à 7 heures 22 était, selon les indications enregistrées sur les écrans du poste de commandement au 65° 02′ S et 63° 54′ W en plein dans l’axe du chenal avec des fonds en cet endroit de 350 mètres.

Antarctique, canal Lemaire, 22.03.2017, 7 H 22.

Nous nous interrogeons, pourquoi sommes nous à l’arrêt ?
Les conditions de navigations sont correctes, une mer bien calme avec une légère brume, pas d’alerte, pas d’incidents quelconques à bord, quelques blocs de glace épars autour du navire. Rien d’alarmant et pourtant le navire fait du sur place.
On nous informe que le canal est fermé par de gros icebergs, qu’il est impossible de passer, que l’on attend  l’évolution des courants pour repartir.
Ce manège va durer plus d’une heure et demie, quand on aperçoit par l’arrière de notre navire le bateau »fantôme » s’approcher de nous.

Antarctique,canal Lemaire, 22.03.2017, 9 H 01.

Dix minutes plus tard ce navire, passe à 9 Heures 11 à notre bâbord, nous dépasse longeant la cote de la péninsule et disparaît devant nous dans le chenal.
Nous avons le temps d’identifier ce navire, c’est le MS/Ortelius battant pavillon d’Oceanwide expeditions, ayant quitté le port d’Ushuaïa le même jour que notre navire.

Antarctique, canal Lemaire, 22.03.2017, 9 H 11.

Mais le plus perturbant c’est que notre navire ne le suit point, en position d’attente.
On reste perplexe, qui y a t’il donc de si empêchant pour le programme ne se déroule pas comme prévu ?
On ne comprend pas.
On nous explique qu’il y a toujours d’énormes icebergs qui bouchent le passage.
Mais pourquoi un autre navire de la même Compagnie maritime est passé sans encombre, puisqu’il n’a pas fait demi-tour ?
On nous explique que le MS/Ortelius a de plus puissants moteurs que le MS/Plancius, que les courants sont trop forts et contraires à notre progression.
Que les deux tentatives de contournement des obstacles, par l’examen du passage au plus près de la cote de la péninsule comme du coté de l’Île Booth sont vouées à l’échec selon le commandement et qu’il faille faire demi-tour, ce qui ce produit à 10 heures 45.
Voici les « énormes icebergs bouchant le passage » alors que leurs dimensions n’ont rien d’énormes !

Antarctique, canal Lemaire, 22.03.2017, 10 h 25.

Antarctique, canal Lemaire, 22.03.2017, 10 H 45.

Devant cette décision, beaucoup de passagers sont interloqués et demandent des explications plus rationnelles et plus cohérentes, car ce demi-tour signifie clairement que le navire n’ira pas plus au Sud, nous privant du 1/3 des sites à visiter.
Adieu les îles Pleneau et Hovgaard, port Circoncision sur l’île Petermann, la base Vernadsky sur l’île Galindez, port Lockroy sur l’île Goudier et Jungla Point.
Adieu aux « Confins de l’Antarctique« , adieu » Les traces du commandant Charcot ».
Ce constat amer se vérifiera.
Nous sommes en colère, car on se sent trahi par les personnes responsables présentes à bord qui nous mentent impunément.
Peu de passagers sont conscients de cette situation.
Un collectif regroupant une trentaine de Français se forme, intervient durant un briefing improvisé par le chef d’expédition en fin de matinée pour signifier nos demandes et nos interrogations pour la suite du déroulement de la croisière.
La réponse à notre colère du chef d’expédition a été assez laconique : « ce n’est pas le moment« .
Que pouvons nous de plus faire à bord que de contester ce demi-tour trompeur. Rien que le fait de subir et le staff le savait.
Mais nous ne sommes pas à l’abri d’autres déconvenues qui arrivent.
En début de l’après-midi du 22 Mars 2017 le navire après avoir fait demi-tour remonte vers le Nord, contourne la pointe Turquet à bâbord pour port Charcot sur l’île Booth.

Antarctique, carte port Charcot, 22.03.2017.

Port Charcot à 62° 59′ S et 60° 33′ W est une belle baie de 2,5 kms de large, l’endroit où Jean-Baptiste Charcot hiverna dès le 5 Mars jusqu’au 26 Décembre 1904 à bord d’un trois-mats goélette de 32 mètres entièrement en chêne, l’étrave arrondie renforcée était garnie d’une armature de bronze.
La goélette construite à St Malo aux chantiers du « père Gauthier«  fut baptisée le Français avec un équipage de 20 personnes dont J.Turquet zoologiste qui laissa son nom à la pointe Turquet au Nord de l’île Booth, P.Pleneau photographe qui aussi laissa son nom à l’île Pleneau petite île de grand charme (soit disant en y étant privé de la voir et de la fouler) au Sud-ouest de l’île de Booth comme E.Goudier chef mécanicien lui aussi pour l’île Goudier, R.Rallier du Baty matelot pour l’îlot à l’Ouest de l’anse des Français et de la pointe Herveou à la l’Ouest de l’île Booth pour le matelot F. Hervéou, l’île Cholet (fermant l’anse des Français à l’Ouest) du nom du patron de l’équipage E.Cholet, le pic Gourdon l’un des plus haut sommet (800 mètres ) de l’île Booth à E.Gourdon glaciologue, puis A.Matha hydrographe pour le détroit de Matha situé entre les îles Adélaïde et Watkins.
C’était la 1ère expédition Française en Antarctique.

Antarctique, anse du Français.

Y venir, c’était comme rencontrer et retrouver nos lectures d’adolescence de cet explorateur des mers  : Le Pourquoi-pas dans l’Antarctique, Le Français au pole Sud …
L’objectif du débarquement sur ce site était d’accéder au dernier vestige laissé par l’équipe du Commandant Charcot avant leur départ en Décembre 1904, un cairn pyramidal de 2,5 mètres de hauteur sur la colline à l’Ouest du Y que dessine l’extrémité Nord de l’île de Booth.
Nous y débarquons en début d’après-midi par transferts en « zodiacs » au fond de l’anse des Français.
L’accostage s’effectue sur une zone de rochers lisses, glissants usés par la houle.
Au delà la pente est immédiate et enneigée, l’organisation piétine, temporise, déjà nous patientons tous dans la pente dans l’attente à ce que les guides nous précèdent et jalonnent la voie à suivre pour les suivants. On bifurque vers l’Est en direction du pic Jeanne pour épouser la pente et repassons vers l’Ouest pour progresser vers le sommet des mamelons.
Mais dès les 1ers mètres du 1er mamelon, les pentes du dôme sont de glace et tous chaussés de bottes en caoutchouc, impossible d’avancer.
Cela devient dangereux et stupide de continuer .

Antarctique, île Booth, dôme glacé, 22.03.2017.

L’escapade a tourné court. Décidément nous faisons demi-tour, il ne nous reste plus qu’à temporiser auprès de la zone d’accostage sans rien d’attendre de l’organisation défaillante.
En effet, on apprendra plus tard, que dans le guide du visiteur pour port Charcot, publié par le Secrétariat de l’Antarctique il est stipulé au paragraphe des notes de mise en garde:
« Les pentes formées de glaces permanentes sont crevassées et dangereuses.
On ne doit accéder à ces 
zones que si l’on a une expérience et formation alpine, et en utilisant de l’équipement approprié (par 
ex. accès avec des cordes). »
Ces recommandations vont plus loin: « La zone d’accostage principal se fait par la Baie Salpêtrière... » cette baie est à l’opposé de celle où nous étions.
Toutefois, avant de saisir l’importance de tout le désastre subi,  nous commençons à comprendre que la mise en place du programme par l’équipe d’Oceanwide expeditions n’est pas au point, que le chef d’expédition n’a pas pris la mesure des événements ou bien que l’on se moque de nous, même en tant que clients.
On n’emmène pas 50 personnes sur des pentes glacées chaussées de botte sans respecter le minimum de consignes de sécurité imposées en montagne, c’est de l’inconscience et même de l’incompétence.
Combien de personnes se sont retrouvé à perdre l’équilibre, à glisser, chuter cet après-midi là, du au manque d’équipement adéquat ?
Le cairn de J-B. Charcot on l’apercevra que de loin.

Antarctique, cairn île Booth, 22.03.2017.

On retourne à bord du navire pour s’entendre dire par le chef d’expédition en fin de soirée lors de l’annonce du programme pour le lendemain du 23 Mars qu' » il était décidé de remonter sur Ushuaïa, en s’arrêtant le matin à l’archipel des îles Melchior pour faire une sortie en zodiac et ensuite
reprendre la traversée du Drake. »
Cette nouvelle décision met le feu aux poudres, le collectif de Français demande de nouveau des explications, les réponses sont insuffisantes « à nos yeux« , nous demandons une réunion d’urgence sur ces abus.

Pour toutes réponses :
-les décisions prises sont irrévocables.
-si nous voulons persister, il suffira de se retourner contre le voyagiste qui nous a vendu la croisière.
-Oceanwide expedition ne se sentant pas responsable des promesses vendues par les voyagistes Français (comme si le programme pré programmé  d’Oceanwide expeditions de ce voyage était différent de ceux d’autres réceptifs).
Conscients d’être mené en « bateau« , d’être pris au piège sur ce navire par les desiderata du staff d’Oceanwide expedition, nous ne pouvons que de nous soumettre rageurs, impuissants pour agir autrement.
Adieu « Confins de l’Antarctique » et « Les traces du commandant Charcot » , utopie quand tu nous tiens !
Durant la soirée et la nuit du 22 au 23 Mars, le navire se dirige lentement vers l’archipel de Melchior au Nord-ouest aux coordonnées 64° 19′ S et 62° 57′ W.
Groupement d’îles et d’îlots dans la baie de Dallmann.

Antarctique, carte îles Melchior, 23.03.2017.

Les plus importantes sont à l’Est l’île Eta à son sud Oméga et à son ouest Lambda, tout l’alphabet grec y passe, alpha bêta, kappa, epsilon, thêta, une base scientifique Argentine est implantée depuis 1947 sur l’île Lambda.
C’est sur cette base qu’en Novembre 1962 pour la 1ère fois des chercheuses Argentines vinrent sur le continent Antarctique, mener des études scientifiques pour le compte du Musée Argentin des sciences naturelles .
Nous n’aurons pas le plaisir d’accoster ou de visiter à terre les lieux de cette base, malgré les conditions de navigations exceptionnelles et beaucoup de temps disponible devant nous.

Antarctique, base Melchior, 23.03.2017.

En « zodiacs « dès le matin sous un ciel dégagé dominé par les rayons solaires et une mer peu agitée, sachant que c’est notre dernière sortie sur la péninsule Antarctique, nous avons décidé d’en profiter pleinement.

Antarctique, archipel Melchior, 23.03.2017.

Antarctique, archipel Melchior, 23.03.2017.

C’est sous un soleil radieux et une mer d’huile dès l’embarquement vers 12 heures le 23 Mars, que nous quittons la péninsule Antarctique, amers en colère d’avoir été ainsi dupés, de nous avoir mentis, trompés, grugés.

Antarctique,sortie de l’archipel Melchior, 23.03.2017.

La traversée entre la péninsule Antarctique et le continent Sud Américain du 23 au 25 Mars se fera avec une mer bien calme à une vitesse de l’ordre de 10 à 12 nœuds.
Au matin du 25 Mars pour cause d’un programme écourté nous sommes déjà en vue des premières îles Chiliennes et pour passer le temps le navire au lieu de continuer sa route vers le canal de Beagle va se positionner à quelques miles au large de l’archipel Wollaston, lieu mythique du cap Horn.
Comme le « navire » n’a pas préparé auprès des autorités maritimes Chiliennes ce détour inopiné, nous restons bien au large en attendant la marée.
Je vous avoue que nous avons eu bien du mal de si loin à distinguer sur l’île Horn le fameux monument en hommage aux marins disparus, même avec de bonnes jumelles, qui est la représentation d’une silhouette d’un grand albatros.

Au large du Cap Horn 25.03.2017 9 h 28.

Cap Horn 25.03.2017 11 h 15.

Ainsi le navire va traîner toute la journée du 25 Mars et toute la nuit pour aborder pépère le port d’Ushuaïa le 26 Mars  sur les coups 6 heures du matin.

Ushuaïa au petit matin 26.03.2017 6 h.

 

L’heure des Comptes.

Il va sans dire que dès notre retour en métropole, nous intervenons auprès de GNGL pour manifester notre mécontentement.
L’agence GNGL gentiment ouvre le parapluie et renvoie la « patate chaude »  au service relations clients de Terres d’Aventures charger de traiter notre réclamation, ainsi que les autres réclamations des clients Français à bord de cette croisière étant passés par ce voyagiste.
Notre réclamation portait sur plusieurs points dont une demande de dédommagement pour non respects de prestations payées selon les lois clairement décrites dans le code du tourisme, à la hauteur du 1/3 des visites de sites non réalisé et de la déconvenue, pour incompétence du responsable du staff à Port Charcot.
Il a fallu attendre début Mai 2017 pour obtenir une réponse de Terres d’Aventures aux défaillances subies, que voici textuellement.

« Concernant le passage du canal Lemaire, nous allons reprendre la chronologie afin de clarifier le déroulement de cette journée. Un gros iceberg était échoué à la sortie du canal Lemaire depuis le début de la saison. Les bateaux passaient régulièrement entre l’iceberg et la côte. Il se trouve que pendant votre croisière les vents et courants ont drainé d’autres glaces de moindre importance qui n’ont pas pu s’écouler et sont restées  bloquées par le gros iceberg  qui a complètement fermé  le passage.
Cette situation était donc imprévisible.
Le bateau a du faire demi-tour pour rallier l’île Booth par sa face ouest, tourné vers l’extérieur et gagner Port Charcot.
Quant à passer par l’extérieur pour gagner l’île Petermann, la zone « extérieure », à l’ouest du canal Lemaire est une zone très large de hauts-fonds et de rochers à fleur d’eau sur lesquels viennent s’échouer les gros icebergs venus du sud appelée « islas Dannebrog ».
Contourner cette zone aurait pris trop de temps pour arriver en début d’après-midi.
Mais comme il est écrit dans le journal de bord : ce contretemps se révèle être plus qu’heureux car vous vous êtes  retrouvés à nouveau en présence d’un groupe d’orques.
 Le débarquement sur ce côté de l’île exposé à la glace venant du large a rendu le débarquement moins facile et certains passagers  ont préféré choisir l’option « sortie en zodiac ».
Pour ceux qui ont choisi de monter au cairn, cette randonnée se fait habituellement, à toute période, sans aucune difficulté, accessible par la majorité des passagers.
Cette fois-ci, à mi-chemin, le groupe a été bloqué par de grandes plaques de glace vive non visibles depuis le lieu d’ancrage et le lieu de débarquement et qu’il était impossible de contourner.
Mais encore une fois, ce passage à terre a permis l’observation des 3 espèces de manchot : des manchots Papou, plusieurs manchots Adélie et à jugulaire.
La croisière en Antarctique est une croisière d’expédition. Nous sommes pour ce genre de voyage dans un environnement hostile, isolé et imprévisible. Nous précisons bien en fiche technique que l’itinéraire est donné à titre indicatif et que celui-ci peut être modifié si les conditions de glace et météorologiques ne permettent pas de le réaliser. Par ailleurs le capitaine est responsable de son bateau ainsi que de la sécurité de l’ensemble des passagers. Les conditions météorologiques évoluent très vite dans cette région.
Une dépression peut passer à tout moment entraînant des vents très violents.
Le capitaine a pris la décision par prudence de quitter l’Antarctique une demi journée plus tôt afin d’éviter un passage du Drake difficile et ce suite aux informations et paramètres de navigation qu’il avait en sa possession. »

Et de nous proposer pour nous dédommager 300 euros avec l’engagement de garder le silence total si nous acceptions cette offre.
D’argumenter ainsi en continuant à nous tromper et de nous proposer des sommes insignifiantes au regard des dommages causés, c’est le choix d’une stratégie commerciale bluffante dévastatrice qu’il faille dénoncer.
Mais durant cette période latence nous allons de découverte en découverte.

Le département du secrétariat du Traité de l’Antarctique possède des archives pour tout ce qui ce passe en Antarctique aussi bien pour les organisations gouvernementales signataires du traité, comme des organismes non gouvernementaux privées venant sur ce continent.
Les Compagnies de croisières sont contraintes de déposer des pré-programmes de visites intitulés « information pré-saison » comme des rapports de post-visites pour continuer à bénéficier en autres leur accréditation d’accès au continent.

Ainsi on découvre que le MS/Plancius doit effectuer durant la campagne 2016-2017 : 13 rotations, la 1ère commençant dès le 29 Octobre 2016.
Que notre dite « croisière aux confins de l’Antarctique » et  » Les traces du commandant Charcot » était la dernière de la saison pour ce navire sur la péninsule Antarctique.
Que le programme déposé commençait bien le 17 Mars et finissait le 26 Mars.
Que le programme déposé des sites à visiter était identique à celui acheté, moins l’escale à la base Vernadsky.
Que la latitude la plus basse à atteindre durant cette croisière était l’île de Detaille à 66°52′ Sud.
Que bien sur, ce programme déposé comprenait le passage du Nord au Sud du canal Lemaire.
Que le précédent programme déposé de ce navire du 06 au 17 Mars comprenait lui aussi le passage du canal Lemaire, convenu exactement au 13 Mars.

On découvre aussi que le « navire fantôme »  le MS/Ortelius devait réaliser 6 rotations en la péninsule Antarctique dès le 30 Octobre 2016 et que sa dernière croisière déposée s’arrêtait au 13 Janvier 2017.

Allez savoir pourquoi un navire de la même Compagnie maritime n’ayant pas déposé son programme de visite en Antarctique se trouvait le 22 Mars en même temps que le MS/Plancius à l’entrée Nord du canal Lemaire ?
Nous allons en connaitre un peu plus en sollicitant de nouveau ces archives pour visualiser les rapports dits « informations annuelles » des uns et des autres.
Et bien on découvre que le MS/Ortelius a effectué 7 rotations au lieu de 6 en la péninsule Antarctique durant la saison 2016-2017.
Que sa 1ère rotation a commencé le 27 Novembre 2016 au lieu du 30 Octobre 2016.
Que sa dernière rotation débute le 17 Mars 2017 et finie le 28 Mars 2017 (comme cela est étrange !).
Que sa destination extrême fut l’île Detaille le 23 Mars 2017 (comme cela est étrange !) pour des activités de plongée sous-marine .
Qu’au préalable le 22 Mars il passa le canal Lemaire (comme cela est étrange !) pour rejoindre la base Vernadsky (comme cela est étrange !) pour des activités de plongée sous-marine.

Que pour le MS/Plancius il n’y eu que 12 rotations au lieu des 13 annoncées pour la saison 2016-2017 sur le continent Antarctique.
Que sa 1ère rotation commença bien le 29 Octobre 2016.
Que sa dernière rotation fut celle que nous avons subie malheureusement.
Que la latitude à laquelle le navire était descendu le plus bas avait été l’entrée Nord du canal Lemaire à 65°05′ S, ce qui correspond bien aux relevés  du 22 Mars décrits plus haut dans cet article.
Que chose surprenante, ce navire avait franchi le canal Lemaire 10 jours avant  (comme cela est étrange !).

Devant de telles découvertes, nos recherches d’informations se prolongent et aboutissent à l’obtention par le département des affaires internationales du Ministère des infrastructures des Pays-Bas du rapport de visite rédigé le 25 Mars 2017 portant l’identité du responsable du staff d’Ocenwide expeditions.
Ainsi ce rapport a été établi par son auteur dans la « foulée » de la croisière lorsque nous étions encore en mer,  ce qui normalement permet de ne pas oublier les événements qui se sont produits durant la croisière, ce dont il en avait en partie la charge et la responsabilité.
Le document porte:
-le nom du voyage : PLA31.
-la référence : PLN17MAR2017.

Voici ce qui est mentionné en entête de ce document:
« Le dossier d’expédition est rempli pour chaque expédition. Ces informations sont demandées conformément à la Recommandation XVIII-1 du Traité sur l’Antarctique et à la Résolution XIX-3. Veuillez soumettre les parties 1 et 2 à une autorité nationale compétente dans les trois mois suivant l’activité. »

Le rapport comporte 2 parties.
La 1ère partie sans grand intérêt pour les paragraphes A (Détails de l’expédition) B (Observateurs: partie non renseignée) C ( registre des personnes présentes à bord par nationalité) se termine par le paragraphe D (rapport de l’expédition par le chef d’expédition) dont je vous fais part des incohérences et silences volontaires.

Rapport post-visite paragraphe D 25.03.2017.

Publication de la 2ème partie du rapport.

Rapport post-visite partie 2. 25.03.2017.

Nous découvrons que ce rapport présente d’énormes erreurs, mensonges et affabulations.

– Le 22 Mars au canal Lemaire nous ne sommes pas arrivé à 10 h et reparti à 14 h mais arrivé à 7 h 20 et reparti à 10 h 45.
(comme cela est étrange ! dans le but de faire croire qu’il n’y avait pas deux navires en ces lieux le même jour aux mêmes heures ?).
-Le 22 Mars ni un autre jour le navire a été dans la baie Deloncle entre 12 h et 13 h.
La baie Deloncle se situe à 65°08’S et 63°93’W sur la cote occidentale de la terre de Graham ( sur le continent), on y accède en pénétrant dans le canal Lemaire et la baie se découvre a peu près au milieu de celui-ci.
Comment faire croire et écrire que le 22 Mars le navire a été dans la baie Deloncle alors que c’est un  «  gros iceberg  qui a complètement fermé  le passage » dès l’entrée du canal Lemaire au Nord (comme cela est étrange !).
Toujours le 22 Mars à Port Charcot, pourquoi publier aux autorités que le navire est arrivé sur les lieux à 17 h 15 et en est reparti à 20 h ?  (comme cela est étrange !).

Au regard de toutes ces données officielles, nous comprenons comment nous continuons à être manipulé, grugé, bluffé et trompé.

Dernière découverte, à la signature du contrat de voyage avec GNGL en 2016, le document mentionnait cette condition :
« Nous ne proposons par de descriptif précis car l’itinéraire est complètement dépendant des conditions météorologiques » et de compléter aussi au passage  » D’autre part, les Tours Opérateurs membre de l’association IAATO, harmonisent les lieux d’escales en début de saison, de façon à ne pas trouver 2 bateaux sur les mêmes sites, au même moment. »

Conditions bigrement modifiées par GNGL et remplacées pour la même croisière à partir de 2018 comme pour les programmes proposés en 2019 par :

« Ce programme permet de découvrir la péninsule Antarctique à bord d’un navire d’expédition dont l’équipage est anglophone, en compagnie de vos guides francophones. Ceci n’est qu’un exemple d’itinéraire. Le programme définitif sera déterminé à bord par le commandant du navire et le chef d’expédition… ».
Çà dit bien ce que cela veut dire, cette condition incluse dans votre contrat d’achat vous empêchera toute réclamation possible, suite sur place à bord du navire, à une modification quelconque du programme acheté.
Il n’est même plus question de conditions météorologiques défavorables empêchant le bon déroulement du programme, mais des desiderata à bord du navire de l’équipe de commandement.
Vous êtes plus pris comme des otages que comme des clients.

Qui va vouloir acheter de tels voyages avec le risque à ce que le programme prévu ne soit point ou peu réalisé, modifié au gré du bon vouloir du chef d’expédition ou du commandant du navire, pour un oui comme pour un non.

Tenez-le-vous pour dit !

Devant de tels agissements et le refus de Terres d’Aventures de faire son « mea culpa » nous portons l’affaire en justice.
Par son avocat, Terres d’Aventures présente au tribunal ses conclusions en réponse pour l’audience du 07 Décembre 2017 en demandant que nous soyons débouté de nos demandes  et de nous condamner au paiement de la somme de 1 000 euros à la société Terres d’Aventures.

Le couperet tombe, par jugement 01 Février 2018, minute jugement : 66/2018, RG N° 11-17-000184, le Tribunal d’Instance de Dole dans le Jura Français nous donne raison pour inexécution partielle du contrat, condamne par deux fois la SAS Terres d’Aventures à nous payer une somme dont nous n’évoquerons point le montant, supérieure aux propositions faites par le voyagiste mais inférieure à nos demandes, déboute la SAS Terres d’Aventures de ses demandes en la condamnant aux dépens.

Cet article est géré par :  gitejuralamoutena.com

G.V

Maîtrise de la collégiale Saint-Maurice de Salins.


Collégiale de Saint-Maurice de Salins.

Collégiale Saint Maurice de Salins, vue Nord-est.
                                      Collégiale Saint-Maurice de Salins, vue Nord-est.

La Collégiale Saint-Maurice est implantée à l’extrémité Nord de la ville de Salins-les-Bains.

Jusqu’à la démolition des murailles défensives de la cité de Salins, elle était enclavée intra-muros dans un quartier contigu à l’enceinte médiévale, bordée par l’un des axes principal, la Grande rue du Bourg dessous.

L’accès de Salins par cette voie se réalisait par la porte de Balerne ou de Barbarine où se tenait le bureau de l’Octroi.

                              Salins-les-Bains quartier Saint-Maurice.

                         Salins-les-Bains quartier Saint-Maurice.

L’église en tant que telle est mentionnée dès la seconde moitié du XIIème siècle.

Suite à l’érection d’un chapitre de chanoines dans celle-ci, elle devint collégiale à la fin du XIIIème siècle.
Depuis 1472, ce chapitre composé de 12 chanoines y compris le prévôt, le trésorier et le chantre, tous de nomination Royale, jouissait de l’exemption de la jurisdiction de l’ordinaire (privilège d’ordre ecclésiastique, le chapitre jusqu’au milieu du XVIIIème siècle, n’était pas soumis à leur évêque diocésain).
Saint-Maurice comme toute église est orientée vers l’Orient, plus précisément vers le Levant, tournée vers la lumière ou le soleil lors des offices canoniales dès les laudes à la prime, rayonne dans le chœur par l’abside , une symbolique religieuse forte, la lumière marquant le début de la création.

En général cette partie de l’église était la plus éclairée par ses ouvertures à éclairage direct et des fenêtres hautes, avec une axiale plus grande que ses latérales.
Dans les délibérations du chapitre du 28 Mai 1599, deux chanoines furent commis pour prier les principaux paroissiens de s’entendre sur la réalisation d’une grande verrière au lieu et place des trois petites fenêtres. Ce projet fut-il abouti ?

L’édifice religieux possédait son cloître, l’église était entourée de son cimetière paroissial puis de nombreuses maisons canoniales y étaient présentes proches ; avec en bordure de la Grande rue mais close par un mur, dans l’enceinte religieuse, la présence de la fontaine dite Saint-Maurice aujourd’hui disparue. Où maintenant cette eau s’écoule ?

Durant la période de fortifications intenses de la cité dès 1670 lors de la deuxième invasion de la Franche-Comté qui a amené la capitulation de Salins le 21 Juin 1674, de nombreuses redoutes se sont élevées aux abords immédiats de la ville.
Accolé aux fortifications Nord, face à la porte de Balerne fut érigé un important ravelin avec sa tenaille et au devant au niveau de l’ex place de la Barbarine une redoute y fut conçue, le fort des Gardes.
Structures militaires  qui subsistaient  encore en 1693 tel qu’ elles sont figurées dans le plan de Salins contenu dans le Recueil des plans des places du Royaume.

Plan de Salins en 1693, source : Bibliothèque nationale de France, département cartes et plans.

Détail de la cité de Salins, gravure de Mazerand selon le tableau de Nicolas Richard réalisé en Juin 1630, la collégiale de St-Maurice est indiquée par le chiffre 3.

Dans la reproduction fidèle du tableau de Nicolas Richard sur la ville de Salins, le peintre Mazerand nous montre l’édifice religieux tel qu’il était au début du XVIIème siècle avec une différence notoire par la présence d’une tour-clocher carrée surmontée d’une flèche en forme de pyramide aigue  aussi haute qu’elle, très fine qui semble être octogonale avec des amortissements triangulaires à la base de la flèche sorte de lucarnes-pinacles qui laisse supposer que le clocher flèche n’a pas été transformé depuis sa réalisation. Ce type d’architecture pour les édifices religieux d’importance étant usité dès le début du XIIème siècle.

On remarque aussi que le porche d’entrée était surmonté d’un auvent que l’on retrouve dans les plans  dressés en 1862.
L’étendue des limites de la paroisse Saint-Maurice était forte conséquente.
Au deçà du Bourg dessous une grande partie des faubourgs comme le faubourg Saint Pierre et territoire Nord en dépendaient, ainsi que Saint Michel, Marnoz jusqu’à Aiglepierre vers l’Ouest, contournant le Mont du Fort Saint André.

Détail plan figuratif des limites des 4 paroisses de Salins, 18ème, paroisse de Saint-Maurice, Espace Comtois par la cartographie du XVI au XVIIIème siècle, Besançon, 1995.

En 1750 le chapitre comptait 12 chanoines compris le prévôt, le trésorier et le chantre.
La collégiale eue à subir de nombreuses modifications du XVIème au XIXème siècle suite, aux incendies, à l’amputation du chœur ainsi que la toiture reconstruite fin XIXème début  XXème siècle.
Selon les délibérations du chapitre de 1711 à la requête des chanoines résolus à faire faire des réparations considérables en l’église, dont au cul de lampe et un nouveau sanctuaire, le grand autel fut transposé en un autre lieu dans l’église pour la réalisation des travaux. ADJ G 1359.


Amputations du chœur (cul de Lampe) et de deux chapelles.

 

Le canevas d’aménagement du bâti urbain moyenâgeux, de construire  autour des églises dans les centres bourgs,  ne convenait plus aux aspirations urbaines  et désidératas à la veille du XVIIIème  siècle.

Le 22 Messidor an II (10 juillet 1794) dans les délibérations du conseil de Salins, une pétition avait été déposée au bureau communal, demandant la démolition de l’église pour en faire une place publique.

Pétition argumentée par 6 motifs.
1° arranger les voitures et les équipages qui passent par la porte de la Barbarine.
2° d’y faire manœuvrer la troupe au lieu de la place Barbarine.
3° à y former une troupe en bataille en cas d’approche de l’ennemi.
4°  à former au besoin un marché public.
5° à établir un lieu de sureté pour les meubles en cas d’incendie.
6° à y placer les voitures et les bestiaux en cas de vendanges ou autres circonstances. ADJ 1L 662.

A cette demande le conseil considérant que la rue en cette partie au niveau de l’église était très étroite  et insuffisante au passage des voitures, délibéra mais il n’y eu concrètement point  d’action entreprise en réponse aux demandes de cette démolition.

L’application du décret du 11 Prairial an XII (31 Mai 1804) fut que l’église St Maurice devint succursale suite à un découpage général sur le plan national des nouvelles circonscriptions paroissiales, Salins ne fut pas en reste.
Sur avis des communes de concert avec les évêques et les préfets,  le 1er article de ce décret instaura un redécoupage des paroisses « afin que leur nombre ne puisse excéder le besoin des fidèles ».

Surtout ce décret mentionnait que :

1er  les desservants de ces nouvelles succursales ne pourront jouir que d’un traitement annuel de 500 francs et qu’ils ne pourront rien exiger des communes.
2ème que le montant de leurs pensions sera décompté de ce traitement.

Détail plan de la ville de Salins, 12 Mai 1823, quartier de la collégiale de St-Maurice, ACS O 1446.

En Mai 1823 le plan succinct dressé de la ville de Salins montre qu’aucune transformation des voiries n’est réalisée dans le quartier St Maurice, l’église possédant toujours son chœur.
Détails des emplacements : C (rue du Corneu ou Corneux), D (place du cloitre de St Maurice), E (escalier de l’Echilette). ACS O 1446

Pourtant un accord de principe avait été convenu en 1820 faisant suite aux entretiens fin 1819 et début 1820 entre la commune de Salins et la fabrique de l’église St-Maurice en l’occurrence Mr Lalot à savoir que la paroisse détruirait à ses frais la partie de l’église suivant la ligne d’un plan établi lui-même consenti par la fabrique.

Un accord de principe, tout au plus.
La commune le regretta plus tard, quand d’année en année le projet restait bloqué, la fabrique faisant la « sourde oreille » aux demandes du conseil communal.
L’accord contenait la suppression du mur de clôture dépendant du chapitre qui existait au Nord de l’église en bordure de la Grande rue, suppression faite après coup.
Ce mur  n’apparaît pas dans le plan cadastral établi fin 1831, mais bien représenté dans les deux plans suivants non datés, avec un accès par son centre.
On remarque que le cloître sur le plan cadastral est lui bien clos.
Ce mur joignait au Nord une parcelle de jardin et jouxtait dans l’angle la fontaine Saint-Maurice dite de la Croix remontant à 1508, alimentant en eau le quartier, fontaine aujourd’hui entièrement disparue. Mais où va maintenant l’eau qui l’alimentait ?

Détail du plan quartier Saint Maurice Salins, 1831, ADJ 3Pplan 5610.

Il faille reconnaître que  l’abside était fâcheusement très mal positionnée, l’église  perpendiculaire à l’axe de la rue de la Liberté, son chœur étranglait le passage de la Grande rue, générant une espèce de  goulet  sur l’artère principale d’entrée et de sortie Nord de la cité par la porte de Balerne ou Barbarine. A cet endroit la voirie formait une légère courbe ce qui amplifiait les difficultés de circulation dans les deux sens.

Au niveau de l’église le passage mesurait 4,75 mètres, aujourd’hui au point le plus étroit soit au Sud la voirie en comptant les trottoirs mesure 10,20 mètres et au plus large 12,93 mètres.

Détail du plan d’alignement entre la porte Barbarine et l’église de St Maurice, on remarque toujours l’existence du mur de clôture au Nord de l’église en bordure de la rue, plan non daté. ACS O 1460.

Selon G.Coindre dans son ouvrage :Le vieux Salins, promenades et causeries, 1904, une ordonnance Royale de 1826 prononça la démolition de l’Abside.

Les extraits du registre des délibérations du Conseil de Fabrique (Marguilliers) de St-Maurice, au 25 Mars 1832, ACS O 1459 font état de deux lettres du Maire de Salins du 20 et 24 du même mois demandant :
1er le budget de la fabrique pour 1832-1833.
2ème surtout, si oui ou non la fabrique pouvait subvenir aux dépenses du projet de démolition de la partie du chœur de son église dénommée « cul de Lampe » jusqu’au joignant du clocher.

En fin de compte, ce fut en Janvier 1831 que le sujet est relancé.
Le Préfet du Jura,  André Pons de l’Hérault à la veille de sa révocation, reçoit une déclaration établie au nom de tous les commerçants et propriétaires du Bourg dessous de Salins réclamant à corps et à cris l’aménagement de la Grande rue du Bourg dessous, projet longtemps abandonné ou ajourné définitivement, au lieu de l’ouverture d’une nouvelle route par la rue des Barres.

Les arguments présentés ne manquent pas, plan qui réduirait à la misère plus de 300 familles, des pertes commerciales énormes, des dépenses exorbitantes, l’encombrement continuel de la Place du Gouverneur par le passage le plus fréquenté de la province des transports des bois de Marine. ACS O 1459

La déclaration collective formule la suppression des deux étranglements, le premier près de la fontaine d’Arion par la gêne de 3 maisons coté oriental,  le second de la fontaine des 4 corps jusqu’à l’église St-Maurice.

Le préfet dans la tourmente de son éviction à ses fonctions renvoi le «dossier brulant » au sous-préfet qui ordonne gentiment fin Janvier 1831 au conseil municipal de Salins une réunion pour « examiner attentivement l’exposé » des habitants.

La loi du 6 Novembre 1831 facilita bien les affaires municipales dans ce dossier, sur le plan National un fonds gouvernemental de 18 Millions fut alloué pour travaux d’utilité publique, dont 5 Millions distribués aux villes pour contribuer à des travaux d’utilité communale.

Les études sont enclenchées, les plans tracés, les procédures d’expropriations et de cessions des parties de propriétés privées sont bien avancées lorsque le 6 Mars 1832 le Préfet Léon Thiessé adresse au Maire Bouzon une lettre le sollicitant pour connaitre les motifs des retards dans l’approbation définitive des travaux dans l’élargissement de la Grande Rue du Bourg dessous.

Illico un conseil municipal en séance extraordinaire du 15 Mars 1832 fait état de cette missive, on y apprend que ces retards sont dus à ce que l’architecte souhaite produire un devis de travaux le plus exact possible, que les maisons impliquées dans l’alignement ne sont pas démolies aux raisons des pourparlers avec les propriétaires, que le montant établi en Décembre 1831 des travaux d’élargissement de la Grande rue s’élèveraient à 37 448,57 francs et  ceux de la suppression du « cul de lampe » à 3 676,43 francs.

Ainsi  dans un 1er temps le conseil de fabrique du 25 Mars 1832 refuse d’entendre raison,  sous les prétextes que celui-ci était bien peiné de devoir répondre en si peu de temps à une matière aussi importante, au regard d’un édifice religieux datant de plus de « mille ans d’existence ».

Considérant qu’il est justifié à être contre ce projet  dont l’exécution procurerait un trop mince avantage.
-Qu’il est à craindre à ce que l’église soit atteinte, jusqu’à compromettre son existence.
-Que son budget ne lui permet pas de satisfaire à des dépenses quelconques.
(Le budget prévisionnel pour 1832 était : Dépenses ordinaires qu’extraordinaires  2 028 francs.
Les recettes à 1 676 francs.)
-Que depuis l’application du décret du 11 Prairial an XII, les paroissiens ont du subvenir aux besoins de la paroisse et de l’église pour réparations, reconstructions, ainsi que les honoraires du curé desservant, pour plus de 20 000 francs sans que la commune y ait pourvu un seul denier.

Argument avancé incroyable, le conseil de fabrique considère de ce fait que l’église n’est pas propriété communale mais propriété paroissiale (ce raisonnement fit plus d’un remous au sein du conseil municipal).

Le conseil de fabrique dans sa grande clémence admet toutefois sacrifier la partie « cul de lampe » mais seulement de 8 à 10 pieds soit de l’ordre de 3 mètres.

Antoine Jacques de Chamon évêque de Saint Claude intervient et écrit le 31 Mars 1832 au préfet du Jura pour lui signifier que cette entreprise de vouloir démolir une partie de l’église, « détruirait un des plus antique monument de la ville…qu’il ne serait plus possible d’y recevoir tous les fidèles, ni d’y faire les offices divins avec la décence convenable…».ADJ  9V3-348.
Le conseil municipal en séance extraordinaire du 9 Avril 1832 sursoit en la mise en exécution du 16ème projet-travaux concernant la suppression du « cul de lampe » de l’église Saint Maurice, suite à la décision du préfet Léon Thiessé en date du 1 avril 1832 de temporiser afin de trouver un terrain d’entente avec le conseil de la fabrique de l’église.
Mais ce conseil considère l’obstination du clergé de St-Maurice comme irraisonnée d’écrire que le bâtiment de l’église n’est pas la propriété de la commune.
L’architecte de la ville, expose que la proposition faite le 25 Mars 1832 par le conseil de Fabrique n’offre rien d’avantageux, rendant insuffisant la largeur de la Grande rue pour une voie de communication dite Royale des plus fréquentée de France, en comparaison à l’ouverture imposée par le gouvernement à 14 mètres après le grand incendie de Salins de 1825.
La séance du conseil renseigne que les maisons impliquées dans le nouvel alignement au voisinage de l’église sont au nombre de 5 aux noms des propriétaires  Roussey, Valette, Racle, Pois et Rodet.
( Ces 5 maisons sont celles alignées du coté du couchant en montant vers l’église où doit se trouver la maison ou l’emplacement de la Maîtrise du chapitre).

Est-ce l’interprétation du  courrier établi collégialement du conseil de la fabrique du 29 Avril 1932 adressé au Préfet du Jura faisant admettre que le plan qui leur a été présenté par les ingénieurs Delarue de Poligny et Vuillet de Besançon  puisse  leur convenir qu’il en fut ainsi d’avoir débloqué la situation ? ADJ 9V3-348.

Quoiqu’il en soit en la  séance extraordinaire du conseil municipal de Salins du 31 mai 1832 nous apprend qu’un accord est obtenu avec le conseil de la fabrique pour la suppression du « cul de lampe » de l’église. ACS D 33
Un devis estimatif daté du 19 Septembre 1832 dit pour travaux urgents en l’église de St Maurice de Salins est soumis par la Municipalité de Salins au Préfet du Jura non pas pour la suppression du cul de lampe et les deux chapelles attenantes mais pour une nouvelle porte d’entrée principale en chêne aux dimensions de 2,80 m de large sur 4 m de haut peinte par 3 couches de peinture à l’huile ton bronze , le tout pour 601,20 francs.
Est contenu dans ce devis des travaux de maçonnerie comme une marche en pierre de 6,75 m pour le devant de l’église comme le ragrément par d’anciennes dalles, du palier en avant de la porte entre la marche et le front de l’église. ADJ 9V3-348.

