Le Samedi 24 Janvier 2015, le Plancius aborde la baie de Godthul à 8h, heure locale aux coordonnées : 51°17s – 36°17w.
Notre 5ème escale en Georgie du Sud est Godthul Bay « Bonne anse » après avoir essuyé la veille à Grytviken des vents catabatiques assez violents de l’ordre de 40 nœuds.
Nos émotions rangées, par une mer apaisée et un ciel clément, nous abordons en douceur un paysage découpé, pour une agréable randonnée au-dessus de la baie, en quête de découvertes inattendues.
La baie bien abritée formant une échancrure longue et profonde de plusieurs kilomètres se découvre après avoir passé Long Point au Nord, se terminant en se resserrant à Briggs Point au Sud.
Un magnifique amphithéâtre minéral et végétal nous est offert, dont seule la nature a le pouvoir de modeler au fil du temps.
Des crêtes déchiquetées dominent des falaises abruptes, des petites vallées glacières herbeuses permettent son accès vers l’intérieur.
Sur le rivage, un dépôt d’une ancienne station baleinière Norvégienne rudimentaire est encore là, présent avec un amoncellement de fûts, tout cela bien sûr dégradé et atteint par la rouille.
Le mode d’activité du dépeçage des baleines ne s’effectuait point en totalité sur la station, mais sur l’eau à l’aide de barque à fond plat en ce qui concerne la découpe de la graisse, le travail du restant de la carcasse était réalisé à terre.
Aussitôt débarqués, nous progressons lentement sur la pente recouverte de Tussack, dont les touffes sont bien hautes, c’est une sensation étrange et agréable de circuler à travers celles-ci. Au deçà le terrain devient moins dense en Tussack, le sol est couvert de pelouses où serpentent des ruisseaux, domaine des Manchots Papous.
Arrivez à une altitude d’environ 80 m, le paysage s’élargie sur une plaine d’alluvions, au Nord on découvre au loin, le lac Echo qui prend la teinte des sommets qui l’entourent.
Notre progression continue sur cette plaine un peu tourbeuse de temps en temps, pour atteindre le grand lac Aviemore.
On y rencontre dans les vallons abrités, des concentrations de manchots papous.
Après le contournement du lac, nous grimpons dans la rocaille, plein Sud a travers des couloirs de moraines glacières, vers les sommets situés à environ 300 m d’altitude.
A l’arrivée le spectacle est saisissant, devant nous à l’Est et sous nos pieds Horseshoe Bay, sur notre gauche au Nord-Est Alsford Bay dont le gros cailloux dans l’eau décroché du rivage, fermant l’anse est Cape George, devant « l’infini » direction Le Cap et derrière nous Godthul Bay, où le Plancius est au mouillage avec en arrière plan, une chaîne de montagnes enneigée qui pourrait être Allardyce Range (la principale chaîne montagneuse de la Georgie du Sud, dont le plus haut sommet est le Mont Paget 2 925 m).
Ces baies sont toutes différentes, un bonheur « comme au 1er jour« .
Ces lieux sont un régal pour les géologues.
On peut y visualiser sur le terrain, les implications tectoniques essentielles en Georgie du Sud, de la fin du Jurassique et le début du Crétacé par les formations en deux séquences d’ages différents séparés par une poussée discordance, la formation Cumberland Bay à l’Ouest composée de détritus volcanique et la formation Sandebugten à l’Est, elle, composée différemment de détritus siliceux.
Ceci n’est qu’un petit aparté, mais explique tout simplement la structure géologique du paysage présent et sur quoi on randonnait.
Du haut de ces sommets, on observa un phénomène remarquable, mais que l’on se rassure, ce n’est pas un OVNI Austral !
Ce n’est que la présence de deux grands nuages lenticulaires bien formés, compacts et ovoïdes avec cette impression d’être stables et immobiles.
Un dernier regard sur la baie d’Alsford d’où surnage un iceberg semblable à un vaisseau blanc.
L’on contourne les monts pour retrouver l’axe de la baie de Godthul.
En commençant à redescendre, direction l’anse, vers les 100 m d’altitude de multitudes de regroupements de manchots Papous juvéniles ventrus avec leur plumage d’adulte, figés, histoire d’attendre le bon moment pour se dégourdir et faire de l’exercice dans la pente.
Leurs parcours sont bien longs pour atteindre le rivage, mais ce n’est pas les chemins qui manquent, traces bien marquées pour ne pas s’égarer !
Les autoroutes à manchots !
Rien de plus simple, au mieux, on suit leurs empreintes, leurs marques de fabrique !
En arrivant dans les zones de Tussack, on pense franchir des masses de rochers lisses aux formes arrondies et douces, mais oh surprise ! Excusez-nous ! Nous vous avions point vus, nous ne voulons point vous déranger ! Nous ne faisions que passer !
De magnifiques éléphants de mer, dérangés par notre intrusion sur leurs domaines préservés manifestent leurs mécontentements.
Plus bas, dans une zone humide, un couple de Sarcelle de Georgie du Sud vaque à la recherche de quelques pitances.
Il ne nous reste plus qu’à atteindre le rivage, pour pouvoir embarquer, où de superbes otaries mâles nous observent en nous demandant gentiment (oui, cela se lit dans leurs regards) de partir de cet endroit magique.