Nous sommes en plein dans la période d’instabilité de la monarchie de Juillet, le 12 Septembre 1832 les membres du conseil de fabrique de Salins communique au Ministre de l’instruction publique et des cultes une pétition demandant un secours pour la reconstruction du sanctuaire suite à suppression du chœur et de deux chapelles sur une profondeur de 20 pieds (soit environ 6,50 m) pour cause d’utilité publique.
C’est le cabinet du nouvel arrivant à ce ministère Amédée Girod de l’Ain (depuis le 30 Avril 1832) dans le gouvernement dirigé par Louis-Philippe assumant seul la direction suite au décès du président du conseil Casimir Perier,  qui gère la demande.
Elle est retournée au préfet du Jura qui la réexpédie au garde des sceaux le 26 Octobre 1832.
En réponse du 11 Décembre 1832 celui-ci, Félix Barthe admet le désastre des finances de la ville de Salins et les efforts que celle-ci entreprend pour la restauration de ses édifices, mais considère la demande mal documentée et sollicite l’obtention d’un dossier plus complet contenant plans, selon la circulaire du Ministère de l’intérieur  du 22 Octobre 1812.

Cette demande de subvention selon le devis s’élevait à 7 300 francs.

Plan non daté de la collégiale de St Maurice de Salins avec son abside rasée en 1832, bibliothèque ancienne de Salins.

 

Ainsi entre fin Mai et mi-septembre 1832 fut supprimé le chœur de l’église avec ses deux chapelles latérales.
Il y avait 8 chapelles, dont 2 sous l’invocation de St George, ainsi que celles de St Joseph et de Sébastien qui furent unies à la mense capitulaire du chapitre le 31 Août 1671.
La Collégiale Saint-Maurice perdait son cul de lampe durant l’été 1832.

Le  23 décembre 1832 le maire fait connaitre au conseil municipal que les négociations avec tous les propriétaires concernés par l’alignement sont réglées et que le budget final de l’élargissement de la Grande rue du Bourg Dessous s’élevait à 41 445 francs.

Dans la séance extraordinaire du conseil municipal de Salins du 2 Juillet 1833 la commission municipale nommée pour examiner la demande du conseil de fabrique pour la construction d’un nouveau sanctuaire en l’église Saint- Maurice, rend son rapport.
Elle considère inutile cette extension, « qu’il existe des milliers de temples qui ont le maitre autel à la Romaine ».
L’argumentaire fournit par cette commission est que l’église peut « contenir autant de fidèles qu’il en contenait il y a mille ans », que la paroisse est la moins populeuse de la ville, que sa capacité est d’un tiers plus grande que celle de Notre-Dame et de moitié plus spacieuse que celle de St Jean-Batiste.

On y apprend également dans cet exposé que l’église est lézardée de toutes parts, que ses murs sont montés en faux aplombs avec des inclinaisons différentes quelle était placée sur un sol peu solide et que l’on ne pouvait la soumettre sans en compromettre l’existence à de quelconques travaux de surcharge.

Qu’un rapport du 12 Mai 1832 d’hommes de l’art affirme qu’un ban de marne incliné existe aux environ de l’emplacement de l’édifice. ACS D 33.

L’origine de tout ce tohu-bohu est la pétition du 12 Mai 1833 envoyée et paraphée par une douzaine d’habitants du quartier Saint-Maurice, au Préfet du Jura, Léon Thiessé journaliste écrivain entré en politique après la révolution de 1830, pour être nommé Préfet du Jura de 1831 à 1833.
Cette pétition, selon ses auteurs appuyée par plus de 150 signatures, manifeste sa désapprobation pour un projet qu’aurait la fabrique de St-Maurice de vouloir rétablir au couchant accolé à l’édifice religieux, sur la place St-Maurice empiétant sur l’espace public un sanctuaire, sans en référer aux instances locales.
Ce manifeste est conséquent, motivé par 3 raisons principales, administratives, urbanistiques et morales, cette dernière à l’égard du Préfet lui prêtant peut être à tort d’avoir, promis au conseil de fabrique de St-Maurice son assentiment, sa protection et favoriser des demandes d’aides financières auprès du gouvernement.

Ce projet de sanctuaire consistait en la conception d’une « masse imposante » de 17 pieds de long, 37 pieds de large et 50 pieds d’élévation (soit de l’ordre de 6,5 x 12 x 16 mètres).

Il a bien été adressé de la part du Conseil de fabrique en Décembre 1832 au Ministre de la Justice alors en charge de l’administration des cultes une demande de secours financier applicable à la reconstruction du sanctuaire de St-Maurice de Salins, demande qui transite ensuite par le Ministre de l’intérieur et des cultes seulement le 8 Mai 1833 et qui atterrie auprès du préfet du Jura.
Celui-ci informe de sous-préfet à Poligny le 15 Juin 1833 qu’il n’est pas trop favorable à enclencher une demande de secours auprès du ministère concerné, dans la mesure où aucun vote du conseil municipal n’est intervenu pour valider la cession d’une partie de la place de Saint Maurice et qu’aucune enquête commodo et incommodo n’a été réalisée.

De là le tout est renvoyé au Sous préfet à Poligny qui le 27 Mai 1833 demande au Maire de Salins comme au Conseil de fabrique de bien lui fournir des explications et observations.

Aussitôt demandé aussitôt fait le 9 Juin 1833 les membres du conseil de fabrique de la paroisse de St-Maurice de Salins délibèrent et soumettent le 12 Juin 1833 avec plans (non retrouvé dans les archives) un dossier au Maire de Salins, expliquant que dans ce projet de reconstruction tout avait été « transparent » dans leurs intentions, les riverains, comme la municipalité ainsi que le préfet et le ministre des cultes connaissaient ce projet, qu’ « ils n’ont point travaillé dans l’ombre ».
Dans une longue supplique le conseil de fabrique a la ferme conviction que la municipalité de Salins continuera à favoriser le projet d’un nouveau sanctuaire en leur église. ADJ 9V3-348.
On y apprend sans plus, que suite à la démolition du cul de lampe, des ouvrages ont été réalisés pour améliorer la solidité de la tour de l’église.

On se doute bien de la décision du conseil municipal de Salins suite à cette réunion extraordinaire du 2 Juillet 1833 où la commission d’études et d’examens donne avis que l’établissement d’un nouveau sanctuaire en l’église St Maurice est de toute inutilité.
A la suite de ceci, le préfet du Jura confirme à son sous-préfet en date du 6 Aout 1833 qu’il ne peut plus être question de l’exécution d’un nouveau cul de lampe en cette église.

De nouveau 28 années plus tard, sous le second Empire, ce vaisseau de pierre fait malheureusement parler de lui.
Le préfet du Jura, alors Emile Nau de Beauregard reçoit le 9 Avril 1861 du curé de la paroisse de St Maurice de Salins, l’abbé Girod une missive inquiétante.
La collégiale a besoin de réparations urgentes, la voute est lézardée dans tous les sens, deux arceaux fléchissent, les pieds droits perdent leurs aplomb, plusieurs contreforts extérieurs sont refoulés et ne soutiennent que faiblement l’édifice.
Qu’il n’y a pas danger de ruine au point de fermer l’église, que l’estimation faite par l’architecte de la ville de Salins des travaux nécessaires à la sauvegarde de Saint-Maurice s’élève à la somme de 8 000 à 10 000 francs.
Le conseil de fabrique de Saint-Maurice alerte de nouveau le préfet le 24 Avril 1861 qu’il s’est conformé aux instructions de la préfecture du Jura, qu’il a été choisi pour réaliser les plans et devis, Mr Ducat architecte à Besançon et demande l’accord du préfet pour commencer instamment ce travail.
Le 12 Mai 1861 le conseil municipal de Salins informé que l’église « succursale » de St-Maurice présente un danger pour la sécurité des fidèles, reconnaissant que les ressources de la fabrique sont insuffisantes pour pourvoir entièrement aux dépenses nécessaires, vote pour y contribuer un budget  de 2 000 francs en demandant que les travaux doivent respecter les procédures d’adjudication publique.

Ainsi sont restitué aujourd’hui dans les archives un dossier complet des plans dressés le 05 Janvier 1862 par Mr Ducat architecte d’après les notes de l’architecte Vieille de Salins, pour l’église St-Maurice de Salins. ADJ 3V9-348.
Ce dossier ne montre point les plans des travaux de réparations à entreprendre comme l’évoque en Avril 1861 l’abbé Girod, mais plutôt une transformation radicale de l’édifice.

L’examen des plans de niveau, d’élévations et de coupe est riche en renseignements sur  la structure architecturale de la collégiale en ce milieu du XIXème siècle.
L’église déjà, est sans transept, la nef est composée de 4 travées, son plan originel avec son abside en forme de demi-cercle constituait ainsi  un plan basilical simple, elle représentait après la destruction de son abside un plan structurel étonnant, non défini en architecture religieuse, hybride d’une chapelle avec tour-clocher et collatéraux.

Sans chœur, cette collégiale n’avait plus son âme originelle.

Plan basilical de la collégiale Saint-Maurice de Salins le 5 Janvier 1862, ADJ 3V9-348.

Plan basilical de Saint-Maurice de Salins d’après le projet de restauration, 5 Janvier 1862, ADJ 3V9-348.

On remarque la disparition de l’abside ainsi que des deux chapelles attenantes.

Plan d’élévation de Saint-Maurice le 5 Janvier 1862, ADJ 3V9-348.

La façade occidentale présentait en 1862 comme fronton un toit-porche trapézoïdal éclairée par une ouverture circulaire. Les angles Nord et Sud des collatéraux étaient dépourvus de contreforts.

Plan d’élévation de la façade occidentale du projet au 5 Janvier 1862, ADJ 3V9-348.

Le projet du 5 Janvier 1862 transforme l’aspect roman de la façade occidentale dans l’art gothique bourguignon.

Un péristyle est rajouté au frontispice du portail. Deux contreforts sont prévus aux angles de la façade Ouest. La façade de la nef récupère un pignon et les fenêtres latérales sont agrandies.
Il s’avèrera que ces transformations conséquentes présentées dans le projet de restauration non pas été exécutées intégralement, si l’on regarde aujourd’hui la même façade toutefois dépouillée de son toit -porche, l’essentiel permettant de consolider la structure en équilibrant  les poussées, il a été réalisé deux contreforts positionnés sur les angles occidentaux des collatéraux.

Saint-Maurice de Salins, façade occidentale.

En ce qui concerne la façade Est tronquée de son abside, on se rend compte au point de vue architectural du résultat calamiteux obtenu après l’amputation de l’abside et de ses chapelles.
La façade dans l’alignement du mur d’élévation de la tour-clocher est renforcée de deux contreforts sur les angles, la maçonnerie des contreforts s’arrêtant au milieu de celle-ci au lieu de se prolonger jusqu’à la corniche de la toiture.
Une fausse ouverture avec portique semble avoir été créée pour  faire illusion d’un portail du coté Grande rue, ce que confirme le plan basical d’avant projet.
La luminosité de la nef-autel est fournie par une trouée circulaire au-dessus de ce faux-portail.

Le projet de restauration de cette façade est d’agrémenter par un pignon rehaussant le tout  en place du faux-portail par une immense baie divisée en deux par 4 meneaux verticaux supportant des arcs brisés enclavant deux rosaces latérales et  une supérieure centrale plus imposante.
C’est le seul plan où la flèche du clocher est dessinée. Son aspect architectural semble être identique à la représentation qu’en a faite Mazerand recopiant le tableau de Nicolas Richard en 1630.

Plan d’élévation de la façade orientale le 5 Janvier 1862, Saint-Maurice, ADJ 3V9-348.

Plan d’élévation du projet de la façade Est, ADJ 3V9-348.

 Si le projet de restauration pour la façade dite postérieure, n’a pas été appliqué entièrement, il n’en demeure pas moins que la grande baie avec meneaux a pu être percée, modifiée dans sa partie supérieure au niveau des roses,  fournissant à l’intérieur de l’édifice une luminosité perdue.

Ce qui est marquant dans la réalisation des travaux retenus après 1862 sont les modifications proposées sur le travail des contreforts pour les deux  latéraux Nord et Sud tel que l’on le voit sur les quatre plans d’élévations et les deux plans en coupe transversale à l’Est présentés ci-dessous.

Latéral Nord en 1862, ADJ 3V9-348.

Latéral Nord projet, ADJ 3V9-348.

 

Latéral Sud en 1862, ADJ 3V9-348.

Latéral Sud projet, ADJ 3V9-348.

 

Coupe transversale, état en 1862, ADJ 3V9-348.

Coupe transversale, projet, ADJ 3V9-348.

Le projet du 5 Janvier 1862 contient  plus qu’une restauration mais une amélioration structurelle de l’ensemble par des modifications conséquentes en équilibrant et en répartissant les poussées.
Ces modifications sont d’additionner  deux contreforts du coté Sud et un du coté Nord et des rehaussements de tous ces contreforts extérieurs en pierre de taille de style Roman, complétés par un arc-boutant plein à simple volée qui devaient dans l’esprit de l’architecte, générer un contrebutement.
Les arc-boutants proposés étant couronnés d’un pinacle.

Ce réaménagement technique devant permettre consécutivement d’abaisser l’ensemble des toitures des deux bas cotés et de pouvoir rallonger les fenêtres hautes de la nef en augmentant l’entrée de la  lumière dans l’église.

De nombreuses fenêtres dans le projet furent ornées de meneaux de pierre de taille.

La flèche du clocher semble vouloir être restaurée, elle garde sa forme polygonale mais à y regarder de plus près son revêtement serait des bacs de zinc, on remarque bien la forme utilisée par les couvreurs pour créer les recouvrements de bac en bac avec leurs joints dits debout.
Le zinc était matière en vogue en ce milieu du XIXème siècle en usage pour les couvertures  de toitures, le laminage industriel de ce métal commençant en Wallonie au milieu de la première partie du XIXème siècle. Aujourd’hui ce clocher n’a plus rien à voir avec son passé, il n’est même pas conçu comme un clocher Comtois surmonté d’un dôme à l’Impériale, il concède un aspect hybride indéfinissable.

Collégiale Saint-Maurice de Salins.

Le conseil de fabrique de l’église St Maurice dans sa délibération du 16 Février 1862 fait part des plans de l’architecte Ducat, y est adjoint un devis s’élevant à  15 750 francs (devis absent des archives comme du rapport de l’architecte accompagnant les plans).

Les finances de la paroisse ne pouvant supporter une telle dépense, le conseil projette de s’atteler aux travaux les plus urgents et indispensable à la consolidation de l’édifice.
Il est retenu de consolider que les 3 travées les plus compromises pour la somme de 11 812 francs.

Le fond de trésorerie de la fabrique étant de 8 000 francs il est demandé à la mairie de Salins le déblocage des 2 000 francs votés le 12 Mai 1861.

Cette délibération transcrite se terminant par : « L’église Saint-Maurice est compromise dans sa solidité, il est de la première urgence d’y apporter un prompt remède, de prévenir une ruine en consolidant l’édifice ».

Les démarches pour ces travaux de consolidation sont entreprises auprès du préfet du Jura comme auprès du maire 10 Mars 1862 de Salins dès le 19 février 1862, le conseil municipal en séance ordinaire le 22 février 1862 après examen approuve les plans, devis et cahier des charges dressés par l’architecte Ducat et déclare maintenir le vote de la somme de 2 000 francs affecté dans la séance du conseil le 12 Mai 1861.
Rien n’avance, l’abbé Girod relance le préfet le 9 Mars 1862, qui se retourne vers son sous-préfet.
Celui-ci lui répond à ce sujet le: « je vous le transmets à titre de renseignements et sans l’avoir examiné ni m’être assuré s’il est complet. Monsieur le curé de St Maurice qui doit se rendre à Lons-le-Saunier ces jours-ci, désire conférer à vue des pièces tant avec vous … »

A la demande du sous-préfet de Poligny datée du 21 Mars 1862, le devis formé par l’architecte Ducat est modifié, l’information en est transmise au préfet le 2 Avril 1862 par l’abbé Girod, la dépense réelle de consolidation de 3 travées au lieu de 4 s’élève à 10 762 francs au lieu des 11 812 francs initialement donné. Le préfet en donne acte le 8 Avril 1862, approuve le projet rédigé par l’architecte Ducat et demande que le traité du marché avec l’entrepreneur devra être soumis à son homologation.

L’entrepreneur  de bâtiment choisi fut Daclin Pierre Savin de Salins associé solidaire au Sieur Bourgeat Chaufournier de Salins.

Le traité de gré à gré avec l’entrepreneur  est transmis au préfet le 10 Mai 1862 par le sous-préfet de Poligny de Poligny, qui le 14 Mai 1862 lui communique son approbation à la soumission souscrite pour l’exécution du projet de restauration de Saint Maurice.

Un courrier de l’abbé Girod du 11 Décembre 1862 au préfet du Jura permet de penser que les travaux de réparations et de consolidation sont bien commencés, l’envoi du décompte régulier des ouvrages exécutés devant être produit selon les engagements de la paroisse ne pourra être transmis que dans la 2ème quinzaine de Décembre 1862, selon ses écrits.

Ainsi  ici s’achève les archives existantes accessibles de 1862 pour la consolidation très partielle de l’église Saint-Maurice de Salins, le dossier ressurgit en Octobre 1894, signifiant que l’état structurel de la collégiale n’a pas été amélioré entre ces deux périodes.

Les fabriciens de Saint-Maurice lors de leur conseil du 7 Octobre 1894 décident unanimement de continuer les réparations projetées établies en 1862 par l’architecte Ducat.
Les frais des travaux étant assurés par : 2 donations testamentaires d’un montant de 1 500 francs, des promesses de dons anonymes complétant la somme des 10 000 francs demandée par le devis de l’architecte.
Une demande est formulée, communiquée en Mairie de Salins, abordée en séance ordinaire du 16 Octobre 1894 et en conformité avec l’article 70 de la loi du 5 Avril 1884, le conseil municipal  donne son avis, accuse réception de la demande de la passation des dits travaux par voie de régie sans passer par une adjudication publique.
La même demande est traitée  en préfecture du Jura le 9 Novembre 1894 pour que ces travaux puissent être effectués en régie dite économique.

Dans le courrier du 21 Novembre 1894 adressé par le sous-préfet à son supérieur  suite à la visite du curé de St-Maurice l’entretenant des réparations qu’il désirait faire exécuter en son église, il est fait mention qu’il s’agissait de travaux d’art (notamment des vitraux) dont il souhaitait promptement obtenir l’autorisation qui lui permettrait de passer commande aux entrepreneurs, ceux-ci  pouvant honorer dans leurs ateliers pendant l’hiver 1894-1895 les dites commandes.
Est-ce uniquement la réalisation de tous les vitraux ou est-ce des vitraux et d’autres ouvrages ?
Rien d’autre que cet élément ne le confirme.

Au final le préfet dans un arrêté du 5 Décembre 1894 :
-vu l’ordonnance du 14 Novembre 1837.
-vu la loi du 5 Avril 1884 (loi dite organique particulière, créant un régime juridique uniforme pour toutes les communes de France,  dont les principales dispositions sont celles appliquées aujourd’hui, à savoir l’élection  du conseil au suffrage universel, celle du maire par ces élus (exception à Paris) et l’attribution d’une clause générale de compétences).
-vu la décision ministérielle de l’intérieur dans son bulletin N° 91 de 1857 (décision faisant suite à une demande d’un préfet si l’on devait, en application du décret du 25 Mars 1852, en conclure que l’exécution des travaux par voie économique était complètement interdite) de pouvoir  expressément  à  ne le faire  (d’autoriser cette solution par voie économique) que lorsqu’il n’y en aurait pas d’autres.
-Approuve la délibération du conseil de fabrique de Salins et autorise l’exécution des travaux.

En 2014 une opération de travaux de rénovation avait été programmée et une 1ère tranche de travaux avait été entreprise pour une mise en étanchéité de l’aile Nord (réfection de la charpente et de la couverture de la nef) pour un montant estimé à 220 000 Euros HT.

Le projet de réfection de l’église comportait 8 tranches de travaux.

Fin Octobre 2014 un amer constat déplore une importante fissure sur le mur de soutien Nord de l’arc-boutant puis une importante dégradation d’un des  piliers de soutien pouvant provoquer un éffondrement de l’aile Nord.
Cette collégiale est aujourd’hui close depuis par décision municipale, entérinée par un arrêté municipal du 15 Mars 2015, au fait de risques « d’éboulements » à l’intérieur de l’édifice dans l’attente des études de sondages sous les fondations.
La presse écrite, évoquant que l’église reposait sur un terrain de couches friables, que des renforcements du sous-sol sous les fondations par les ouvrages dits spéciaux utilisés en géotechnique comme le « clouage » métallique en perforant le sous-sol avec injection de coulis de ciment, pourraient être envisagés.
A ce jour cette presse écrit que : « les données sont connues…diagnostic qui date de Novembre 2016…que la consolidation des murs représente un montant de 339 000 euros HT…que l’ensemble de travaux urgent pour sauvegarder l’église correspond globalement à 900 000 euros HT ».

Le 27 Janvier 2014 était attribué à la Société d’architecture D’AR JHIL installée à Le-Pont-de-Beauvoisin en Savoie, le marché de maitrise d’œuvre pour un montant des honoraires de 87 899  Euros HT.
Le marché global contenait une mission supplémentaire de diagnostic/avant projet nécessaire pour répondre à l’ensemble du marché qui a été supprimée par la maîtrise de l’ouvrage, M.Cornu architecte à Besançon.

Compte tenu de l’urgence de la 1ère tranche de travaux, D’AR JHIL a accepté, en Juin 2014 le report de l’étude diagnostic/avant projet (d’un montant de 17 000 Euros HT) afin de ne pas retarder le démarrage du chantier, qui comme cité plus haut a été stoppé en Octobre 2014, condamnant  provisoirement son ouverture au public.

En 2015 l’ensemble des intervenants et décideurs concluent à ne pas réaliser les travaux sur la nef mais sur le bas-côté Sud de l’église (190 000 Euros HT), en plus mauvais état que la toiture de la nef dont les travaux sont reportés en phase 3 (2017/2018) permettant éventuellement l’ouverture au public de l’église.
Début 2016, la Drac comme le bureau d’études techniques,  demandent que soit réalisé une « étude de sol pour bien vérifier le mouvement de la façade d’entrée ».

Etat actuel du libellé de la protection de ce monument au titre des monuments historiques : Inscription à l’inventaire par arrêté du 26 octobre 1927.

La collégiale abrite ou abritait des œuvres remarquables à savoir :

-Un orgue de tribune datant de 1717 réalisé par le facteur d’orgues Carouge Marin.
Préalablement aux travaux d’urgence sur la structure du bâtiment religieux, sur le buffet comme la boite du Récit de l’orgue, après dépose des sculptures sur les tourelles, il a été envisagé début 2016 de protéger cet ensemble d’un film plastique en polyéthylène et d’y adjoindre une VMC  pour un coût de 2 680 Euros HT.

– Une statue en bois du 17ème de Notre-Dame Libératrice de Salins.

– Une statue équestre en bois polychrome du 15e siècle, représentant Saint Maurice.
Cette statue est aujourd’hui placée au milieu de la mezzanine côté Ouest du 1er étage de l’Hôtel de Ville de Salins.
On retrouve en Franche-Comté cette sculpture figurative de St Maurice à cheval du style flamboyant,  en les églises de Vadans placée auparavant dans celle de Montmalin (St Cyr-Montmalin commune limitrophe au Nord de Vadans ), en pierre polychrome datant du 16ème siècle et revêtu d’une armure,  en l’église de Cressia  statue datant de 1547 en chêne, en l’église de Lavangeot en bois polychrome du début du 16ème siècle.

Statue équestre de St Maurice de Salins.

-Deux sculptures du XVIIIème siècle en bois doré polychrome, l’une représentant la Vierge à l’enfant, l’autre Saint-Joseph  qui ont fait l’objet d’un programme de restauration à l’initiative de la municipalité de Salins en Octobre 2016, pour un coût total de 9 600 Euros dont 30% à la charge de la commune.

– Une Piéta en albâtre (albâtre provenant peut-être des carrières de Boisset dans le Val de Salins).

Sur  la façade Ouest amputée et remodelée, est dotée une immense baie de style gothique couvrant le nouveau chœur plat.

Collégiale St Maurice de Salins, baie de la façade Est.

La  baie est montée d’un ensemble de vitraux et sur les 3 panneaux centraux inférieurs, une œuvre d’art surprend par la représentation d’une vue cavalière de Salins selon le  tableau de Nicolas Richard de 1630.
Ces vitraux datent de la 2ème  moitié du  19 ème siècle, sûrement durant les travaux de réparations entrepris en 1862.
Selon la base Arcade, la cote F/21/369 des Archives Nationales (série F, versements des Ministères des beaux arts ) un dossier pour une demande  d’attribution d’une subvention aurait été formulée en 1853 consécutivement à la nécessité de la suppression du chevet de l’église Saint-Maurice, demande restée sans suite, mais il est fait mention d’un vitrail neuf offert par un particulier.
Qui en est le concepteur et le créateur ?

On remarquera un manque, une dégradation dans le panneau central.

Détail des vitraux, façade Est où figure la représentation de Salins selon le tableau de Nicolas Richard.

Nous pourrions citer comme pièce d’orfèvrerie du Salinois  Jean Perrey de 1616, une statuette-reliquaire montrant Saint Maurice en pied en armure tenant dans sa main droite une lance et dans sa main gauche une petite chasse pour relique, présente dans le Jura en l’église de Saint-Maurice-Crillat jusqu’à sa mise en sécurité au presbytère de Clairvaux-les-Lacs.

Maîtrise du Chapitre.

En 1475 est exécuté une bulle du pape Sixte IV par le recteur de l’Hôpital de Bracon et doyen de la collégiale de St-Maurice permettant d’établir en celle-ci une maîtrise formée d’un maître de chant et 4 enfants de chœur et de la dotation d’une rente.
Obligation faite à cette maîtrise de chanter la messe chaque jour.
Attribution à cette maîtrise dès 1502 d’une messe basse tous les jeudis.

Un logis indépendant est attribué à cette maîtrise y logeant le maître de Chœur et les enfants de Chœur,  appelé maison des enfants de chœur  en 1587. ADJ G 1351.

Périodiquement il est procédé en ce logis à un inventaire des biens mis à la disposition du Maître de chant  et aux enfants de chœurs.
Cet inventaire était réalisé parle chanoine trésorier du chapitre de St-Maurice accompagné par le séchal chanoine au même chapitre.
Le 1er inventaire restitué dans les ADJ est de 1587 puis ceux de 1594, 1609, 1643, 1654, 1664, 1666.
On s’intéressera  plus particulièrement à l’un de ces inventaires.
Cet inventaire fait suite à une visite faite le 18 Aout 1609 par Loys David et Anathoille Daudry pour reconnaître les livres, meubles et touts autres mobiliers dépendants de la dite maîtrise.
La dernière « visite » ayant été réalisée le 15 Avril 1600.
Ces inventaires détaillent les meubles et objets présents.
C’est l’un des seuls inventaires à contenir la description détaillée de la bibliothèque liturgique d’offices ou de messes à l’usage de la collégiale de Saint-Maurice de Salins, les 5 autres inventaires étant axés sur un relevé méthodique du mobilier excluant curieusement la bibliothèque, sauf celui 15 ans plus tôt de 1594 dans lequel on retrouve des indications sur les œuvres chantées.

L’importance de connaitre le contenu de cette bibliothèque est majeure à plus d’un titre.

C’est un trésor d’informations musicales très fort, éléments exceptionnels en le Comté de Bourgogne.

Elle nous transmet dans sa totalité, de pouvoir savoir quels étaient les chants polyphoniques usités en cette collégiale en cette fin du XVIème et début du XVIIème siècle, précisément récités à Salins pour les cérémonies religieuses du chapitre de St-Maurice.

Une découverte, cette musique sacrée polyphonique pouvant être entendue ou à réentendre par des interprétations d’aujourd’hui.

Inventaire du 18 Aout 1609.

La description de la maison de la maîtrise permet de mentionner l’état de vétusté des matériaux constituant l’ensemble des lieux comme du contenu de chaque pièce avec son mobilier.

Celui-ci  commence par l’état du portal (portail) donnant accès à une chambre basse avec fenêtre barrée dite du four avec vue sur le cimetière, deux  chambres  à l’étage dont celle des enfants avec cabinet et fenêtre, la 2ème chambre avec une ouverture sur le toit donnant sur toit de l’héritage voisin Mr Billerey, un grenier, deux celliers avec une cuisine séparée puis un jardin entouré de murailles donnant en partie du coté de la rue avec accès par une porte.
Il est évoqué une viorbe y accédant par une porte, viorbe qui n’est pas « trop assurée pour este fendue en plusieurs lieux ».
Est-ce une tour ronde accolée à la maison ou est-ce une cage d’escalier à vis aveugle ?
Était-ce l’une de ces maisons canoniales bordant la place du cloître de la collégiale ?
Pour ce qui est de la vue sur le cimetière, celui-ci entourait de 3 cotés la collégiale, au Nord, à l’Ouest et au Sud.

 

Inventaire des livres de la bibliothèque.
ADJ G 1351.

En voici le contenu:

 Un gros livre de Petrus Colineus, ou il y a messes motets, et magnificat.

Petrus Colineus, Pierre Colin, compositeur Français né à Autun et fut le 1er chapelain de la chapelle des enfants de France sous François 1er.
Les 6 enfants royaux (enfants de France), Charlotte, Madeleine, Marguerite, François, Henri et Charles disposaient d’une ou plusieurs maisons communes.
Source : La musique à la cour de François Ier, Christelle Cazaux, École nationale des chartes, 2002 – 414 pages.

Colin publie en 1541 un recueil de ses messes intitulé : Liber octo Missarum, cum modulis seu motellis et parthenicis conticis in laudem B.V.Marix.Les 6 premières messes à 4 voix de P. Colin ont été imprimées en 1544.
Il s’agit ici probablement de la 2ème édition  publiée en 1552 par Jacques Moderne imprimeur à Lyon contenant ses 8 messes (6 à 4 voix, la 7ème à 5 et la dernière à 6 voix) des motets et un Magnificat.
Y est joint à cette édition une messe de Requiem de Richafort natif du Hainault (Requiem in memoriam Josquin Des Prez).
Jean Richafort avait été maître de chœur à Malines de 1507 à 1509 puis à la chapelle d’Anne de Bretagne.
Il est intéressant de relever ici la présence de cette messe dans cet ouvrage, ses œuvres étaient de son vivant en petite partie inédites.
Source :

http://mysite.pratt.edu/~giannini/ballardnewhtml.htm

Inventory of the music library of deceased M. Ballard. J.B.C. Ballard printer’s mark from Percée, 2nd. edition, 1719.
-Neuf messes en musique à 4. p. dont huit de Petrus Colineus. [Pierre Colin]
-Misse sex quatuor vocum Petri Colini, imp. 1544. [Pierre Colin, C3308]

Un livre ou sont toutes les hymnes de fêtes solennelles et plusieurs magnificat, messes et processions écrites  toutes à la main, retouche de carton.
Un autre gros livre couvert de noir contenant vingt messes imprimées, et sont écrites à la main.
Un autre gros livre couvert de parchemin, contenant seize messes, et les huit tons de Magnificat le tout imprimé à Paria (Paris).
Un autre gros livre couvert de parchemin et carton contenant dix messes, et un …le  tout imprimé à Paria par Adrian le Roy.

Adrien Le Roy, luthiste compositeur était aussi imprimeur pour le Roi en musique, il demeurait à Paris, rue Saint-Jean de Beauvais avec Denise de Broully, sa femme. Archives nationales Y//94-Y//103 – fol. 190 V°.
En tant qu’imprimeur et éditeur, Adrien Le Roy était associé à Robert Ballard à Paris toujours  rue St Jean de Beauvais, durant la 2ème moitié du XVIe l’atelier publiait toutes formes d’éditions musicales dont certains pour les messes :
– en format in-folio : Pierre Certon, Claudin de Sermisy, Pierre Cadéac, Vulfrano Samin, Nicolas de Marle, Jacques Arcadelt, Claude Goudimel.
– Durant les années de 1570-1598, les messes, motets et chansons d’Orlando (Roland) de Lassus sont publiés en quantité.
Lassus fit un séjour à Paris en 1571, il logea chez Adrian Le Roy celui-ci le présenta à la cour et l’emmena probablement à une séance de la nouvelle Académie de poésie et de musique patronnée par Charles IX.

Un autre livre de Magnificat, fait à la main commençant aux huit tons de Magnificat de Petro Colineus, imprimés,
-Un autre auquel est l’asperges, et cinq messes écrites à la main.

P.Colin composa 12 Magnificat.
Voici un court extrait de la partition musicale d’un de ses Magnificat, Premier et sixième ton, contenant le verset 1 et le début du verset 2, transcription ici écrite en Sol mineur.
Magnificat construit en alternance, de verset en verset, un en grégorien le suivant à quatre voix, ce Magnificat étant composé de 9 versets.
Le texte en latin reprend les paroles de plusieurs chants de l’ancien testament pour en faire le cantique d’action de grâce de Marie.

                           P. Colin, Magnificat.

Le deuxième livre évoqué contient l’incipit (l’asperges me) de l’œuvre.


-Un autre livre neuf, couvert de parchemin et carton
-Cinq livres  longs écrits à la main couverts de carton, par Maître Jean Maille, dont la partie du dessus est cotté M ainsi à Maître été trouvé en l’autre inventaire rendu par Maître Loys Poncet.

Extrait manuscrit, ADJ G 1351.

Est-ce Maître Loyes (Louis) Poncet ?
En date du 21 Aout 1598 un marché fut conclu avec Louis Poncet pour la charge de la maîtrise des enfants de chœur de l’église Saint Maurice de Salins. Dans ce traité il est dit que L.Poncet devait jouir des fruits de la prébende annexée à la maîtrise ainsi que des droits s’y rattachant sans avoir le suffrage et voix au sein du chapitre. ADJ G 1322.


-Cinq autres livres couverts de parchemin faits par Maître Jean Jacquelet lesquels ne sont entiers.

Extrait manuscrit, ADJ G 1351.

ou Juan Jargnole est-ce Juan Pujol (Joan Pau Pujol) ?
Joan Pau Pujol fut Maître de chapelle à Saragose, de Tarragone et à la cathédrale de Barcelone, compositeur de musique liturgique.
ou Jean Jarquoles ?
ou Jean Jacquelet ?


-Quatre livres non couverts commençant O.Salutaris.

 O.Salutaris Hostia est l’un des 3 hymnes en latin de la liturgie des heures de St Thomas d’Aquin, louant la gloire de J.C durant la communion (Verbum supernum) aux laudes.

https://www.youtube.com/watch?v=_2JFm1xcrOM

(On ne peut pas se permettre de passer sous silence l’O.Salutaris Hostia d’Erik Esenvalds compositeur contemporain).

https://www.youtube.com/watch?v=2hcjReMOTO4

Ēriks Ešenvalds est né le 26 janvier 1977 à Priekule, en Lettonie, compositeur pour chorales.
Il a étudié au Séminaire théologique baptiste letton (1995-97) avant d’obtenir sa maîtrise en composition (2004) de l’Académie lettone de musique sous la tutelle de Selga Mence.
Il a pris des masters classes avec Michael Finnissy, Klaus Huber, Philippe Manoury et Jonathan Harvey.
En 2011, pour 2 ans E. Esenvalds occupe le poste de Fellow Commoner dans Creative Arts au Trinity College de l’Université de Cambridge.

Cinq autres livres couverts de noirs, le premier motet est Jnelina …
-Cinq livres couverts de parchemin commençant Gloria Laus

 Gloria, Laus et honor chant Grégorien est un hymne processionnal pour le Dimanche des Rameaux.

https://www.youtube.com/watch?v=xtm0Jy1OFHM&list=RDxtm0Jy1OFHM#t=2

Plus six livres non couvert, composé par Orlando, le premier commençant par Tu Dominaris.

Orlando sûrement Orlando de Lassus.
Orlando de Lassus fit du Tu Dominaris, psaume 88 de David selon la version latine.sa propre version Psalmi pœnitentiales Davidis (psaumes de pénitence)  éd. Munich, 1584.
Une œuvre d’art totale, beauté pure et abstraite de la polyphonie se combinant de manière extraordinaire aux possibilités expressives de la parole.

https://www.youtube.com/watch?v=kMpdQycz9g8

Quatre livres de Moralles imprimés, et couvert de carton.
Plus est Sonnet de Ronsard, mis en musique par G.Boni, à quatre parties.

Moralles ou Cristobal de Morales, compositeur Sévillan.
Sa musique fut jouée en 1559, au service commémoratif de la mort de Charles Quint.

https://www.youtube.com/watch?v=ZLPgDL0KZeM

Il conçu la fusion entre la technique polyphonique Franco-flamande avec celle de la musique populaire Espagnole.
Compositeur de musique sacrée : 24 messes de 4 à 6 voix, 100 motets ou hymnes, des Magnificat.
Le plus éminent de l’école Andalouse et maître du siècle d’or Espagnol (Sigle d’Oro, la présence durant les règnes de Charles Quint et Philippe II de musiciens d’origine flamande sur les terres Hispaniques influença un développement artistique prépondérant. Une musique marquée par le contre point Flamand qui évoluera vers une musique instrumentale autonome pour ouvrir la voie à la guitare).
Le compositeur Gabriel (ou Guillaume) Boni, natif du Cantal, ancien maître de chapelle à Toulouse,  publie en 1576 les sonnets (sonetz) de P.de Ronsard mis en musique à 4 parties.
S’agit-il de l’ouvrage ?
Sonets chrestiens mis en musique à quatre parties… Premier [-Second] livre. – Genève : Jean Le Royer (graveur du Roi, imprimeur-libraire), 1578. 4 vol. 8° obl. RISM B 3484, Guillo 1991 Index 60.
Il existe une autre édition de 1589.
Elle ne contient aucune musique originale.
Il s’agit seulement de contra factum des Sonetz de P. de Ronsard publiés dès 1576, auxquels le pasteur genevois Simon Goulart a adapté des textes spirituels de sa main.
Parue deux ans seulement après l’original, cette édition donne un indice de l’important succès des Sonetz.
Méthode assez couramment employée dans la musique traditionnelle pour chanter différents textes sur la même mélodie.
Dans la musique du XVIème siècle les textes profanes étaient facilement remplacés par des textes sacrés.


-Item quatre livres couverts de blanc parchemin, ou il y a plusieurs messes, et motets, tant à quatre qu’à cinq, et six parties, le tout composés par divers auteurs.
-Item cinq livres de motets à quatre, et cinq parties composés par Ludovic Ruschardo.

 Louis Ruschardus fut un musicien Bavarois.
Pour l’ouvrage de motets à 4 parties il s’agit vraisemblablement du : Mutetorum 4 vocum liber primus, édité à Nuremberg en 1601, in-4°.


-Encore y à six livres neufs, couverts de parchemin et carton.

 

Était-ce là en ce début de période baroque, une conséquente bibliothèque musicale sacrée liturgique à usage, comptant ainsi 58 livres liturgiques ?
Quel fut le devenir de cette bibliothèque ?

A la suite de cette « visite » l’ensemble des meubles et livres ont été remis par les dits chanoines à Jean Thiebault à présent commis à la direction de la Maîtrise.
Des annotations en marge en première page de cet inventaire renseignent,  que le 17 Octobre 1639 en présence des chanoines du chapitre de la collégiale de St Maurice, Du Molin trésorier et Claude Maistre, fut rendu l’inventaire des biens de la Maîtrise détenu par  Jean Thiebault Maître de chant, héritier de feu Pierre Thiebault jadis Maître de chant des enfants de chœur de St-Maurice.
Pierre Thiébault fut aussi enfant de chœur en cette maîtrise ayant pris congé de celle-ci  le 5 octobre 1602, sa voie ayant muée. Il lui fut donner à son départ, en récompense 6 francs pour s’aider à l’habiller. ADJ G 1322.

Ce qui est marquant à évoquer est l’existence certaine en 1612 au sein de cette maîtrise d’instruments de musique.
En effet, les délibérations du chapitre de Saint Maurice du 30 Juin 1612 citent que le prévôt de l’église Saint-Maurice de Salins fait présent à la maîtrise de six vyollons .
Les premiers vyollons petits instruments à cordes avec archet apparaissent à la cour de Savoie en 1523.
Pour les violines dans la province de Milan en 1538.

Il faille aussi rappeler qu’en l’église fut rétabli l’orgue en Juin 1718, par le facteur d’orgue Marin Carouge qui intervint pour la somme de 1 800 livres. ADJ G 1359.

On ne peut pas clore ce chapitre sans évoquer le passage en cette Collégiale de Didier Poncet en tant que Maître de musique, né à Salins en 1582, compositeur, auteur en 1611 de 12 psaumes polyphoniques, utilisant avant l’heure les quartes augmentées ou les quintes diminuées donnant des accords tendus aboutissant à la résolution d’une cadence parfaite, créant ainsi un motif musical de forme conclusive.
Ce triton dans les compositions musicales liturgiques au moyen-âge était à éviter.
Le mode triton était considéré comme un esprit diabolique.

Didier Poncet  fut Maître de chant en cette Collégiale, puisqu’il fut désigné par le Mayeur de Salins (lors de la grande peste en cette ville débutant en 1629) pour organiser les chants et musique durant la procession religieuse de Salins à Gray,  du 23 au 31 Août 1631.

Procession  religieuse transportant en plus de la relique insigne Saint-Anatoile de Salins, le pieux tableau réalisé par Nicolas Richard représentant en vue cavalière la cité de Salins, grand tableau commandé par la ville en remerciement à Notre Dame de Gray d’avoir su suppléer au vœu d’extinction de l’épidémie de peste qui durant 3 années ravagea Salins.

Le psaume 69 de Didier Poncet interprété par l’Ensemble Sweelinck de Genève est écoutable selon l’accès :

https://www.youtube.com/watch?v=AIBAysoBamE

Il est fort probable que l’extrait de baptême du registre paroissial ci-dessous, soit celui de Didier Poncet, ainsi il fut baptisé en l’église Saint-Maurice de Salins, en y étant né dans cette paroisse le 10 Octobre 1582.

Extrait de registre paroissial St-Maurice, ADJ 5E 641.1105.

 

Recherche de l’antériorité sur la localisation de la maison de la maîtrise 
et du patrimoine immobilier de Saint-Maurice de Salins .

 

 Si l’on considère, d’après les inventaires des biens effectués en la Maîtrise à la fin du XVIème et courant le XVIIème siècle, que celle-ci était implantée au sein du cloître de Saint-Maurice, qu’en est-il après ces périodes ?

 Dans les comptes de la maîtrise et de la sacristie pour les années de 1768 à 1773, on relève qu’en 1773 à ce dernier état des comptes, il est mentionné que la maîtrise possède une maison et jardin, loué jusqu’en Avril  1769 au Sieur Billet puis à Nicolas Maubert pour le prix de 100 livres sur 9 ans en précisant que depuis 1770 le chapitre a bien touché  400 livres. ADJ G 1352.

Les seuls éléments documentaires mentionnant l’existence de cette  Maitrise fonctionnant en tant que telle sont les comptes de revenus (rentes, censes, 13ème prébende) et dépenses présents de 1768 à 1773.

Sur ces 6 années, le total des revenus de la Maîtrise s’élevait à  2 624 livres 14 sols 4 deniers. ADJ G 1352.
Lors de l’inventaire des biens ecclésiastiques en l’église de St-Maurice de Salins le 3 Novembre 1790 le registre des Capitaux de rentes fait ressortir à l’article 60 l’amodiation de la maison de la maîtrise annuelle de 120 livres. Sont relevés aussi :
2 amodiations de 2 maisons canoniales faites à Mrs Jeunet et François Ratton ainsi que 8 maisons avec jardinets, occupées par les membres du chapitre. ADJ 1QP 82.

Au Bourg dessous, le nombre de biens acensés dépendants du chapitre de St Maurice s’élevait à 24 demeures.

Aucun de ces biens ne précise l’implantation ou l’existence dans l’une de ces maisons de la Maîtrise de la collégiale et église dite Royale de St-Maurice de Salins.
C’était par quintessence une maison canoniale affectée à une prébende.

Etait-elle dans le cloître ou à l’extérieur de celui-ci ?
C’est ce que nous allons essayer d’appréhender en explorant la documentation d’archives multiples existantes

 Sur le plan manuscrit sur calque, collé sur papier, archivé en la bibliothèque ancienne de Salins représentant le quartier de St-Maurice avant la démolition de l’abside de la collégiale en 1832, déjà évoqué en début de cette étude,  on arrive à y dénombrer  7 maisons canoniales.

La 1ère maison canoniale figurée dans ce plan datant de la 1ère moitié du XIXème siècle, est cette habitation à droite de la Porte Barbarine en entrant dans la cité que l’on voit aujourd’hui toujours en place, faisant l’angle de la rue de la Liberté et de la promenade Barbarine.

Ex maison canoniale du chapitre de St Maurice de Salin, façade Nord.

 Les N° 2, 3, 4 au Nord de la place sont des maisons canoniales intégrées au cloître St-Maurice.

Ex maisons canoniales du chapitre de St Maurice de Salins.

Les 3 dernières habitations dans la rue du Corneux, cote-cote entre les maisons Bonjour (N°2 de l’escalier de l’Echilette actuellement)  faisant l’angle avec l’escalier de l’Echilette jointe à la maison Rollet (N° 1 de la rue du Corneux actuellement)) et celle possédant à son angle Sud une tour (N° 9 actuel de la rue du Corneux, sur le plan 1832 maison Jules ou Roles .
En 1855 cette maison sur la parcelle J 35 est la propriété de Jean François Philibert Dumont indiquée sur la matrice « rue du Corps Neuf » ACS 848 folio 524, elle est portée au folio 1979, Emmanuel Dumont en devint propriétaire ainsi que du jardin attenant à l’arrière de la bâtisse, parcelle J 36 de 1855 à 1876.

Alignement des maisons rue du Corneux dès le haut de l’escalier de l’Echilette, Salins.

Dans les comptes de la maîtrise et de la sacristie pour les années de 1768 à 1773, on relève qu’en 1773 à ce dernier état des comptes, il est mentionné que la maîtrise possède une maison et jardin, loués jusqu’en Avril  1769 au Sieur Billet puis à Nicolas Maubert pour le prix de 100 livres sur 9 ans en précisant que depuis 1770 le chapitre a bien touché  400 livres. ADJ G 1352.

Tout ceci ne nous apporte rien qui puisse localiser l’habitation recherchée.

Les deux cahiers manuscrits de Charles Toubin (natif de Salins) intitulés : « Rues de Salins », non datés,  révèlent que la numérotation des maisons de tout Salins fut établie en 1765. ACS 1451.
Numérotation modifiée maintes fois ensuite.
Cette 1ère numérotation ne fait qu’une seule série pour toute la ville intra-muros sans distinction de coté pair ou impair.
Elle commence à la place Barbarine coté Ouest, tourne autour de la collégiale St-Maurice et suit jusqu’à la fontaine des 4 Cors. ACS 1451.

Du N° 1à 4 (plan cadastral de 1831 : N° des parcelles 25-26-27-20) ce sont les maisons canoniales du chapitre de St-Maurice.
Dans les registres de la matrice cadastrale des propriétés foncières en 1833, on retrouve ces biens au nom de la commune de Salins avec comme indications, parcelle J 22 : Jardin du presbytère cloître de St-Maurice, J 23 : Presbytère cloître de St-Maurice, J 27 : Eglise de St-Maurice, J 28 : Place du cloître de St-Maurice, folio 1221, ACS 847.
Au N° 5 (plan cadastre 1831 : 19) à l’entrée supérieure de la rue du Corneux (rue du corps neuf  sur le cadastre 1831) la maison appartient à Dumont ancien mayeur.
Aux N° 6,7 et 8 (encore lisibles, en face du portail de l’église).
Aux N° 9.10.11 sont des maisons canoniales.
Au N°12, à Jeanroch. ACS 1451.
Dans la matrice cadastrales propriétés foncières de 1833 ACS 847, il y a 2 Jeanroch,  Jeanroch jeanne Antoinette, avec en  1835 une maison rue d’Olivet  section J parcelle 52.
Puis  dans le même registre folio 746.

Matrice cadastrale Jeanroch, 1833, ACS 847.

De Jeanroch veuve née Vauthier de Salins, en 1851 parcelle 219 bis, maison de 0,7 arpent au Cloître St-Maurice passé à folio 1795.

Salins, rue d’Olivet, Jeanroch, 1831, ADJ 3Pplan 5610.

En 1837 dans le registre représentant les augmentations et diminutions survenues dans les contenances et les revenus portés sur les Matrices cadastrales on relève, que les maisons situées sur les parcelles J 51 au nom de Stemul Jean Pierre et J 52 au nom de Sepsoul Claude Marie identifiées aux folios 1257 et 1258 sont démolies. ACS 866.
Puis en 1839 pour la maison de Stemul Jean Pierre située sur la parcelle J 51 elle réapparait dans les augmentations indiquant « supprimée par erreur » et portée au folio 1257.
Sur la 1ère matrice cadastrale de 1833, ACS 847 folio 1257,  Stemus Jean Pierre est propriétaire de la maison au J 51 de 1837 à 1882 malgré cette indication de démolition en 1837.
Par contre au folio 1258 n’est pas Sepsoul Claude Marie mais Stemus veuve et enfants de Jean Pierre avec une maison en 1837 sur la parcelle J 183 rue d’Olivet ?
Cette parcelle avec sa maison sont bien présentent  dans cette rue sur le plan cadastral de 1831.
Au folio 1238 (ACS 847) on retrouve pour Claude Marie Sepsous que la maison rue d’Olivet en la parcelle J 52 est bien démolie (tiré du folio 745).
Selon les cahiers de Toubin, la maison de la maîtrise était au N°13, vendue en 1791 à Richardot demeurant à Paris.
Est-ce même Richardot, que l’on retrouve pensionnaire ? dans : « Loi Relative aux Pensions. Donnée à Paris, le 28 Juillet 1791, imp. royale, 1791 – 48 pages ».
Jean-Paul Richardot est né le 26 Décembre 1717 après 49 ans de service dans l’armée, commence comme soldat en 1735, il quitte l’armée le 27 février 1785 avec le grade de sous-lieutenant pendant ses 6 dernières années de service.
Ses pensions relevées dans ces données sont au titre du 8 Juillet 1784 : 200 livres et celle du 27 février 1785 à 600 livres.

Selon le plan cadastral de 1831 la maison se trouvait sur le terrain entre les parcelles construites J 242 et 244, cette surface urbaine est  non parcellisée non identifiée  (non numérotée)  mais bien représentée et figurée, comme celle après elle à son Sud.

Le plan cadastral de 1831 est à ce niveau rayé d’un trait partant du Sud de la fontaine des 4 Cors jusqu’à l’angle Sud-est de la collégiale, marquant la limite future du tracé d’élargissement de la rue du Bourg Dessous.

A la suite de ces travaux de ladite Grande rue aujourd’hui rue de la Liberté , la maison de la Maîtrise incluse dans l’axe du projet de dégorgement a été en grande partie démolie surement à cette époque, en ce 2ème quart du XIXème siècle.

Détail plan cadastral Salins de 1831, quartier St-Maurice, maison de la maîtrise, ADJ 3Pplan 5610.

Toutes les maisons (entre 25 et 30 bâtisses) comprises dans le périmètre de la fontaine des 4 Cors ou fontaine de la Croix, de la rue d’Olivet, de l’escalier de l’Echilette et de la rue de la Liberté ont disparues démolies.

La maison de la Maitrise de St-Maurice présente en cette zone a subi le même sort.

 Au N°14, appartient à Coulon, paye cens à l’ordre de Malte.
Au N°15 à Murgey, en 1790 à Bournier
Au N° 16 à Lanchy, an V à Denis Raton
Aux N° 17 et 18 à Masson d’Ivrey reçu habitant en 1637. Cette maison à 2 entrées l’une sur la Grande rue l’autre sur la rue dite maintenant d’Olivet.
Sur le plan cadastral de 1831 : la rue marquée Basses est  rayée d’un trait,  la maison d’Ivrey est sur les parcelles J 240 -239.
La parcelle J 240 faisait l’angle Nord-Ouest de la rue du Bourg Dessous (actuellement rue de La Liberté) et de la rue d’Olivet.
Au Sud de la maison  d’Ivrey se trouve la fontaine des 4 Cors, appelée aussi vers 1500 fontaine de la Croix.En 1579, Lullier la surmonta d’une statue d’Isis portant sur la tète un vase jetant l’eau par 4 tuyaux. La même année la déesse fut déplacée en stockée dans les magasins d’Arquinsey.
En 1822 on réduisit à 2 le nombre des jets.

En 1842 dans le registre représentant les augmentations et diminutions survenues dans les contenances et les revenus portés sur les Matrices cadastrales on relève, que la maison située sur cette parcelle J 240 dont le propriétaire est Compagnon Constant a subie une reconstruction et est portée au folio 1361. ACS 866.
La numérotation continue dans cette rue d’Olivet (auparavant rue des Houteaux) en suivant le coté oriental.
Dans le bulletin des lois de 1825 de la République, volume 19, apparaît la donation d’une maison et dépendances d’une valeur de 5 000 francs faite le 16 Juin 1825 à la fabrique de l’église de Saint-Maurice par le sieur Vuillet.
L’ordonnance N° 17.341 du Roi autorisa cette donation.

En examinant l’inventaire des titres primitifs des acensements du chapitre de St-Maurice de 1828ADJ 1Qp 82, décrivant les biens répertoriés par ordre alphabétique selon le lieu du bien immobilier, on relève que sur Salins le chapitre possédait un important patrimoine immobilier.
Ces biens à revenus situés sur Salins étaient :

-Au bourg dessous, rue de Suressaut, un chasal en acensement à Estevenin de Gray et Renaude sa femme pour 15 livres estevenants de cens, selon acte de l’octave de la purification de Notre-Dame 1350 devant  notaire  Guillaume Lanternin de Salins.
Suressaut (la fontaine du Sursault se trouverait à l’extrémité Nord de la rue d’Orgemont , fontaine disparue aujourd’hui comme la rue du Sursault ou du Suressaut selon le plan de Salins en 1750 d’après le Capitaine Pinault).

-Au bourg dessous près de la fontaine de Cherette, une maison touchant d’un coté Odin Norri de feu Jean d’Arbois, de l’autre Pernot d’Onglières, acensée à Perrin de Paroy et Ysabetet fille à la pureté de Malpertuis sa femme pour 17 livres estevenants de cens, selon l’acte du 1er février 1362 d’Etienne de Clervaux notaire.

-Au bourg dessous près de l’église, un chasal et un curtil, touchant par devant la rue, d’un coté Jean de Cleron , de l’autre Renat de Naneray, acensés à Estevenins Quarruze de Salins pour 15 livres estevenants  de cens, selon acte du 2 Juillet 1379 devant Guillaume Dufournuef de Raigne clerc et notaire.

-Rue du Pavillon, un revenu de 5 sous pour anniversaire fondé par Jean de Salins damoiseau selon testament publié à l’officialité le vendredi avant la Pentecôte en 1394.

-Au bourg dessous, devant la fontaine de la Croix, une maison une plante et une vigne attenantes affectée de 60 livres de revenu, données par Etienne de Clairvaux chanoine, selon son testament publié le samedi après la fête de la chaire de St Pierre en  1388.

-Au bourg dessous devant, l’église, une maison chargée de 32 livres de cens pour la fondation de la Chapelle St Nicolas faite par Jean Palouset de Salins le 14 Mai 1398.

-Au bourg dessous, rue de Cherette, une maison chargée du cens de 19 livres 4 deniers constitué par Huguenin de La Chapelle demeurant à Salins pour 20 francs à lui payer comptant selon acte du 27 Octobre 1403, Pierre Arbelestier notaire.

-Au bourg dessous, une maison sur laquelle Guillaume de Moirens cède le droit de percevoir 30 livres estevenants portant ladite pour 40 francs, selon l’acte du vendredi après la fête de St Georges 1403, Othenin Guierche notaire Salins.

-A Chamtave, une maison affectée de la cens de 15 livres estevenants, au profit du chapitre par Estevenette femme de Richard de Vaudrey pour 15 florins d’or par acte de Jean de Gevigney du 18 décembre 1403.

-Au bourg dessus, au lieu dit Surrin, une maison sur laquelle 22 livres 6 deniers sont cédés au chapitre par Guillaume de Moirens avec d’autres cens sur des vignes dont une vigne à Boisset sous la roche et un bois à Boisset, le tout pour contribution d’une messe hebdomadaire qu’il fonda par acte de Pierre Michel d’Orgelet prêtre et de Jean Pelerin notaire par acte le 15 Aout 1410.

 -Au bourg dessous, rue de Cherette , une maison affectée de 50 sous de cens au profit du chapitre par Estevenin de St Maurice en son testament publié à Salins le 16 février 1416.

-Au bourg dessous, une maison et près du pont de Malpertuis une vigne donnés en cens à Estevenin Drol de Salins clerc, pour 60 livres estevenants de cens devant Jean Girard de Salins notaire le 3 Avril 1434.

-Au bourg dessous, rue de Cherette, une maison acensée à Guillaume Amery de Cautaine demeurant à Salins pour 4 livres estevenants par acte du 7 Septembre 1443, Jean Maginet notaire et Estevenin Drol.

-Au bourg dessous, rue des Houteaux  (actuellement rue d’Olivet) , une maison chargée envers la chapelle de St Georges  de la cens de 4 livres cédée à la chapelle  avec 1 livre sur un jardin dans la rue par laquelle on va à la maison de St Jean de Jérusalem par Guyot de Salins, par acte de Jean Caillet prêtre et d’Etienne de Clervaux notaire le 9 Juillet 1356.

-Au bourg dessous, rue de Cherette, une maison et vote, de 25 livres de cens par Girarde veuve de Michel Servon de Salins et ses enfants pour 30 livres devant Pierre Saichet et Jean Maginet notaires le 7 Décembre 1446.

-Par les habitants et communauté du bourg dessous, cession faite de 5 livres sur une maison à Langonne, 3 livres sur un chaffant touchant au moulin de Girard Budelet, 3 livres sur une maison à St Michel, 6 livres sur une plante au plaine de St Pierre, 7 livres 6 deniers sur un curtil à Malpertuis, 5 livres  sur une plante à St Pierre, 5 livres sur une autre au meme lieu, 20 livres sur une maison rue des Barts, 2 livres 6 deniers sur un curtil à Malpertuis, le tout le cens pour 45 livres, Girard notaire le 8 Mars 1448.

-Au bourg dessous, rue de Cherette  une maison, rue du Courneuf un courtil et d’une vigne affectés de la cens de 20 livres par André Meget, Pierre Saichet notaire le 6 février 1450.

 -Sur la fontaine de la Croix, maison  curtil et vigne de 12 ouvrées à Montigny au lieu dit en fouret , chargés de 12 livres de cens par Jean Rigautt de Salins apothicaire, pour 12 francs à payer, Jean Maginet notaire le 15 mai 1454.

 -Au bourg dessous près de la poterne de St-Maurice, une maison acensée à Hugues Coillebœuf prêtre pour 45 livres de cens, Maginet notaire le 18 Décembre 1456.

-Au bourg dessous près de la porte de Malpertuis, un meix et curtil donnés en acensement à Jean de Myons chanoine pour 30 livres estevenants de cens et 3 frs 4 … de rente, Antoine de la chambre notaire, le 18 Mars 1482.

 -Derrière l’église de St-Maurice, meix et maison donnés en acensement à Jean Loreat de Bracon pour 14 livres estevenants de cens, Bataille notaire le 4 Mars 1483.

 –  Au bourg dessous près de la porte de Malpertuis , meix maison et place acensés à Jean Beguin vigneron pour 15 livres estevenants, De la Chambre notaire le 17 Juin 1486.

-Au bourg dessous de la porte de Malpertuis meix et maison pour 20 livres estevenants de cens à Estevenin Bataille, Richard Bancenel notaire le 5 Décembre 1486.

-Au bourg dessous meix et maison rue des Hôtaux (actuellement rue d’Olivet) acensés à Antoine Courautt sellier pour 3 livres estevenants, Guyot Contesse notaire le 10 avril 1507.

-A Malpertuis une maison affectée de la cens de 10 livres estevenants pour anniversaires fondés par Guyot Billeret de Salins par acte signé chez Contesse notaire le 25 février 1508.

-Au bourg dessous en la grande rue tirant à Malpertuis (surement la rue des Houteaux ou Hôtaux ou Hostaulx), maison et curtil sur lesquels Jean de Gilley vend au chapitre le droit de percevoir la cens de 8 florins qui lui étaient dus, la dite vente faite pour 100 francs, Claude Benoit notaire le 2 Aout 1512.

 -Au bourg dessous rue des hostaulx (actuellement rue d’Olivet) près de l’église St-Maurice, maison et jardin chargés envers le chapitre de la rente de 106 sous Tournois par Nicolas Moussard de Château Chalon pour fondation faite par ses ancêtres, Girardot notaire le 28 février 1517.

-Entre les deux bourgs, une maison possédée par Claude Perreaul de Salins tailleur, sur laquelle 10 livres de cens est cédé au chapitre de St Maurice par acte d’échange faite avec les officiers de la Saunerie contractant pour sa majesté, Olivet notaire le 23 Aout 1657.

La majorité des acensements sont actés devant notaires.
Ces notaires sont dans l’ordre chronologique en:
-1350, Guillaume Lanternin de Salins.
-1356 et 1362, Etienne de Clervaux.
-1379, Guillaume Dufournuef de Raigne.
-1398, Jean Palouset.
-1403, Othenin Guierche de Salins, Pierre Arbelestier et Jean de Gevigney.
-1410, Jean Pelerin.
-1434, Jean Girard de Salins.
-1443, 1446, 1454 et 1456, Jean Maginet.
-1446 et 1450, Pierre Saichet.
-1448, Girard.
-1482 et 1486, Antoine De la chambre.
-1483, Bataille.
-1486, Richard Bancenel.
-1507 et 1508, Guyot Contesse.
-1512, Claude Benoit.
-1517, Girardot.
-1657, Olivet.

Les notaires ci-dessus identifiés possédant leurs charges à Salins sont de 3, Guillaume Lanternin en 1350, Othenin Guierche en 1403 et  Jean Girard en 1434, la source accessible des minutes de notaires en résidence à Salins aux ADJ commence seulement à partir de 1541.

Ce quartier  d’habitations Sud de Saint-Maurice inclus entre les rues d’Olivet et de la Liberté a depuis le XXème siècle été fortement désurbanisé.

Quartier Sud de Saint-Maurice, carte postale oblitérée en 1908.

 En excluant l’espace occupé par le bassin de l’ex fontaine des 4 Cors présente sur cette carte postale dans l’angle des deux rues (on y voit le buste de l’abbé d’Olivet orienté vers l’Est, planté sur une colonne) la surface de cette zone contenue dans les lots cadastraux actuels 254 et 99, est d’environ 1 800 m².

Tout ce quartier d’habitations et de commerces fut démoli et disparu dans la deuxième moitié du XXème siècle.
La maison de l’ex Maîtrise de St Maurice encore debout en ce quartier ayant subi le même sort.

Détail du plan topographique régulier de Salins dessiné en 1947 par Bachelet, ACS O 1448.

Cet îlot devint une zone aménagée fortement végétalisée.

La fontaine des 4 cors est enclavée dans un espace murée, ne coulant plus dans un bassin circulaire où trône en son centre un ensemble en pierre réunissant une coupe surmontée d’une corolle.

L’emplacement dit du cloître St-Maurice est devenu un parking goudronné appelé Place Berthelot.

A l’intérieur du square aménagé, adossé au mur de ce parking trône un buste en pierre de l’abbé Pierre-Joseph Thoulier d’Olivet.
Est-ce une copie de celui réalisé par Max Claudet dont un autre exemplaire en plâtre se trouve dans les réserves de l’ancien Musée Max Claudet à Salins ?
Le buste original en bronze avait été implanté proche de la fontaine des 4 cors à la jonction des rues l’une montante actuellement la rue de la Liberté l’autre descendante la rue d’Olivet.
La maison des parents de l’abbé d’Olivet était celle qui était à la bifurcation de celles-ci, son père Nicolas d’Olivet, seigneur de Chamolle avait été conseiller au Parlement de Besançon.

Détail du plan cadastre actuel de l’ilot Berthelot du quartier St Maurice Salins.

Square Berthelot, Salins.

Ex fontaine des 4 cors ou fontaine de la Croix, Salins.

L’îlot actuel, devenu l’espace Berthelot, libre au public d’environ 1 800 m² est aménagé en une zone jardin compris entre la rue d’Olivet descendante et la rue de La Liberté montante, conçu sans le dénivelé, l’espace était du à l’ancien tènement des maisons seulement démolies dans la 2ème  moitié du 20ème siècle, selon les plans dressés en Juin 1972 par l’architecte urbaniste Raclot (rue Penel, Paris 18e ).

Ceci dans le cadre d’une grande opération de rénovation urbaine à Salins, ayant obtenu une subvention pour ces travaux attribuée par le Conservateur régional des bâtiments de France.
Le devis d’aménagement des espaces verts de ce square présenté par la Société Baudouin de Besançon, s’élevait en Mai 1975 à 146 641,32 francs. ACS 0 1488.

Détail du plan de l’ilot Berthelot, Salins, Raclot Juin 1972, ACS O 1488.

 

Dans l’étude pré-opérationnelle de revitalisation du centre Bourg faite en février 2016 il est évoqué que le square Berthelot « aménagé en jardin de vue » pourrait être reconverti en  jardin de jeux pour enfants avec une petite halle de marché temporaire.

Et vade in saecula.

 

 

Avec l’aimable participation aux transcriptions paléographiques de Mme Gisèle Andrey de La Tour du Meix.
Abbréviations:
ADJ: Archives départementales du Jura.
ACS : Archives communales de Salins.

 

A la découverte des Condors.


Fallait-il espérer il y un an déjà que l’on pourrait aller à la rencontre des Condors ?

D’un projet de voyages seuls à deux pour parcourir une partie, du Chili, de la Péninsule Antarctique et du Sud de l’Argentine, nous en avons patiemment élaboré notre itinéraire dans l’esprit de découvrir, en plus des sites remarquables des endroits et des gens bien spécifiques marqués par leur région , comme de séjourner dans une estancia Argentine hors des sentiers touristiques et d’en apprécier le charme.
Notre dévolu s’arrêta sur l’Estancia El Condor au Sud-Ouest de la Patagonie dans la province de Santa Cruz.
Le guide Lonely Planet évoque et décrit ces lieux comme suivant :

« Une coupole du paradis, cette résidence éloignée repose sur les rives du lac San Martín. Une réserve naturelle privée, une steppe taouillée, une forêt de hêtre moussu et des sommets gelés contiennent  ses 40 000 hectares.
Même pour la Patagonie, ce paysage semble surdimensionné – du vaste lac turquoise (connu sous le nom de O’Higgins sur son côté chilien), aux 13 types d’orchidées et de falaises escarpées où les condors roulent sur le vent.
Les amateurs d’équitation pourraient faire une semaine à cheval sans être à court de terrain frais.
En outre, le refuge de montagne de La Nana fournit un camp de base encore plus profond dans la nature sauvage. Les sentiers sont également aptes à faire de la randonnée, mais les passages à niveau doivent toujours être faits avec un guide. 
Une excursion d’une journée à la condorera (où les condors nichent) est un atout.« 

A y regarder au plus près, à la vérité ce lieu, de prime abord nous attire et nous y réservons des places pour deux pour la fin de notre grand périple.
C’est sur la fin Mars 2017 après plus de 5 semaines de voyage au Chili, Argentine et sur la Péninsule Antarctique que d’ Ushuaïa nous atterrissons à El Calafate pour l’Estancia.
Par nécessité face à l’horaire d’arrivée à El Calafate en fin d’après midi, un seul vol programmé durant cette période en mi-journée et par raisonnement méconnaissant la route, nous optons pour louer les services d’un chauffeur expérimenté, ce qui fut un excellent choix.

Avec raison, car de n’avoir point conduit durant les nombreuses heures de route pour arriver dans la nuit, nous avons pu avec sérénité apprécier les paysages qui d’heures en heures en s’approchant de la Cordillère nous envahissait de plaisir.
Ce fut un grand moment de découvrir ainsi cette part de Patagonie en quittant les berges du Canal de Beagle en Terre de Feu, région mythique pour atterrir à l’aéroport International Armando Tola d’El Calafate.

Canal de Beagle, Argentine, Mars 2017.
Canal de Beagle, Argentine, Mars 2017.

Pour tout touristes, El Calafate est essentiellement la porte d’accès  pour aller voir soit : de près le glacier Perito Moreno (glacier le plus visité de l’Amérique du Sud, 30 kms de long en constant mouvement) par le lac Argentino soit par terre par la Péninsule de Magellan avec des aménagements de balcons, belvédères et surplombs (aménagements accessibles aux handicapés).

Argentine, glacier Perito Moreno par le Lac Argentino.
Argentine, glacier Perito Moreno par le Lac Argentino.

Argentine, glacier Perito Moreno par la Péninsule Magellan.
Argentine, glacier Perito Moreno par la Péninsule Magellan.

Soit : pour découvrir l’immense et fabuleux Parc Torres del Paine en basculant au Sud Ouest au Chili, par la route 40.

Chili, parc Torres del Paine, vues sur les emblématiques Torre central, Torre Morte et Peineta.
Chili, parc Torres del Paine, vues sur les emblématiques Torre central, Torre Morte et Peineta.

Notre but est ailleurs à l’opposé de ces sites remarquables, plutôt vers l’inconnu dans un coin perdu de la Patagonie.

Argentine, province Santa Cruz, Estancia El Condor.
Argentine, province de Santa Cruz, Estancia El Condor.

Nous faisons connaissance avec Roberto notre chauffeur à la descente de l’avion, ce qui permet de nous faire plonger immédiatement dans les paysages de la pampa, observer les nuées d’Ouettes de Magellan qui à leurs envols gracieux quadrillent l’espace, des Nandous, des troupes de Guanacos nonchalants le long  des routes 11 puis 40 jusqu’à bifurquer vers l’Ouest avant Tres Lagos, des nombreux lapins qui dans les lumières des phares à la tombée de la nuit fuyaient en tous sens devant le véhicule.
A cette bifurcation, isolée loin de tout, une station essence insolite comme un décor de théâtre, charmante qui donne le ton sur un aperçu de ce qui nous attend au bout du chemin.

Estancia El Condor, station-halte à Tres Lagos, Argentine
Estancia El Condor, station-halte à Tres Lagos, Argentine

Estancia El Condor, station-essence à Tres Lagos, Argentine.
Estancia El Condor, station-essence à Tres Lagos, Argentine.

Estancia El Condor, station unie pompe à Tres Lagos, Argentine.
Estancia El Condor, station unie pompe à Tres Lagos, Argentine.

Estancia El Condor, station-dépannage à Tres Lagos, Argentine.
Estancia El Condor, station-dépannage à Tres Lagos, Argentine.

Estancia El Condor, boutique-station à Tres Lagos, Argentine.
Estancia El Condor, boutique-station à Tres Lagos, Argentine.

Après une pose méritée dans cette mini-station essence qui ne vend que du super, des articles d’épicerie-boissons-souvenirs, on reprend la route sur une piste caillouteuse large comme une avenue, la RP 31 puis la RP 33, dans une pampa de plus en plus désertique et aride, jusqu’aux contreforts montagneux de la Cordillère.

Argentine, ici débute la RP 31.
Argentine, ici débute la RP 31.

 

Argentine, l'appel de la RP 31.
Argentine, l’appel de la RP 31.

Argentine, Guanacos sur la RP 31.
Argentine, Guanacos sur la RP 31.

Argentine, impressionnante masse rocheuse sur la RP 33.
Argentine, impressionnante masse rocheuse sur la RP 33.

Argentine, sur la RP 33.
Argentine, sur la RP 33.

On y traversera les domaines de plusieurs Estancias, les dernières : El Castillo, Lago Tar et Maipu.

Argentine, RP 31 vers l'Estancia El Condor.
Argentine, RP 31 vers l’Estancia El Condor.

Argentine, RP 31 acces vers l'Estancia El Condo
Argentine, RP 31 acces vers l’Estancia El Condo

La même vue de jour.

Argentine, Domaine Estancia Maipu.
Argentine, Domaine Estancia Maipu.

On  arrivera à l’Estancia El Condor, la nuit était déjà tombée.

Argentine, couchant sur les contreforts de la Cordillère.
Argentine, couchant sur les contreforts de la Cordillère.

La réception fut des plus accueillante par James Lewis le responsable de l’Estancia et Nancy Brito son aide, qui nous proposent comme hébergement soit une chambre dans le bâtiment principal soit une annexe à l’écart. Nous optons pour le dernier choix, cela sera l’une des annexes constituée d’un logement habité  tout le long de l’année par le seul Gaucho Carlos s’occupant principalement des chevaux, joignant une pièce faisant office de bureau de l’Estancia.

Argentine, Estancia El Condor, logement et bureau.
Argentine, Estancia El Condor, logement et bureau.

Argentine, Estancia El Condor, pièce de vie de l'annexe.
Argentine, Estancia El Condor, pièce de vie de l’annexe.

Argentine, Estancia El Condor, chambrée de l'annexe.
Argentine, Estancia El Condor, chambrée de l’annexe.

L’Estancia est chargée d’une histoire très Patagonienne :

A son origine, au début du XXe siècle, sur le domaine de l’Estancia était  « La Nana » maison d’un Britannique infâme nommé Jimmy Radburn (James Radboone), qui ayant kidnappé une femme Tehuelche nommée Juana est venu aux confins de l’Argentine pour échapper à son passé.
Jimmy , le bandolero de la Patagonie.
Rien a voir avec les fameux bandits du début du XXème siècle, But Cassidy et Sundance Kid (Alonzo Longabaugh) pilleurs de banque à main armée, les criminels les plus recherchés aux Etats Unis, qui pour échapper à la justice s’enfuient en Argentine, débarquent à Buenos Aires et vont s’installer incognito en construisant un ranch à Cholila en Patagonie en la province de Chubut, à environ 100 kms au Nord d’Esquel, au pied de la Cordillière des Andes.

Jimmy donc, ce jeune anglais fuyant la pauvreté, la police et la mère d’une jeune fille qu’il aurait mis enceinte, débarque à la fin du XIXème siècle à Punta Arenas en Patagonie Chilienne puis en Terre de Feu où il apprend le métier de  berger et de dresseur de chevaux.
Suite à une escroquerie au chèque volé, il atterrit en prison.
Il s’échappe de celle -ci et s’enfuit lui aussi en Patagonie. Fugitif, i
l trouve refuge chez les Tehuelches dans la région des Magallanes en la province d’Ultina Esperanza, il aurait kidnappé Juana (avec son consentement) la nièce du Cacique Mulato l’un des derniers grands chefs Tehuelches (elle avait déjà été vendue par son père pour payer une dette de jeu).

Cacique Mulato.
Cacique Tehuelche Mulato.

Dans leur fuite, ils s’installent finalement sur les rives du lac Saint Martin dans une zone désertique à devoir coloniser.
Ils arrivent à prospérer par l’élevage jusqu’à posséder un troupeau de 6 500 moutons.
Le petit ranch de Jimmy est aujourd’hui en ruines sur les rives du Lac San Martin.
On peut d’ailleurs rejoindre les ruines et le refuge « La Nana » au bord du lac St Martin donnant accès à la Péninsule Mackenna, face aux îlots Reconda et Doble  qui offre une halte parfaite lors de randonnée à cheval de quelques jours.

Argentine, carte de l'Estancia El Condor.
Argentine, carte de l’Estancia El Condor.

La bâtisse principale de l’Estancia, date de 1912, son architecture est simple et typique de la Patagonie, construite comme ses annexes en bois recouverte de plaques de tôles structurées de faible pente.
L’ensemble est bien abrité au sein de la bordure occidentale d’un bras du lac St Martin le Brazo Maipu, au pied une chaîne montagneuse transversale culminant à 1800 mètres entrecoupée au Sud par le Rio Condo et le Rio Grande au Nord.
Le domaine s’étend sur 39 914 hectares, composé du Campo Rio Grande ( 12 524 hectares) englobant la vallée del Matreros et bordé à l’Est par le bras Maipu, du Campo Rio Grande où se situe les bâtiments de l’Estancia ( 12 175 hectares) du Campo Martinez de Rozas qui en son Sud fait la frontière avec le Chili ( 9 532  hectares) et du Campo Mackenna avec comme bordure orientale le lac Saint Martin appelé au Chili lac O’Higgins( 5 683 hectares).

 

Argentine, l'Estancia El Condor dans les années 80.
Argentine, l’Estancia El Condor dans les années 80.

Argentine, l'entrée de l'Estancia El Condor.
Argentine, l’entrée de l’Estancia El Condor.

Argentine, l'Estancia El Condor.
Argentine, l’Estancia El Condor.

Argentine, Estancia El Condor, bâtiment principal.
Argentine, Estancia El Condor, bâtiment principal.

Argentine, Estancia El Condor, annexe.
Argentine, Estancia El Condor, annexe.

Argentine, Estancia El Condor, annexe.
Argentine, Estancia El Condor, annexe.

James nous conseille vivement pour pouvoir (avec de la chance) aller observer les Condors de prendre la piste « Condorera » qui conduit à mi-pente dans les forets de Lengas au dessus des falaises dominant le bras Maipu.
Aussi le temps s’y prêtant, au plus tôt nous nous attelons à une randonnée montagneuse d’une petite journée.
Quittant l’espace de la zone des habitations, nous passons devant un bâtiment de bois faisant usage d’atelier et de Musée.

 

Argentine, Estancia El Condor, l'atelier musée.
Argentine, Estancia El Condor, l’atelier musée.

Pour progresser dans la pente face à l’Ouest.

Argentine, Estancia El Condor, accès vers Tres Lagunas.
Argentine, Estancia El Condor, accès vers Tres Lagunas.

Bien vite nous prenons de la hauteur pour traverser les différents Rio et pénétrer dans les zones de Lengas.

Argentine, Estancia El Condor, Rio Condell.
Argentine, Estancia El Condor, Rio Condell.

 

Argentine, Estancia El Condor passage du Rio Condor.
Argentine, Estancia El Condor passage du Rio Condor.

Argentine, Estancia El Condor sur le chemin La Condorera.
Argentine, Estancia El Condor sur le chemin La Condorera.

Argentine, Estancia El Condor, la Condorera.
Argentine, Estancia El Condor, la Condorera.

Argentine, Estancia El Condor, la Condorera.
Argentine, Estancia El Condor, la Condorera.

Argentine, Estancia El Condor, la Condorera à mi-pente.
Argentine, Estancia El Condor, la Condorera à mi-pente.

Argentine, Estancia El Condor, la Condorera dans la foret de Lengas.
Argentine, Estancia El Condor, la Condorera dans la foret de Lengas.

Arrivés sur des promontoires face à l’Est dominant l’ensemble du territoire, nous y restons quelques heures pour savourer cette nature à multiples facettes, impressionnante de forces et d’une grande sérénité.
Mais pas la moindre plume de Condor à l’horizon.

Argentine, Estancia El Condor, des belvédères grande vue sur le bras Maipu.
Argentine, Estancia El Condor, des belvédères grande vue sur le bras Maipu.

Dépité de ne pas voir ceux que l’on espérait, malgré leurs présences au loin découpant leurs silhouettes au dessus des cimes dans les airs le matin même; nous nous préparâmes à quitter les lieux, quand soudain sans bruit face à nous, planant, une immense voilure noire arriva sur nous.
Surpris, ébahies et surtout impressionnés, notre joie est au comble, le condor au lieu de continuer son vol , passe au dessus de nos têtes et durant quelques minutes intenses de grand bonheur tournoie autour de nous comme pour nous saluer, puis reprend son chemin silencieusement.
On en reste pantois, on se considère comme des privilégiés de ce grand moment.

Argentine, Estancia El Condor, la magie de la nature.
Argentine, Estancia El Condor, la magie de la nature.

Et comme cela ne suffisait pas, en dessous de nous en contrebas des falaises quelques instants après, passe un deuxième Condor et chose surprenante remonte la pente vers nous, il effectue le même manège que le premier, nous en sommes estomaqués.
Très fort les Condors du coin.

Argentine, Estancia El Condor, surprise surprise.
Argentine, Estancia El Condor, surprise surprise.

Nous les saluons comme pour les remercier d’être venus nous rendre visite et nous redescendons vers l’Estancia remplis de joie.

James nous fit découvrir aussi l’extrémité Argentine des terres et lac de l’Estancia par la piste longeant les berges vers les vestiges de La « Nana« .

 

Argentine, Estancia El Condor, James Lewis aménage les parcours.
Argentine, Estancia El Condor, James Lewis aménage les parcours.

Argentine, Estancia El Condor, James Lewis ouvre la piste.
Argentine, Estancia El Condor, James Lewis ouvre la piste.

Argentine, Estancia El Condor, la fin de la piste.
Argentine, Estancia El Condor, la fin de la piste.

Argentine, Estancia El Condor du coté du lac St Martin.
Argentine, Estancia El Condor du coté du lac St Martin.

Philippe le cuisinier, en parfait asadore, nous gratifiera d’un Cordero cuit à la mode Argentine, en provenance de l’Estancia voisine, qui sera enfourché presto espedio devant un asado et durant une grande partie de la nuit, nous nous régalerons en écoutant James et Philippe chanter et jouer de la guitare, sous une voûte céleste écrasante de beauté.

Argentine, Estancia El Condor, Philippe et sa compagne.
Argentine, Estancia El Condor, Philippe et sa compagne.

Argentine, Estancia El Condor, Roberto et la charmante Nancy.
Argentine, Estancia El Condor, Roberto et la charmante Nancy.

J’apprendrai plus tard que James, James Douglas Lewis d’un père Francisco Lewis né à Punta Arenas au Chili et d’une mère Elena Treise infirmière Anglaise, est né dans les années 50 à Port Stanley aux Falkland (Malouines).
Son grand-père, Frank Lewis, est venu à Puerto Santa Cruz province de Santa Cruz en Argentine, au début du XIXème siècle en est devenu maire de cette ville, une rue porte son nom dans le centre ville.
Sa famille est venue des Falkland s’installer en cette ville, quand James avait un an, sur le domaine des grands parents.

Puerto Santa Cruz, ville d’environ 4 400 habitants actuellement, est située sur la rive droite de l’estuaire du même nom sur la côte Ouest, a été jusqu’en 1904 la capitale de la province.

James Lewis, étant né dans les îles Falkland, fils des Falkland Islanders (Kelpers), possède la particularité civile et sociale d’être le premier citoyen argentin né dans les îles Falkland et aussi d’être le seul insulaire des Malouines avoir fait son service militaire dans l’armée argentine.
Il se présenta aux élections du maire de la ville de Puerto Santa Cruz.

Lewis fut l’un des représentants de l’Argentine auprès des Nations Unies, au siège de l’ONU à New York avec le ministre argentin des Affaires étrangères Jorge Taiana, pour expliquer la façon dont certains insulaires, les Kelpers et leurs descendants ont été intégrés dans la société Argentine sans aucun problème, il y déclara en 2007:
« Il est intéressant de savoir que le capitaine Carlos María Moyano (premier gouverneur du territoire de Santa Cruz, qui repose dans cette « capitale historique » de Puerto Santa Cruz), a épousé une Islander: Ethel Turner, ce qui reflète la grande approche des îles avec le continent à ce moment-là. Ce fut le deuxième mariage qui avait lieu sur le territoire national de Santa Cruz. De nombreux insulaires se sont démarqués et eux et leur famille restent très respectés en tant que membres à part entière de la communauté. Mon cas est similaire, comme des milliers d’immigrants, qui ont pu développer en toute liberté et en harmonie avec le reste des habitants, leurs coutumes et croyances . »

puis avec Marcelo Vernet (arrière petit-fils du premier gouverneur des îles Falkland Argentine) après la guerre des Malouines avec la Grande-Bretagne lorsque les pourparlers ont été lancés sur la souveraineté devant le Comité spécial de l’ONU, afin d’examiner la situation sur la mise en œuvre de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.

James vit entre Puerto Santa Cruz et au fin fond de la province remplissant son rôle de responsable gestionnaire de l’Estancia El Condor.
Il faille lire l’article paru le 29.04.2017 dans les colonnes de la Sentinelle de Santa Cruz sous la plume de James Lewis pour découvrir une autre facette de ce citoyen du monde porté par les vents de la Cordillère.

James, salue les Condors de notre part.

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Salins 1629


Salins 1629.
Le début d’années noires.
Ce qui en reste et ce qui nous a été légué.

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En cette année 1629, la ville de Salins dépendante du Comté de Bourgogne, n’était pas encore conquise et intégrée au royaume de France, elle était en ce début du XVIIe siècle régentée et dominée par la maison des Habsbourg, gouvernance faite à partir du Royaume des Pays-Bas en place dans le Duché de Brabant au château de Coudenberg  à Bruxelles, par l’infante Isabelle d’ Espagne.

Elisabeth était infante par son origine Royale, Archiduchesse d’Autriche par son mariage avec l’ex Cardinal de Tolède  l’Archiduc Albert et aussi duchesse de Bourgogne ayant reçu en dot ce Comté comme le Charolais.

Isabelle et Albert d’Autriche, galerie de Comtes de Flandres, Eglise Notre-Dame de Courtrai dans la Gravenkapel.
Isabelle et Albert d’Autriche, galerie de Comtes de Flandres, Eglise Notre-Dame de Courtrai dans la Gravenkapel.

Isabelle fut veuve le 13 Juillet 1621, à 55 ans après 23 ans de règne commun avec son époux l’archiduc d’Autriche,  devint gouvernante générale des Pays Bas Espagnols et Bourguignons, provinces catholiques unies,  les régissant jusqu’à sa mort en 1633 de Bruxelles, à l’âge de 67ans.

Reprendre seule les rênes de la gouvernance ne fut point un problème pour l’infante, l’expérience du pouvoir et des décisions souveraines elle les possédait déjà,  par les partages du pouvoir avec l’archiduc durant leur mariage et surtout  ayant été habitué par son père Philippe II d’Espagne, dès l’âge de 12 ans à siéger au Conseil  Royal et à donner son avis sur toutes les affaires importantes du Royaume.
Aussi  la piété prenait une grande place dans sa vie, elle y consacrait 6 heures par jour, le reste aux affaires de l’état.
Mais la Franche-Comté était bien éloignée de la cour, elle fut confiée en 1602 par les Archiducs à Clériadus de Vergi Comte de Champlitte qui après sa mort en 1625, l’Infante d’Espagne confia le pouvoir légal et presque absolu à Ferdinand de Rye Archevêque de Besançon et au Parlement de Dôle, avec l’obligeance à maintenir expressément l’entière neutralité du Comté de Bourgogne avec ses voisins La France de Louis XIII.
(Source bibliographique : Mémoires pour servir l’histoire du Comté de Bourgogne par F.I Dunod de Charnage, 1790. p 535)

De fait la Franche-Comté vivait une paix bien toute relative, en fait le Cardinal de Richelieu ne le voyait pas ainsi et avait des obscures visées sur cette contrée à l’Est des frontières du Royaume de France, attendant un prétexte quelconque pour s’atteler à annexer cette province.
Mais en attendant le déchaînement de la guerre de Dix ans, Salins enclavée dans cette trouée de la vallée encaissée de la Furieuse dominée de part en d’autres par deux montagnes escarpées, fortement protégée par une enceinte fortifiée était la cité la plus prospère de la Franche-Comté grâce à son industrie de production du sel avec ses deux Sauneries intra muros, La Grande Saline et le puits-à-Muire au bourg le Comte.

Dès le mois de Juillet 1629 Salins fut atteint d’une épidémie de peste.

D’après les principales délibérations du conseil de la ville de Salins et les quelques données transcrites par M.Bechet (Histoire de Salins-les-Bains, vol 2 pp 355-366, réédition de 1828. M.Bechet ayant extrait ses relevés du dernier inventaire de la ville de Salins avant 1828, cote 409), nous allons suivre le ravage redoutable engendré par le bacille Yersinia pestis  à travers la population Salinoise.

Cette tragédie décrite au travers de ces délibérations permet d’appréhender et comprendre un peu comment fonctionnait la cité en cette 1ère moitié du XVIIe  siècle, le rôle majeur du Mayeur et la part importante qu’occupait la religion dans la vie des habitants.
Ces retranscriptions sont des éléments extraits des archives municipales de la ville de Salins.

Elles ont fait l’objet d’un résumé par étapes de cette tragique catastrophe par Charles Gauthier dans Le Salinois en 1852, l’un des rédacteurs de ce journal, il fut aussi bibliothécaire de la Bibliothèque de Salins en 1857.
Le Salinois était un journal de l’arrondissement de Poligny,  hebdomadaire dominical.
Le Salinois fut publié à Salins du 1er décembre 1839 au 27 Août 1944, dirigé jusqu’en 1863 par Etienne Billet.
Après le coup d’Etat du 2 Décembre 1851, la presse est sous contrôle, le décret du 17 Février 1852 relevant le cautionnement oblige Le Salinois à devenir une simple feuille d’annonces, tout journal politique devant verser au Trésor une caution et s’acquitter sur chaque numéro d’un droit de timbre.

Apparemment le journal n’avait pas les moyens financiers d’une telle imposition, il savait aussi qu’il serait rapidement muselé ou interdit, malgré que l’esprit du journal fût Républicain et qu’il s’était rallié au coup d’Etat.
Le nombre d’abonnés se situait à une moyenne de 200 jusqu’en 1863 avec une légère progression ensuite.

Ce qui suit n’est pas un copier-coller de ces articles mais une construction historique commentée et documentée de ces évènements, sans toutefois pouvoir en recouper les faits chronologiques avec les documents d’archives référencés dans les ouvrages et articles cités, ces archives étant accessibles aux ADJ ( cotes 5E 641/61-63).

Charles Gauthier évoque déjà en 1852, à la fin de ses articles que : « ce petit travail eût été plus complet, si nous avions  pu mettre à contribution les Archives municipales de Salins ; mais il règne un tel chaos, que l’usage en est absolument impossible. Ni inventaire, ni classement. »
Comment M.Bechet, qui pour avoir étayé en 1828 l’ensemble de son livre sur l’Histoire de Salins-les-Bains en grande partie  à partir de l’exploration des archives de Salins, des Inventaires de la ville de 1613 et du dernier inventaire avant 1828, a-t-il réussi à travailler ?
Où sont maintenant ces inventaires de la ville de Salins tellement cités par M.Bechet ?
Les inventaires des archives de la ville de Salins dont 1613 sont aux ADJ (cote 5E641/2).

Est-il nécessaire de rappeler l’historique de la conservation des archives de la ville de Salins, résumé par M.Ferroli  archiviste qui en 2015 eut en charge de répertorier le fonds moderne, puisqu’un constat de 1855 mentionne que toutes, bien toutes, les archives communales étaient dans un état de danger avancé.

De la mauvaise conservation de celles-ci encore à la veille de la 1ère guerre mondiale, des désordres répétés dans les débuts de classements suite à des transferts de lieux, le dernier en 1982.
Pour avoir demandé personnellement en 2009 et en 2010, à la municipalité de Salins, l’accès à des documents d’archives et avoir constaté dans les lieux de l’hôtel de ville de Salins où étaient entreposées celles-ci, le peu d’intérêts de la mémoire collective de plusieurs siècles entreposés, je  pense que le constat d’huissier de 1962 aurait été identique.

Mme P. Guyard  archiviste paléographe et directrice des Archives départementales du Jura, déjà dans ses ouvrages de références « Les forêts des Salines » parus en 2013, aborde qu’en 2001 les portes de ces archives étaient peu accessibles.

Que dans son document fort  brillant au demeurant sur : « Localiser, estimer, planifier l’approvisionnement en bois aux salines de Salins » en 2015 dans « Histoire des paysages forestiers Comtois et Jurassiens » en abordant et en évoquant la présence d’une carte ancienne de Salins dressée en 1756 dans les archives communales anciennes de la ville de Salins « le classement final de toutes les archives municipales de Salins permettra de mieux estimer si … »
Nous sommes fortement impatients de connaitre ce que contiennent ces archives et de pouvoir confirmer la validité de ce qui suit, dans cette tourmente de 1629, liée aux attaques dévastatrices du Yersinia Pestis.

Vue de bacilles Yersinia pestis de forme colonne, responsable de la peste.
Vue de bacilles Yersinia pestis de forme colonne, responsable de la peste.

 Salins.

La ville de Salins était à cette période la seconde ville en importance du Comté de Bourgogne après Besançon.

Par son activité économique, liée essentiellement à la production du sel, elle fournissait 60% des recettes comtales en 1590.
Cette production s’élevait en 1467 à 7 000 tonnes, chutant en 1632 à 2047 tonnes, baisse justifiée par les évènements qui vont être abordés ci-dessous.(Sources bibliographiques : Vivre en Franche-Comté au siècle d’or XVIe-XVIIe siècles, P.Delsalle, Jean-Louis Van De Vivère, p 40 et 308, Sept 2006, tirée de  D.Grisel, P .Guyard : Trésor des Chartres  des Comtes de Bourgogne et Chambre des comptes de Dole ; documents sur l’administration du domaine et la féodalité du comté de Bourgogne (XIII-XVIIIe s.), Besançon, ADD, 2000, PP20-30).

Par l’importance de sa population.
Le nombre de feux dans le bailliage secondaire de Salins au recensement de 1614 était de 1 235, ce qui correspond à un nombre d’habitants de l’ordre de 6 000 à 7 000 Salinoises et Salinois.
Ce chiffre chuta à 900 Salinois de 18 à 60 ans aptes à porter les armes suite au recensement de la montre d’armes de 1632. (Source bibliographique : G.Louis,  La guerre de Dix ans 1634-1644, cahiers d’Etudes Comtoises n° 60, presses universitaires de Franche-Comté, édition 2005, pp 271,278 et 298).

Si Dole était la ville-relais avec Bruxelles, ayant au sein de sa cité le Parlement,  la Cour des comptes, aides, domaines et finances du Comté, Salins était du fait de son importance industrielle, une cité fortifiée enclavée géographiquement et protégée comme le montre encore un peu cette reproduction photographique en 3 parties prise depuis Bracon en direction du Nord en 1905. (Source bibliographique : Anonyme, Bibliothèque ancienne de Salins).

Mais selon les pièces d’archives présentes aux ACS  série R cote 1662 (ACS : Archives municipales de Salins), cette reproduction photographique portant le N° d’inventaire 263 a été réalisée et donnée par son auteur Mr P. Boyer ou P. Royer, décédé en 1892.

Vue de Salins du Sud vers le Nord avec ses remparts, prises de vues photographiques de 1905 ?, fonds anciens de Salins.
Vue de Salins du Sud vers le Nord avec ses remparts, prises de vues photographiques de 1905 ? fonds anciens de Salins.

La 1ère représentation iconographique bien connue de la ville de Salins est ce plan cavalier contenu dans l’ouvrage de Sébastien Munster, recteur de l’Université de Bâle, intitulé : Cosmographey das ist Beschreibung aller Lander de 1598, PP 306-307 (Source bibliographique : BNF notice n°  40660024).

« Salin, la célèbre ville en Bourgogne… » tiré de la cosmographie universelle de Sébastien Munster.
« Salin, la célèbre ville en Bourgogne… » tiré de la cosmographie universelle de Sébastien Munster.

Depuis la réunion des 2 bourgs, en une seule commune avec le nom de Salins (Bourg-le-Comte ou Bourg Impérial  ou Bourg-dessous et Bourg-du-Sire ou Bourg-dessus,  indépendants et marqués franchement d’une séparation par une enceinte) avec l’accord de l’Archiduc Philippe en Septembre 1497, malgré que ceux-ci aient souhaités ne pas démolir les murailles les séparant au motif de leur utilité contre les incendies (inclus à l’article 11 de l’acte d’union) ; à la semaine de Noel,  les habitants élisaient leurs échevins parmi les notables de la ville décomposée en 4 circonscriptions paroissiales.

Ces échevins étaient la représentation des habitants de ces paroisses, clairement établi dans l’acte de 1497.

Le Maire ou Mayeur ensuite était élu, en charge pour lui l’administration de la cité à la place des anciens gouverneurs des deux Bourgs (Source bibliographique : M. Bechet, Histoire de Salins-les-Bains, Vol 2, réédition faite en 1990).
Au conseil de la ville, le mayeur et capitaine de la ville était Philippe Marchant depuis le 25 Juin 1607, écuyer, sieur de La Châtelaine, gentilhomme de la maison d’Isabelle d’Autriche, épaulé par huit échevins et seize conseillers selon deux par paroisse pour les échevins et quatre par paroisse pour les conseillers.
Au titre de capitaine de la ville,  il percevait 50 francs Comtois (Source bibliographique : M.Bechet, Histoire de Salins-les-Bains, réédition Vol 2, p 338).

Les échevins de Saint Anatoile étaient François Thomas Cussemenet , écuyer et un apothicaire Pierre Maginet.
Les conseillers : Claude Amyot dont l’ascendant Guillaume Amyot était lieutenant du bailli de Salins ; Jean-Baptiste Coquelin, sieur de Germiney et d’Aresches qui en vertu de ses services rendus obtint de Philippe III de changer son nom en sieur de Germiney ; Claude Udressier et Claude Girard.

Pour la paroisse de Saint Jean, les échevins : Simon Billard anobli en 1618 en considération des services rendus par son beau-père Antoine Garnier, vice président au Parlement de Dole et Simon Vernier docteur es-lettres fils de Jean Vernier capitaine au château de Vennes (dans le Doubs).
Les conseillers : Claude Faroz, écuyer ; Claude Vernier frère de Simon échevin en la même paroisse ; Jean-Baptiste Bancenel , écuyer, sieur de Myon  puis Genèse Ravaignier docteur ès-droit.

Les deux échevins de la paroisse de Notre-Dame étaient, Guy d’Eternoz, écuyer, sieur de Salgret et Jean Huguenet.
Les conseillers : les sieurs Philippe Vernet, Jean Garnier et Cécile, écuyer, docteur en droit canon puis Etienne Bancenel le jeune, écuyer, sieur de Myon.

Ceux de Saint Maurice pour les échevins étaient : Frédéric Partoney, écuyer après avoir servi en Flandres était revenu à Salins en 1592 avec  la charge de Gruyer des forêts des Salines et Noble Gaspard Quanteau docteur en médecine d’une famille anoblie par le Duc de Bourgogne en 1455 pour service rendu auprès du Duc en tant que médecin.
Les conseillers : Noble Désiré Mathon, docteur en médecine, anobli en 1613 ; Guillaume David, écuyer, docteur ès-droit, sieur de Mérona ; Nicolas Chaudet, écuyer et le sieur François Maire.

Circonscriptions paroissiales de Salins.

La gestion de la ville ainsi répartie l’était par un découpage territorial  très particulier.
L’étendue de l’importance des 4 paroisses n’était pas cantonnée uniquement que pour l’intérieur de l’enceinte mais couvrait un espace différent selon les paroisses.
Ainsi que nous le montre le plan figuratif de la ville de Salins publié dans :
L’espace comtois par la cartographie du XVIe au XVIIIe siècle, association des Amis des Archives du Doubs et de Franche-Comté, édité  en 1995 pour l’exposition de Besançon parmi les 61 représentations commentées, ce plan étant archivé aux ADD (Archives départementales du Doubs) sous la cote 1Fi 214.

Détail du plan figuratif de l’étendue des quatre circonscriptions paroissiales de Salins, XVIIIe siècle.
Détail du plan figuratif de l’étendue des quatre circonscriptions paroissiales de Salins, XVIIIe siècle.

 Ainsi les circonscriptions couvertes par les 4 paroisses englobaient des villages, hameaux et granges à l’extérieur de la ville selon et pour :
St-Anatoile anciennement appelée St-Sinphorien:
L’Hôpital, Les Cordeliers, les faubourgs de Bracon, Galvoz et Champtave, le fort Bracon, remontait jusqu’aux Planchettes à l’Ouest, Arloz dessous, Remeton ainsi que la tuilerie, Blégny, Goailles, Clucy et le Fort Belin.
St Jean Baptiste :
Castel de Rans et son faubourg St Nicolas, Le Paradis et l’étendue du périmètre du Fort Saint André alors Roche Jurée.
Notre-Dame :
Vers l’Ouest jusqu’à Géraise, la grange de Vaux, Cezenay puis vers le Nord l’étendue des Roussettes.
Saint Maurice :
A l’Ouest la Grange Salgret, Saint Joseph, le Moulin Bonnet, Les Capucins et le faubourg St Pierre.

 

Le conseil de Salins était complété par le receveur de la ville et le procureur-syndic,  les sieurs  Jean David et Jacques Nouveau, le secrétaire en était Pierre Boquillard
(Procureur-syndic ou procureur du souverain  syndic).

Déjà le 15 Février 1629, le Magistrat est averti que la peste est déclarée à Besançon, pour que le 18 le conseil écrive au Magistrat de Besançon d’interdire tout échange commercial avec les habitants de Salins.
Le 14 Avril ayant connaissance que la peste est déclarée à Baume (Baume les Dames dans le Doubs) il est délibéré que les habitants monteront la garde aux portes, sans pouvoir en sortir même pour prendre leurs repas.
Une amende de 100 sols sera demandée aux contrevenants.
(Sous multiples des monnaies en cours:
La livre estevenante des évêques de Besançon, équivalait à 20 sols ou 80 blancs ou 240 deniers.
 Le franc, monnaie Comtale équivalait à 12 gros ou 48 blancs ou 144 engrognes.
Le franc de Bourgogne valait 2/3 de livre estevenante soit 13 sols 4 deniers.)
Les gens de la prévôté auront le devoir d’expulser hors de la ville les étrangers de pauvres revenus.
On pouvait pénétrer dans la ville par 9 portes, au Nord les portes de Malpertuis, de Chambernoz, à l’Ouest traversant La Furieuse, de Ferry ou de Rans, du Paradis, de Saint Nicolas, Bechet vers le moulin Bechet, des Cordeliers, batavde donnant sur Saint Anatoile à l’Est et d’Oudin au Sud.
Les principaux axes d’entrée et de sortie étant  les portes de Malpertius, de Chambernoz et d’Oudin, positionnées sur les voies de communications d’échange et de commerce entre la ville et les autres provinces et contrées lointaines.
Sont exclus de ce descriptif, l’accès entre les deux bourgs, la porte du Surin et celles de la Grande Saline.

Une description graphique de ces accès de la ville est figurée dans le plan manuscrit que nous a laissé le Capitaine Léon-Paul Pinault qui après son activité militaire, en retraite à Salins assura les fonctions d’archiviste bénévole et se passionna pour l’histoire locale laissant un fonds dont des manuscrits.
(Source bibliographique : ACCOLAD, mission de recensement des fonds patrimoniaux de Franche-Comté, 2008, p 60).

Représentation de Salins en 1750 par le Capitaine Pinault, fonds anciens de Salins.
Représentation de Salins en 1750 par le Capitaine Pinault, fonds anciens de Salins.

Le 30 Avril le conseil alerta par écrit les habitants de Genève où était présent des cas de peste de s’abstenir de venir par-deçà Salins.
A la réunion du conseil du 5 Mai regroupant aussi le clergé en la grande salle du Puits à Muire (le conseil se réunissait soit dans cette salle soit dans la maison de ville, située entre les deux Bourgs), il fut décidé que le Dimanche en huit une procession générale en habit blanc sera organisée avec le Saint Sacrement et que le dimanche une autre à Saint Anatoile, protecteur de la ville et afin que ce Saint puisse intercéder et présenter les prières de la ville à sa divine Majesté toute puissante, un présent lui serait offert .
Ce présent fut une lampe d’argent doré pesant 12 marcs (Unité de poids d’un métal précieux, le marc de Troyes = 244,75 g),  achetée chez un orfèvre de la ville Jean Perrey, aux 3 coins de la lampe les armes de la ville émaillées et doré en relief (donnée historique confirmée, reportée et citée dans l’ouvrage : Les orfèvres de Franche-Comté et la Principauté de Montbéliard du Moyen-âge au XIXe siècle, Librairie Droz, 1976, pp 575-576).

Le 18 Juillet, deux houilliers (travaillant à l’exploitation du gisement de houille à Aiglepierre, employés par la Grande Saline) hospitalisés à l’Hôpital du St Sépulcre (aujourd’hui l’immeuble de la Médiathèque) meurent subitement.
Gaspard Quanteau échevin de St Maurice et docteur en médecine visite les cadavres et ne peut se prononcer sur la raison des décès.
Mais le lendemain, 2 enfants d’houillers meurent au même Hôpital.
Les médecins, Gaspard Quanteau, Bonlieu et François, assistés des chirurgiens Jean, Poncet Marchandet et Grenault examinent les défunts, leurs constats est unanime, la mort est liée à une contagion.
L’ordre est donné de barrer l’Hôpital ainsi que tous ceux qui y réside (La « barre » avait pour but d’empêcher les habitants d’un village, d’une maison, d’un logis de communiquer avec qui que ce soit à l’extérieur du lieu contaminé. Il était défendu d’y sortir et d’y recevoir du monde, les portes étaient barrées, clouées de traverses).

Détail du plan manuscrit de Salins d’A.Robert d’après les croquis du Colonel Perrin 1881, bibliothèque ancienne de Salins.
Détail du plan manuscrit de Salins d’A.Robert d’après les croquis du Colonel Perrin 1881, bibliothèque ancienne de Salins.

Le 20 Juillet le conseil dans son ensemble délibère pour fixer les lieux où des loges pourront être construites pour y installer les pestiférés.
De fixer l’amende de 20 livres estevenantes à tous les malades non déclarés.
De fixer une autre amende de 100 sols aux prêtres administrant les sacrements aux personnes contagieuses.
Une autorisation est donnée à Jeanne épouse de Jean Suffisant de l’Angonne dont le gendre vient de mourir de la peste de construire une loge en une vigne qui leur appartient aux Roussets pour s’y retirer avec sa famille et que cette loge sera barrée.
Le lendemain des postes de garde sont installés aux portes de Malpertius, Chambernoz et Oudin.
Les rondes de nuit sont instaurées.
Le Révérend Père Le Maire des  jésuites offre les frères religieux pour assister les malades se que font déjà les frères Capucins.
Par ordre du conseil quelques loges sont construites à La Béline (source bibliographique complémentaire: Bechet, recherche historique sur la ville de Salins, p 382), le fontainier Simon Bonnet s’y joignant pour y établir une fontaine, il en sera de même aux « Petaux » (Les Pétots, lieu-dit au Sud de la ville).
Laurent Baudran se proposa de nettoyer les maisons infectées moyennant 4 gros par jour.
Le 23 Juillet le procureur-syndic, Jacques Nouveau somme les habitants des faubourgs de Galvoz, Blégny et Champtave qui veulent empêcher de construire les loges et qui tirent toute les nuits des coups d’arquebuse contre les habitants de Salins, seront considérés comme formant des actes de rébellion et de mutinerie.
Les houillers suspects d’être contagieux sont envoyés dans des loges installées près de la muraille des Sauneries hors de la ville (au niveau de la tour de Reculot, entre le mur d’enceinte et La Furieuse ?).

Détail plan manuscrit de la Grande Saline de Salins, 1754, tour de Reculot, bibliothèque ancienne de Salins.
Détail plan manuscrit de la Grande Saline de Salins, 1754, tour de Reculot, bibliothèque ancienne de Salins.

Ces loges seront surveillées jour et nuit et les contagieux étaient  arquebusés s’ils tentent de s’en échapper.
L’ordre est donné de tuer tous les chiens et chats à raison de 100 sols par bête.
L’ordre est donné aux chirurgiens de désigner l’un d’entre eux, pour le traitement des pestiférés dans les loges, le médecin Gaspard Quanteau et le chirurgien Poncet Marchandet percevront chacun  10 écus par mois à charge de visiter tous les malades dont ils seront requis. (L’écu, monnaie d’argent équivalait à 3 livres estevenantes et à 4 francs, source bibliographique : Jean Girardot de Nozeroy, Histoire de dix ans de la Franche-Comté de Bourgogne, 1632-1642, publié par J.Crestin, 1843, p 265).

Le 24 Juillet il est interdit de vaquer de nuit dans la ville après que la cloche soit sonnée, sans grande nécessité et sans lumière, les contrevenants subiront 30 livres d’amende et l’incarcération.
Le 26 le conseil plus les notables réunis décident qu’à la Beline à quelques distances des loges des pestiférés seront construites d’autres loges pour ceux qui seront suspects et non atteints de la contagion, que les houillers placés près de la Saline seront conduits près de la Beline « pour éviter l’infection de l’air » et que les sieurs du clergé seront appelés au conseil pour délibérer sur le vœux proposé à faire à la Vierge Marie pour la prié de garantir et préserver les habitants de Salins du « grand mal et de la contagion ».
A compter du 27 Juillet, la porte St Nicolas est fermée suite aux passages des étrangers.
Les échevins seront appelés dans chaque paroisse à faire désigner par le clergé les confesseurs auprès des pestiférés.
Aussitôt le lendemain les délégués religieux de toutes les paroisses, doyens, chanoines, familiers aussi de l’Hôpital se rassemblent  avec le conseil et délibèrent qu’aussitôt libéré du fléau de cette contagion il sera fait une procession solennelle à l’image miraculeuse de la Vierge à Gray.
Que pour ratifier ce vœu, une grande messe sera exécutée en le Lundi suivant, à l’église Notre Dame en présence, du Magistrat de la ville et de deux commis par église et par chapitre et qu’à la fin de cette grande messe, le Mayeur prononcera solennellement le vœu émis par tous.

Le 1er Aout du fait que 2 personnes à Aiglepierre sont décédées de la peste, il est ordonné à tous les habitants d’Aiglepierre de se tenir barrés sous peine d’être arquebusés.
On sollicite chaque membre du conseil de transmettre le nom des gens « propres à l’office de batonniers ».
L’épidémie prenant de l’ampleur d’une façon effrayante, le conseil décide que les séances se tiendront tous les jours à 7 heures du matin et que les délibérations pourront être retenues avec  seulement 4 membres.

Ainsi le 4 Aout une « commission peste » est formée sous la houlette du Mayeur de 4 échevins et du procureur-syndic.
Le 5 Aout, Maginet échevin et apothicaire est sollicité pour réaliser des compositions médicamenteuses qui seront délivrées à tous les échevins et officiers de Salins pour les préserver du danger auquel ils sont exposés journellement.
(Maginet comme apothicaire possédait une excellente réputation et en tant que tel était cité dans l’ouvrage de 1629 de Jacques Dorenet, enseignant la médecine à l’Université de Dole : Brève et facile méthode pour guérir de la peste, ouvrage présent dans la bibliothèque historique du Château de Rolle en Suisse au bord du Lac Léman).
Une de ces compositions qu’il considérait comme la panacée universelle était la thériaque (Comme préparation officinale elle existait depuis plus de 200 avant J.C, présente  dans presque toutes les pharmacopées et dans tous les manuels du XIII e au XIXe siècle. Dans la pharmacopée de Nuremberg, quatre formulations de la thériaque y compris la thériaque de Mithridate y était représentées. La préparation de la thériaque était très compliquée, très longue à réaliser, les composants difficile à obtenir, mais était considérée comme un vrai art des apothicaires).
Le 6 Aout tous les rassemblements publics, même ceux des obsèques sont interdits.

Les échevins de St Anatoile et de St Jean sont priés de pourvoir rapidement à la construction des  loges pour les pestiférés, à cet effet des lavons seront demandés à Nozeroy, Cuvier, Champagnole (les lavons sont des planches de bois utilisées pour la construction).

Pour exercer son droit de justice intra-muros, la mairie fit dresser trois potences et signes patibulaires, une au Faubourg, une autre devant la maison de ville et la 3ème devant les Halles (en temps ordinaire deux gibets étaient placés, l’un sur les Monts de Cernans, l’autre à la crête du Mont de Simon, confirmé sur la carte du ressort de Salins, tirée de : L’espace comtois par la cartographie du XVIe au XVIIIe siècle, association des Amis des Archives du Doubs et de Franche-Comté, édité  en 1995 ; cette carte est  archivée aux ADD, cote 1Fi 1454).

Détail de la carte du ressort de Salins, gibet et roue de sentences au Mont de Simon, L’espace comtois par la cartographie du XVIe au XVIIIe siècle, association des Amis des Archives du Doubs et de Franche-Comté, 1995.
Détail de la carte du ressort de Salins, gibet et roue de sentences au Mont de Simon, L’espace comtois par la cartographie du XVIe au XVIIIe siècle, association des Amis des Archives du Doubs et de Franche-Comté, 1995.

L’édit de tuer tous les chiens et les chats fut renouvelé.
L’interdiction totale de sortir de la ville même pour moissonner  sans la permission des échevins fut imposée, sous peine d’amende de 100 sols.
Obligation de déclarer toute personne malade, sous peine de 500 livres d’amende (Ce fut la peine financière maximale appliquée).
L’épinglier, Etienne Callier suspecté d’avoir fait entrer en ville de la marchandise « suspecte de contagion » ainsi que Pierre Moreau, tanneur l’ayant reçu dans sa tannerie sont condamnés le 1er à 50 livres le second à 25 livres d’amendes.

 Le 7 Aout, Anatoile Charrette, Pierre Martenet, Poncet Dumon, Jean Melin sont retenus pour être « batonniers » à 27 francs de gage chacun.
A charge à ceux -ci d’obéir aux membres du Conseil pour transporter les corps des pestiférés, avertir les enterreurs (fossoyeurs), emmener les infectés aux loges et pourvoir aux approvisionnements des rations aux loges.
Le boucher Claude Moreau dit Passeret dont l’épouse et la servante ont été reconnues atteintes de la peste, pour continuer à fréquenter sa boucherie mettant en grand danger les personnes qui y viennent est condamné à 150 livres d’amende.
Le conseil tiendra ses réunions en la salle de la maison d’Arquinsey ou Arquinsel (Au milieu du XIXe les restes d’une partie de la tour de cette bâtisse était située sur la place du Gouvernement, elle avait été achetée en 1575 par la ville de Salins à François de Merceret pour 3 300 francs, la ville y entreposait des armes et des munitions.
Un inventaire de 1626 de cet arsenal fut établi par ordre du Magistrat, cet inventaire est décrit dans M.Bechet, Histoire de Salins-les-Bains, vol 2 page 345
.
Edouard Toubin dans ses cahiers manuscrits de toponymie des rues de Salins mentionne bien que la maison d’Arquinsey était selon l’ancienne numérotation de 1827 au N° 95.
E.Toubin en établi un petit descriptif : « La tour d’Arquinsey, belle et grande, du haut de laquelle on peut voir quasi tout le pourtour de la ville, car elle est au point le plus éminent de la grande rue, est couverte d’ardoises et ses murailles sont d’une grande épaisseur ; joignant il y a un spacieux corps de maison couvert de tuiles… », et que suite à son rachat par la ville en 1560, elle fut la maison de ville et après la conquête Française le logement du gouverneur, source d’archives : ACS 1451
).

Détail plan de Salins, géomètre Louis Bournier, 12 Mai 1823, ACS 1446.
Détail plan de Salins, géomètre Louis Bournier, 12 Mai 1823, ACS 1446.

Le 8 Aout des loges sont commencées d’être construites sur  la Beline.
Les habitants fuyant la ville, les rondes de nuit ne peuvent plus se faire à tour de rôle, il faille faire appel à des hommes à gages payés aux frais des habitants.
Les gages des enterreurs sont arrêtés à 14 gros par jour.
Il est accordé au père Charles Lebrun ermite à St Roch, 9 gros par jour pour administrer les saints sacrements aux pestiférés sur la Beline et une robe d’ermite d’une valeur de 15 francs.

Le 9 Aout aux vues des risques majeurs et des dangers encourus, les gages du Mayeur seront à 24 écus par mois, ceux des échevins à 12 écus et pour le procureur-syndic 15 écus par mois (1 écu = 3 livres estevenantes).
Il est interdit de jeter les immondices dans les rues elles seront versées dans La Furieuse.
Il est aussi interdit de transporter des meubles d’une maison à l’autre sous peine de 50 livres d’amende.
La nommée Faulconnette ayant transporté le nouveau-né de Guillaume Bernardet dont la mère est morte de peste pour y être baptisé, est barrée ainsi que le parrain, la marraine, le vicaire ayant baptisé l’enfant comme le prieuré de N-D de Château où Guillaume Bernardet s’était retiré, il est toutefois condamné le 12 aout à 100 livres d’amende pour n’avoir point déclaré sa femme atteinte de la contagion. (Le prieuré de N-D de Château-sur-Salins comme N-D de Château-sur-Salins dépendants du prieuré ex-abbaye clunisienne de Gigny dans le Jura, étaient implantés en dehors de la ville à l’Ouest, sur le promontoire en forme de plateau sur la commune de Pretin, c’était un haut lieu de pèlerinage et de dévotion consacré à la Vierge.
Les données historiques sur N-D de Château sont contenues dans : Inventaire des sanctuaires et lieux de pèlerinage chrétien en France).
Le 11 Aout un marché est passé avec le chirurgien Dandelier  dans le but de traiter les pestiférés, moyennant 50 écus par mois, plus un cheval entretenu aux frais de la ville et l’aide d’un des enterreur,  le suivant pour l’aider à monter et à descendre de cheval dans le cadre de ses visites, les drogues et remèdes étant fournis par le Magistrat.

Le 13 Aout il se fait l’achat d’un cheval et d’une charrette pour conduire les morts au cimetière et il sera réalisé quatre falots en fer blanc pour ces transports de nuit.
Il est distribué aux membres du conseil tous les remèdes réalisés par l’apothicaire Maginet.
Il est défendu de se réunir à plus de quatre personnes sous peine d’une amende de 20 livres.

Le 15 Aout, Etienne Mauvais vigneron atteint de la peste et ne l’ayant pas déclaré subit la condamnation de 500 livres d’amende, le rendu de justice est qu’il évite à quelque voix près d’être arquebusé.
La sage femme qui  a participé à l’accouchement de l’enfant de Guillaume Bernardet, barrée chez elle sera nourrie à ses frais.
Un édit est publié pour tenir les « gréaux » d’eau devant toutes les maisons en cas d’orvale de feu, à tous les « gipsiers » et autres ouvriers d’accourir aux incendies et interdiction aux personnes suspectées d’être contaminées par la peste de s’y retrouvé sous peine d’être arquebusées (un gréau était un récipient de bois permettant aux habitants d’aller à la fontaine proche d’y « puiser » l’eau ; un gipsier était un ouvrier du bâtiment travaillant le plâtre)  .
Au 18 Aout, il sera accordé 4 gros par jour au fils de maître Claude, le maréchal-ferrant pour conduire les pestiférés et ferrer le cheval.
Il sera manufacturé 100 cadenas, utilisés par les échevins pour barricader tous les « infects et suspects » chez eux.

Le 22 Aout, le prieuré de N-D de Château est débarré.
Claude Bonvalet, familier de St Anatoile est condamné à 20 livres d’amende pour avoir jeter des quantités d’ordures au devant de sa demeure.
Le 25 Aout, Frederic Partonay, échevin de St Maurice informe le conseil que, le médecin Montplaisir envoyé de Dole par M. de Cressia  pour traiter les pestiférés, était rendu en ville et descendu chez les Pères de l’Oratoire. (Les Pères de l’Oratoire avaient leur maison dans la Grande rue du Bourg-Dessous, en 1642  la ville leur céda le collège de Salins)
Le Père Quaré était allé quérir ce médecin à Dole au nom du Magistrat.
Il sera traité avec lui à raison de 40 pistoles par jour (soit 13 francs Comtois de l’époque)
Le 30 Aout, il est versé 24 francs à Antoine Maitret en paiement d’un poinçon de vin blanc demandé par le médecin Montplaisir pour la réalisation de ses remèdes qu’il dit vouloir donner à tous les habitants.
Il sera fourni au couvent des Carmes et des Jésuites «  ½ muid» de vin pour leur effort envers les pestiférés  (aujourd’hui le  ½  muid est un gros fût d’une contenance  de 500 à 600 litres)

Le 2 Septembre, le nettoyeur maître Jean est congédié, soupçonné de magie.
Une permission est accordée par l’Archevêque de Besançon de faire dire la messe tous les jours avec un autel portatif auprès des pestiférés en considération de leurs éloignements.
Le 3 Septembre, le Magistrat négocie avec un chirurgien de St Amour, maître Philibert préposé pour le quartier du  Bourg-dessous, en charge des échevins de lui trouver un logement, il en sera de même avec le médecin Montplaisir pour le quartier du Bourg-dessus, de lui trouver un logement sur la montagne de St Anatoile.
Il est ordonné aux enterreurs d’exécuter correctement leur travail, sans quoi ils seront arquebusés.
(Les nettoyeurs intervenaient lorsqu’une maison était vidée de ses occupants soit par leurs décès soit par leurs transferts aux loges, pour tout récuré à l’intérieur,  venaient ensuite les espreuveurs ou éprouveurs, personnes à gages, résider dans les lieux durant une période permettant de vérifier si l’habitation était saine ou pas, selon l’état de santé des dits occupants).
Une enquête est diligentée contre une femme surnommée « La Grevesinne » pour avoir jeté sur la charrette des enterreurs le corps d’un enfant qui n’était pas encore mort.
Le 6 Septembre, il est constaté des exactions produites par quelques batonniers, envers les habitants conduits aux loges, en cas de récidive ils seront arquebusés.
Le 13 Septembre, il est défendu aux pestiférés et suspects des loges d’en sortir sous peine d’être arquebusés.
Pour être délivré du fléau de la peste qui va de jour en jour en augmentant, le recours à Dieu et à ses Saints est formulé auprès des religieux de St Maurice qui sont priés de dire une grande messe à laquelle le Mayeur assistera seul sans autre assemblée.
Le 20 Septembre, le marchand Philibert  Perrenet est condamné à une amende de 500 livres pour n’avoir point déclaré sa maladie.
(Le médecin étant informé d’un cas suspect, se déplaçait à son domicile, le faisait venir sur le seuil de sa maison et à distance l’interrogeait,  lui ordonnait de se dévêtir entièrement et à distance examinait son corps pour voir si celui-ci était ou pas couvert de pustules ou de charbons. Ensuite il prononçait son diagnostic).
Le 27 Septembre, l’épidémie de peste était à son comble.
Il fut décidé qu’on n’enterrerait les corps que durant la nuit, afin de dissimuler quelque peu l’augmentation de la mortalité à la population.
Au conseil  MM.  Quanteau, Billars, Marginet et Dournon ont succombé  et tous les conseillers sauf un, sont absents ayant fuient la ville pour cause de la contagion.
C’est le conseiller Garnier, le seul qui vient aux séances du conseil lorsque son état de santé le lui permet, il échappera à la contagion et décèdera en 1684.
Il est délibéré d’écrire au Parlement de Dole pour qu’elle leurs ordonne de revenir à leurs fonctions, le maire craignant que si le mal continuait avec autant de violence, la ville risquait d’être sans conduite ni surveillance.
(La ville de Salins était abandonnée d’un grand nombre de ses habitants. La population était fortement décimée).

Le 30 Septembre, le chirurgien Jean Marchandet déclarait au conseil que le mal contagieux prenait une telle ampleur qu’il lui semblait inutile de procéder plus en avant à la visite des malades, le conseil délibéra que si le chirurgien persistait dans son intention qu’il en serait dispensé.
Il fut décidé que tout habitant qui se sentirait quelque mal s’auto-barricaderait en le faisant savoir à son échevin, à peine d’être banni de la ville à perpétuité.
Le 4 Octobre, les 2 échevins de St Anatoile étant morts, le receveur sollicite Charles Marchant demeurant au faubourg Champtave de se charger « des affaires de peste » de cette paroisse, conjointement avec le procureur-syndic. (Charles Marchant, d’une autre famille que celle du Maire anoblie en 1531).
Les Augustins du couvent de Brou dont l’église était placée sous l’invocation  de St Nicolas de Tolentin  offrent à la ville une  quantité de petits pains bénis et la façon dont il fallait ensemble prier, ce remède ayant été utilisé à Lyon contre le mal et avaient grandement soulagés les Lyonnais.
(St Nicolas de Brou est une église faisant partie du monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse dans l’Ain et Nicolas de Tolentino était un moine des ermites de St Augustin).
Suite à ce geste le conseil fait vœu d’offrir à l’église de Brou, au nom de la ville, un calice d’argent de 50 écus qui y sera porté dès que le mal aura cessé, priant que ce petit don puisse être agréable à Dieu et à St Nicolas pour l’apaisement du mal sur la ville.
Il fut délibéré qu’il sera fait une grande messe en l’honneur de St André et qu’elle sera célébrée dorénavant le 1er dimanche d’Octobre de chaque année.
L’offre de 2 000 florins faite le 6 Septembre par les administrateurs des Sauneries, au nom de M.le comte de Varfusé de pouvoir faire bâtir une chapelle en l’honneur du glorieux St Claude le protecteur de la ville qui a vue sa naissance, est acceptée.

Le 9 Octobre, le Parlement adresse au Maire un mandement obligeant les conseillers absents de revenir en ville faire leur service, sous peine de 500 livres d’amende.
Le 10 Octobre, le Maire écrit au Parlement qu’il ne reste pas en ville 200 hommes en état de prendre les armes.
Le fléau est partout, toutes les maisons religieuses sont envahies.

Le 17 Octobre, l’épidémie diminue d’intensité, les soins du médecin Montplaisir n’étant plus indispensable il commence sa quarantaine.
Le 22 Octobre, les enterreurs et autres gens employés auprès des pestiférés sont licenciés.
Le 2 Novembre, les nettoyeuses Bisontines feront leur quarantaine à Châtel-Guyon après avoir nettoyer les maisons où elles vivaient.
George Garnier, maitre des enfants de chœur est condamné à 50 livres d’amende pour n’avoir point déclaré la maladie de l’un des enfants.
Le 5 Novembre, des enterreurs sont encore renvoyés.
Le 8 Novembre, le fils de Guyenet Grandjean ayant été contaminé depuis plus de 15 jours sans être déclaré, le père et le fils son t bannis à vie de la ville.
Le 12 Novembre, six personnes suspectes ou malades pour avoir quitté les loges et être venues en ville sont condamnées à 50 livres chacune et au bannissement en cas de non-paiement.
Un incendie s’est déclaré au Bourg-dessus, une bonne partie des maisons des plus notables ont été dévorées par le feu.
Fréderic Partoney l’échevin en charge d’organiser les secours, n’ayant plus la maîtrise le l’incendie, fait le vœu de faire célébrer une messe solennelle à St Anatoile.
Ce vœu est ratifié par le conseil.
Il sera donné à Messieurs du Chapitre de St Anatoile 16 francs et 2 patagons au prêtre et familier de St Jean pour faire réparer un reliquaire d’argent jeter dans les flammes de l’incendie pour apaiser la fureur de l’orvale.(Le patagon était une monnaie usitée sous le règne des Archiducs en Flandres, l’unité de référence était le souverain, celui en argent reçu le nom de « patagon »)
Ordre d’arquebuser les voleurs pénétrant dans les maisons vides de leurs occupants .

Le 22 Novembre, le calice, patène et chopinette (Est-ce que ces dites chopinettes sont les burettes de messe ?) d’argent doré destiné au couvent de Brou est réalisé par Jean Perrey orfèvre pour la somme de 245 francs et demi (donnée historique confirmée, reportée et citée dans l’ouvrage : Les orfèvres de Franche-Comté et la Principauté de Montbéliard du Moyen-âge au XIXe siècle, Librairie Droz, 1976, pp 575-576).
Un mandement de 16 francs est donné à ce même orfèvre pour la réalisation d’un petit ciboire destiné aux R.P des Carmes pour leurs dévouements d’avoir porté les Saints sacrements aux pestiférés des loges.

Le 7 Décembre, La contagion comme le nombre des pestiférés allant en diminuant, le chirurgien Philibert commencera sa quarantaine, le sieur Dandelier pouvant à lui seul subvenir aux traitements des malades, le chirurgien Montplaisir quant à lui a fini sa quarantaine.
La garde à la porte de Chambernoz sera levée.
Une distribution de fagots sera organisée pour les pestiférés aux loges qui souffrent du froid et de l’humidité.

Le 14 Janvier 1630, la violence de l’épidémie diminue.
Le procureur-syndic revient de Besançon après avoir accompagné 32 femmes venues à Salins comme nettoyeuses.
Le chirurgien Philibert Colette, de St Amour ayant fini sa quarantaine, il lui est autorisé de circuler librement en ville.
Le 18 Janvier, les échevins de St Maurice sont commis pour remercier le R.P. Léon, capucin, des services rendus durant la peste. Un don de 10 écus sera fait à son couvent, la même somme sera versée pour les mêmes raisons aux R.P. des Carmes.
Le 21 Janvier, le chirurgien Philibert Colette demande le paiement de ses gages et à être reçu habitant de la ville, ce qui lui sera accordé à la postérité.
Une personne nommée la Richarde demande à faire sa quarantaine, elle sera placée dans l’une des tours de la fortification et nourrie aux frais de la ville.
Il est demandé aux ecclésiastiques de suspendre les cérémonies dans les églises, vu l’avis du conseil de la ville le danger sanitaire qui  consistait à tous les habitants de venir baiser les reliques apposées sur les autels.
Le lendemain, on permet aux R.P. Cordeliers d’entrer dans la ville, leur couvent étant considéré comme n’étant plus soupçonneux de contagion.
Le Maire et le sieur Nouveau le procureur-syndic, sont priés d’ordonner aux enterreurs qui sont encore derrière les fortifications de couvrir de terre les fosses des pestiférés enterrés au cimetière proche de l’Hermitage des Sept douleurs.
Le cheval ayant servi à conduire les morts sera vendu.
(C’est Philippe Marchant seigneur de la Châtelaine qui fut réélu maire en 1630. L’Hermitage des 7 douleurs était l’Hermitage St Roch).

Le 31 Janvier, il est constaté un grand nombre de mendiants étrangers dans la ville, des gardes seront placés aux portes de la ville et il sera nommé un « chasse-coquins » pour y pourvoir.
Les échevins de St Anatoile seront en charge de faire nettoyer la chapelle de St Ferreau utilisée pour loger les enterreurs durant le mal contagieux.
Tous les batonniers seront licenciés, sauf deux.
Le 4 Février, les cas de peste deviennent de plus en plus rares, plusieurs fois, le conseil de la ville a demandé au Parlement de débarrer la ville, sans succès.
A cet effet, des habitants formulent une requête auprès du Magistrat qui convoque huit notables de chaque paroisse et  leur expose ce qui a été entrepris.
A ce propos, Jean Converset, huissier ayant parlé injurieusement du conseil, est mis en prison, le Magistrat rappelle que la calomnie et que semer la discorde dans la ville sont condamnables.
Le procureur-syndic présente les comptes des amendes ayant été perçues durant l’épidémie de peste s’élèvent à la somme de  4 486 livres estevenantes. (M.Bechet cite dans Histoire de Salins-les-Bains, vol 2, p 366, que les amendes de police prononcées contre les délinquants, pendant les 2 années de peste, s’élevèrent à 1 100 écus, ce qui semble correspondre aux 4 486 livres estevenantes.)

Le 9 Mars, il est présenté au conseil qu’une procession générale sera faite le lendemain, il est donné ordres à tous ceux qui se trouveraient incommodés de se déclarer aux échevins.
Le 14 Mars, il est permis aux confrères de la Croix de faire leur procession du jeudi de la semaine Sainte, qu’il n’y aura pas de prédication, pour éviter le mélange des habitants.
Le 15 Mars, les gardes et rondes de nuit sont suspendues.
(La confrérie des confrères de la Croix fut fondée par les bourgeois de Salins en 1583, en dehors pour les cérémonies ils portaient un sac de toile noire avec un chapelet à la ceinture, une fois par semaine les confrères visitaient les prisons et les pauvres des hôpitaux, ils accompagnaient les condamnés au supplice, ils aidaient les jeunes filles pauvres à se marier et pour les enterrements des pauvres).
Le 17 Mars, par ordre du Parlement de Dole, la ville de Salins est débarrée, elle fut annoncée à la population au son de la trompe.A partir de cette date il y eu très peu de cas de peste non suivis de décès.

Le 23 Avril, le conseil avec le clergé et les notables se réunissent tous en la salle du Puits-à-Muire.
Le Mayeur expose qu’il convient d’accomplir un vœu en l’église N-Dame de Gray et d’y aller en procession.
Les ecclésiastiques en raison de leurs dépenses faites durant l’épidémie de peste évoquent qu’il ne sera pas possible de subvenir à l’ensemble des frais occasionnés par cette procession jusqu’à Gray.
Le conseil comme les notables conviennent que chacun s’autofinancera.
Quant aux religieux mendiants et aux musiciens la ville en prendra la charge.
Par délibération il est convenu que la date sera fixée durant le mois de Mai.
En effet le 21 Mai il fut délibéré que la procession s’effectuera le jour de la  Visitation de Notre-Dame prochain. (La fête de la Visitation de la Vierge Marie se célèbre le 31 Mai, commémorant la visite de la Vierge Marie enceinte à Elisabeth sa cousine enceinte de Jean Baptiste, selon l’évangile de Luc).
Une assemblée choisie de notables et d’ecclésiastiques participera à cette procession dont :
Le Maire, M.de Montmarlon François de Vers ancien maire, des échevins MM. Patornay, de Salgret, Vernier et Marchant, le protonotaire de Vaudrey frère de François de Vers, les ecclésiastiques Bobillier, Bouteillon, Magnin, Lardon; puis Alepy, le médecin Picoteau, Marchandet et le sieur d’Aiglepierre Hugues Portier. (L’un de ses ancêtres Philibert Portier sauva Salins du pillage et du ravage en 1362 par des troupes de routiers et malandrins qui de nuit avaient commencé à escalader les remparts quand Philibert Portier à la tête de quelques habitants  réussirent à les faire fuir, il obtint l’ultime honneur de la ville à ce que le Magistrat lui présente les clefs de la cité à chacune de ses venues, cet honneur fut transmis à sa descendance).
Le lendemain 22 Mai, cette assemblée réunie décida,  de laissé le soin au chanoine Didier Poncet de St Maurice de se charger de la musique et de faire le choix des musiciens les plus talentueux.
Il lui sera délivré le 9 Octobre 1631, deux fruitières d’argent aux armes de la ville d’une valeur de 44 francs, en remerciement de sa direction en tant chef de musique, durant la procession, Didier Poncet fut un talentueux compositeur de psaumes.

Après délibération, qu’une carte ou un tableau serait réalisé dans lequel la ville de Salins serait représentée et peinte, pour le porter en présent lors de la procession à Gray.
Il fut appelé à ce conseil réuni, le peintre maître Nicolas Richard, qui accepte la commande avec les obligations,  de fournir et de rendre le travail avant la fin du mois de Juin suivant,  d’y représenter  la ville avec aux coins, Notre-Dame, St Anatoile et St Claude, qu’au dessous de ce tableau seraient quelques inscriptions, que cette carte aurait la longueur de douze pieds et six pieds de large selon le modèle crayonné par le peintre sur l’un des murs de la grande chambre du conseil.

Marché convenu pour la somme de 100 francs et 3 francs pour les vins, avec une avance de 18 francs et les 3 francs de vin.
Il est aussi convenu que dans ladite carte, les faubourgs de la ville et les ermitages y seront dépeints.
Antoine Prince menuisier, s’engage lui aussi, à réaliser dans 3 semaines, le cadre du tableau en noyer, de 9 pouces de large.

Tableau de Nicolas Richard, peint en Juin 1630.
Tableau de Nicolas Richard, peint en Juin 1630.

 (Nicolas Richard est né vers 1590, il épouse le 9 février 1614 Clauda Lardon qui décède de la peste le 29 octobre 1638, il se remaria le 17 décembre de la même année avec Marguerite Grenaud.
Les travaux de l’artiste furent : mandement du 5 Aout 1627 de 49 francs pour onze pièces de peinture représentant les ducs de Bourgogne et l’empereur Maximilien, le 29 Janvier 1632 mandement de 30 gros pour avoir peint un écusson aux armes de la ville de Salins, en 1657 mandement de 40 francs pour avoir restauré les peintures de l’Oratoire près des Carmes et le guidon de la trompette de la ville de Salins.
Il meurt le 29 janvier 1659 en la paroisse de Notre-Dame.

Selon le catalogue des collections des Musées de France, la notice du tableau de Nicolas Richard représentant la ville de Salins, n° d’inventaire ancien 90 ; 183, indique que la toile a les dimensions de  348 cm de longueur sur 148,5 cm de hauteur, le pied ancien de Besançon étant de 31,40 cm, le tableau inventorié mesure donc 11 pieds et un peu moins d’un pouce de long et 4 pieds et près de 9 pouces de haut.
Exposé en la basilique Notre-Dame de Gray jusqu’au XVIIIe siècle, le tableau vint à se détérioré, il fut envoyé à Salins où il fut oublié dans une quelconque réserve,  jusqu’à ce qu’un peintre Bisontin Pierre Jean Mazerand  s’intéresse à l’œuvre d’art oubliée, il se propose de lui redonner vie, il commence à la remettre sur un châssis et durant six mois il la restaure.
Le tableau ainsi restauré fut accroché à la moitié du XIXe siècle dans l’une des salles de l’hôtel de ville de Salins.
Il intégra plus tard le musée Max Claudet à Salins et aujourd’hui il est exposé sous verre dans un compartiment au musée du sel de la Grande Saline à Salins.)

Le conseil sollicite le Révérend Abbé de Goailles l’abbé Bernard de Mallarmé pour connaitre le nombre de religieux qu’il pourra joindre à la procession.
Les sieurs vénérables de l’église de St Anatoile accordent que la relique insigne, le chef de St Anatoile sera de la procession, porté dans une litière.
En raison de la grande valeur des pierres précieuses enchâssées dans le reliquaire, un inventaire est commandé à l’orfèvre Jean Perrey.
Seront préposés à la garde du reliquaire, 24 mousquetaires et 12 hallebardiers.
(La relique insigne de St Anatoile ou le chef-relique du Saint  est représentée sur une tenture dite du Miracle de l’eau, tapisserie de près de 15 m2 exposée au Musée du Louvre provenant d’une commande faite par les chanoines de St Anatoile en 1502 pour un marché de 14 pièces destinées à orner la nef de la collégiale) .

 

Tenture de St Anatoile de Salins, le miracle de l’eau, 1502-1506, musée du Louvre.
Tenture de St Anatoile de Salins, le miracle de l’eau, 1502-1506, musée du Louvre.

Détail tenture, le miracle de l’eau, relique St Anatoile.
Détail tenture, le miracle de l’eau, relique St Anatoile. 

Il est délibéré qu’il sera offert à Notre Dame de Gray,  6 grands flambeaux de cire blanche de 4 livres chacun, 2 grands cierges de 2 livres aux armes de la ville et 6 autres cierges d’une ½ livre qui seront allumés durant la cérémonie en la chapelle à Gray, chaque ecclésiastique portera un cierge d’un ¼ de livre fourni par la ville, que chacun offrira et laissera en la chapelle de Gray.
Les prieurs des Confréries de la ville sont invités à faire porter leurs grands cierges lors de la procession.
Le Conseil demande aux  Supérieurs des Capucins, Jésuites, Cordeliers, Prêtres de l’Oratoire d’envoyer des religieux pour la procession.

Le 23 Mai, le conseil accepte que des manteaux neufs soient confectionnés pour les sergents de la ville, MM .Vernier et  Huguenet échevins sont commis pour l’achat des étoffes et de leurs réalisations.
Le 31 Mai, le conseil, le clergé et les notables réunis décident de l’ordre de prédication durant la procession.
Il est décidé qu’à la sortie de Salins, un père Capucin fera la prédication, à Quingey le sieur chanoine Denis Bouteillon, à Marnay le R.P. jésuite Broc, à Gray le sieur Mourelot maître et recteur de l’hôpital du St Sépulcre.
Au retour à la sortie de Gray un père Capucin, à Marnay le R.P. Perrier Cordelier, à Quingey un père de l’Oratoire, à Salins un Capucin.
Le 4 Juillet, le Mayeur fait état qu’il s’est transporté la veille à Bracon avec plusieurs membres du conseil au lieu où le conseil souhaitait le plus rapidement faire édifier une chapelle à St Claude selon le vœu émis le 4 Octobre 1629 et pour y rencontrer un architecte des Carmes déchaux.
Le 18 Juillet, le Maire et M. de Salgret sont commis pour porter le présent de St Nicolas de Tallantin.

Le 3 Octobre, le conseil reçoit l’avis que la peste est à Gray, confirmation faite le 6 Octobre.

Le 31 Janvier 1631, un mandement de 4 francs est établi à Jacques Nouveau procureur-syndic pour transcription sur parchemin du vœu de la procession à Gray.
Le nouveau Mayeur élu fut Antoine de Saint-Mauris. (Antoine de Saint-Mauris Montbarrey était  seigneur de Lemuy, Montbarrey, Cramans, fils de Jean de St Mauris professeur à l’université de Dole, conseiller au Parlement à Dole, Conseiller d’Etat, ambassadeur de Charles-Quint à la cour de France et Président du conseil d’Etat aux Pays-Bas).

Du 27 Juillet la peste ayant cessée le conseil délibère que la procession sera faite après les vendanges.
Le 3 Aout, après délibération suite aux réactions des vignerons de Salins, la procession partira de Salins le 23 du mois.
Le 14 Aout, le procureur-syndic ayant été envoyé à Dole, pour connaitre l’avis du Parlement sur l’opportunité de la date de la procession, à cause des soupçons de contagion de peste dans des villages du coté de Gray et des troubles survenus entre le Roi de France et son frère retiré et accueilli à Besançon,  rapporte que la Cour s’en remet à la discrétion du Magistrat.
Il fut décidé que 300 personnes comprenant les ecclésiastiques suffiront pour la procession et que la ville sera bien gardée pendant ce temps.
Le portier de Chambenoz était Michel Humbert qui reçu le 4 septembre 1631, 30 sols pour avoir tiré des mortiers le 24 Aout lors de la sortie de la procession de Salins.
(Il est vrai que fin Mars 1631, le frère de Louis XIII, Gaston d’Orléans s’étant révolté contre son frère avec le Duc de Montmorency s’enfuit en Lorraine mais poursuivi par les troupes Royales, acculé il obtint l’accord de venir à Besançon ville neutre Impériale, avec plus de 2 000 hommes de guerre).
Le 15 Aout, les églises du chapitre informe le conseil du nombre de gens participant la procession, à savoir :
De Saint Anatoile, 15 prêtres, les bedeaux et les enfants de chœur.
De Saint-Michel, 3 prêtres.
De Saint Maurice, 10 prêtres avec les bedeaux.
De Saint Jean, 3 prêtres avec les bedeaux.
De Notre-Dame, 4 prêtres avec les bedeaux.
Le procureur-syndic est invité à informé Quingey, Marnay et Gray du passage de la procession.

Le 18 Aout, l’échevin le docteur Coquelin et le conseiller François Boutechoux font savoir au conseil que 120 hommes et garçons ainsi que 80 femmes et filles de St Anatoile seront du cortège de la procession.
Le 19 Aout, pour la garde et l’encadrement de la relique-insigne de St Anatoile, il est convenu que toutes les paroisses nommeront au total 24 jeunes hommes mousquetaires qu’arquebusiers et 8 hallebardiers, le chariot portant la relique sera précédé de 2 enfants de chœur portant chacun un cierge.
Le 21, le procureur-syndic de retour fait état que les logements et vivres sont pourvus dans toutes les villes traversées .
Les officiers du bailliage, invités à la procession acceptent à la condition de bénéficier de la préséance. Ils sont remerciés poliment de ne point venir sous cette condition.
(On retrouve cette émergence de conflits de pouvoirs, de prérogatives et d’intérêts  dans les récits de Girardot de Nozeroy  entre les lieutenants du bailliage et les représentants du Parlement, abordant ce sujet dans son ouvrage lors de la dernière invasion des Français avec Villeroi avec ses faucheurs de bleds en Juin 1640 :
« le marquis s’estoit plaint aux Pays-Bas qu’il n’y auoit en Bourgogne nulle obeissance à ses ordres militaires et que tous les malheurs passez procedoient de ce chef, que les villes et villages ne recognoissoient personne que le parlement …L’infant luy dit de se faire obeir aux choses militaires…il est ordonné aux lieutenants des baillis d’employer l’authorité du Roy et se servir du fisc pour faire obeir les sujets aux ordres des gouverneurs… » Source bibliographique : Jean Girardot de Nozeroy, Histoire de dix ans de la Franche-Comté de Bourgogne, 1632-1642, pp 251-252).
Seulement 7 des échevins viendront avec la procession.
Le 22 Aout, il est accordé, à l’orfèvre Jean Perrey 4 écus d’avance sur ses frais du voyage étant commis pour la garde et la surveillance des bijoux et pierres de la relique de St Anatoile ; au procureur du couvent des  R.P. Cordeliers pour les aider aux frais de leurs voyages.
Le tableau de Nicolas Richard ainsi que son cadre seront transportés dans le chariot des habits d’autel.
Le 23 Aout, la procession avec plus de 600 personnes après une messe à St Anatoile se met en route, en sortant de la ville par la porte de Chambenoz  en direction de Notre Dame de Gray.

Elle en reviendra le 31 du mois, après un périple pédestre de 150 kms au total.

Cette procession marqua la fin des cérémonies religieuses.
Elle est évoquée avec beaucoup de détails dans : Mémoires et documents inédits, pour servir à l’histoire de la Franche-Comté, académie de Besançon, 1839 Tome 2 au chapitre, p 487-499 : Récit de la Procession faite en 1631, par les habitants de Salins, à N-D de Gray, pour la remercier de la cessation de la peste qui avait désolé la province, par l’abbé Robin aumônier du collège de Lons.

L’épidémie de peste aurait coûtée peut être la disparition de la moitié de la population de Salins  soit 3 000 décès dus à la peste,  selon les données fournies par P.Delsalle dans : Vivre en Franche-Comté au siècle d’or XVIe-XVIIe siècles, Septembre 2006, p 308.

Le tableau de Nicolas Richard est en soit une œuvre remarquable.
Le rendu du travail de l’artiste montre autrement que la volonté de reproduire sur la toile les exigences des commanditaires ; les allégories dominantes à caractères religieux,  la précision graphique de tous les éléments du paysage, par la vue cavalière de la ville entière, les détails architecturaux de tous les édifices de la cité fait que cet ensemble est  une référence et un appui historique majeur de cette période.

Ainsi l’exemple dans celui-ci de pouvoir détailler la Grande Saline est impressionnant de réalisme.

Détail du tableau de Nicolas Richard peint en Juin 1630, la Grande Saline.
Détail du tableau de Nicolas Richard peint en Juin 1630, la Grande Saline.

Selon les commentaires écrits laissés par C.Gauthier dans l’hebdomadaire Le Salinois de 1852, son contemporain le peintre Pierre Jean Mazerand souhaitant vulgariser l’œuvre de Nicolas Richard, après l’avoir restaurée, en fit une grande lithographie avec une exactitude parfaite, appuyée d’une importante légende destinée à expliquer le vieux Salins, qui selon C.Gauthier  de rajouter : « Tous les Salinois qui ont quelque souci du passé, qui aiment leur ville natale comme on doit l’aimer, voudront avoir cette estampe… »

Il est bon de savoir qu’une gravure du XIXe siècle de Besançon, intitulée : « Salins en 1628 d’après le Tableau original de Richard, placé au Musée de l’Hôtel-de-Ville en 1851. Jusqu’au N°35, la légende est la reproduction exacte de l’original » est attribuée à Valluet jeune, XIXe siècle, Besançon. (Source : bibliothèque ancienne de Salins-les-Bains).
Les frères Valluet étaient des lithographes Franc-Comtois dont Jean François qui était associé en 1832  avec son frère François Xavier à Besançon dans une imprimerie.
Ils délocalisent celle-ci en 1833 à Battant dans la maison des Petits Carmes (source bibliographique: Charles Weiss, Presses Univ. de Franche-Comté, 1981, p 267).
A la mort de son frère en 1835, Jean François le remplace et reprend son brevet de lithographe qu’il exerce jusqu’à sa mort en 1867 (source bibliographique: Archives Nationales F18 1903).

Le doute demeure à savoir si cette représentation est bien de Jean François Valluet dit le jeune ou est-ce le résultat du travail du peintre Mazerand  tel que le décrit Charles Gauthier.

Gravure, Salins en 1628 d’après le tableau original de N.Richard, placé au musée de l’Hôtel-de-Ville en 1851, bibliothèque ancienne de Salins les Bains.
Gravure, Salins en 1628 d’après le tableau original de N.Richard, placé au musée de l’Hôtel-de-Ville en 1851, bibliothèque ancienne de Salins les Bains.

Cette gravure est identifiée dans les archives de la ville (Source d’archives : ACS série R 1662) aux catalogages des œuvres d’art présentes au Musée de Salins dans un ensemble de 51 pages manuscrites, format petit cahier à lignes horizontales intitulé : « Catalogue du musée de Salins (copie) », sans date ( selon la chronologie des dons, cet inventaire se situerait après 1916 ) ni l’identité de l’auteur , feuillets manuscrits recto verso, structuré en 4 parties avec pour chacune d’elles l’ identification des pièces comportant un  N° d’inventaire que l’on retrouve correctement dans les fiches des bases de données Joconde (portail  des collections des musées de France).
Schéma de ces 4 chapitres :
A tapisseries de 1 à 3 dont les 2 tapisseries flamandes commandées par les chanoines de St Anatoile évoquées plus haut,  donc en possession et toujours présentes au musée de Salins lors de cet inventaire.
A sculptures de 11 à 76.
A peintures de 101 à 189.
A estampes de 251 à 266.
A archéologie de 1 à 19.
A la section peinture,  au N° 183 est commenté une pièce : « la ville de Salins en 1639 » précisant que celle-ci est actuellement à l’Hôtel de ville et d’écrire que ceci a été peint par Richard Nicolas né à Salins en 1609.
Ce descriptif présente 3 erreurs.
1° pour la date mentionnée,  non pas « la ville de Salins en 1639 » mais en réalité « Salins en 1628 »
2° la gravure n’a pas été réalisée par Nicolas Richard mais soit par Valluet le jeune soit par Pierre Jean Mazerand.
3° Nicolas Richard n’est pas né en 1609 mais en 1590.

Salins, plan du musée en 1902, salle des tapisseries, ACS série R 1662.
Salins, plan du musée en 1902, salle des tapisseries, ACS série R 1662.

Ci-dessus plan du musée de salins en 1902 dit de Max Claudet, situant la salle où les deux tapisseries de Bruges, la VIIIème  et la XIIème (de 14,8 m2 chacune) étaient exposées.

Des 14 pièces des tapisseries de laine et soie où étaient retracé la vie de Saint Anatoile, tapisseries présentent autour du chœur de l’église St Anatoile, confirmé par un inventaire du mobilier de l’église en 1646; il n’en restait en la ville de Salins  en 1902 plus que 2 celles exposées au Musée Max Claudet.

Si ces seules pièces survivantes nous renseignent surtout pour celle du miracle de l’eau (la XIIème) sur des éléments structurels techniques d’importance, constituant le mode de fonctionnement du Puits à Muire, il est regrettable de ne pas pouvoir étudier les VIème, VIIème , XIème et XIVème ( Bataille de Dournon 1492) où figurèrent des moments historiques  de la cité de Salins.
Le futur musée de Salins qui doit voir le jour dans la Maison du Grand Puits, l’un des  plus anciens bâtiments édifiés de Salins-les-Bains, intégralement parvenu jusqu’à nous, à part sa charpente et sa toiture,  ne pourrait-il pas être honoré de se voir réintégrer ces deux tapisseries du début du XVIe siècle réalisée par Katherine Hasselet de l’atelier de Jean de Wilde son époux alias Sauvage à Bruges ( ADJ G 1042), tapisseries situées aujourd’hui au Louvre, acquises de la ville de Salins sur le legs Audéoud , 1914 (N° inventaire musée du Louvre, OA 6705).
Quel est ce legs ?
Le centre d’études et de documentation du département des objets d’arts du Musée du Louvre en la personne de Mme C.Duvauchelle sa responsable  nous communique les essentielles informations historiques sur ce legs.
In fine ces deux tapisseries  n’ont pas été léguées directement, Jules Maurice Audéoud dans son testament institua l’état Français comme son légataire universel en faisant obligation au Musée du Louvre de consacrer sa fortune s’élevant à plus 7 1/2 millions de franc-or à l’acquisition d’œuvres d’art.
Ainsi après le décès en 1907 de J.M.Audéoud, le Louvre dès 1910 avec les arrérages de cette fortune s’employa à entreprendre de multiples acquisitions et en 1914 a acquis  auprès de la ville de Salins ces deux tapisseries (N° inventaire musée du Louvre, OA 6704 et 6705).
Mais alors comment se fait-il que la ville de Salins en 1914 ait pu se dessaisir de tels chefs d’œuvres ?

La 3ème tapisserie, dite  la XIIIème représentant le « Levée du siège de Dole » haute de 4,2 m et de 6,62 m de longueur, immense pièce de près de 28 m2 (la commande fait état d’une pièce de 30 aunes et pour la dernière pièce du double !).
Cette XIIIème faisait partie de la tenture de 14 pièces réalisées par cet atelier de Bruges d’une commande enclenchée par les chanoines de Saint Anatoile , elle fut donnée aux Gobelins par Frédéric  Spitzer  en 1875 (Source bibliographique : Les modèles et le musée des Gobelins, notices par Jules Guiffrey, 1900), qui l’avait achetée en 1872.
On retrouve la trace de cette tapisserie pendant la Révolution, elle fut achetée à Salins par l’abbé Monnier ( donnée du Louvre; mais dans les extraits de l’Almanach historique de Besançon et de la Franche-Comté sur  l’administration religieuse de Salins en 1784 on ne relève aucun trace d’un abbé dit Monnier aussi bien pour les Chapitres, paroisses, collèges, familiers, couvents, hôtel Dieu), cet abbé la légua à une famille de Dole conservée par celle-ci jusqu’en 1870.
Par un manuscrit détenu en la bibliothèque de Dole (http://patrimoine-archives.grand-dole.fr/ark:/naan/a0114534519530ZMBpi) celui-ci nous renseigne que l’abbé Monnier alors détenu au fort St André a bien achetée cette pièce extraite de l’église durant la Révolution et qu’à sa mort cette oeuvre d’art est « passée » à M. Froissard.
La recherche d’éléments d’archives dans cette direction continue !
Qui était cet abbé Monnier ? Pourquoi était-il détenu au fort St André, quand et jusqu’à quelle date ? Est-il décédé à Salins et qui est M.Froissard ?
A qui F.Spitzer l’avait-il achetée ?
L’avait-il acheté légalement ?
Le baron Fréderic Samuel Spitzer était au milieu du XIXe siècle l’un des principaux vendeurs et acheteurs d’art d’Europe, à la fin de sa vie, sa collection a fait l’objet d’enchères publiques  qui rapporta 10 millions de Francs de l’époque, la XIIIème tapisserie avait été évaluée à l’époque du don aux Gobelins à hauteur de 20 000 francs.
Cette collection fut principalement achetée par un autre collectionneur privé l’Anglais Georges Salting qui légua ensuite celle-ci aux musées  Anglais.

Gaston Coindre, historien, artiste peintre, le 15 Janvier 1885 alors conservateur du Musée à Salins dans une longue missive adressée au Maire de Salins aborde le sujet de la 3ème tapisserie de St Anatoile détenue aux Gobelins dans les termes suivants:  » Les libéralités du gouvernement vont enfin nous parvenir : je viendrai les installer. Mais il importe dès aujourd’hui d’en provoquer de nouvelles, et tout spécialement l’abandon de la troisième des tapisseries survivantes de Saint-Anatoile, qui est actuellement aux Gobelins. Ce don serait si avantageux pour la ville de Salins que je n’ai pas besoin d’en faire ressortir l’importance : je joins à mon rapport la minute de la lettre que l’administration municipale doit adresser au Ministre. Je compte sur le concours de la municipalité dans toutes les circonstances ou elle aura à faire les démarches officielles, ou appuyer les miennes… ».
ACS série R 1662.

 

Conclusions.

Les historiens qui ont travaillés sur les épidémies de peste en Franche-Comté considèrent que la peste de 1629 n’a pas été la plus meurtrière.
G.Louis signale que l’épidémie pesteuse de 1628 à 1633 fit dans l’ensemble peu de victimes, que celle de 1635-1640 fit plus de ravage, elle atteignit l’Europe toute entière, que le foyer d’origine fut le Tyrol et la Bavière, que dès Juin 1635 toutes les terres frontalières du Comté furent infectées et qu’en l’espace de quelques mois plus de 140 localités furent atteintes,  en 2 ans elle traversa la Comté du Nord-Ouest au Sud-Est. (Source bibliographique: G. Louis, La guerre de Dix ans, édit.2005,  pp 142-150).
En Juin 1637 à Salins plus de 150 maisons furent barrées.
Brusquement à Salins durant l’automne 1640 la contagion s’arrêta, l’église pour rendre grâce au ciel, décida d’entreprendre une procession solennelle et de grandes messes y furent célébrées.   L’estimation de ce ravage coûta la vie à plus de 100 000 Francs Comtois.

Ce qui en reste matériellement ce sont ces œuvres d’art, celle du tableau de Nicolas Richard, de faire connaitre qui fut bien réalisé courant Juin 1630 et non pas en 1628 comme le montre ce cliché photographique de la gendarmerie pris lors d’un inventaire des œuvres visibles au musée Max Claudet pour Mme Jeandot (Source d’archives : ACS série R 1662) ou d’autres mentions multiples bibliographiques rattachées à ce monumental tableau.

Photographie du tableau de Nicolas Richard au musée Max Claudet, ACS série R 1662.
Photographie tableau de Nicolas Richard au musée Max Claudet, ACS série R 1662.

De l’église votive Notre-Dame-Libératrice construite sur un sanctuaire à partir de 1640 en remerciement à la Divine et Protectrice Vierge Marie d’avoir su épargner Salins des ravages des épidémies de peste et de guerres ; monument religieux très particulier dans sa conception unique architecturale, son aspect extérieur dominant par son impressionnant dôme recouvert de tuiles jaune vernissées, à double campanile,  que par son environnement actuel, les bâtiments de l’hôtel de ville l’englobant.

Détail plan manuscrit de Salins en 1754, Chapelle ND Libératrice, bibliothèque ancienne Salins.
Détail plan manuscrit de Salins en 1754, Chapelle ND Libératrice, bibliothèque ancienne Salins.

 

Salins, Notre-Dame-Libératrice, G.Coindre 1903.
Salins, Notre-Dame-Libératrice, G.Coindre 1903.

 

Salins, cadastre actuel, ND Libératrice.
Salins, cadastre actuel, ND Libératrice.

De l’incertitude sur l’auteur de la gravure de « Salins en 1628 » copie parfaite en noir et blanc du tableau de Nicolas Richard.
De nos attentes du devenir sur la mise à disposition du public des archives de Salins antérieures à 1790 se trouvant à être explorées et étudiées aux Archives départementales à Montmorot.

 

G.Vandais.
Moutaine le 01 Janvier 2017.

Le Maréchal Ney dans le Jura !


Sa venue dans le Jura fut sa perte !

Qui n’a jamais entendu parlé du « Brave des braves » ou « Den tapfesten der tapfesten« , Duc d’Elchigen, du prince de la Moskova, Maréchal d’Empire sous Napoléon 1er, Pair de France .
Il fut l’une des 110 victimes en 1815 d’une épuration violente qui le condamnera par ces pairs pour satisfaire aux désirata sournois des occupants Anglais et la coalition.

Sur un vote de 161 voix il fut condamné à la peine capitale par 128 voix.

Lorrain de naissance, il serait Allemand aujourd’hui, Sarrelouis (Saarlouis) est  effectivement la ville qui l’a vu naître, très près de la frontière Franco-Allemande, ville-forteresse édifiée sur les ordres de Louis XIV, 90 ans avant la naissance de Michel Ney.

Il est le second fils de Margarethe Grewelinger et de Pierre Ney tonnelier de son état au 13 Bierstrasse (cela ne s’invente pas !) car en effet aujourd’hui en lieu et place de sa maison natale se trouve un restaurant  portant comme enseigne : Auberge Marechal Ney, tenu par un Italien, si vous souhaitez y goûter sa cuisine, en voici déjà un aperçu.

Ney peint par Gérard 1812.
Ney peint par Gérard en 1812.

Cette ville reviendra à la Prusse en 1815 par ceux-là mêmes  qui l’on combattu à Waterloo.
En 1946 durant l’occupation de l’Allemagne, Saarlouis était dans la zone attribuée à la France, à cette période, celle-ci y fit ériger sur l’Île Vauban, une statue représentant  Ney , toujours debout.

Statue de Ney à Saarlouis sur l'île Vauban.
Statue de Ney à Saarlouis sur l’île Vauban.

Mais pourquoi le Jura fut sa perte ?

Nous sommes en 1814 précisément le 6 Mars au château des Coudreaux à Marboué en Eure et Loire.
Le château des Coudreaux est situé en bordure de la RN 10, entre Chartres et Châteaudun, après avoir traversé Flacey, sur la gauche, avant d’arriver à Marboué.

Situé dans un parc magnifique, dessiné sous la Restauration par Berthault, le château des Coudreaux est une vaste gentilhommière du XVIIIe siècle, aux lignes sobres.
Il se compose d’un corps de logis élevé de trois niveaux, flanqué de deux pavillons en saillie sur chacune des façades, et cantonné de tours cylindriques coiffées de poivrières. Sur la droite, au-delà d’une petite chapelle, s’étendent les communs et la ferme, agrémentés d’un très beau potager.

Le logis manable des Coudreaux, cité dans un acte de 1657, comprend deux pavillons, dont l’un flanqué de deux tours, construits sur un terre-plein pavé, bordé de dépendances et entouré de douves en eau.
Son aspect actuel lui vient des profonds remaniements opérés à partir de 1742 par Louis-Joseph Renard, qui l’acquit de la famille de Montboissier, dont les boiseries de l’église de Marboué rappellent la munificence.
Son successeur, Pierre-Félix David, gouverneur des îles de France et de Bourbon, poursuivit les travaux à partir de 1755, fit combler les fossés et construire de nouvelles dépendances à distance du château.

Le 29 Juin 1808, la demeure fut acquise par Michel Ney à H.Delamotte Ango Deflers (comte de Flers), il y séjourna pendant près de sept ans, dès que ses campagnes lui en laissaient le loisir.
Après la campagne de France (
durant la 1ère Restauration et devant l’attitude exécrable de la noblesse revenue au pouvoir à l’égard des  anciens de l’Empire)  il se retire en février 1815 aux Coudreaux mis en disponibilité de l’armée.
Il avait auparavant le 21 Juin 1814 reçu la charge de gouverneur de la 6 ème division militaire de Besançon.

Château des Coudreaux, Marboué.
Château des Coudreaux. Marboué, Eure et Loire.

Selon les souvenirs d’Octave Levavasseur ( Levavasseur était un officier d’artillerie, qui  fut l’un de ses aides de Camp de Juin 1807 à Juin 1815),  présent auprès du Maréchal ce jour-là, le 6 Mars sur les 18 heures,  un officier aide de camp du Maréchal Soult ministre de la guerre apporte à Ney aux Coudreaux l’ordre de se rendre sans délai à son Gouvernement de Besançon, annonçant au demeurant sans plus et sans en connaître les motifs, que plusieurs aides de camp étaient envoyés dans d’autres directions avec le même ordre ( cet officier est Anne-Joseph Renaud de Saint-Amour, Major à l’état-major de Soult) .
Au lieu d’exécuter cet ordre, Ney ordonne à Levavasseur de se rendre à Paris pour annoncer à Soult sa venue, espérant connaitre auprès du Duc de Damaltie les motifs de ces dispositions non détaillées et de récupérer ses uniformes.
Ney arrive le 7 Mars au matin à son Hotel de Paris directement, sis N° 74 et 76 rue de Bourbon (aujourd’hui rue de Lille dans le 7 ème arrondissement) .
L’Hotel du 76 rue de Bourbon était nommé l’Hotel Saisseval.

 

Rue Bourbon hôtel Bethune-Charost avant 1789.
Rue Bourbon Hotel Saisseval avant 1789.

Il acheta cet Hotel le 7 Janvier 1805 à Claude-Louis Marquis de Saisseval.
En 1779, le marquis de Saisseval avide de spéculations immobilières dans Paris, fit l’acquisition d’un terrain situé entre la rue de Bourbon et le quai d’Orsay.
Il rejeta le projet de Claude-Nicolas Ledoux ( bien connu en Franche Comté: La Saline Royale d’Arc-et-Senans ) et lui préféra celui d’ Antoine-Charles d’Aubert architecte demeurant 22 rue Neuve-Saint-Roch, qui fit construire sur la parcelle deux hôtels, l’un pour le Marquis et l’autre pour son beau-père, M. du Roure.
L’Hotel du Roure est identifié comme étant à droite de l’Hotel Saisseval.
Les biens  furent vendus après la  mort de Ney, le 27 Novembre 1820 à M. Boulanger.
Le cadastre dit Napoléonien de Paris 1810-1836, représente cet ensemble situé dans l’ancien 10ème arrondissement 40ème quartier du Faubourg Saint-Germain dans l’îlot N°16.ayant 2 accès rue Bourbon au 74 et au 76, par 2 portes cochères symétriques.

74-76 rue Bourbon Paris Cadastre 1810-1836.
74-76 rue Bourbon Paris, cadastre 1810-1836.

L’ entrée du  N°74 donne accès sur un long passage distribuant à droite, une écurie et une petite cour de rangement pour les voitures à chevaux et aboutissant à une cour fermée et à l’ensemble de l’Hotel.
Cet ensemble est constitué d’un corps principal parallèle au Quai d’Orsay avec un grand escalier Nord donnant directement sur le Quai, orné d’un ordre imposant.
Coté Sud de cette partie centrale sur la cour intérieure, une demi-rotonde centrée sur la façade Sud, avec à l’intérieur deux escaliers, positionnés face à face accolés à l’arrondi pour les étages supérieurs, perpendiculaires au bâtiment central, deux ailes de même importance, avec chacune un escalier extérieur distribuant l’Hotel.
L’extrémité Sud de l’aile gauche aboutie à un escalier extérieur donnant sur une autre cour intérieure jointant l’accès du N°76.
Cette entrée du N°76 distribuant par un passage de part et d’autre, un logis et une écurie à droite, un espace avec puits et un logis à gauche.
Trois puits sont représentés. Le 1er dans cet espace donnant sur la rue Bourbon, le second dans la cour intérieure du N° 76, le 3ème dans l’espace donnant sur les écuries du N° 74.
Aujourd’hui, cet ensemble a disparu, il y avait entre la rue Bellechasse et cet hôtel un autre ensemble bâti par l’architecte Pierre Rousseau pour le Prince Salm-Salm (principauté située en Lorraine, cette enclave est rattachée à la France en 1793) remanié en 1804 il abrite maintenant le Musée National de la Légion d’Honneur.

Paris rue de Lille
Paris rue de Lille 2016.

Ney en arrivant à son domicile était en autre attendu par son notaire M. Batardy, venu lui apporter son traitement de Février, lui annonçant le premier, la nouvelle du débarquement de Napoléon sur le sol Français à Golfe-Juan.
Ney en fut atterré.
Il se rendit aux Tuileries chez  S.A.R Mgr le Duc de Berry le sollicitant d’obtenir pour lui une audience auprès du Roi, puis alla chez le ministre de la guerre espérant obtenir de celui-ci des réponses aux dispositions prises pour déjouer les projets de Napoléon.
Ce qu’il n’obtint point, le ministre refusa de s’expliquer sur ceci alléguant que le général de Bourmont en place commandant la 6ème division militaire ( depuis le 18 Mai 1814) avait déjà reçu des ordres et que ces ordres lui seraient transmis dès son arrivée à Besançon.
Ce refus est bien étrange et curieux de la part de Soult  !
Savait-il déjà que son éviction en tant que ministre allait tomber le 11 Mars ?
Savait-il que Ney ignorait que selon ses ordres les troupes de cette division militaire étaient fortement disséminées et mal équipées ?
Lorsque Ney l’informa de son désir de voir le Roi, Soult le lui déconseilla fortement, prétextant que S.M était souffrante.
Curieux comportement envers Ney, pour celui qui dès l’arrivée de Napoléon de l’ile d’Elbe adresse aux armées une proclamation qualifiant Bonaparte d’usurpateur, d’aventurier puis 2 mois plus tard sera nommé major-général de l’armée.
Ney fut reçu toutefois chez le Roi le 7 Mars vers 11 heures dans son cabinet en présence du Prince de Poix et du Duc de Duras.
Il s’inclina devant le Roi le remerciant de la confiance qu’il mettait en lui et qu’il partait avec la ferme résolution d’aller combattre Bonaparte.
Le Roi lui répondit en lui prenant la main :
« Partez, je compte bien sur votre dévouement et votre fidélité. »

Ney dans un élan stupide et irréfléchi, baisa la main Royale et prononça cette phrase devenue célèbre :
 » Sire, j’espère ramener Bonaparte dans une cage de fer. »

Emile Jean Horace Vernet, scène de la vie de Napoléon, Musée Condé, Chantilly.
Emile Jean Horace Vernet, scène de la vie de Napoléon, Musée Condé, Chantilly.

Il arriva à Besançon le 10 Mars dans l’après-midi, il y trouva les instructions du ministre de la guerre, qui lui recommandait :
 »
de réunir le plus de forces possibles pour seconder les opérations de S.A.R Monsieur, frère du Roi, alors à Lyon, et manœuvrer de manière à repousser et détruire l’ennemi. »
Le plus de forces possibles ?
Quelles forces ?

Le Général de Bourmont à Besançon le 8 Mars avait déjà expédié tous les disponibles vers Lyon par Lons-le-Saunier, ne restait sur place que 400 à 500 hommes des dépôts de fidélité suspecte.
C’est ce même général, ancien Vendéen qui à la veille de la bataille de Waterloo (plutôt de Ligny), le 15 Juin vers 8 heures à Florennes, commandant la droite du général Gérard au sein du 4éme corps, déserta en passant chez les Prussiens accompagné de l’adjudant-commandant Clouet, de l’officier d’état major Villoutres et de 3 aides de camp (Capitaines d’Andigné présent à Lons en Mars au coté de Bourmont, de Trelan et Sourdan) .
Présenté à Blùcher à Sombref vers les 16 heures de ce jour, le feld-maréchal rétorqua :
« Qu’importe la cocarde blanche, un coquin est toujours un coquin. »

Ney devait seconder le Duc de Berry, Charles-Ferdinand d’Artois le frère du Roi comme lui imposaient les ordres !
Mais comment ?
Le Duc de Berry était resté à Paris !
Maintenant il devait prendre ses ordres  auprès du  Comte d’Artois normalement présent à Lyon et lui écrivit qu’il se considérait comme inutile à Besançon et le priait de l’employer à commander l’avant garde de son armée.
Dans la foulée il écrivit ( le 10 Mars à 16 heures) à Soult de ses incertitudes et des difficultés de sa situation.
Il n’y aura pas de réponse du Comte d’Artois, il avait fui Lyon devant l’arrivée de Napoléon.

Il quitta Besançon le 11 Mars en compagnie de Bourmont et du baron de Préchamp chef d’état major de Bourmont, après en avoir instruit par écrit Soult et consulté le Duc de Maillé (Charles-François-Armand, 2ème  duc de Maillé de La Tour-Landry qui venait d’arriver de Lyon le 10 Mars, sur les ordres du Comte d’Artois devait transmettre au Duc de Berry les événements survenus à Grenoble, ce qui ne l’empêcha point de filer ensuite sur Paris , royaliste dans l’âme qu’il était).
Sa décision était prise, qu’il valait mieux se rendre de suite à Lons pour y regrouper les troupes en marche sur Lyon, il en donna les ordres en conséquence à Bourmont pour que celui-ci puisse les transmettre. 

Il pris la route Royale du Sud-Ouest de Besançon à Lons-le-Saunier, longue de 19 lieues 1/2 et 383 toises (soit près de 96 Kms) dans une voiture attelée.
L’itinéraire emprunté devait être le même que celui décrit dans le « guide » de 1789, à savoir :
Porte de Malpas de Besançon à Beure  1914 toises.
Beure à Busy  3415 toises.
Busy à Quingey 4487 toises. (la toise correspondrait à 2, 4 mètres)

Carte Besançon-Mouchard J.E Woerl 1826
Carte Besançon-Mouchard J.E Woerl 1826

Il s’arrêta à Quingey à l’auberge de la poste (il avait parcouru un peu moins de 20 kms) envoya à Ruffey-le-Château ( ville de résidence de sa mère, Claude-Jacques Lecourbe alors âgé de 56 ans, promu général de division à 40 ans, en Janvier 1815 il est nommé par le Comte d’Artois inspecteur général de l’infanterie pour la 6ème division militaire, en tant que second de Ney, il sera témoin des événements de Lons à l’auberge de la pomme d’or) le chef d’escadron de la gendarmerie porter une lettre à Lecourbe écrite la veille, lui donnant l’ordre de prendre le commandement supérieur de Besançon mais de le rejoindre à Lons.

Lecourbe décéda à Belfort le 23 Octobre 1815.
Durant l’instruction du Maréchal Ney il fut questionné à Belfort sur les événements de Lons, auxquels il répondit :
« Je ne puis assurer si le Maréchal Ney, avec ses troupes, eût pu arrêter le torrent; je crois qu’il n’était plus temps. J’ignore s’il y a eu des agents de Bonaparte pour débaucher ses troupes. Dans ce cas, ils auraient obtenu une influence bien pernicieuse. »

A Quingey, Ney reçu aussi le Marquis de Sorans aide de camp de Monsieur et M. Renaud de St Amour adjoint à l’Etat -major de l’armée parti de Paris le 7 Mars porteur d’ordres pour les différents chefs de corps (déjà reçu en son château des Coudreaux).
Celui-ci arrivait de Lyon ayant appris du Maréchal E. Macdonald gouverneur de Lyon , les événements de Grenoble (Ce maréchal aussi fuya Lyon devant la progression de Napoléon, il parti de Paris avec le Roi dans la nuit du 19 au 20 Mars 1815).

 

Quingey hotel de la Poste
Quingey hôtel de la Poste.

Ney ayant appris par les deux voyageurs, la situation à Lyon, l’état d’esprit, de la population et des troupes rencontrées en cours de route favorable à l’Empereur, d’un pli cacheté de Soult contenant des contre-ordres donnés à divers corps de refluer sur Moulins, fut choqué et sa réponse fut :
 » J’irai, quand il ne me resterait que des officiers et des sous-officiers. Je tuerai le premier qui refusera de marcher et je tirerai moi-même le premier coup de fusil. »
Il demanda au Marquis de Sorans de le suivre et renvoya Mr de St Amour à Besançon avec un ordre au directeur de l’artillerie, pour acheminer des approvisionnements en munition sur Lons.
Ney continua cette route en passant par Mouchard, Arbois, Pupillin et atteignit Poligny vers 21 heures ( ils avaient parcouru la distance d’environ 43 kms) où ils s’entretinssent et soupèrent au relais de poste (Rue Travot, actuellement hôtel de Paris), en compagnie du Sous-préfet de Bourcia, des deux colonels Mrs Dubalen et Maréchal des 60 et 77ème de ligne et d’un lieutenant-colonel, arrivés peu de temps avant.
Au  rapport donné par le Sous-préfet sur l’état d’esprit des régiments cantonnés à Poligny, Ney réitéra les propos tenus devant le Roi, critiquera le comportement de Macdonald en invoquant qu’il avait trop attendu pour faire avancer ses forces, comme pour le général Marchant commandant à Grenoble : que c’était un homme sans caractère qu’il aurait fallu courir tout de suite sur Bonaparte.

Poligny hotel de Paris rue Travot
Poligny hôtel de Paris rue Travot.

Ils partirent de Poligny avant minuit et arrivèrent à Lons le 12 Mars à 3 heure du matin (Soit une moyenne de 11 kms/h), selon la déposition du Marquis de Vaulchier du Vichot en tant que 7ème témoin dans le procès de Ney.

Ils descendirent à l’auberge de la pomme d’or.
L’officier de l’administration Cayrol, Levavaseur que Ney avait chargé de préparer sa venue, le Baron Passinges de Préchamp officier d’ordonnance  étaient déjà à l’auberge.
Son 1er aide de camp depuis 8 ans, le colonel Clouet , ne le rejoignit que le 13 Mars à Dôle en fin de soirée ayant reçu l’avis de le rejoindre le 9 Mars, se trouvant à Tours au sein de sa famille.
Il en parti le 10 Mars selon sa déposition en tant que témoin devant la chambre des pairs, il fut de ceux qui désertèrent et passèrent à l’ennemi le 15 Juin 1815, fuyant leur devoir de combattre.
Dans un recueil établi en 1832, il justifie sa désertion à son poste devant l’ennemi par 2 motifs.
Le 1er : « l’existence d’un ordre d’après lequel M. le Comte de Bourmont, M. le colonel Dubalen, moi et plusieurs autres devions être arrêtés. »
Le 2ème :la communication à tous les corps d’armée de l’acte additionnel aux Constitutions de l’empire.
Alors pourquoi avoir accepter un poste de commandement et diriger des troupes jusque devant l’ennemi, pour fuir la veille du combat et aller déserter dans les lignes Prussiennes ?
Cette constitution ne devait t-elle pas dissiper les craintes de l’instauration de tout régime tyrannique ?
Le peuple accepta pourtant l’Acte additionnel par 1 552 942 voies de votes favorables contre 5 740 non.

 

L’auberge de la pomme d’or.


C’est dans ces lieux que ce déroula les événements de Mars 1815 qui eurent comme conséquence à ce que Ney fusse fusillé par un peloton militaire d’exécution, le 7 Décembre 1815 à l’extrémité de la grande allée du jardin du Luxembourg qui mène à l’Observatoire à Paris; suite à un très long procès devant le Conseil de guerre et la Chambre des Pairs.

L’ accusation : haute trahison envers le Roi et la patrie.

Cette auberge qui n’exista plus 100 ans plus tard, était située selon certains historiens, à l’emplacement du N° 29 de la rue Saint-Désiré, soit à gauche en remontant de la Grande Place vers l’entrée de la Préfecture.

 r.St Désiré Lons-le-Saunier.
Rue Saint-Désiré Lons-le-Saunier.

Au début du 20ème, les lieux étaient occupés par la maison Alfred Prost négociant en fers, fontes et aciers, comme on le voit sur cette carte postale.
En ces lieux en 1969 se tenaient les magasins  » Au confortable ».
En pénétrant dans la cour, les façades intérieures gardaient leur style second Empire.
Selon l’étude de E.Monot, l’auberge fut vendue en 1821, démolie en 1832 pour faire place à un commerce de vins tenu par Emile Devaux ?.

Nos recherches d’archives révèlent :
– Qu’en 1815,  le quartier était toujours traversé en aérien par la rivière La Vallière.

En 1878 le plan de la ville établi par J.Blanchot mentionne cette traversée, la rue Saint-Désiré était toujours « coupée » par ce cours d’eau en aérien,  un pont enjambait la rivière, à gauche de ce pont en remontant vers le Sud  la rivière était longée par le quai de la Mégisserie.

Lons-le-Saunier en 1874.
Lons-le-Saunier en 1874.

Ce quai de la Mégisserie ressemblait au début du 20ème à ceci :

Lons-le-Saunier quai de la Mégisserie .
Lons-le-Saunier quai de la Mégisserie .

Dès 1891 une partie, partant de l’abattoir à la rue Saint Désiré fut couverte, elle devint l’Avenue A. Briand.
Le plan de 1973 présente à la jonction de la rue Saint-Désiré avec la nouvelle rue ouverte, l’emplacement d’une fontaine construite avant 1782 contre le parapet du pont et remplacée en 1855 par une borne fontaine.

Rue Saint-Désiré Lons-le-Saunier.
Rue Saint-Désiré Lons-le-Saunier.

Une autre partie entre la rue des Salines et la rue Saint-Désiré fut réalisée entre 1941 et 1943, devint la rue E. Monot.
Mais comment était le quartier sous le 1er Empire ?
Le cadastre Napoléonien de 1807 et 1809 nous renseigne :

Lons 1807 rue St Désiré ADJ 3P 6907.
Lons 1807 rue St Désiré. ADJ 3Pplan 6907.

Lons 1809 ADJ 3P 6996 sect D n° 238.
Lons 1809. ADJ 3P 6996 sect D n° 238.

Sur l’implantation des bâtiments au niveau de l’auberge de la pomme d’or.
Des N° de parcelles cadastrales.
De l’évolution de l’église Saint-Désiré.

Lons église St Désiré 1870 .
Lons église St Désiré 1870. ADJ 3Pplan 3351.

L’église Saint-Désiré est l’une des plus ancienne église de F.C,  ses 1ères fondations datent du IVème, dit premier art romain.
Dans les caves du couvent des Bénédictins aujourd’hui la Préfecture coulait une source, dite Fontaine de Rome (n’est-il pas impossible qu’y retrouver l’existence d’un baptistère ?)
Elle n’eut pas trop à souffrir durant la Révolution toutefois elle est restée désaffectée, bien qu’en 1794, le conseil municipal ordonna la démolition du clocher, arasé au niveau du toit en 1795.
En 1809, pour faciliter l’accès de la Préfecture du Jura implantée dans l’ancien prieuré :
1° le couvent des Bénédictins fut supprimé.
2° De même les deux chapelles du XVème qui encadraient le portail.
3° Ainsi que la 1ère travée de la nef et un empiétement sur la 2ème travée.
4° Pour l’aménagement de la voirie, l’escalier droit qui de la rue donnait à l’accès par le bas-coté Nord de l’église fut remplacé par un escalier à double rampe.
Le plan de 1870 le confirme.

En 1715 100 ans avant, le découpage des parcelles était très différent, comme les implantations des constructions du quartier.
Sur le coté gauche de la rue en remontant vers le Sud, les bâtiments étaient tous accolés les uns aux autres.
Jouxtant la rue St-Désiré au bord de la Vallière était implanté un Hôpital, un espace végétal était situé à l’arrière.
Le cours d’eau vers l’Est avait un parcours bien différent utilisant sûrement son lit naturel.
L’église Saint-Désiré n’était pas encore morcelée.

Lons-le-Saunier en 1715.
Lons en 1715 selon la revue Le vieux Lons de 1908.

Implantation de l’auberge de la pomme d’or.

Où exactement se situait l’auberge ?
L’examen des cadastres Napoléoniens de 1807 et 1809 (plus descriptifs et plus précis) porte uniquement sur le coté gauche de la rue Saint-Désiré où se situait l’auberge de la pomme d’or au-deçà de La Vallière.
En 1807 comme en 1809 le domaine parcellaire de cet espace englobait qu’une parcelle.

En 1807  le 1er N° de parcelle est : 79.
En 1809 le N° de parcelle change et devient : 238.
La longueur de façade sur la rue de cette parcelle est de l’ordre de 100 mètres.
Cette parcelle bâtie était selon ces plans cadastraux, la propriété d’une seule personne.

Entre 1809 et 1821, comment était l’importance de cette parcelle ?
Etait-elle divisée ?
L’auberge de la pomme d’or était-elle comme l’évoque E.Monnot et d’autres historiens en 1908 (M. l’abbé Perrod), au N°29 de la rue ?
Qui en étaient les propriétaires, l’aubergiste ?

29 rue St Désiré Lons-le-Saunier.
29 rue St Désiré Lons-le-Saunier 2016.

Notre recherche faite dans les archives départementales du Jura a aboutie, aux registres de formalités  du bureau des hypothèques de Lons-le-Saunier.
Vente du 20 Octobre 1821.
Notaire : Pierre Vincent à Cousance (dans le canton de Beaufort en 1821 il y avait 4 notaires dont 2 à Cousance, Jean-Joseph-Albert Fuynel et Pierre Vincent de 1819 à 1824).
Vendeur : Françoise Salignon veuve de Claude Éléonore Doussain demeurant à Cousance.
Acquéreur : Joseph Marie Michaud marchand cordonnier et Marie-Antoinette Epailly son épouse demeurant à Lons.
Montant : 7 500 francs (soit une équivalence monétaire de l’ordre de 40 000 euros).
Consistance :  »  Maison servant d’auberge sous l’enseigne de la pomme d’or… plusieurs corps de bâtiments, chambres greniers cabinets cuisine salle à manger, cour remises écurie jardin y compris le corps de bâtiment qui est sur le jardin et le partage avec la cour... »
Concernant l’antériorité de l’acquisition faite par Françoise Salignon sur ce bien, le répertoire des formalités hypothécaires mentionne que 4 créances rattachées ont été requises depuis 1813.

Françoise Salignon et Claude Éléonore Doussain étaient depuis 1813 les propriétaires de l’auberge de la pomme d’or .

(Cette orientation dans cette recherche documentaire s’est imposée due à une difficulté rencontrée, les archives de Maître Pierre Vincent de Cousances ne sont pas présentes ou conservées aux ADJ).

En 1824 les tableaux des registres de la population de Lons-le-Saunier recense la maison Michaud au N°33 de la rue Saint Désiré (Recensement organisé selon la loi du 22 juillet 1791 dite loi sur la police municipale).
Au N°33 résidaient en plus de la famille Michaud, plusieurs locataires de professions diverses, blanchisseuse,ouvrier, apprenti, colporteur, boulanger, militaire.
Le chef de famille Joseph Marie Michaud cordonnier né en 1769 à Orgelet et son épouse Marie-Antoinette Epailly née en 1778 à Chaux du Dombief occupaient les lieux avec leurs 5 enfants tous nés à Orgelet.

Quand s’effectua le découpage et le morcellement de cet ensemble ?
Le seul document disponible exploitable après le plan cadastral de 1809 est celui de 1870.

Lons 1870 3Pplan 3351 sect D f4.
Lons 1870 ADJ 3Pplan 3351 sect D f4.

A cette période, l’ensemble est déjà morcelé en 25 parcelles différentes.
Par contre, les N° des parcelles au niveau du N° 33 du recensement de 1818 sont les N° 295-296.

Les premières matrices cadastrales des propriétés bâties disponibles dans les archives pour Lons-le-Saunier, sont celles établies à partir de 1882.
Ainsi sur celles-ci jusqu’en 1882 la propriétaire des parcelles citées (295-296) en était au nom de la famille Devaux, pour être vendues à cette date à Alfred Prost.
La parcelle N° 295 correspondait à la maison donnant sur la rue Saint Désiré  et la parcelle N° 296 à un hangar attenant à l’arrière.
Le hangar est démoli en 1894 subi des transformations, noté sur la matrice cadastrale comme construction nouvelle dès 1896 et est considéré comme magasin en 1905.

Les frères Devaux  (  Auguste et Jules ) étaient déjà négociants en vins en 1846 et possédaient une activité de vins de Champagne à Epernay .
Auguste Devaux était le fils de Claude Joseph (1795-1843) et de Josephte Françoise Ducray.
Claude Joseph fut commis à la forge (est-ce à la forge de Pont-du-Navoy ? ) son 2ème fils Jules est né en cette commune comme l’atteste l’état civil.
Cette forge et le haut-fourneau à Pont-du-Navoy ont été rétablis en 1784 par les frères Olivier lié à un acensement de la Comtesse de Lauraguais.

Pont-du-Navoy, Les Forges,tréfilerie.
Pont-du-Navoy, Les Forges,tréfilerie.

Il y a fort à penser que les parents de Claude Joseph eux aussi travaillaient dans le domaine de la petite sidérurgie Franc-Comtoise, puisque Claude Joseph est né à Bonnal, haut lieu de forges et de haut-fourneaux dans le Doubs.
Les frères Devaux possédaient-ils les immeubles de la rue Saint Désiré après la famille Michaud ?
Il est cité que les frères Devaux étaient domiciliés rue Saint Désiré en 1869.
Qu’au décès d’Auguste ( 12 Mai 1879) la famille était déjà domiciliée aux Rochettes à Lons.
Que de chemin parcouru depuis Epernay, la maison A.Devaux produit des champagnes prestigieux, implantée maintenant au sud de Bar-sur-seine entre la D 671 et un méandre de la Seine.

Champagnes Devaux, Bar-sur-Seine.
Champagnes Devaux, Bar-sur-Seine.

 

Mais pourquoi en cette auberge le destin du Maréchal bascula ?

S’il fut condamné à mort le 6 Décembre 1815 par la Chambre des pairs siégeant au Palais du Luxembourg puis fusillé,  c’est que dans la nuit du 13 au 14 Mars 1815, il prie la décision folle de se rallier à Bonaparte alors que quelques heures avant il œuvrait ardemment pour pouvoir combattre et stopper l’usurpateur dans sa course à la recherche de son trône.
Que dans son égarement, Ney décida le 14 Mars, d’entraîner les troupes qu’il commandait à s’unir à celles de Bonaparte par une proclamation sur la place de la Chevalerie aux troupes rassemblées :
« Officiers, Sous-officiers et Soldats, la cause des Bourbons est à jamais perdue… »
Ney a toujours soutenue que cette proclamation lui avait été apportée toute faite.

E.Monot a étudié correctement ce point, persuadé que ce texte était l’oeuvre de Ney seul.
Pour cela il étudia cinq documents de la proclamation.
Deux manuscrits, le 1er déposé aux Archives Nationales, l’autre aux Archives Départementales du Jura et 3 imprimés, l’un édité à Lons déposé aux Archives Départementales du Jura, celui lu au procès (donc contenu dans les pièces) et celui publié au Moniteur du 21 Mars 1815.

ADJ Mp 98.12
ADJ Mp 98.12

Quelle surprise de lire sur la chemise de la cote Mp 98/12 des ADJ devant contenir la proclamation du Maréchal Ney en faveur de l’Empereur :
« Déficit constaté en 1929 lors du récolement. »

Cette décision de défection au matin du 14 Mars fut prise après l’introduction après du Maréchal de deux émissaires de Bonaparte venant de Lyon.
L’influence  de ces deux personnages a été déterminante sur la trahison de son serment fait au Roi.
Les arguments et documents communiqués par ceux-ci ont lourdement contribué à ce que Ney se rallie à Bonaparte.

Cette défection entraînera sa perte dès l’instauration de la 2ème Restauration.
Il fut arrêté le 3 Août 1815 au château de Bessonies (à 45 kms au Nord de Figeac dans le Lot, aujourd’hui superbe demeure réservée à l’h

ôtellerie de charme ).
Conduit à Paris le 19 Août, il fut incarcéré à la Maison de Justice de Paris (La Conciergerie) où commença son interrogatoire.

Mais qui furent ces deux émissaires si persuasifs ?

 Le 12 Mars 1815.

Ainsi dès l’arrivée de Ney le 12 Mars à l’auberge de la pomme d’or potron-minet, Cayrol fut réveillé illico vers 3 heures (selon sa déposition du 10 Novembre 1815 devant le conseil de guerre au procès de Ney) et informa le Maréchal que Bonaparte était à Lyon.
A cette nouvelle l’intention de Ney était claire et sans ambiguité : « si je ne peux pas l’arrêter à Lyon, je l’inquiéterai sur ses arrières. »
Il convoqua dans la foulée le préfet le Marquis Louis René Simon de Vaulchier du Deschaux (1780-1861, député de Dôle jusqu’en 1830, préfet tour à tour après le Jura  de la Saône-et-Loire de la Corrèze de la Charente et du Bas-Rhin) sur le champ, pour savoir quelle serai la direction et la marche de l’adversaire et dicta au préfet d’écrire à son homologue de Saône-et-Loire pour avoir des nouvelles des événements de Lyon, connaitre la marche des troupes autour de Bonaparte et transmettre les consignes d’intendance militaire.
Il fit envoyé sur l’heure deux gendarmes à Lyon ( les brigadiers,  Jean-Baptiste Vuillermot agé de 36 ans et Jean-Claude Remy 34 ans)  pour y espionner Bonaparte et obtenir des renseignements. Donna les ordres pour faire rétrograder les troupes sur Bourg-en-Bresse dirigées sur Moulins.
Il  consigne ses volontés dans une lettre qu’il adresse au ministre de la guerre, ne manquant pas au passage d’écorner le comportement du Maréchal Macdonald : » …ce n’est pas en se retirant qu’on pourra reconnaître si elles ont l’intention de faire leur devoir, il faillait les faire combattre... » l’alerta de son manque d’artillerie faute d’attelages.
Il écrit dans la foulée à 5 heures du matin, aux Maréchaux Suchet et Oudinot les informant de ses intentions, au 1er de bien pouvoir diriger ses troupes vers Lons au second les siennes sur Dijon.
Lecourbe arriva, fut informé de la situation par Ney en présence de Bourmont et du Marquis de Sorans,  approuva le plan de Ney, celui-ci le nomma inspecteur général d’armes et devant être disponible près de lui.
La fin de la matinée fut remplie par le passage d’officiers supérieurs comme les généraux Jarry (commandant militaire du Jura) et Guye venus présenter leurs devoirs ( GuyeLédonien, fils d’aubergiste, avait 42 ans se rallia à l’Empereur. Dans la Biographie des célébrités militaires,  Charles Mullié évoque que ce général fut celui qui le 14 Mars porta à Autun pour le général  Bertrand, la proclamation faite par Ney à la troupe).

Le Géhéral Nicolas Philippe Guye peint par Goya en 1810.
Le Général Nicolas Philippe Guye peint par Goya en 1810.

Au sujet de cette proclamation et paroles prononcées par Ney pour l’Empereur, il est intéressant de se reporter aux analyses faites par Emile Le Gallo :  » Discussions et documents, Ney et Napoléon à Auxerre, 1924 « .

L’auberge était devenue le quartier général de Ney, il y vécu en permanence, y mangea et y coucha 3 jours durant.
L’après-midi du 12 Mars, Ney reçoit le comte de Grivel ( inspecteur des gardes nationaux du Jura) descendit sur la place Louis XVIII ( il y retournera le lendemain) se mêler aux soldats., jusqu’à la nuit tombante.
Après son dîner en compagnie du marquis de Sorans, il reçu un négociant Parisien Pierre Boulouze arrivant de Lyon par la diligence introduit par le commandant de gendarmerie de Beauregard qui lui apprit l’entrée de Napoléon à Lyon le 10 Mars à 17 heures, lui donnant les proclamations diffusées à Grenoble par l’ennemi.
Il alerte le marquis de Sorans ( Gabriel-Joseph.Eléazard de Rosières1er gentilhomme de la chambre du frère du Roi) sur ces imprimés mémorables :
« …L’Aigle volera de clocher en clocher jusqu’aux tours de Notre-Dame …« .
Ney est subjugué par ces envolées allégoriques, il s’en émeut, relit tout haut et clame devant le marquis et Bourmont:
« …Le Roi a tort de ne pas écrire comme cela, c’est ainsi que l’on parle aux troupes… »

Il en rapporte ces éléments et nouvelles par une énième lettre, qu’il expédie au ministre de la guerre à 23 heures.

Le 13 Mars 1815.

 Levavasseur dans ses mémoires retranscrites aurait été au service auprès du Maréchal dès la nuit tombée à l’auberge, que Ney se retira dans sa chambre, que Dutour son secrétaire était dans une autre pièce de l’auberge, que les généraux Bourmont, Lecourbe, Mermet et Jarry occupaient des logements en ville (il s’avère que Ney à son procès à la séance du 4 Décembre devant la chambre des pairs, rapporte qu’ils logeaient chez le préfet. Emile Monot évoque que Bourmont coucha à l’auberge près du Maréchal).
Que vers 22 heures arriva un officier de la garde nationale porteur d’une dépêche émanant du préfet de Mâcon contenant l’information qu’un colonel de gendarmerie nommé Jameron venant de Lyon annonçait l’arrivée prochaine de Bonaparte à Maçon, que le drapeau tricolore était arboré dans toute la ville, qu’il en était forcé de la quitter.
Que vers minuit un autre officier porteur lui aussi d’une dépêche signée du maire de Chalons signifiant à Ney qu’un bataillon du 76ème de ligne fit son entrée en ville en criant Vive l’Empeur ! que la ville s’est insurgée.
Qu’ensuite un 3ème officier envoyé par le général Joseph Pellegrin de Millon ( Louis XVIII lui confia le 15 Juin 1814 le commandement de l’école d’artillerie d’Auxonne) vint annoncer au Maréchal que le régiment de hussards commandé par le Prince de Carignan ( Colonel Prince Joseph-Marie de Savoie-Carignano, comte de Villafranca, le 20 Aout 1814 il est colonel en second du 6ème régiment de Hussards, il fut à 25 ans en tant que capitaine le 21 Juillet 1808 officier d’ordonnance de l’Empereur) arborant la cocarde tricolore avait forcé les portes d’Auxonne et s’était dirigé vers Dijon.
Que vers 4 heures du matin un 4ème officier apportait une dépêche du général Heudelet commandant Dijon, signifiant que le prince de Carignan venait de faire son entrée en ville en proclamant l’Empereur.
Que sur les 5 heures du matin, le marquis de Grivel entra chez le Maréchal toujours dans sa chambre, accompagné de deux hommes qu’il avait arrêtes, vêtus en bourgeois venant de Lyon où était Bonaparte.
Qu’ils étaient surpris de leurs arrestations, que tout était terminé que l’Empereur régnait maintenant en France, que c’était une affaire arrangée avec les puissances.
Que le marquis de Grivel fit entrer les 2 personnages en la chambre de Ney et que l’entretien dura au moins 1 heure.

Maître Berryer défenseur de Ney dans la séance du 6 Décembre au procès  en citant la déposition du Marquis de Grivel :
Que dans la soirée du 13 Mars celui-ci avait écrit 3 lettres, l’une au Roi, la 2ème au général Dessoles, la 3ème au comte de Vioménil, lettres contenant le fait que pour le Maréchal Ney : « il brûlait de se mesurer avec l’ennemi de la France« .

Qu’au petit jour le maréchal fit demander à Levavasseur de faire venir en l’auberge les généraux Lecourbe, Bourmont, Jarry et Mermet.

Les mémoires retranscrites par Levavasseur sont-elles crédibles ?
Qu’en est-il réellement ?

Henri Houssaye en 1893  aborde au Chapitre IV paragraphe II de son ouvrage: 1815, les événements de la soirée et de la nuit du 13 au 14 Mars en se basant sur les minutes du procès et le dossier de Ney déposé aux archives de guerre, rendant le récit bien maigre en informations.
Les interventions des protagonistes en l’auberge chez Ney sont :
« Enfin dans la soirée, Capelle, le préfet de Bourg, arrive à demi-mort de peur. »
 » Ce fut peu après la visite du préfet de l’Ain que les émissaires de Lyon s’introduisirent à l’Hotel de la pomme d’or … »

En se basant sur le seul et excellent travail d’investigations d’archives réalisé par E.Monot, la chronologie des événements est-elle la même ?
Voici un résumé  de ce que développa l’historien-chercheur.

Ney le 13 Mars à 17 heures, écrit au ministre de la guerre, qu’il proscrivait au général Heudelet commandant la 18ème division militaire basée à Dijon,  de rappeler ses troupes, le 23 et 36ème régiments de ligne en marche sur Moulins de les réunir à Chalon.
Qu’il envoyait le 6ème régiment de hussards sur Auxonne.
Qu’une avant garde de l’ennemi s’est dirigée sur Villefranche, que Bonaparte y était surement rentré le 12 et qu’il marchait sur Mâcon.

Les informations transmises à Ney sont justes, en effet :
Le 13 Mars Bonaparte entre à Mâcon, le 14 il est à Chalon-sur-Saône (il descendit à l’auberge du Parc, qui n’existe plus, situé entre la rue de Lyon, la place de Port-Villiers et le quai Gambetta), le 15 il est présent à Autun.

Bonaparte, estampe de Dopter Musée d'Auxonne
Bonaparte, estampe de Dopter Musée d’Auxonne.

L’Empereur arrive à Paris le 20 Mars 1815.

Auparavant le 8 Mars Bonaparte proclamait :  » Nous devons oublier que nous avons été le maître des nations. Mes droits ne sont que ceux du peuple…Je viens d’éloigner d’elles pour toujours les souvenirs du régime féodal, du servage et de la glèbe, je ne leur apporte que des bienfaits.  »

A sa lettre au ministre, Ney la complète d’un post-scriptum, confirmant par une lettre écrite du Capitaine Germain :
Que les habitants de Chalon ont bloqué les 18 canons et caissons partis d’Auxonne.
Que les affûts ont été jetés dans le canal  au crie de Vive l’Empereur.
Qu’il y a à Chalon qu’un bataillon de 150 hommes du dépôt du 36ème, ne pouvant pas s’opposer aux émeutiers.

Il dîna seul, dans la soirée sur son ordre, tous les sous officiers prêtèrent serment au Roi.
A 19 heures 45, le Marquis de Sorans pris congé de Ney pour Paris, le priant de déposer à Dijon la lettre écrite pour Heudelet, d’alerter à Paris Monsieur et le ministre de la guerre de son isolement.
Il écrit à Suchet de ses inquiétudes, de ses réflexions, de ses ordres donnés et des mesures à prendre pour contrer Bonaparte.
Il se concerta ensuite avec Bourmont.
A 21 heures il  mande le préfet Vaulchier en lui signifiant d’envoyer en toute hâte deux hommes de confiance, le préfet lui désigne un gendarme dévoué et un jeune homme Désiré Monnier.

Désiré Monnier avait 27 ans était garde national et secrétaire du maire de Lons, Mr Xavier de Champagne lui aussi dans la garde nationale mais, au grade de colonel (en Octobre 1815 D.Monnier devint secrétaire particulier du préfet du Jura. En 1818 l’un des 1er membre de la Société d’émulation du Jura et conservateur du Musée de Lons. En 1828 admis à l’académie de Lyon, participa de manière active à la publication de l’annuaire du département du Jura. En 1843 inspecteur des monuments historiques du Jura, à ce titre ayant d’excellentes relations avec Mérimée il participa au sauvetage d’un des joyaux du Jura : l’abbaye de Baume-les-Messieurs ).
Il fut présenté le 13 au soir vers 22 heures à Ney dans sa chambre de l’auberge, par son colonel.
« Partez sur-le-champ pour Chalon-sur-Saône…  informez-vous du matériel dont l’Empereur dispose, et sachez m’en rendre compte dans le plus bref délai ! … »
Il lui fit délivré un passeport, il parti vers 23 heures dans une des voitures du Receveur général du département.
E.Monot dans son étude précise que D.Monnier fut présenté à Ney le 13 au soir alors que Monnier écrit dans ses souvenirs en 1871 que c’était la veille :
« Toute la journée du 13 fut employée à recueillir des renseignements. Je vis plusieurs fois Napoléon venir au balcon de l’Hôtel du Nord, pour se montrer au peuple enthousiasmé … »
Que signifie cette inversion dans les dates de la part de D.Monnier ?
Se disculper, se mettre en valeur dans ses écrits en 1871 ?
La date du 13 au soir est confirmée dans la déposition faite le 17 Octobre 1815 auprès du juge d’instruction à Tulles, par Louis -René Simon Marquis de Vaulchier de Deschaux alors préfet du Jura comme quoi :

Déposition du préfet Vaulchier de Deschaux au procès de Ney.
Déposition du préfet Vaulchier de Deschaux au procès de Ney.

En présence de Bourmont, de Beauregard  communique les nouvelles alarmantes provenant de Lyon transmises par un rapport du Capitaine Commoy, chef de la gendarmerie de l’Ain.
A minuit et quart, de Beauregard quitta l’auberge.
Le baron Guillaume Capelle ( préfet de l’Ain paniqué avait fuit Bourg le 13 Mars venant annoncé que le 76ème de ligne, utilisé par Ney pour en faire son avant garde, avait quitté Bourg le 11 pour se diriger sur Chalons, que la population s’insurgeait avait investi la Préfecture) fut reçu chez Bourmont à l’auberge entre 3 et 4 heures du matin du 14 Mars, qu’ils se rendirent un peu avant 4 heures dans la chambre du Maréchal pour lui transmettre ces tristes nouvelles.

Le 14 Mars Bonaparte de Mâcon fait expédier un mot au Général Louis Gay, colonel du 79ème régiment de ligne, général de Brigade le 126 février 1814 en demi-solde à Mâcon :
 » Suivez-moi à Paris, je vous donnerai un commandement. »

En 3 jours Ney avait envoyé au ministre de la guerre 6 lettres consécutives qui étaient restées sans réponse, il était laissé sans ordre sans nouvelle directive, à lui même.

Pierre Nicolas Berryer doyen des avocats de Paris, défenseur et conseil de Ney durant toute la durée de son procès (ce qui lui fit perdre de Bâtonnat), publie un exposé justificatif pour le Maréchal.
L’ayant côtoyé assez longtemps en 1815 pour être son défenseur jusqu’à la limite des arguments de défense , il fait une analyse assez bien détaillée du caractère de Ney, de ses égarements de ses interrogations et de son « erreur » du 14 Mars 1815, comme il la nomme.
Il en décrit les prises de décisions :
« Dans la matinée du 13 Mars, le maréchal Ney expédie une nouvelle dépêche au maréchal Oudinot…il est bien important de hâter l’arrivée des troupes…en présence du chef d’escadron de la gendarmerie, il ordonne à deux gendarmes déguisés d’aller épier la marche de Bonaparte…au même moment, il indiquait une foule de dispositions à faire des troupes, au marquis de Sauran, accouru vers lui, et qui repartait pour avoir de Monsieur des nouvelles attendues avec une anxiété inexprimable…il faisait arrêter un des officiers de sa troupe les plus exaltés, et qu’il ordonnait au lieutenant-général Bourmont de l’envoyer à la citadelle de Besançon…écrivant au lieutenant-général Heudelet…il faut éviter de faire de petits détachements : réunissez à Chalons toutes les troupes sous vos ordres…Tout à coup, dans la soirée du 13 mars, il apprend, par le préfet de l’Ain, que le bataillon du 76è, qui lui servait d’avant-garde à Bourg, avait passé tout entier à l’ennemi…Dans la nuit du 13 au 14 mars arrivent jusqu’au maréchal... »
De sa défection, l’avocat l’explique longuement comme dans cet extrait :
 » Une erreur du moment, effet du concours vraiment inouï des incidents les plus étranges; une erreur dont on n’entrevoit le principe que dans un sentiment louable en soi, mais mal dirigée; une erreur enfin qui n’a servi en rien l’usurpateur, qui n’a nullement profité à celui qui l’a commise : une telle erreur est-elle autre chose qu’un fatal égarement ? »

 

A la quête des émissaires .

Mais qui sont ces deux négociateurs habiles ?
Peu d’indices.
Le préfet Capelle comme le général Bourmont dans leurs multiples dépositions n’apportent aucune information sur la présence des agents le matin du 14 Mars, bien qu’ils n’aient point été interrogé d’une manière précise à ce sujet.

Du vivant de Ney, ses papiers militaires le suivaient partout au risque d’être égarés, perdus, volés.
Ainsi durant la campagne de Pologne l’avant-garde Russe surprend le corps de Ney le 9 Juin 1807 se repliant sur Guttstadt subissant un sérieux revers à Deppen en abandonnant ses bagages et ses effets personnels, avant de traverser La Passarge.
Chose incroyable le 18 Avril 1847,  le Major baron von Wedell ayant participé aux combats de Deppen, expédie au fils du Maréchal Ney, le registre de copie-lettres faites par le secrétaire du Maréchal recopiant toute sa correspondance militaire.
Ces documents sont rachetées par les AN en 1955.
Les Archives Nationales du Maréchal Ney comportent deux parties bien distinctes, ses papiers et ceux de sa famille.
Une seule cote dans ce fond se réfère à la période considérée, la cote 134 AP 5/344 comportant 5 mots autographe de Napoléon d’Auxerre le 17 Mars 1815 à 22 heures, l’informant :
 » que l’appel fait par le Roi aux volontaires est resté sans écho, que le peuple est partout bien disposé, que le général J.Drouet marche sur Paris où le maréchal Mortier est rentré » .

Aucun éléments tangibles sur ce sujet au SHD dans le dossier personnel du maréchal Ney  : 2ème série, n°12.
Les fonds d’archives 390 AP … du général Bertrand aux AN:  390 AP 23 pour la période des cent-jours, comme les archives complémentaires s’y rattachant, sont muettes d’informations quelconques sur les agents envoyés vers Ney le 14 Mars 1815.

Ce qui est certain, c’est que le Maréchal a bien reçu une lettre écrite de Lyon du général Bertrand à la demande de Bonaparte.

Le Maréchal Ney en 1815.
Le Maréchal Ney en 1815.

1° Témoin : Fleury de Chaboulon ( le baron Pierre Alexandre Edouard Fleury de Chamoulon fut engagé à Lyon par Bonaparte en tant que secrétaire particulier lui prodiguant des marques d’estime et de confiance ) présent ce jour-là à Lyon, il rapporte les propos de Bonaparte à Bertrand :
« Vous l’instruirez, du délire qu’existe mon retour, de la réunion successive à mon armée de toutes les forces dirigées contre moi, vous lui direz que les troupes qu’il commande imiteront infailliblement tôt ou tard l’exemple de leurs braves camarades…faites lui entendre qu’il sera responsable envers la France …de la guerre civile et du sang qu’elle fera verser, flattez le, mais ne le caressez pas trop... »
Fleury de Chaboulon dans ses mémoires cite que de Lyon il fut écrit à tous les chefs de corps que l’on savait cantonnés dans les départements voisins.

Selon l’ouvrage de Friedrich Ludwig comte de Waldburg  Itinéraire de Buonaparte de l’île d’Elbe à Sainte-Hélène, écrit en 1816 :  » Le dimanche 12, Bonaparte reçu la foule des courtisans, principalement des officiers retraités. Il expédia des émissaires à Paris, dans la Bourgogne, dans la Franche-Comté, dans la Lorraine, l’Alsace et autres divisions militaires… »

2° Témoin, le colonel Clouet, 1er aide de camp de Ney, à qui celui-ci lui présenta le soir du 15 mars 1815 une demi-feuille de papier à lettre signée du général Bertrand, en lui disant :
 » Tout est arrangé au Congrès de Vienne et avec toute l’Europe. Voici la lettre qui m’en donne la certitude. »
Il y avait en plus de cette lettre de Bertrand, une de Bonaparte  lui donnant  un ordre de marche (selon les dires de Ney dans son second interrogatoire préparé par le préfet de Police).

Aussitôt après son incarcération à la Conciergerie, il est interrogé par le ministre de la police le duc Decazes.
Retranscription de l’interrogatoire selon :
 » Procès du maréchal Ney, Pierre-Joseph-Spiridion Dufey,1815. »

1er interrogatoire de Ney par De Caze.
1er interrogatoire de Ney par Decazes.

Au 2ème interrogatoire,  Ney ne fut point interrogé sur l’identité des émissaires de Bonaparte.
Il maintient dans sa déposition, qu’il n’avait reçu aucune dépêche , ni aucun émissaire de Bonaparte avant la nuit du 13 au 14 Mars.
A la Conciergerie le 14 Septembre il est interrogé par le rapporteur du Conseil de guerre le maréchal-de-camp Grundler.
Le compte rendu ne révèle rien de nouveau au sujet des agents de Bonaparte.
Ce sont 25 déclarations de témoins qui sont insérées dans le compte-rendu du procès, devant le Conseil de guerre.

Celle du Lieutenant-général comte Louis Friant (15 ème témoin) est très laconique, bien curieuse, sans rien révéler.
Comte d’Empire en 1808, du fait de ses blessures il devint Chambellan de l’Empereur en 1813.
Il est entendu comme témoin, pour avoir été envoyé à Metz au mois de Mars 1815 par Soult pour commander le Corps Royal des Grenadiers.
Ce Corps Royal des Grenadiers sous la 1ère Restauration était l’ex 1er régiment d’infanterie de la Garde Impériale.
A la  1ère question :

L.Friant témoin, 1ère question.
L.Friant témoin, 1ère question.

La réponse fut . « Non. »
A la seconde question :

L.Friant témoin, 2ème question.
L.Friant témoin, 2ème question.

Sa réponse, moins laconique mais bien surprenante :
 » Non, depuis l’organisation faite à Fontainebleau, il n’y avait parmi les officiers que des hommes valides. »
A la 3ème et dernière question:

L.Friant témoin, 3ème question.
L.Friant témoin, 3ème question.

Sa réponse resta dans un cadre très militaire :
« Non, je n’ai reçu à l’époque aucune lettre de M. le Maréchal Ney, je n’étais d’ailleurs pas sous ses ordres. »
L.Friant commandant de la vieille-garde était le 30 Mars 1814 sous le commandement de Ney pendant la campagne de France (AN 137 AP 15/1-205).

Devant la Chambre des Pairs à la séance du 4 décembre :

Chambre des Pairs 4 Décembre 1815
Chambre des Pairs 4 Décembre 1815.

Alphonse de Beauchamp, en 1817 évoque que l’un des deux émissaires envoyés était un officier supérieur :
« On était rentré dans cette fatale nuit du 13 Mars, sur laquelle l’histoire n’a d’autres documents que les propres aveux de Ney, nuit criminelle où il reçu deux émissaires de Bonaparte, l’un officier supérieur de son ancienne garde, l’autre agent particulier. »

Les seules pistes sont les aveux retenus du Maréchal Ney à savoir :
-Que l’un des deux émissaires était un officier supérieur de la garde.
-Qu’il avait été dépêché de Metz par d’autres officiers de ce corps.
-Qu’ il était à Paris lors du procès.

Dès l’instauration des Bourbons en 1814, la vieille garde Impériale prend la qualification de  corps royal de France.
Tous les régiments de la jeune garde, infanterie, cavalerie ainsi que ceux de l’artillerie sont incorporés dans la troupe de ligne.
L’ancienne garde, réduite d’abord à 20 000 hommes fut rapportée à près de 10 000 hommes.
Le corps royal des grenadiers à pied de France organisé dès Juillet 1814 avait été ainsi formé des 1er et 2ème régiments de grenadiers de la vieille garde et du régiment des fusiliers-grenadiers de la jeune garde.
On retrouve à la tète de l’état major de ce corps, le lieutenant-général comte Friant avec le grade de colonel-commandant.
Ce corps fut envoyé à Metz, comme celui des chasseurs à pied requalifiés corps royal des chasseurs à pied de France à Nancy, les grenadiers à cheval à Blois avec la requalification de corps royal des cuirassiers de France.

A Metz, le comte Friand avait comme seconds :
– Le lieutenant-général comte Roguet, colonel en second, décéda à Paris en 1846.
– Le maréchal-de-camp baron Petit, major.
-Le maréchal-de-camp baron Christiani, major à la suite.
Ils combattirent tous au sein de la Garde Impériale à Fleurus et à Waterloo où ils ont côtoyé Ney.

Une ordonnance de 1814 mit à la demi-solde tous les officiers généraux et officiers de tous grades de l’ex-garde qui n’étaient pas employés.
Un mécontentement des demi-soldes généra de leurs parts des coalitions à Paris, le gouvernement se chargea de les éloigner de la capitale, par un ordre du ministre de la guerre, interdisant à tout officier général, supérieur ou autres ayant fait partie de l’ancienne garde et jouissant d’un quelconque traitement militaire de séjourner à Paris sans autorisation.
Malgré cela comme ces demi-soldes gardaient des contacts avec leurs anciens régiments, la fermentation était grande dans l’ex-garde, le maréchal Soult alors nommé ministre de la guerre signalait, des réactions hostiles au Roi dans les régiments, que les troupes étaient remontées contre la Royauté, par les officiers et sous-officiers déguisés.

Dès le 5 Mars 1815 à la connaissance par une dépêche télégraphique transmise du préfet de Toulon aux autorités Lyonnaises de la progression de Bonaparte depuis Golfe Juan, les réactions au sein de l’ex-garde ne se font point attendre.

A Metz, comme le rapporte l’aveu de Ney un officier supérieur de l’ex-garde était dépêché par les autres officiers du corps royal des grenadiers de France dès le débarquement sur le sol de France de Bonaparte, d’alerter : des dangers d’une guerre civile, les commandants de division militaire pouvant s’opposer à Bonaparte par les armes.

C’est ainsi que dans la nuit du 13 au 14 Mars après s’être rendu auprès de Bonaparte à Lyon, cet officier supérieur de l’ex-garde accompagné d’un agent bien particulier de l’ex-empereur, se présentèrent à l’auberge de la pomme d’or pour y être introduit auprès de Ney.

Ces maigres indices, portent à croire par recoupement que cet officier pouvait-être:
Jean-Martin Petit, 100% Bonapartiste dans l’âme, le cœur et le devoir.

 

Jean-Martin Petit.

Le baron Jean-Martin Petit 1840, David d'Angers, Musée Carnavalet
Le baron Jean-Martin Petit 1840, David d’Angers, Musée Carnavalet

Né le 22 Juillet 1772 à Paris fils de Marie Cecile Vavasseur et de Jean Petit  bourgeois, au domicile de la  rue des Canettes ( Dans le 6ème arrondissement de Paris, faisant la jonction entre la rue du Four et la rue Saint-Sulpice).

Son passé militaire parle pour lui (en aparté , le général Friant fut à maintes reprises son supérieur et son chef et l’on peux comprendre le témoignage du comte Louis Friant, devant le Conseil de guerre, lors du procès de Ney).

Jean-Martin Petit :
Capitaine 1er Messidor an 6.
Aide de camp du général Friant 20 Messidor an 6.
Chef de Bataillon 6 Germinal an 6.
1er aide camp du général Friant 5 Pluviôse an 10.
Major 14 Aout 1806 ( 15e Régiment d’Infanterie légère).
Colonel 3 Mars 1808 (67 e Régiment d’Infanterie de Ligne).
Baron de l’Empire 15 Août 1809.
Général-de-Brigade 28 Juin 1813.
Major 20 Novembre 1813 (1 er Régiment de Grenadiers-à-Pied de la Garde Impériale).
Major 1 Juillet 1814 (Corps Royal des Grenadiers de France), commandé par le colonel-commandant le comte Friant .
Général de Division 20 Mars 1815 par Napoléon.
Major-colonel 1 Avril 1815 (1 er Régiment de Grenadiers-à-Pied de la Garde Impériale, lieutenant-général comte Friant ).
Lieutenant-général en 1831 par Louis-Philippe.
Décédé 8 Juin 1856.

Napoléon Ier, ayant abdiqué en 1814,  fit ses adieux à la garde Impériale le 20 avril 1814, dans la cour du cheval blanc du château de Fontainebleau.
Il embrassa l’aigle du 1er régiment de grenadiers de la garde et le général Petit.

Fontainebleau, 20 avril 1814. Antoine Alphonse Montford, selon Horace Vernet.
Fontainebleau, 20 avril 1814. Antoine Alphonse Montford, selon l’original d’Horace Vernet.

Il aurait déclaré  : « Je ne puis vous embrasser tous, mais j’embrasse votre général. Venez, général Petit, que je vous presse sur mon cœur. »

Mais qui était le second émissaire, cet agent particulier ?

Fleury de Chaboulon, pourquoi pas ! il en a le profil, l’opportun !

Les fils du Maréchal Ney  œuvreront tout le long de leur vie, pour la réhabilitation de leur père.

L’aîné Joseph-Napoléon devenu général, sénateur et pair de France en 1831 réclama la réhabilitation de son père, ne voulu point siéger sur les bancs de ceux qui l’avaient condamné, tant que la justice pleine et entière n’aurait pas été rendue à la mémoire du Maréchal.
Il y siégea seulement que 10 ans plus tard en protestant de manière énergique contre le jugement de 1815 :
« J’entends dire à cette tribune qu’on ne me reconnait pas le droit de protester contre une sentence rendue dans un procès, où la défense n’a pas été libre, où la condamnation a été demandée ouvertement par l’étranger !  »
Ce n’est que sous la Seconde République que le Gouvernement provisoire réhabilite la mémoire du Maréchal, il n’y aura pas de procès en révision, les ordres de la légion d’honneur retirés lui seront rétablis.
Étonnant, la base Léonore à la cote LH/1984/21, la pièce 2/11 fait apparaître :

Base Léonore dossier Michel Ney.
Base Léonore dossier Michel Ney.

Dès la défaite de Waterloo, Napoléon d’abord fit peser une grande partie des responsabilité de ce désastre militaire sur Ney .

Charles-Guillaume Gamot ( beau-frère de Ney et préfet de l’Yonne au moment des événements de Mars 1815) aidé par le général d’Empire Maximien Sébastien Foy (Commandant la 9ème division d’infanterie à Waterloo sous les ordres du chef de corps le général Reille, chef de file des libéraux en tant que député à l’Assemblée Générale), par Davoust ministre de la guerre durant les Cent-jours et par le colonel Heymès (sous-chef d’état-major du Maréchal Ney pendant les Cent-jours)  publia en 1819 une 1ère réfutation, sur les accusations et les non-respects des ordres donnés par Napoléon et son état-major à la bataille de Waterloo; portées contre le Maréchal Ney.

Le cadet  Michel-Louis-Félix Ney, sous la monarchie de Juillet obtint un mandat de député de 1846 à 1848, devint général de brigade en 1851.
Il se chargea de collecter des documents inédits et des témoignages des acteurs du champ de Bataille, qu’il publia en 1840.
Cette démarche enclencha des réactions multiples, contrariant les  mémoires de Napoléon écrits à Saint Hélène sur cet événement dans le Volume IX et publiés en 1830.
L’un des premiers à lancer cette controverse fut le Lieutenant-général baron Antoine de Jomini (il fut à maintes reprise à l’état-major de Ney et suite à un conflit avec Berthier, il quitte la France en 1813 pour servir l’Empereur Alexandre II)  auteur de nombreux ouvrages d’histoires et de tactiques militaires, mais qui suite à une correspondance avec Michel-Louis-Felix Ney, publiera en Octobre 1841, une analyse sur les reproches portés sur Ney, qu’il qualifia de non justifiés.
D’autres historiens ont suivi cet exemple et ont beaucoup écrit à ce sujet, reconnaissant que les erreurs ne venant pas du Maréchal Ney mais plutôt de Napoléon lui-même.

Ney Le duc d'Elchingen chef d'escadron d'Etat Major, 1840 Felix PHILIPPOTEAUX est envoyé en Afrique en avril 1840 par Louis-Philippe Duc d'Elchingen Musée Condé Chantilly m505201_0007368a_p
Michel Louis Ney, duc d’Elchingen chef d’escadron, avril 1840, Musée Condé Chantilly.

 

Lamartine dira du Maréchal Ney :
« Ney, combattu entre son ardeur et ses repentirs, toujours le premier soldat de l’armée française, était plus propre désormais, par l’inquiétude de son cœur, à se précipiter dans la mort qu’à assurer la victoire. »

On est en droit de se poser cette question :
Pourquoi n’existe-t-il pas de plaque commémorative apposée en façade rue de la Saint Désiré à Lons-le-Saunier, mentionnant ces événements de Mars 1815 ?

 

Il est difficile de ne pas évoquer ces Jurassiens Grenadiers de la Garde Impériale, oubliés et remarquables à juste titre, de l’Empire :

– Jean Nicolas Senot, né à Salins-les-Bains en 1761, fils de Denise Blanc et de Denis Senot.
Ce personnage était une « star » avant l’heure !
Dès la formation du 1er régiment des grenadiers de la garde impériale en Mai 1804, il en est le tambour Major, nommé lieutenant le 22 Janvier 1814 au 2ème bataillon d’instruction à Fontainebleau, il est toujours tambour-major le 1 juillet 1814 ayant passé au dépôt de l’ancienne garde.

Jean Nicolas Senot au centre par H.Bellangé Musée du Louvre.
Jean Nicolas Senot au centre par H.Bellangé Musée du Louvre.

-Jean Claude Viennet, né en 1771 dans le hameau de Fonteny (voir Gite la Moutena ) fils d’Antoine Viennet et de Claudine Jeanet.
Passé : du 6ème régiment de cavalerie au Grenadier à cheval de la Garde des Consuls dès sa formation.
Le 27 Frimaire an 9 au Grenadier de la garde Impériale.

Grenadier à cheval de la Garde Impériale, colonel Lepic, bataille d'Eylau, E.Detaille, Musée Condé Chantilly.
Grenadier à cheval de la Garde Impériale, colonel Lepic, bataille d’Eylau, E.Detaille, Musée Condé Chantilly.

Toujours présent en tant que grenadier à cheval de la garde jusqu’en 1815.
Comment ce Jurassien, de naissance et de condition modeste, élevé dans une contrée si retirée, a-t-il pu entrer et rester aux Grenadiers à cheval de la Garde Impériale autant d’années ?

Il est fort possible qu’à partir d’éléments d’archives conséquents que ces deux Jurassiens puissent faire  » l’objet » d’un article sur ce blog. 

 

Sources:
ADJ  Lons-le-Saunier sous-séries, 5E, 3P.
AN, dossier Ney 137 AP; fonds général Bertrand, 390 AP 1-34.
Cours politique et diplomatique de Napoléon, extraits du Moniteur, Lewis Goldmisth 1816.
Dictionnaire des Parlementaires français , Robert et Cougny, 1889.
Exposé justificatif pour le Maréchal Ney, Maître Berryer père, avocat. SD.
Histoire des campagnes de 1814 et de 1815, Alphonse de Beauchamp1816-1817.
Histoire anecdotique, politique et militaire de la garde Impériale, E. Marco de St Hilaire, 1847.
Histoire de la Restauration, A.Lamartine, 1861-1862.
Itinéraire de FC rédigé par ordre de Mr de Caumartin de St Ange 1789.
La dernière campagne du général Lecourbe, Belfort en 1815, H.Bardy 1889.
La Quotidienne, la religion, le roi et les lois, Mars 1815 ADJ Pr 604.
La Première Restauration, le Retour de l’île d’Elbe ; les Cent jours. Henri Houssaye, 1893.
Le Maréchal Ney à Lons-le-Saunier, par E.Monot, Mémoires de la Société d’émulation du Jura, 1927.
Le vieux Lons, revue locale, 1908.
L’église Saint-Désiré, M.Duhem, Bulletin monumental, 1935 V 94.
Les anciens hôtels de Paris, par le Comte d’Aucourt 1880.
Les cent jours, mémoires pour servir à l’histoire de la vie privée…, Fleury de Chaboulon, 1820.
Napoléon et sa garde, ou Relation du voyage de Fontainebleau à l’île d’Elbe en 1814, du séjour de l’Empereur dans cette île et de son retour en France, 
E. Laborde, 1840.
Précis historique de la vie et du procès du Maréchal Ney, par F.F. Cotterel, 1816.
Procès du Maréchal Ney, Méjan, 1815.
Quelques notes sur la conduite de M. le comte de Bourmont en 1815, par Anne-Louis-Antoine Clouet, 1832.
Souvenirs d’un octogénaire de province, par D.Monnier, Lons-le-Saunier, Imprimerie de Gauthier frères, 1871.
Souvenirs militaires d’Octave Levavasseur, publiés par le Commandant Beslay 1914.
Vie du maréchal Ney…l’histoire de son procès…, par Maiseau, L-Raymond Balthasard, 1816.

Mais pourquoi diantre aujourd’hui l’Angleterre comme l’Argentine tiennent-elles aux Malouines ?


Mais pourquoi diantre aujourd’hui l’Angleterre comme l’Argentine tiennent-elles aux Malouines ?

 

Soit, nous sommes bien en droit de se poser cette question !

Surtout lorsque l’on aborde cet archipel isolé dans l’atlantique Sud-ouest distant de 260 milles des cotes Argentines, par le coté Argentin !

 

En effet, à Ushuaïa en terre de Feu !

La baie d'Ushuaia.
La baie d’Ushuaïa.

 

A l’entrée du port de commerce par où transite tout les voyageurs et marchandises, un grand panneau bien en vue à droite des grilles sur le mur de la Prefectura Naval Argentina, intrigue !

Qu’indique-t-il ?

Panneau à l'entrée de la rade d'Ushuaia.
Panneau à l’entrée de la rade d’Ushuaïa.

« Nous informons nos visiteurs que par la loi nationale Argentine n ° 26,552 les îles Malvinas, Georgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes ainsi que le territoire antarctique argentin, ont été inclus dans la compétence de la province de Tierra del Fuego.

Dans le même temps nous devons nous rappeler que les îles Malvinas, Georgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants, sont, depuis 1833, sous l’occupation illégale du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et Irlande du Nord. »

Puis, bien dans l’axe d’accès en énormes lettres :

Port d'Ushuaia, conseils de bienvenues.
Port d’Ushuaïa, conseils de bienvenues.

« Les navires pirates Anglais sont interdits d’amarrage. »

Cela ne peut-être plus clair et pourtant nous sommes en 2015 !

D’autres messages apposés en ville dans le style Street-art :

 

Ushuaia, art de la rue.
Ushuaïa, art de la rue.

« madre tierra, he ahi a tus hijos » que l’on comprend comme : « terre-mère, il a eu vos enfants », ou tolérés comme celui en contrebas de la digue avenue Maipu face au Museo Territorial, énorme, visible seulement lorsque nous sommes sur l’eau dans la rade :

Ushuaia la rade
Ushuaïa la rade.

« Ushuaïa capital de las Malvinas. » peuvent être interprétés comme des slogans revendicatifs.

Les Argentins ou sa marine sur place sont-ils assez armés pour intervenir ?
Pas avec ce qui est amarré et visible à l’Arsenal Ushuaïa !

La flotte militaire à Ushuaia.
La flotte militaire à Ushuaïa.

 

Même si l’Intrepida est présente, coincée entre deux vedettes lance-pierre.

L'intrépide Marine d'Ushuaia.
L’intrépide Marine d’Ushuaïa.

 

On se moque ! Mais l’affaire est sérieuse !

Puis après avoir embarqué pour la grande boucle Australe, après un bon training, de l’hôtel au quai d’embarquement vers le Plancius.

Training avant le grand large.
Training avant le grand large.

 

Après avoir longé avec celui-ci le canal de Beagles vers l’Est, à sa sortie avoir dépassé l’Isla de los Estados.

Iles des Etats.
Iles des Etats.

 

A l’approche des Falkland.

Carte des Falkland
Carte de l’Archipel des Falkland.

 

 

Après deux jours de mer, avoir croisé des Rorquals communs le long de l’ile Weddell à l’Ouest de l’ile occidentale des Falkland.

Au large des Falkland, le souffle des Rorquals
Au large des Falkland, le souffle des Rorquals

 

Après avoir débarqué enfin sur l’ile Saunders si mystérieuse d’aspect, située au Nord toujours de l’ile occidentale dans une anse aux eaux calmes.

L'ile Saunders, Falkland occidentale.
L’île Saunders, Falkland occidentale.

 

Cette île de landes sèches abrite selon la littérature :
Quatre espèces de manchots, une grande colonie d’Albatros à sourcils noirs, et deux espèces de grèbe.
Il y a plusieurs trésors botaniques, comme la renoncule argent rare et la marguerite poilue, à la fois endémique, ainsi que les quatre espèces d’orchidées indigènes.

L’île a été nommée en mémoire à Sir Charles Saunders, commandant du HMS Tryal au cours de la circumnavigation de George Anson de 1740-1744.
En 1766, l’amiral anglais Byron vint établir un poste militaire dans le Nord de l’île occidentale, à Port-Egmont, pour y protéger les pêcheurs anglais.
Port Edgmont, bras de mer, passage entre les iles Saunders, Keppel et la grande ile Ouest avait été choisi comme emplacement de la première colonie britannique dans l’archipel le 23 Janvier 1765 dû à un mouillage sûr au Sud-est de Saunders à l’abri des vents dominants et à la présence beaucoup de plantes antiscorbutiques.
Les deux seuls points culminants sur Saunders, sont à l’opposé l’un de l’autre, le Mont Harrison au Nord-ouest 433m et le Mont Rookery au Sud-est 423m.

Pour avoir approché pour ma 1ère fois des manchots en liberté dans leurs éléments naturels et sauvages.

L'accueil des manchots Papou à l’île Saundres, son coin niche et toute sa famille.
L’accueil des manchots Papou à l’île Saundres, son coin niche et toute sa famille.

 

Pour avoir découvert l’habitat des manchots de Magellan.

Les Falkland, île Saunders, Manchots de Magellan chez eux.
Les Falkland, île Saunders, Manchots de Magellan chez eux.

 

Pour avoir rencontré les Gorfous sauteurs.

 Les Falkland, île Saunders, Gorfou sauteur et sur son domaine , gare aux prédateurs.
Les Falkland, île Saunders, Gorfou sauteur et sur son domaine , gare aux prédateurs.

Pour avoir salué le grand Albatros à sourcils noirs.

Les Falkland, île Saunders, Albatros à sourcils noirs en famille et en couple.
Les Falkland, île Saunders, Albatros à sourcils noirs en famille et en couple.

 

Pour avoir croisé, le chionis, les oies des neiges, le Caracara austral, l’Huitrier.

Les Falkland, ile Saunders, Chionis, Oies Antarctique, Caracas et huîtrier.
Les Falkland, ile Saunders, Chionis, Oies Antarctique, Caracas et huîtrier.

Pour avoir observé les colonies, de Gorfous sauteurs sur les flancs Nord du Mont Rookery, d’Albatros nichées sur les falaises, les retours en mer de ces oiseaux pas comme les autres, de cormorans impériaux aux magnifiques yeux bleus et leur progéniture, du bien vivre de ces espèces ensemble regroupées.

Les Falkland, l’île Saunders, mixité oblige, bains de pattes pour les Pétrels et retour de la plage.
Les Falkland, l’île Saunders, mixité oblige, bains de pattes pour les Pétrels et retour de la plage.

 

Pour avoir contourné les restes d’un cétacé.

Triste sort.
Triste sort.

 

Pour avoir ressenti, le changement lent des conditions atmosphériques en fin d’après-midi, le froid s’accentuant, l’humidité s’incrustant, la frustration de quitter l’ile Saunders pour d’autres lieux de découvertes inattendues, l’attente transis du Plancius pour l’embarquement.

L'attente et nous sommes pas les seuls à vouloir quitter l’île Saunders !
L’attente et nous sommes pas les seuls à vouloir quitter l’île Saunders !

 

Ainsi le lendemain matin, après avoir longé les cotes Nord des deux grandes iles des Falkland, être dans la rade de Port Stanley où seul, un énorme chalutier de 50m de long, le Kestrel est stationné, battant pavillon Falkland Islands, jauge brute, GT « gross tonnage » de 775t (tonneaux, assurément).

« Le tonneau étant un volume de 100 pied cubes, soit 2,8316 m3, c’est l’ancienne unité de volume, l’actuelle étant la jauge brute UMS (Système Universel de Mesures) mise en place en 1982 par l’Organisation maritime Internationale, assez compliquée et uniquement pour les navires ayant une longueur supérieure à 24m en dehors de l’Union Européenne, unité variable en fonction du volume total du navire, exemple : unité valant 4,55m3 pour un navire de 10 m3, 3,85m3 pour 1 000m3, 3,125m3 pour 1 million de m3 !
Quant on sait que cette mesure sert essentiellement pour déterminer l’ensemble des taxes maritimes douanières et fiscales, cette unité variable, n’a pas de sens !
Sauf pour qui ?»

 

Le Kestrel dans la rade de Port Stanley.
Le Kestrel dans la rade de Port Stanley.

Après avoir tels le touriste basique rayonné dans la ville, s’être baladé sur le front de mer le long de la Ross road, jalonnée de monuments de mémoire (Guerre des Malouines en 1982, bataille des Malouines de 1914, bateaux échoués, vestiges maritimes tels ces canons sur affûts pointés sur l’entrée de la rade)

 Port Stanley monument 1982 et canons déco.
Port Stanley monument 1982 et canons déco.

 

Avoir visité la Christ Church Cathedral, la Post Office, longé la maison du gouverneur, l’église Sainte Marie.

Port Stanley, cathédrale, poste et maison du Gouverneur.
Port Stanley, cathédrale, poste et maison du Gouverneur.

 

Avoir apprécié le very clean cottages.

 Cottages à Port Stanley.
Cottages à Port Stanley.

 

Avoir déambulé dans les petites rues secondaires.

L'envers du décor, Port Stanley.
L’envers du décor, Port Stanley.

 

Nous sommes tombés en arrêt devant une fenêtre où était affiché en évidence pour les passants ce message.

Les Falkland, Port Stanley, annonce privée.
Les Falkland, Port Stanley, annonce privée.

« A la nation argentine et ses habitants vous serez les bienvenus dans notre pays que lorsque vous cesserez votre demande de souveraineté et de reconnaître notre régime à l’autodétermination.»

Cela jette un froid, déjà que le soleil n’était pas au rendez-vous, que le vent cinglait les visages, sacré accueil, perplexes nous retournâmes et retournâmes cette pensée :

Mais pourquoi diantre, les Argentins comme les Anglais tiennent-ils tellement à cet Archipel ?

 

Comprendre qui pourra, mais voilà ici quelques pistes de réflexion.

Jules Verne écrivit dans son roman « Vingt milles lieux sous les mers » au sujet de cet archipel :

«Sur ces fonds gras et luxuriants, le Nautilus passait avec une extrême rapidité.
Vers le soir, il se rapprocha de l’archipel des Malouines, dont je pus, le lendemain, reconnaître les âpres sommets. La profondeur de la mer était médiocre. Je pensai donc, non sans raison, que ces deux îles, entourées d’un grand nombre d’îlots, faisaient autrefois partie des terres magellaniques. Les Malouines furent probablement découvertes par le célèbre John Davis, qui leur imposa le nom de Davis-Southern Islands. Plus tard, Richard Hawkins les appela MaidenIslands, îles de la Vierge. Elles furent ensuite nommées Malouines, au commencement du dix-huitième siècle par des pêcheurs de Saint-Malo, et enfin Falkland par les Anglais auxquels elles appartiennent aujourd’hui

Cela ne nous rapporte pas grand-chose, mais résume à peu près l’évolution dans le temps de la souveraineté de l’Archipel.

 

Mais aujourd’hui, que se passe-t-il dans ces eaux ?

Certes, malheureusement il y eu la guerre des Malouines en 1982 entre l’état Argentin et le Royaume-Uni !

Très souvent en Argentine, les mémoriaux pour les soldats tombés au combat vous le rappellent !

Mémoriaux Argentins, calla Defensa à Buenos Aires et à El Calafate.
Mémoriaux Argentins, calla Defensa à Buenos Aires et à El Calafate.

 

Le 1er février 1987, le Gouvernement de l’Archipel décrète une zone de protection autour de ses iles de 150 milles correspondant à une surface globale de 242 410 km2.

A l’examen de ces cartes le diamètre de la zone FICZ s’étend du 55°30 au 63°30 W soit 8° d’écarts.
A cette latitude du 51° 30 Sud, la détermination des distances d’un point à un autre, vu la rotondité de la terre, est donné par:

1° de longitude correspond à 111,11kms *cos (latitude).

Soit pour 4°de latitude à la longitude de 51°30 S une distance de 150 milles.

Pourquoi donc 150 milles ?

Limites concentriques des zones FIC Z et FOC Z de conservation et de management autour des îles Falkland.
Limites concentriques des zones FIC Z et FOC Z de conservation et de management autour des îles Falkland.

En Juillet 1986, l’Argentine avait signé des accords bilatéraux avec l’Union soviétique et la Bulgarie, qui fixent des limites sur leurs captures en mer dans la région à 200 milles des cotes et a donné une reconnaissance implicite de la souveraineté argentine sur les îles.
Ces accords ont incité les Britanniques à imposer 150 milles de protection créant ainsi la zone de gestion (FICZ), nécessitant les chalutiers étrangers d’avoir des licences avec les Falkland, à partir du 1er février 1987.

Il existe sur les cartes nautiques autour de l’Archipel des Falkland, deux zones nommées :
– Zone de conservation et de gestion (FICZ)
– Zone extérieure de conservation (FOCZ)

L’évaluation de l’extension de la zone FIC vers la limite de la zone FOC à l’Est donne une distance de l’ordre de 120 milles.

L’archipel s’est doté d’une zone réservée du Nord au Sud en passant par l’Est de : 270 milles, doublant ainsi la surface de la zone FICZ.

Nous sommes loin des 150 de 1987 et des 200 milles de zone économique exclusive de 1982 des Nations Unies !

En comparaison la ZEE (zone d’économie exclusive des 200 milles) le long des cotes Françaises uniquement en métropole se monte à 265 000 km2.

Zones délimitées pour la pêche, quadrillées en secteurs.

La localisation des îles Malouines, à la limite des écosystèmes subantarctiques et tempérés, les place dans des eaux ayant une productivité primaire élevée.
En effet, le courant marin froid des Malouines part de la circulation circumpolaire antarctique et remonte vers le nord en se scindant en deux branches, qui passent à l’ouest et à l’est des îles.
L’exploitation des systèmes vivants dans ces deux zones et la gestion est propre au Gouvernement des Iles Falkland qui distribue donc moyennant finances, des licences à des Sociétés de pêches Internationales, qui envoient sur les lieux d’énormes bateaux congélateurs.

En 2010, 203 licences de pêches ont été délivrées avec la répartition suivante :

58 licences pour les Falkland pour un tonnage prélevé de 93 189 tonnes.
55 pour l’Espagne 88 049 tonnes.
34 Corée 9 403 t
45 Taiwan 5 808 t
4 Grande Bretagne 6 268 t
2 Sierra Leone 178 t
1 Japon 5 945 t
1 Cambodge 94 t
1 Russie 2 t
1 Chili 0 t
1 Vanuatu 0 t

Le tonnage de 2010 des pêches toutes espèces s’élevait à environ 210 000 tonnes.
Par comparaison la production halieutique pour la France est d’environ 500 000 tonnes, sur toutes zones de prélèvements.

Les espèces les plus exploitées sont :
-Encornet, une population très importante est présente dans les eaux continentales.
-Calmar Illex
-Calmar de Patagonie
-Calmar martiaux
-Merlan bleu du Sud
-Merlu Austral
-Grenadier bleu
-Abadèche du Cap
-Morue rouge
-Légine Australe
-Crevettes

Les licences ont rapportées la somme de 11 485 000 Livres soit 21 610 000 Euros.

Des revenus de licences de pêche assez fluctuants depuis 1996, la plus forte saison ayant été 2001 avec 27 700 000 livres, la plus basse 2005 avec 10 550 000 livres.

La population actuelle est estimée à environ 3 000 habitants soit une densité de :
0,2 habitant au Km2, dont 60 à 70 % reste à Port Stanley.

Le PIB par habitant est très élevé, considéré en 2012 à 55 400 dollars US.
Plaçant cet Archipel au 8ème rang mondial.

En 2002 celui-ci était de 25 000 dollar US.

Mais pourquoi un tel bond en 10 ans ?

La France se situant au 36ème rang mondial avec 35 600 dollars US.
Le Royaume-Uni au 34ème rang avec 36 600 dollar US.
L’Argentine au 68ème rang avec 17 700 dollar US.

Ainsi soit-il !

En Septembre 1995 après des années de négociation entre l’Angleterre et l’Argentine, un accord était parvenu entre ces deux états visant à favoriser l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans l’Atlantique Sud-ouest.

Ainsi implicitement, les zones FIC et FOC sont pour les Falkland non plus considérées comme des zones de conservation et de gestion pour la pêche mais aussi pour toutes autres ressources sous-marines exploitables.

La messe est dite !

Il y a fort à penser qu’il n’y a pas qu’un merlu sous roche, creusons, creusons !

La documentation financière industrielle est riche en informations !
En s’y plongeant, elle nous indique qu’une première phase d’exploration pétrolière autour des iles Falkland s’est produite dès 1998.
Six puits ont été forés dans le North Graben Falkland (Fossé Nord).

Zones des licences Oct 1996, bassin Nord Falkland.
Zones des licences Oct 1996, bassin Nord Falkland.

Le bassin du Nord Falkland comprend deux principaux éléments structurels: un fossé orienté nord-sud, appelé North Graben Falkland et un ensemble de bassins subsidiaires à l’ouest de ce fossé, également contrôlé par des failles Nord-sud en extension.

Ces forages ont été effectués à environ 54 milles au Nord de l’archipel dans la zone FICZ estimation entre 49°et 50° S.
Ces puits ont été opérés par Shell (Shell 70% et Agip 30%), Amerada Hess Corporation (Hess 25%, Fina 25%, Murphy Oil Company Limited 25%, Teikoku Limited 20%, Argos 5%), Lasmo PLC ( Lasmo 62,5%, Desire Petroleum 25%, Clyde Expro 12,5%) et IPC iles Falkland Limited (IPC 50%, Sands Oil 50%).
Amerada Hess Corporation fondée après la 1ère guerre mondiale est aujourd’hui dénommée Hess Corporation.
C’est une Entreprise Pétrolière Américaine basée à NY, ayant réalisé en 2013 un chiffre d’affaires d’environ 20 Milliards de Dollars US.
Lasmo PLC a été racheté par ENI en 2001.

L’opérateur Hess 2 puits sur la licence PL001 avril 1998 : indices de pétrole jusqu’à 2 615m, puis en Novembre 1998 à 2 371m avec toujours des indices de pétrole.
Deux puits de l’opérateur Shell, sur PL002 en Janvier 1998 indices de pétrole à 3 005m, répété en avril 1998 à 4 525m avec présence de pétrole et de gaz.
Lasmo sur PL003 avec un puits à sec à 1 550m.
IPC sur PL005 avec un puits à 2 938m présentant des indices de pétrole.

Mais en amont, comment sont réalisées les prospections des sous-sols en mer ?

Les caractéristiques géologiques des gisements pétroliers diffèrent en fonction de leur âge (de 5 à 400 millions d’années) de leur profondeur (de 1 à 10 kms) et de la consistance des huiles (de 60 à 150°C).

Pour identifier les régions à potentiel pétrolifère, les géologues dressent une carte du sous-sol, selon une prospection géophysique offshore en profondeur.
En mer, un navire permettant de trainer de très grandes longueurs de câbles, flûtes ou streamers jusqu’à 10 kms, équipé de générateurs d’ondes sismiques, des réseaux de capteurs d’ondes et de pressions (hydrophones) conçus pour recueillir les échos d’ondes, parcours à faible vitesse (5 à 10 nœuds) les océans en émet des ondes qu’il récupère et analyse, dressant ainsi aussi bien en 2D qu’en 3D les cartes des fonds sous-marins, avec des résolutions horizontale comme verticale de quelques mètres.

Navire de relevés sismiques Focus Admiralty.
Navire de relevés sismiques Focus Admiralty.

Deux techniques sont employées : la sismique par réfraction et celle par réflexion.

La méthode de la sismique par réfraction consiste à trainer en mer des canons à air qui émettent des tirs réguliers.
Les capteurs positionnés sur les fonds marins sur de très grandes distances peuvent ainsi recevoir les ondes qui se sont propagées suivant un grand angle et dans les couches profondes.
Cette méthode permet d’étudier deux types d’ondes.
Les ondes qui se sont réfléchies sur une interface entre deux couches constituant le sous-sol.
Celles qui arrivent à une interface quelconque entre deux couches sous un angle d’incidence correspondant à la réfraction limite.
Elles se déplacent le long de l’interface alors à la vitesse de propagation correspondant à la couche inférieure.
L’inconvénient de cette méthode est sa limite d’utilisation pour des profondeurs supérieure à 300m.

La méthode de sismique par réflexion utilise donc des lignes ou streamers sismiques.
Toujours avec des canons à air, le navire fait émettre des explosions régulières selon des temps bien déterminés et des positions bien localisées.
Ces explosions génèrent des ondes qui se propagent dans l’eau se réfléchissent sur les couches puis remontent vers la surface où sont positionnées les différents capteurs.
Seules les ondes qui se sont réfléchies selon un angle étroit peuvent être récupérées.
Cela permet de trouver les surfaces de séparations entre les différents milieux d’impédance acoustique, l’épaisseur et la géométrie des couches.

Les sources utilisées comme générateurs d’ondes sont des canons à air comprimé, des canons à eau ou des vibrateurs acoustiques.
Ils produisent des ondes explosion.
Les plus couramment usités sont les canons à air.
Ces canons possèdent deux chambres remplies d’air comprimé à environ 130 bars.
Dès que la pression maximale est atteinte dans les deux chambres, la chambre inférieure libère l’air qui créé une puissante impulsion comprise entre 5 et 80 Hz.
En raison de la pression hydrostatique, ce volume d’air libéré oscille et perturbe le signal incident, 6 millisecondes après, la deuxième chambre libère l’air qu’elle contient, stabilise l’air en se rapprochant d’un signal impulsionnel.
Le réglage du volume des deux chambres est primordial pour obtenir de bonne acquisition sismique.
La cadence des coups tirés peut descendre en dessous de 5 secondes.
Les dispositifs de canons immergés à 20-30m de profondeur sont des batteries de dizaine de canons à air.

Il y a-t-il des conséquences sur l’utilisation des canons à air ?

Ce type de sources émet un son de 250 décibels.
Le maximum supportable du niveau sonore pour l’être humain est 191 décibels, au-delà on parle d’onde de choc.

Le seuil de nocivité pour les humains est une exposition de 8 h/j à 80 décibels, ou 98 dB pendant 7 mn ou 122 dB durant 2/10 de secondes !

A partir de 120 dB les sensations deviennent douloureuses, l’exposition prolongée détruit peu à peu les cellules cillées de l’oreille interne et conduit progressivement à une surdité irréversible.

Les traumatismes apparaissent aussi pour des niveaux de 140 dB tels le turbo-reacteur d’un avion au décollage ou l’explosion d’un bâton de dynamite, ou celui du décollage d’une fusée spatiale de 180 à 190 dB.

On est loin des 250 dB des canons à air immergés en mer bombardant en permanence durant des semaines la vie sous-marine !

Si cette onde de choc est hyper dangereuse pour l’homme, qu’en est-il pour la faune sous-marine ?

En Mars 2007, le secrétaire général de l’ONU annonçait déjà :
« La prolifération sonore est de plus en plus soupçonnée de représenter une menace importante pour la survie des mammifères marins, des poissons et d’autres espèces marines…En inondant leur monde de sons intenses, nous perturbons leurs activités, avec des conséquences potentielles graves. »

En Mars 2014 le Bureau de gestion de l’énergie des Océans (BOEM) à l’instigation de la proposition présentée par le Gouvernement Fédéral des Etats-Unis a publié une étude d’impact environnemental concernant l’usage des canons à air sismiques pour l’exploration des 900 000km2 située en dessous de la Baie de Delaware.

Ce rapport fait le constat que l’utilisation de canons à air sismiques dans cette zone pourrait :
« Causer la perte de 140 000 animaux marins et perturber la vie de 14 millions d’autres poissons et mollusques… »
Selon les déclarations du Conseil National de la défense des ressources maritimes :
« Environ 55 espèces marines, dont certaines déjà menacées d’extinction et plus de 20 espèces de poissons pourraient subir gravement les incidences négatives de la pollution sonore générée par ces canons… »
Selon les recherches de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration dépendant du Département du Commerce des US) la baleine noire de l’Atlantique Nord serait dans ce cas la plus menacée par cette technique (Baleine franche de l’Atlantique Nord le recensement donne moins de 500 individus sur le globe, la seule baleine dépourvue d’aileron dorsal, des pectorales très larges en forme de spatule, les pales de la caudale bien séparées finissant en pointes).
Les études et observations confirment que les ondes acoustiques à partir de 155 dB provoquent sur la faune marine d’intenses modifications du comportement.
Le système auditif d’une espèce à l’autre étant physiologiquement différent, les comportements étudiés vont des signes d’évitement, de fuite accélérée, agitations désordonnées, de dispersion et d’éclatement des groupes alevins ou pas.

Ces études dénoncent que l’’activité intense et continue des canons à air sismiques contribuait largement à l’augmentation du niveau sonore des océans, ces ondes propagées à de grandes profondeurs dans l’Atlantique ont été détectées à plus de 3 000 kms de leur source.
Cette augmentation du niveau sonore est expliquée par l’accroissement des flottes de navires d’exploration pétrolière et gazière, dans le monde il est recensé plus de 100 navires d’exploration sismique dont près du quart sont en service quotidiennement.

En février 2014, la Commission de l’environnement du Parlement Européen a pris la décision d’évaluer les incidences environnementales en mer dont celles provoquées par l’exploration pétrolière off-shore.
Un groupe d’experts indépendants ayant démontré le lien entre l’émission sous-marine d’ondes sonores à 12 KHz émisse par un système échosondeur multifaisceaux et l’échouage d’une centaine de dauphins d’Electre en Mai Juin 2008 à Loza, district d’Analalava, Majunga au Nord-Ouest de Madagascar.
(Cétacé rare vivant dans les eaux profondes ressemblant à l’Orque pygmée, avec la particularité d’avoir une tête mince et pointue en forme de melon).

Cas d’échouages collectifs répétés touchant beaucoup de sous-ordre des Cétacés.

 

Durant ce temps aux Malouines !

Depuis 2002 FOGL (Falkland Oil and Gas Limited) Société d’exploration pétrolière et de gaz offshore dont l’activité est axée essentiellement sur les iles Falkland à son siège social à Londres, a exploré 33 700 km2 des zones attribuées par 7 licences (avec Hardman Resources) dans les bassins Sud et Est des Malouines.
Sa capitalisation boursière se situe à hauteur de 143 millions de Livres Sterling.
Sur ces zones FOGL a entrepris de vastes acquisitions de données sismiques et a foré 3 puits d’exploration dénommés Toroa, Loligo et Ecosse, dont 2 puits ont trouvé d’importants volumes d’hydrocarbures.

Les Falkland, licences Sud attribuées à FOGL.
Les Falkland, licences Sud attribuées à FOGL

En Novembre 2004 cinq licences de permis de production sont attribuées à Borders and Southern.

En Décembre 2004 FOGL se voit attribué une extension de ses licences couvrant 50 000 km2 supplémentaires adjacentes aux 33 700 km2 déjà attribués.
La Société Geophysical Service Incorporated (GSI) est chargée d’entreprendre une étude sismique 2D de plus de 5 000 kms de lignes sismiques sur cette nouvelle zone et 5 000 kms sur celle déjà explorée.
Geophysical Service Incorporated est une Société de services géophysiques.
Sa fondation remonte à 1930 créée par John Karcher et Eugene McDermott.
Karcher était un géophysicien américain et homme d’affaires qui a inventé le sismographe de réflexion en 1919.

Il a finalement commercialisé le processus par lequel la plupart des réserves de pétrole du monde ont été découverts.
McDermott était un géophysicien et pionnier de la fourniture de services sismiques pour l’industrie pétrolière.

LA GSI est située à Calgary au Canada pour des prestations de relevés geosismiques allant de 30 000 à 50 000 dollar US par jour de programme.

En Février 2005, FOGL annonce avoir obtenu 50% d’exploration dans les deux zones attribuées des 83 700 km2 soit 10 500 kms de traces sismiques 2D effectuées et enregistrées, dont 90% dans la zone des 33 700 km2.

Durant la campagne 2005/2006 Geophysical Service Incorporated a exploité et effectué des acquisitions de données en 2D aux Falkland pour le compte de FOGL, 25 572 kms au total avec leur navire le GSI Admiral, opérationnel pour des moyens d’exploration des fonds en 2 ou 3D, de tirer ou tracter 4 banderoles ou streamers de 6 kms de long.
Revendu depuis Septembre 2011, GSI Admiral bat pavillon Panaméen sous le nom de Focus Admiralty.

Les Falkland, zones balayées par GSI Admiral navire de prélèvements sismiques, 2005-2006.
Les Falkland, zones balayées par GSI Admiral navire de prélèvements sismiques, 2005-2006.

 

Le 14 février 2005, Desir Petroleum PLC annonçait un programme de forage de 3 puits dans sa zone de licence au Nord de l’Archipel incluse dans la zone FICZ, suite à l’achèvement un programme d’exploration sismique en 3D réalisé en 2004, les licences délivrées étaient PL003, PL004 et PL005.
Desire Petroleum était une Société d’exploration pétrolière Anglaise basée à Malvern dans le Worcestershire fondée depuis 1996.
Les Malouines ont accordé ces licences pour cette Société en 1997, un forage test à été entrepris en 1998 dans le bassin Nord.
Les 1ères licences PL001 et PL002 ayant été attribuées à Argos Resources Limited.
La PL001 couvre 1 126 km2 dans le bassin Nord des Falkland.
Argos Resources Limited est une Société d’exploitation minière basée aux iles Falkland axée sur le bassin Nord.

En Novembre 2005, Borders and Southern lance son étude d’exploitation de 750 kms de données sismiques.

Tout ce déploiement de recherches et d’extraction de ressources dans ces eaux, ne fait qu’exacerber les ambitions et les revendications Argentines sur cet archipel.

L’accord convenu entre l’Angleterre et l’Argentine de Septembre 1995 est dénoncé en Mars 2007 par le président Nestor Kirchner.

Les Falkland, zone dénoncée en 2007.
Les Falkland, zone dénoncée en 2007.

 

En Novembre 2007, Borders and Southern traite et interprète 2 500 kms de données sismiques 2D effectuées par GSI sur ses zones de licences qui lui ont été attribuées moyennant un loyer annuel de 60 000 dollars US par licence.
La surface de près de 20 000 km2 couvrant les 80 blocs des licences se situant entre 135 et 325 kms au large de l’Archipel avec des profondeurs de fonds entre 200 et 3 000 m.
Le montant retenu pour les travaux d’exploration sur ces zones s’élève à 5 millions de Livres pour B and S.

Les Falkland, champs d'exploitation Darwin par Borders et Southern en juin 2014.
Les Falkland, champs d’exploitation Darwin par Borders et Southern en juin 2014.

En 2009 Desire Petroleum possède 6 licences, PL003, PL004, PL005, PL006, PL007 et PL034.
Sur PL006, PL007 et PL034 une prévision de forages est programmée jusqu’à 6 puits, à l’aide de Diamond off-shore avec la plate-forme Ocean Guardian.
La Société Desire Petroleum en 2014 fusionne avec FOGL (Falkland Oil and Gas Ltd).

L’Argentine réagit.

Atlantique Sud, domaines attribués et revendiqués depuis 2009.
Atlantique Sud, domaines attribués et revendiqués depuis 2009.

 

Le 16 février 2010, l’Argentine, après avoir bloqué des navires transportant du matériel de forage pétrolier à destination des Malouines, a émis un décret stipulant que :
« Tout navire se proposant de transiter entre des ports de l’Argentine continentale et des Malouines ou de traverser des eaux juridictionnelles argentines en direction des îles ou de charger des marchandises entre ces ports, devra solliciter l’autorisation préalable du gouvernement argentin.»

Ceci suite à l’annonce début février 2010 des autorités locales Malouines, d’entreprendre des opérations de forages dans les zones FIC et FOC et que les gisements d’hydrocarbures offshores autour de l’Archipel pourraient contenir jusqu’à 60 Milliards de barils, comparable à ceux de la Mer du Nord.

Le 22 février 2010, au cours d’un sommet latino-américain, Christina Kirchner a reçu l’appui de 32 Etats Sud-américains et des Caraïbes, exhortant Londres à ne pas entreprendre l’exploration pétrolière aux Malouines.
L’Argentine comptant défendre ainsi ses revendications territoriales sur cet Archipel ainsi que sur les îles Sandwich et Georgie du Sud toutes sous souveraineté Anglaise, de faire jouer son droit d’étendre sa souveraineté maritime sur son plateau continental soit au-deçà de sa ZEE jusqu’à 350 milles.
Les experts donnant le chiffre d’extraction annuelle de 153 millions de barils.
De quoi réveiller l’intérêt de l’Argentine sur ce pactole.
L’Argentine de son côté est un producteur de brut très moyen, qui a atteint son maximum de production en 1997 avec 920 kbbls/j (kilo baril brut, c’est un multiple de l’unité de l’industrie du pétrole et du gaz, le baril correspond à 42 gallons US soit environ 158,987 litres).
Sa production en 2005 globale était de 763 kbbls/j.
Cette baisse de production étant liée aux tarissements des deux principaux bassins d’extraction, l’un à Neuquèn dans le centre-ouest, région Andine au Nord-ouest de la Patagonie calée à l’Ouest contre la cordillère des Andes et dans l’immense golfe de San Jorge en la province de Chubut dans le centre-est de la Patagonie, ses unités d’extractions alimentent en gaz la Capitale, par un gazoduc de 1 500 kms environ.

Les propos tenus de C. Kirchner lors de ce sommet étant :
« Ceux qui ont un siège permanent au Conseil de sécurité se permettent de violer mille et une fois les dispositions de Nations Unies, tandis que les autres pays doivent les respecter sous peine d’être déclarés ennemis et d’être envahis. »
L’argentine dans la foulée prenant un décret obligeant tous les navires qui se dirigent vers les Malouines à demander l’autorisation de naviguer dans les eaux Argentines.

Les Falkland, compagnies titulaires de licences 2012.
Les Falkland, compagnies titulaires de licences 2012.

 

La Grande Bretagne doit faire face à un tarissement de ses ressources pétro-gazières de la Mer du Nord ou peu de nouvelles découvertes sont à espérer.
Pour assurer son approvisionnement en hydrocarbures, sa source la plus proche est l’off-shore Norvégien, demain l’off-shore Arctique et pourquoi pas celui de l’Archipel des Falkland.
Depuis 2006, elle est approvisionnée en gaz par le pipeline sous-marin Langeled long de 1 200 kms, ayant couté 1,7 milliards de Livres Sterling, conçu par Norsk Hydro, pour 20% de ses besoins.

Puis une rumeur relayée par The Sun selon laquelle Londres envisage de renforcer son dispositif militaire aux Falkland attise les braises.
Malgré le démenti du Ministère Britannique de la Défense, Gordon Brown intervint :
« Nous avons fait tous les préparatifs nécessaires pour s’assurer que les habitants des Falkland soient bien protégés. »
Réaffirmant que la Grande-Bretagne est parfaitement dans son droit en lançant son exploitation pétrolière au large de ces îles.
La réponse de Jorge Arguello ambassadeur Argentin auprès des N.U est immédiate :
« C’est pour le moins imprudent de parler de ça dans le cadre d’une négociation…ce n’est pas la première fois que le pouvoir ou l’opposition Britannique agite le spectre d’une guerre. »

Pour calmer les esprits échauffés, le vice-ministre des affaires étrangères Argentin Victorio Taccetti interrogé rassure :
« Les habitants des Malouines ne doivent pas être inquiets sur la perspective d’un conflit entre l’Argentine et le Royaume-Uni, mais ils doivent savoir clairement que l’Argentine ne va pas abandonner cette revendication légitime

Selon les informations communiquées par le Gouvernement des îles Falkland, entre février 2010 et Janvier 2013, deux campagnes de forages se superposant ont été entreprises dans le bassin du Nord.
Seize puits plus deux détours à noyau ont été forés dans le bassin Nord Falkland, plus un dans le bassin du Plateau Falkland utilisant la plate-forme Ocean Guardian.

La 2ème campagne se situant avec deux puits dans le bassin Falkland du Sud et deux dans le Plateau Falkland avec la plate-forme Leiv Eriksson, l’une des plus importante mondialement, dont la location journalière tourne aux alentours de 500 000 dollars US.

Les Falkland, emplacements des puits d'exploitation en 2011
Les Falkland, emplacements des puits d’exploitation en 2011

 

Rebelote, à la veille du 30ème anniversaire de la guerre des Malouines David Cameron décide d’effectuer des manœuvres militaires aux Falkland d’y envoyer le destroyer lance-missiles HMS Dauntless accompagné d’un sous-marin nucléaire d’attaque du type Trafalgar.
La réaction de l’Argentine ne se fait pas attendre, exaspérée elle est indignée d’un tel déploiement de force dans l’Atlantique Sud, considérant que l’Angleterre est en train de militariser cette région.
En réponse le Foreign Office argumente :
« Les habitants des iles Falkland sont Britanniques par choix. Il n’y aura pas de négociations avec l’Argentine sur la souveraineté tant que ces mêmes habitants ne le souhaiteront pas. »

Le Brésil, le Chili et l’Uruguay ont à la demande de l’Argentine, fermer leurs ports aux navires battant pavillon des Malouines.
C.Kirchner annonçant dans la foulée la déclassification du rapport secret-défense Rattenbach commission d’analyse et d’évaluation des responsabilités politiques et militaires, documentant leur rôle dans le conflit de 1982 et qu’elle déposerait une requête devant la Cour Internationale de Justice si des concessions d’exploitation de pétrole off-shore étaient accordées sur les fonds de l’Archipel des Malouines à l’encontre des Compagnies qui prospectent et exploitent ces fonds.

Par son porte parole le président du Comité parlementaire Britannique et député James Arbuthnot chargé de la défense visitant les bases militaires sur les lieux de déclarer en Mars 2012 :
« Il est hors question de négocier la souveraineté des iles. »

En Mars 2013, tous les 1 672 électeurs des iles Malouines de nationalité Britannique ont participé à un référendum d’autodétermination, voulu et organisé par le Gouvernement Anglais, contenant la question :
« Souhaitez-vous que les iles Falkland conservent leur statut politique actuel en tant que territoire d’outre-mer du Royaume-Uni ? »

Avez-vous une idée des résultats ?

Cela a sûrement été simple et rapide à dépouiller, sur 1 513 suffrages exprimés, 3 bulletins non.

 

Les Compagnies pétrolières à l’œuvre.

Octobre 2013, Rockhopper après son annonce d’avoir découvert et identifié sur le champ Sea Lion un gisement très conséquent, n’ayant pas les moyens de développer à lui seul l’extraction, vend à hauteur de 60% sa part à FOGL pour un montant de 722 millions de dollars US.
Le Gouvernement des Falkland à la connaissance de la plus-value financière de 1 milliard de dollars au total réalisée par Rockhopper lui applique un impôt.
Rockhopper ayant annoncé une vente aux actionnaires de 1 001 millions de dollars, les portages ne seront perçus que si les opérations d’exploration et de développement auront abouties à d’excellents résultats, un litige fiscal s’installe entre les Falkland et Rockhopper qui traine les pieds pour payer cet impôt.
Aux vues des analystes, ceux-ci considèrent que le Gouvernement des Falkland est trop pressé de ramasser au plus vite les plus-values sur les Compagnies œuvrant à surenchérir et où jusqu’à maintenant les seuls gains réalisés ont été sur les mouvements des cours boursiers.

Rockhopper est une Holding basée au Royaume-Uni cotée en bourse, détient 40% dans la production des licences PL032 et PL033, 24% des participations dans des blocs sur la licence PL004 exploitée par FOGL.

En Juin 2014 FOGL annonce la signature d’un contrat de plusieurs forages, pour un minimum de six puits.
Le calendrier de forages se compose de quatre puits dans le Nord Falkland et de deux puits dans le bassin Sud et Est Falkland, tous situés dans la licence PL004 au Sud et à l’Est du champ Sea Lion.
Les perspectives annoncent sur ces champs des ressources de plus de 200 millions de barils.

Les communiqués des faits saillants de FOGL en Septembre 2014 sur les six premiers mois de 2014 révèlent que :
– Le programme d’acquisition sismique en 3D achevé en février 2014 est en cours d’interprétation.
– La plate-forme Eirik Raude pour forage en eaux profondes est retenue pour la campagne 2015.
– Cinq programmes de forages de puits sont programmés ciblant plus de 1,3 milliards de barils.

Plate-forme Eirik Raude.
Plate-forme Eirik Raude.

 

En Octobre 2014 Desire Petroleum est absorbé par FOGL pour un coût de 61 millions de livres Sterling, ce qui lui donne accès au bassin Nord Falkland où du pétrole a été découvert au niveau de la perspective Sea Lion.

En février 2015 FOGL son directeur exécutif déclare :
« Au cours des 12 derniers mois, nous avons sélectionné les meilleures perspectives pour les forages et nous avons mis en place un programme passionnant ciblant plus de 1,4 milliards de barils de ressources prometteuses… »

Les Falkland,champs d'exploitations de FOGL dans les bassins Sud, février 2015.
Les Falkland,champs d’exploitations de FOGL dans les bassins Sud, février 2015.

 

 Stupéfactions !

A la lecture des noms donnés aux champs de gisements par la Compagnie pétrolière FOGL situés sur les licences de PL013 à PL015 entre les 53°-54°S et les 58°-60°W, il est effarant de découvrir que certains gisements ont été baptisés par le nom de cuirassiers Allemands (Scharnorst, Nurnburg, Leipzig) coulés par la flotte Anglaise le 8 Décembre 1914 dans ces mêmes eaux lors de la bataille navale des Malouines.
Faut-il y voir de la part de cette Compagnie une méprise, une plaisanterie de mauvais gout ou une absurdité condamnable !
Cette décision reste immonde !
Comment peut-on baptiser des fonds destinés à l’exploitation pétrolière du nom des cercueils de plus de 2 000 marins Allemands ensevelis avec leurs navires ?
Comment accepter et comprendre, que sur ces fonds dénommés où gisent depuis un peu plus de 100 ans ces milliers de soldats, l’on puisse détruire leurs sépultures, les transpercer à coup de trépans et ceci pour des raisons uniquement mercantile !

 

Début Mars 2015 la plate-forme Eirik Raude pour le compte de FOGL, est arrivée dans le bassin Nord Falkland puis mise en place sur la perspective Zébedée sur la zone de licence PL004b pour une campagne de forage de six puits programmés.
Dès le 6 Mars 2015 FOGL publie, que la phase de forage du puits 14/15-5 Zébédée positionné entre 300 et 400 m de fond est terminée, ses ressources sont basées sur une gestion de 281 mmboe (Million de barils équivalent pétrole) ce coup d’exploitation s’élèverait pour FOGL à 25 millions de dollars US.
En avril 2015 FOGL considère que l’exploration sur le puits 14/15-5 est très positive, que les réservoirs de pétrole dans et de gaz dans les sables sont de bonne qualité et que les résultats sont meilleurs que les attentes de pré-forage.
FOGL juge l’exploration réussie, la plate-forme va attaquer maintenant le 1er test d’exploration sur Isobel /Elaine, dans la partie Sud du bassin Nord Falkland.

Début Avril 2015 FOGL communique que l’exploration de forage à 1 280 m environ de profondeur, du puits 14/20-1 Isobel, sur la licence PL004a donnant une estimation de ressources brutes prospectives de 243 millions de barils, a été suspendu pour des problèmes techniques avec le BOP (bloc obturateur du puits).

Les Falkland, exploitations bassin Nord par FOGL, février 2015.
Les Falkland, exploitations bassin Nord par FOGL, février 2015.

 

En Angleterre le 10 Avril 2015, UKOG (UK Oil and Gas Investments) dévoile une découverte d’une réserve souterraine de 100 milliards de barils de pétrole couvrant 88 km2 dans le bassin du Wead, au Sud de l’aéroport de Gatwick.
Découverte significative de ces 30 dernières années, d’importance nationale de quoi améliorer la sécurité énergétique de la Grande-Bretagne, qui pourrait ralentir leurs importations de brut et freiner les investissements des Compagnies pétrolières cotées en bourse.
Sur le territoire du Royaume-Uni, 250 puits fonctionnent et produisent 20 à 30 000 boe/jour (baril-équivalent-pétrole).

Le 13 Avril 2015 un accord d’amodiation a été conclu entre Argos Resources Limited, Société d’exploration aux îles Falkland, Noble Energy et Edison International, ces deux derniers opérateurs, permettant d’entreprendre une campagne de forage en 2015, sur sa licence PL001, couvrant une superficie de 1 126 km2 dans le bassin Nord Falkland.
Le potentiel sur cette licence étant de 400 mmboe.
Contrat prévoyant qu’Argos recevra en fin d’opération 2,75 millions de dollars US et 800 000 dollars /an à partir de début 2016.

Les Falkland, licence PL 001 Argos extension en 2013.
Les Falkland, licence PL 001 Argos extension en 2013.

 

Après l’imbroglio militaro-politico-commercial lié aux tractations du marché de l’avion de combat Suédois le Gripen fin 2014, entre l’Argentine soucieuse de ré équiper son arsenal militaire et l’opposition des Anglais soutenus par les Américains, la Russie en embuscade proposant ses bombardiers tactiques Sukhoi avec en prime et contrepartie, ses avions de combats Sukhoi, le nouveau MIG et des systèmes de défense anti-aérien, le 2 avril 2015 la Grande-Bretagne déclare qu’elle envisage :
– De déployer deux hélicoptères Chinook aux Falkland à partir de 2016.
– De renouveler le système de défense de missiles sol-air installés sur les îles.

Avril 2015, l’Argentine lance une action en justice contre les groupes pétroliers qui explorent du pétrole et du gaz dans les eaux de l’archipel des Falkland.

L’état Argentin « lance » aussi à l’occasion de l’anniversaire du déclenchement de la « guerre des Malouines de 1982 », un nouveau billet de 50 pesos (5,10 Euros environ) présenté officiellement par la Présidente en personne, cette parution fait l’effet d’une piqûre de rappel.
En effet au recto de ce billet est orné en son centre d’une carte représentant l’archipel des Malouines puis au verso un Gaucho, mais pas n’importe quel Gaucho : Antonio Rivero.
Antonio Rivero est considéré comme étant celui qui dirigea aux Malouines en 1833 une insurrection contre les Anglais qui au début de 1833 par la force vinrent occuper l’Archipel, donc un héros National Argentin.
En arrière plan du Gaucho est dessiné le cimetière militaire Argentin à Darwin situé sur l’ile Orientale de l’Archipel où sont enterrés les corps des 237 soldats Argentins tombés aux combats de 1982 sur cette terre..

Cette annonce a fait réagir, Hugo Swire, conservateur ministre d’état rattaché en charge du Foreign and Commonweath Office qui déclare :

« Pour ce qui est de ce billet de banque de 50 pesos, nous ne pouvons empêcher le gouvernement Argentin de commettre des canulars, au taux de change actuel, il vaut la somme énorme de 3,27 livres sterling et je pense que sa valeur politique est probablement similaire… »

Billet 50 pesos Argentin.
Billet 50 pesos Argentin.

Les liens économiques entre les Malouines et l’Amérique latine sont coupés, les îles survivent grâce à un pont aérien permanent avec le Royaume-Uni.
Deux fois par semaine un Boeing 767 fait le pont aérien entre l’Europe et l’Archipel, transportant personnes et biens de consommation courante.
Malgré toutes ces pressions, les Malouines sont les grands gagnants pour l’instant.
Les richesses des fonds sous-marins autour de l’archipel pourraient rapporter sur 25 ans, entre 10 et 140 milliards d’Euros.

Les Falkland prochain Dubaï de l’Atlantique ?
Les manchots n’ont plus qu’à se bien tenir !

Stop la colonie, n'avancez plus !
Stop la colonie, n’avancez plus !

La Moutena brûle !


La Moutena est  une ancienne  bâtisse Jurassienne du 17e siècle, aujourd’hui abritant un  gite de séjour et de vacances.

Gite La Moutena
Gite La Moutena à Moutaine Jura.

Elle est située dans le Val d’Héry, petite vallée verdoyante descendant sur Salins-les-Bains dans le Jura. Elle subie en cette fin du 19ème siècle un drame affreux !
Depuis près de deux siècles, elle trônait massive et solitaire non loin de La Furieuse, majestueuse à Moutaine le Haut comme toute ferme Franc-Comtoise du Revermont.
En 1820, le hameau de Moutaine le Haut planté sur le versant Est de la vallée, sur la rive droite comptait seulement 8 demeures, les deux hameaux réunis totalisaient 96 personnes, les 13 foyers n’étaient pas de grandes familles, 27 garçons et 37 filles, puis 2 veuves. Le cadastre Napoléonien établi en 1831 précise les emplacements des demeures.

Moutaine 1831
Moutaine. Cadastre Napoléonien de 1831

La Moutena est enserrée entre deux voies de communications, sur cette rive la moins abrupte de La Furieuse.
Du côté Ouest, la nouvelle route dite de Paris à Genève, allant de Salins à Champagnole créée seulement depuis la fin du 18e siècle.
En effet les travaux pour la réalisation de cette route sont appelés « Ateliers de Pont d’Héry et du Moulin Cocard »,  allant du Pont Romand, à la sortie de Sud de Salins, jusqu’ à la jonction à Pont d’Héry de l’ancienne route principale passant par les Monts de Champagny.
Ces travaux ne commencent que vers  1782. Ce sont les habitants des communautés proches qui se doivent par la corvée imposée par le Surintendant de Franche-Comté de réaliser une portion attribuée, quelque soit les travaux à entreprendre : excavations, déblais, empierrements, fossés, talus  et ouvrages multiples liés au relief accidenté et pentu.
La totalité des communautés chargées de faire leur portion trainent les pieds, sont récalcitrantes, refusent d’entreprendre les tâches imposées, les amendes pleuvent, les échevins de ces communautés sont condamnés à de fortes amendes, en 1786 les travaux ne seraient pas encore terminés, la route serait ouverte à la circulation que vers  1788. La deuxième voie de communications, du côté Est,  est le chemin vicinal de Moutaine à Fonteny, il desservait essentiellement le petit site sidérurgique de Moutaine, à deux pas de La Moutena.
Depuis la Révolution un Haut-Fourneau produisant de la fonte en gueuses, une forge et une maréchalerie. Ce n’était que l’un des plus petit centre de production de fonte de la Franche-Comté, mais actif.
Il entra en conflit avec les Salines de Salins le 20 floréal an 5, celles-ci faisant observer que la présence d’un Haut-Fourneau  à  Moutaine nuirait à l’approvisionnement du bois pour les habitants de Salins, que les transports deviendraient plus onéreux et que le lavage des minéraux faits sur place à Moutaine dans la rivière en Amont de Salins, tendrait à rendre impropre l’usage de l’eau pour les habitants et les animaux.
Il fallu la signature du 1er consul, Louis Bonaparte le 23 frimaire an 10, pour calmer le jeu.
Au décès du Maître de Forges, Jean-Claude Olivier membre d’une éminente famille d’industriels  sur Pont-du-Navoy et Champagnole, sa veuve Marie Jeanne Véronique Blondel amodie en 1821 l’unité de production à Joseph Gauthier dit le « Napoléon des forges » lui aussi Maître de forges Franc-Comtois, gérant jusqu’en 1841 les forges à Montagney (Le Salinois, Janvier 1841) .
Le déclin de la sidérurgie et de la métallurgie Franc-Comtoise entrainera la faillite de celui-ci sur le site de Moutaine en 1841, il s’exile en Algérie où il subi de nouveau une faillite dans l’exploitation d’une mine de fer.
L’unité de Moutaine est reprise en main par l’un des fils : Lupicin Olivier qui disparaît en 1830 laissant ses enfants héritiers diriger l’activité, jusqu’à sa ruine en 1850.
Sur le cadastre Napoléonien de 1831, La Moutena est détenue par plusieurs propriétaires. Baud Jean Denis dit « Nini » possède la partie Ouest (ADJ 3P 287, B 316) il est imposé pour 3 fenêtres. Baud Anatoile détient la partie Sud  (ADJ 3P 287, B 317) imposition pour 4 fenêtres. Fournier Jean François, la partie Nord (ADJ 3P 287, B 318) imposé pour 3 fenêtres.
Un recensement établi en 1845 dans le but de créer la carte géologique du Jura, mentionne la présence sur les lieux d’un four à plâtre (ADJ 6 M1090).
Les Frères Besson industriels à Salins, possèdent déjà en 1840 une usine au lieu dit le Martinet du haut, à la sortie Sud de Salins entre la route N°3 et la rivière la Furieuse, consistant de dix tournants divisés en trois chutes à savoir : cinq moulins, trois scies, une ribe à chanvre et une huilerie; une vaste demeure d’habitations, greniers, écuries et remises (Le Salinois, Mai 1840).
En 1882, les propriétaires de ce site industriel, les Frères Besson, François, Edmond et Louis, établissent un dossier auprès du Préfet proposant d’utiliser,  la force motrice de la source de La Moutena ainsi que les bâtiments pour y établir un four à chaux et un moulin pulvérisateur, justifiant que le nouvel établissement industriel sera favorable aux intérêts industriels et agricoles du pays, ce qui leur sera accordé sous la condition que le four ne pourra être placé à moins de 8 mètres de la route N°3,  que sa « bouche » doit être dissimulée de la vue en étant sur cette route et qu’enfin  la cheminée doit avoir une hauteur suffisante pour pas que les cendres et les fumées n’incommodent ni les voyageurs ni effraient les chevaux (lettre du préfet du Jura le 8 Mai 1882).
Les Frères Besson étaient aussi propriétaires de la partie Nord de La Moutena (parcelle B 318) en tant que maison d’exploitation rurale,  les Frères Baud, François Emile et François Joseph, cultivateurs possédant les deux autres parties du côté Ouest et Sud (parcelles B316 et 317).

La Moutena en 1882.
La Moutena en 1882.

La partie Nord est mise en location, les autres sont utilisées à des fins agricoles.
Mais, le 28 Juin 1885 dans la nuit du Dimanche à Lundi vers minuit, un incendie embrase La Moutena.
Elle est habitée par trois locataires des Frères Besson et par la famille Baud.
Le feu était si terrible que les occupants n’eurent le temps que de sauver fort peu de choses.
Sur les trois locataires le buraliste, le sieur Prost, propriétaire du café « Prost« , construction voisine de La Moutena  était assuré pour 28 000 frs.
L’immeuble était assuré par les Frères Besson pour 10 000 frs. Le mobilier intérieur était assuré pour 3 500 frs, 600 frs est la valeur estimée du mobilier non assuré.
Les récoltes détruites non assurées pour un montant de 205 frs.
La perte des animaux est effroyable, 16 têtes de bétail périssent dans les flammes.
L’incendie éteint La Moutena est en ruine.

Moutaine G.Coindre
Moutaine. Au fond La Moutena est en ruine

Chose incroyable, lorsque le feu se déclara, le buraliste venait de sortir son tiroir caisse. Dans la précipitation d’aller sauver en La Moutana ses biens il le laissa sur le comptoir. De retour en son café la totalité de l’argent contenu dans la caisse avait disparue, les quinze francs de la recette du jour n’était pas partie en fumée pour tout le monde. La Moutena  fut reconstruite de 1887 à 1890 (ADJ 3P 289) différente, tel que l’on la voit aujourd’hui dans son ensemble. Les incendies des demeures même bâties en pierre durant cette période étaient très fréquents. Pour l’année 1885 il en est dénombré dans tout le Jura 80, 96 communes sont touchées, 183 personnes sont atteintes directement et seulement 102 foyers sont assurés. 78 constructions assurées, 31 ne le sont pas. Les valeurs des immeubles assurés s’élèvent à 271 970 frs, ceux non assurés 91 580 frs. Les pertes des récoltes sont de 42 931 frs. 94 têtes de bétail sont perdues. Une personne périe dans les flammes en la commune de Cosges dans l’arrondissement de Lons-le-Saunier. Sur le canton de Salins les alertes des incendies étaient annoncées au son du canon actionné par une vigile installée en permanence au fort St André à Salins.

Sources : ADJ, archives départementales du Jura.

Il y a 100 ans…


Gilbert Galland avait 22 ans, cela faisait déjà deux ans et un mois il portait l’uniforme, malchance, mauvaise classe la classe 1912 ! il ignorait il y a 100 ans que son devoir de « défendre » la nation durerait encore et encore !

Il était au 17ème régiment d’infanterie dit le régiment « d’Auvergne », vous savez ce régiment qui avait depuis 1907 la réputation  de forte tête !

Pourquoi ? en Juin 1907 il fut envoyé pour mater en Languedoc les vignerons révoltés contre le gouvernement ayant pris des mesures pour favoriser les importations de vins étrangers et contre toute attente désobéit aux ordres, retourne les crosses et se rallie aux révoltés et occupe Béziers. La seule trace vivante en cette région est le nom d’une Avenue à Pezenas portée : Avenue des mutins du 17ème RI.

Mais il y a 100 ans, c’était la guerre de 14, Gilbert Galland déjà caporal dans une unité combattante en avait cure du passé de son régiment, même si l’épisode de Beziers n’était pas brodé aux pans du drapeau, il savait qu’en ce 11 Novembre 1914, il avait déjà combattu :

Dès Août 14, à Saint-Maurice-aux-Forges et Pexonne en Meurthe-et-Moselle; au Donon, col de Hantz, signal du Russ dans le Bas-Rhin; dans les Vosges à Moussey, Luvigny, Celles-sur-Plaine, Raon l’Etape et au col de la Chipotte. Que son régiment avait perdu 391 hommes et qu’il avait marché 310 kms avec son régiment, de combats en combats avec 20 kgs de barda sur le dos.

Qu’en Septembre 14, il s’était retrouvé à combattre dans la Marne à Sompuis, Somme-Suippe et Souain.

Que là aussi il avait marché 110 kms pour que 666 vies soient détruites.

De nouveau en Octobre 14, plongé dans les combats de Lille à défendre les quartiers de Fives et Helemmes.

Encore et encore, en 1ères lignes dans le Pas-de-Calais depuis le 7 Octobre à l’Ouest de Lens, pour se battre autour des Fosses N° 5, 11 dites de « Bethume » et la Fosse N°2 de Calonne.

Au 11 Novembre 14 rien que pour ces combats les pertes de son régiment étaient de 294 hommes.

Chaque jour qui passait Gilbert Galland savait que son heure arriverait ! Mais quoi ? Mort ou blessé ?

Pourquoi ? En 100 jours Gilbert Galland avait vu 1 351 hommes de son régiment hors de combat ! Soit tous les jours 14 soldats qu’il côtoyait, disparaissaient !

Il y a 100 ans en France !